Introduction

La punaise marbrée (brown marmorated stink bug en anglais), Halyomorpha halys (Stål), est un insecte envahissant originaire de l'étranger : Japon, Corée, Taiwan et Chine. Elle a été accidentellement introduite en Amérique du Nord au milieu des années 1990, et a été signalée pour la première fois à Allentown, Pennsylvanie, en 2001. Elle a été repérée dans la plupart des États américains et dans plusieurs provinces canadiennes. Dans bon nombre de cas, cependant, la punaise a seulement été détectée et sa présence dans les cultures n'a pas nécessairement été confirmée. De vastes populations de punaise marbrée sont maintenant établies dans plusieurs États du Moyen-Atlantique, où elle est considérée comme un important insecte nuisible à l'agriculture. La punaise marbrée voyage facilement et elle est transportée sur de grandes distances dans les conteneurs d'expédition, dans les cargaisons de marchandises et les véhicules. Elle a été interceptée dans plusieurs types de marchandises commerciales arrivant en Ontario et dans d'autres provinces, en provenance de régions infestées. La punaise marbrée est établie dans certaines régions du Sud ontarien et on s'attend à ce qu'elle continue à se propager.

Identifier la punaise marbrée

Œufs

Les œufs :

  • ont une taille de 1,6 × 1,3 mm
  • sont en forme de petits tonnelets (comme bon nombre de punaises)
  • sont pondus en grappes de 20 à 30 sur le revers des feuilles
  • sont d’abord vert pale
  • jaunissent et présentent des taches rouges ocellées avant l’éclosion
  • et de minuscules épines formant un halo délicat dans le haut de l’œuf
  • s’observent aussi chez d’autres espèces

Masse d'œufs de punaise marbrée. La présence de taches rouges ocellées indique que l'éclosion est proche.

Figure 1. Masse d'œufs de punaise marbrée. La présence de taches rouges ocellées indique que l'éclosion est proche.
Source : Tara Gariepy, Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Nymphes du premier instar

Les nymphes du premier instar :

  • ont une taille de 2,4 mm
  • ont un abdomen orange strié de marques foncées
  • ont la tête et les pattes noires
  • demeurent en grappes autour de la masse d’œufs

Il est difficile à ce stade du cycle vital de les distinguer des autres espèces similaires.

Les nymphes de premier instar restent près de la masse d'œufs.

Figure 2. Les nymphes de premier instar restent près de la masse d'œufs.
Source : David R. Lance, United States Department of Agriculture, Animal and Plant Health Inspection Service, Plant Protection and Quarantine, Bugwood.org.

Nymphes du deuxième instar

Les nymphes du deuxième instar :

  • ont une taille de 3,7 mm
  • sont surtout noires avec un abdomen jaune et rouge
  • ont une bande unique blanchâtre sur chaque antenne

Masse d'œufs éclos avec nymphes de premier instar (les petits insectes rouges) et de deuxième instar (insectes rouges qui viennent de muer et insectes noirs)

Figure 3. Masse d'œufs éclos avec nymphes de premier instar (les petits insectes rouges) et de deuxième instar (insectes rouges qui viennent de muer et insectes noirs).
Source : Gary Bernon, United States Department of Agriculture, Animal and Plant Health Inspection Service, Bugwood.org.

Nymphes du troisième au cinquième instar

Les nymphes du troisième au cinquième instar :

  • ont une taille de 5,5 à 12 mm
  • deviennent plus foncées à l’approche de la maturité
  • et présentent des caractéristiques semblables à celles des adultes, y compris :
    • un début d’alternance de bandes pâles et foncées sur la marge de l’abdomen
    • des bandes blanches sur les antennes
    • des bandes blanches évidentes sur les pattes
    • un pronotum hérissé d’épines qui font saillie (figure 4)
    • des ébauches alaires chez les nymphes du cinquième instar (figure 5)

Bandes blanches nettes sur les antennes et les pattes sur des nymphes plus âgées.

Figure 4. Bandes blanches nettes sur les antennes et les pattes sur des nymphes plus âgées.
Source : Deepak Matadha, Université Rutgers.

Nymphe de dernier instar (observer la présence d'ébauches alaires)

Figure 5. Nymphe de dernier instar (observer la présence d'ébauches alaires).
Source : Gary Bernon, United States Department of Agriculture, Animal and Plant Health Inspection Service, Bugwood.org.

Adultes

Les adultes :

  • ont 14 à 17 mm de longueur et 8 mm de largeur
  • ont le dos marbré brun et la face antérieure de couleur pâle
  • ont les ailes antérieures de teinte rosée distinctive lorsqu’elles sont étendues
  • ont un abdomen dont les marges dépassent les ailes
  • et présentent des triangles pointant vers l’intérieur alternant avec des bandes foncées
  • présentent une bande blanche peu définie sur les pattes
  • ont un pronotum dont le rebord est lisse (« épaulettes ») sans épines, sauf une à côté de chaque œil
  • ont deux bandes blanches sur les antennes, ce qui est typique de la punaise marbrée (le dernier segment antennaire est blanc à la base et le second segment est blanc à l’extrémité apicale comme à la base)

La punaise marbrée adulte peut être confondue avec la punaise bossue des bois (Brochymena spp.) et la punaise brune (Euschistus spp.). Toutefois, ces deux espèces de punaises n'ont pas les 2 bandes blanches sur les antennes et ont des projections dentelées le long du pronotum (fortement dentées dans le cas de la punaise bossue des bois) (figures 6, 7 et 8).

Punaise marbrée (observer les bords lisses du pronotum)

Figure 6. Punaise marbrée (observer les bords lisses du pronotum).
Source : Jennifer Read, Ressources naturelles Canada (à gauche).

Punaise fétide (Euschistus servus)

Figure 7. Punaise fétide Euschistus servus.
Source : Antonia Guidotti, Musée royal de l'Ontario.

Punaise bossue des bois (Brochymena quadripustulata)

Figure 8. Punaise bossue des bois Brochymena quadripustulata.
Source : Steven Valley, Département de l'Agriculture de l'Oregon, Bugwood.org (à gauche) et A. Guidotti, Musée royal de l'Ontario (à droite).

Biologie

Il n'y a qu'une seule génération de punaise marbrée par année sous les latitudes nordiques, mais il peut y en avoir davantage sous des climats plus chauds. Les adultes passent l'hiver dans des structures d'origine humaine (par exemple, maisons, piles de bois). Dans les régions où le ravageur est établi et que les hôtes sont abondants, la punaise marbrée peut devenir une nuisance majeure en raison des populations nombreuses qui se retrouvent à l'intérieur à l'automne et durant l'hiver. En milieu naturel, les punaises marbrées hivernent dans les gros arbres morts encore debout. Les populations ont tendance à s'établir dans les zones urbaines au début puis à se propager vers les cultures agricoles voisines.

Les adultes apparaissent de mai à juin lorsque les températures augmentent et que les jours allongent. Les femelles hivernent avec des ovaires non développés et doivent s'alimenter d'une à deux semaines avant l'accouplement. Une fois accouplées, les femelles pondent d'abondantes masses d'œufs (environ 28 œufs chacune) jusqu'à la fin juillet et le début d'août. L'apparition des adultes dans les sites d'hivernage ainsi que la ponte des œufs sont étalées, ce qui entraîne la présence simultanée de punaises marbrées de différents stades vitaux durant la plus grande partie de la saison de croissance. La diminution de la longueur des jours en août et en septembre provoque le déplacement de nouveaux adultes vers les sites d'hivernage.

La punaise marbrée est bien adaptée à divers milieux et n'a pas besoin d'un hôte particulier pour faciliter son établissement ou sa propagation. Les modèles de dispersion entre les différents hôtes durant la saison ne sont pas bien compris, ce qui contribue à compliquer la lutte contre cet insecte. Ce ravageur est très mobile et peut rapidement changer d'hôte et se déplacer entre différentes cultures durant la saison. Les cultures sont le plus à risque de blessure en présence de fruits, de gousses ou de graines. Les populations peuvent se multiplier dans des boisés non traités avant de se déplacer vers les cultures.

Dommages

La punaise marbrée possède une très vaste gamme d'hôtes, dont les arbres fruitiers, les petits fruits, le raisin, les cultures légumières, les cultures de plein champ, les arbres et les arbustes ornementaux. Les nymphes comme les adultes peuvent causer des dommages, qui surviennent quand les insectes insèrent leurs pièces buccales de type perceur-suceur dans les fruits, les cosses, les bourgeons, les feuilles ou les tiges des plantes. L'introduction des enzymes digestives dans la plante entraîne la formation de petites zones nécrotiques à l'endroit où les insectes s'alimentent.

Voici des exemples de symptômes de déprédations par la punaise marbrée :

  • fruit décoloré, déformé ou liégeux
  • chute ou affaissement des petits fruits
  • mort des bourgeons
  • pointillement des feuilles
  • graines manquantes, ratatinées ou tachées
  • grains perforés
  • retard de maturité (syndrome de la tige verte de la fève soya)
  • écoulement de sève et décoloration du tronc chez les arbres

La contamination à la récolte peut constituer un problème dans le cas des cultures récoltées mécaniquement. La récolte des grandes cultures peut occasionner une migration des insectes vers les cultures tardives, comme les fruits à pépins et les raisins. Les cultures en bordure des boisés sont les plus à risque.

Lutte antiparasitaire

À l'intérieur

L'exclusion mécanique représente la méthode la plus efficace d'empêcher la punaise marbrée de s'introduire dans les structures. Sceller toutes les fissures, réparer ou remplacer les moustiquaires endommagés et retirer ou recouvrir avant l'automne les appareils de climatisation montés sur des fenêtres. Les punaises marbrées mortes ou vivantes qui se sont introduites à l'intérieur peuvent être éliminées à l'aide d'un aspirateur ménager ou industriel (éliminer rapidement toutefois les sacs d'aspirateur ou leur contenu sinon l'odeur va persister). Les punaises marbrées ne mordent pas et ne se reproduisent pas à l'intérieur des structures. Il n'est pas recommandé d'utiliser des insecticides.

À l'extérieur

Bien que la punaise marbrée soit établie en zone urbaine, aucune infestation n'a encore été signalée dans les cultures, en Ontario. Plusieurs insecticides sont homologués pour la lutte contre les punaises marbrées au Canada. Pour la plupart des cultures toutefois, il n'y a pas de seuils d'intervention établis. Les stratégies de lutte sont en voie d'élaboration.