Monsieur le Ministre,

Le 7 octobre 2016, vous m'avez écrit pour me demander d’évaluer les biens numériques pour la santé de l’Ontario ainsi que toute l’infrastructure et la propriété intellectuelle connexes, et de formuler des recommandations visant à optimiser la valeur de ces biens pour les résidents de l’Ontario.

J’ai abordé ces questions, tout comme vous et le gouvernement le faites, en partant du principe que notre système public de soins de santé est à la fois indispensable à notre société, tout en étant un différenciateur potentiel pour aider à faire croître une économie moderne. Comme vous le savez, j’ai à de nombreuses occasions parlé de façon passionnée de l’importance de préserver notre système public de soins de santé, à la fois comme un témoignage de qui nous sommes en tant que population et des valeurs que nous véhiculons, mais également en tant que fondement, avec un système public d’éducation, pour la création d’une société où chacun peut réaliser son plein potentiel. Par conséquent, j’ai abordé les questions que vous avez posées en adoptant ce point de vue – nos biens numériques pour la santé existants ont-ils créé de la valeur pour renforcer notre système de soins de santé? cyberSanté Ontario – l’organisme qui a bâti et qui exploite l’infrastructure de base pour ce système – a-t-il créé de la valeur? Pourrait-il en créer davantage? Que doit-on faire de plus pour utiliser nos biens numériques pour la santé afin d’obtenir de meilleurs résultats cliniques et améliorer l’expérience des patients?

J’expliquerai brièvement comment j’ai abordé ces questions, mais il est d’abord important de mettre en contexte notre système actuel de santé numérique. Le travail de cyberSanté Ontario – bien que de nature essentielle – n'est représentatif que d’une partie des activités qui se déroulent dans le secteur des soins de santé de l’Ontario pour numériser les soins de santé. Des travaux sont en cours dans de nombreux organismes pour harmoniser les soins de santé avec les normes du XXIe siècle en matière d’entreposage, de transfert, de disponibilité et d’utilisation des renseignements. La province compte : 29 000 médecins, 150 000 infirmières et infirmiers, des milliers d’autres fournisseurs de soins de santé, 14 réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS), 156 associations hospitalières exploitant 238 sites hospitaliers, 14 centres d’accès à des soins communautaires, 36 bureaux de santé publique, 76 centres de santé communautaire, plus de 4 000 pharmacies, 23 laboratoires communautaires actifs et 928 établissements de santé indépendants (36 de soins ambulatoires et 892 de diagnostic). Tous produisent d’importants renseignements sur la santé concernant 14 millions de patients et utilisateurs des services de santé de l’Ontario, et tous ont besoin de renseignements pour offrir les meilleurs soins possible aux patients.

Il est rapidement devenu clair dans mon esprit qu'établir la valeur de nos biens numériques pour la santé et du travail réalisé par cyberSanté Ontario, l’organisme, ne pouvait se faire que dans un contexte global. Le mandat de cyberSanté Ontario était de bâtir l’infrastructure de base du système – le réseau principal connecté – et les dépôts de données et visualiseurs pour le système, à laquelle tout le reste pourrait être relié. La plupart des biens qui ont été créés se trouvent hors du contrôle de cyberSanté Ontario. Ma première conclusion fut alors qu'il nous fallait nous pencher sur tous les biens numériques pour la santé créés par la province de l’Ontario (province) y compris bien sûr par cyberSanté Ontario.

La prochaine étape consistait à définir la valeur. J’y reviendrai plus tard, mais on peut essentiellement définir la valeur comme :

  • Produisant de meilleurs résultats cliniques;
  • Améliorant l’expérience des patients;
  • Diminuant les coûts du système de santé;
  • Permettant une analyse des données afin d’améliorer la qualité des soins de santé;
  • Stimulant la croissance économique.

Alors, quelle est la valeur créée et quelle valeur serait-il possible de créer?

À l’heure actuelle, comme vous le savez, un organisme fédéral – Inforoute Santé du Canada – a été créé pour promouvoir et évaluer les biens numériques pour la santé. Cet organisme réalise certaines études, et son travail fait l’objet d’une évaluation rigoureuse. Nous disposons donc d’une source tierce qui estime la valeur.

Malheureusement, Inforoute n'étudie qu'une partie des programmes soutenus pour créer des biens numériques pour la santé. Voici quelques exemples de biens non inclus dans l’estimation des avantages pour l’Ontario réalisée par Inforoute :

  • Système d’information de laboratoire de l’Ontario (SILO);
  • Systèmes d’Action Cancer Ontario;
  • Panorama;
  • Systèmes des services communautaires de soutien;
  • Systèmes de gestion des renseignements des soins en milieu communautaire;
  • Systèmes des services communautaires de santé mentale et toxicomanie.

Les estimations ne tiennent pas compte non plus de la valeur de l’analyse des données pour améliorer les soins de santé ou les avantages économiques des dépenses en solutions numériques pour la santé. Enfin, il est impossible d’attribuer une valeur monétaire au nombre de vies sauvées ou à la diminution du stress pour les patients. Tous nos experts étaient d’avis que les estimations de la valeur réalisées par Inforoute sous-estiment grandement la véritable valeur de nos biens numériques pour la santé.

En tenant compte de ces mises en garde, que nous disent les études d’Inforoute? Si l’on ignore les avantages non compris dans ces études, les avantages annuels découlant des biens numériques pour la santé de l’Ontario ont été en 2015-2016 de l’ordre de 900 millions de dollars par année. Pour mettre ces renseignements en contexte, cela signifie que le ministère de la Santé et des Soins de longue durée (ministère) évaluerait ses dépenses en biens numériques pour la santé, y compris pour les organismes non compris dans l’estimation des avantages réalisée par Inforoute, à un peu moins de 900 millions de dollars en 2015-2016. Si nous avions inclus tous les avantages non calculés, la mesure dans laquelle les avantages surpassent les coûts serait très importante. En bref, nos investissements en solutions numériques pour la santé nous ont menés à un point où la valeur continue créée surpasse de façon importante les coûts pour la province de maintenir et de faire croître nos biens numériques pour la santé. Il s'agit d’un jalon important.

Tout aussi important, à mesure que je progressais dans ce dossier, il m'est apparu évident que nous avions créé une énorme valeur potentielle. J’ai commencé à utiliser l’analogie de la construction d’une autoroute. Au cours des premières années, le projet comporte uniquement des coûts et peu de valeur.

À mesure que l’on construit les bretelles et les routes de desserte, l’autoroute prend de plus en plus de valeur. Dans le cas de l’Ontario, il reste encore de nombreuses bretelles et routes de desserte à construire. Nos experts nous ont dit que si nous pouvions seulement construire ces bretelles et routes de desserte, la valeur de nos investissements précédents augmentera de façon significative.

Nous pouvons nous servir des mêmes études d’Inforoute pour avoir une idée de la valeur minimale cumulative au fil des ans. Pour l’Ontario, dans sa présentation écrite, Inforoute a établi la valeur pour la période 2007 à 2015 à 5,7 milliards de dollars (en dollars constants de 2015). Il s'agit d’un chiffre important, mais encore une fois il est bon d’observer qu'il ne s'agit que d’une estimation partielle – la véritable évaluation serait beaucoup plus élevée.

Ainsi, Monsieur le Ministre, vous pouvez être assuré qu'une valeur importante a été créée, et que la valeur continue surpasse de beaucoup les coûts pour maintenir et faire croître nos biens numériques pour la santé; l’Ontario est bien placé pour ajouter une valeur accrue importante.

Laissez-mois vous expliquer comment j’en suis venu à cette conclusion, et plus particulièrement comment j’en suis arrivé à des points de vue sur la façon de réaliser le plein potentiel de ce qui a été bâti.

Au départ, lorsque j’ai accepté ce mandat, je me suis demandé comment un banquier pourrait possiblement formuler des commentaires sur ce sujet. Et bien, au risque de verser dans une analogie excessive, il existe de nombreux parallèles avec le fonctionnement des systèmes d’une grande banque. La Banque TD, à l’époque où j’en étais le chef de la direction, comptait 23 millions de clients, desservis par 2 400 succursales en Amérique du Nord. Les clients avaient accès aux services 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et les enjeux de sécurité et de protection de la vie privée faisaient partie intégrante de ces services. Les enjeux techniques liés au fonctionnement d’un tel système et ceux liés au fonctionnement d’un système de données sur les soins de santé ne sont pas si différents. Les enjeux liés aux gens et ceux organisationnels le sont certainement. En outre, le degré d’importance accordé à la communication de renseignements au client ou patient est considérablement différent.

En dépit des similitudes possibles, je devais clairement apprendre rapidement. J’ai donc décidé de faire participer le milieu des soins de santé dans toute la mesure du possible. Conscient des contraintes de temps de mon mandat, je dois admettre qu'il est possible que je n'aie pas eu la chance de recueillir les commentaires de certains groupes ou particuliers, et je m'en excuse. Au bout du compte, j’ai discuté avec plus de 30 différents groupes et particuliers, et j’ai demandé à 33 d’entre eux de préparer une brève présentation sur la manière dont ils décriraient leurs perceptions des biens numériques pour la santé et leur valeur connexe. Ces documents, plus les discussions que j’ai eues avec des experts lorsque j’ai demandé leur aide, ont été d’une valeur inestimable. J’ai également demandé des présentations auprès du ministère de la Santé et des Soins de longue durée et de cyberOntario. En outre, j’ai reçu l’avis d’expert de Brian Beamish (commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario), de Jennifer Zelmer (présidente, Azimuth Health Group et ancienne vice-présidente exécutive à Inforoute Santé du Canada), du Dr John Halamka (professeur d’innovation internationale en soins de santé à la Harvard Medical School et directeur de l’information au Beth Israel Deaconess Medical Center), de Dan Sheldon (responsable de la stratégie numérique pour le ministère de la Santé au Royaume-Uni) et de Graham Scott (président du conseil d’administration, Inforoute Santé du Canada). J’ai convoqué quelques-uns des auteurs, avec qui j’ai partagé ces présentations et discuté des thèmes clés et de recommandations à formuler au gouvernement. Encore une fois, ces discussions ont été extrêmement utiles. Naturellement, ce document final et les recommandations reflètent mon opinion uniquement.

Je crois qu'il est important de faire observer que toutes les personnes avec qui j’ai communiqué ont relevé le défi avec un grand enthousiasme. Sans hésitation, tous affirment que la numérisation des soins de santé est absolument essentielle, et ils partagent l’attention que j’accorde au rôle qu'elle joue dans la préservation de notre système public de santé. De façon générale, tous s'entendaient pour dire que ses avantages, qui sont d’une certaine façon difficiles à calculer, excèdent grandement les coûts. Et ils étaient tous d’accord pour dire que nous avons réalisé d’immenses progrès, mais que nous pouvons en réaliser encore plus, non seulement grâce aux avancées en TI, mais également en modernisant les modèles de pratique des soins de santé, les politiques et autres éléments de notre système de santé pour profiter pleinement des possibilités qu'offre la santé numérique. En ce qui concerne l’organisme cyberSanté Ontario, tous étaient clairement d’avis qu'il était temps d’aller de l’avant et d’oublier les enjeux passés. cyberSanté Ontario a fait un travail formidable. Oui, cyberSanté Ontario a pu trébucher par le passé. Et non, l’organisme n'a pas toujours su respecter des échéanciers très ambitieux. Mais il a bâti l’infrastructure de base qui crée maintenant une véritable valeur pour les Ontariens. Il est en voie d’offrir des ajouts critiques à cette infrastructure. Et nos experts conviennent que les changements à la direction que vous, Monsieur le Ministre, avez entamés en 2014, en ce qui concerne cyberSanté Ontario, ont fait l’organisme sous sa gouverne actuelle un organisme grandement amélioré.

Il y a eu certains désaccords sur les détails entourant ce qui doit être fait et de quelle manière.

Mais il existe un profond consensus sur le fait que nous ne devons pas ralentir le cheminement, mais au contraire l’accélérer, et un profond espoir, pratiquement un plaidoyer, que nous puissions y arriver de façon factuelle et non partisane. Les soins de santé sont trop importants pour ne pas bénéficier de tout notre soutien.

J’ajouterais mon appui personnel à ces points de vue. Parce que j’ai vécu dans un monde entièrement numérisé visant à permettre aux consommateurs d’obtenir ce qu'ils veulent au moment où ils le veulent, et parce qu'aujourd'hui je passe mon temps concentré sur la manière dont l’Ontario peut profiter d’une base formidable dont nous disposons dans l’économie de l’innovation, il semble étrange que notre secteur probablement le plus important, notre système de santé, soit en retard. Mais j’ai également été frappé par le nombre de composantes déjà mises en place. Peut-être pas selon un plan directeur. Ceci peut en déconcerter quelques-uns, mais ce n'est pas mon cas. La technologie évolue si rapidement que nous ne voulons pas nécessairement nous enfermer dans un même monde universel. Nous devons plutôt nous concentrer sur l’interopérabilité, la normalisation des protocoles et la souplesse d’adaptation. Nous devons faire preuve de rigidité concernant l’établissement et le respect de ces normes. Nous devons garder une marge de manœuvre pour tirer profit de l’économie de l’innovation et assurer une compétitivité, le tout d’une manière qui maintient la protection de la vie privée du patient.

L’autre commentaire que je désire formuler concerne le concept de la dernière étape, que certains pourraient plutôt appeler la première étape quand il s'agit de permettre aux patients d’accéder à leur dossier de santé. En raison de l’approche suivie par la province, qui fut très permissive, nous avons créé plusieurs éléments, mais nous ne tirerons la pleine valeur de nos biens numériques pour la santé qu'une fois les patients connectés. Ici, la dernière étape – c'est-à-dire la capacité pour les fournisseurs de soins de santé et les patients d’avoir accès aux dossiers numériques et d’y contribuer – revêt une grande importance. Il s'agit vraiment d’une situation où tout le monde doit contribuer pour que les patients en profitent pleinement – organismes de soins de santé, fournisseurs, praticiens, organismes et gouvernement. Aujourd'hui, la valeur de ce qui a été accompli est inférieure à ce qu'elle pourrait être parce que nous n'avons pas entièrement réalisé les dernières étapes. Jusqu'à maintenant, la province a convaincu un très grand nombre de médecins de famille et d’infirmières praticiennes et infirmiers praticiens communautaires d’installer des systèmes de dossiers médicaux électroniques (DME). Peu d’entre eux, cependant, les utilisent à leur plein potentiel pour soutenir la pratique clinique (p. ex., identifier et rejoindre de façon proactive les patients qui profiteraient de soins préventifs ou de suivi) ou pour communiquer des renseignements clés nécessaires pour améliorer la coordination des soins (p. ex., avec des spécialistes ou du personnel infirmier de soins à domicile). Nous sommes sur le point de libérer une valeur importante si nous persistons. Franchir les dernières étapes et approfondir l’utilisation clinique doivent constituer des domaines prioritaires clés.

Enfin, je dois commenter sur le manque d’orientation des patients. Je comprends la tendance qu'a le secteur des soins de santé à se concentrer d’abord sur les professionnels de la santé – la nécessité de veiller à ce qu'ils disposent du plus grand nombre de renseignements possible afin d’offrir les meilleurs soins possibles pour les patients, et la nécessité de bâtir des systèmes pouvant être utilisés de façon harmonieuse dans leur cheminement pour créer des dossiers numériques, y compris saisir des données dans le système et en extraire. Je reconnais également que certains progrès ont été réalisés pour accorder la priorité aux patients. La stratégie en santé du gouvernement, Priorité aux patients : Plan d’action en matière de soins de santé, est axée sur le patient, et les efforts entrepris par le ministère à ce jour pour élaborer une stratégie des solutions numériques pour la santé prend appui sur le fait d’accorder la priorité aux besoins des patients de l’Ontario. Mais il reste encore beaucoup à faire pour concrétiser la vision énoncée par le ministère dans sa stratégie. Non seulement les patients ont-ils le droit de connaître les renseignements sur leur santé, mais ils peuvent également y contribuer de façon importante. Ils sont à même de vérifier les faits et ils gèrent leur santé de façon quotidienne. De plus en plus de nos jours, les patients eux-mêmes comprennent les enjeux médicaux et peuvent sentir que quelque chose ne va pas. Ils constitueront une force de soutien et de rigoureux critiques du système numérique – en demandant des renseignements à jour et des services en ligne sous des formes accessibles. En termes simples, nous devons bâtir un système de renseignements axé sur le patient. Ainsi, nous bâtirons un système qui ajoute de la valeur pour tous les intervenants.

Laissez-moi maintenant décrire comment ce rapport est présenté. Je fournis tout d’abord une brève description du système et de son historique. J’aborde ensuite la question de la valeur. J’explore également les thèmes abordés dans les présentations que j’ai reçues, et découlant des discussions que j’ai eues. Il existe un large degré de consensus chez les experts concernant ces thèmes. Enfin, je présente mes recommandations sur la façon de créer plus de valeur. En bref, nous avons besoin d’une stratégie des solutions numériques pour la santé plus clairement définie, une stratégie qui établit un lien avec la stratégie globale en santé, avec des rôles plus clairement définis, et nous devons passer d’une approche permissive à une approche plus directive concernant l’adoption et la création de dossiers numériques.

J’ai eu de la difficulté à définir à quel point je devais proposer des cibles audacieuses pour la mise en œuvre de la stratégie des solutions numériques pour la santé. J’étais conscient des antécédents d’objectifs établis jamais atteints par la suite. D’un autre côté, il était évident que le milieu des chefs de file en santé souhaitait des objectifs ambitieux. Sans objectifs ambitieux, différents acteurs pourraient ne pas ressentir l’urgence de ce besoin de changement. La récompense de ces efforts est très grande – de meilleurs résultats à moindre coût. L’effort doit être à la fois urgent et significatif. J’ai donc opté pour des objectifs ambitieux.

Au moment de préparer ce rapport, j’ai été frappé du nombre de rapports antérieurs préparés, d’études réalisées, de groupes de travail mis sur pied et d’exercices de consultation lancés. En effet, une énorme quantité de travail a été réalisée; ce travail était sans aucun doute nécessaire non seulement pour permettre aux gens d’en arriver à la bonne conclusion, mais également pour établir un consensus entourant ces conclusions. J’ai été le bénéficiaire de tout ce travail, mais je ferais également observer que le moment est maintenant venu d’agir et que nous devons choisir une façon d’aller de l’avant pour concrétiser le tout.

Autrement dit, nous avons progressé. Nous créons clairement plus de valeur que nous dépensons. Le fait d’établir les connexions de dernière étape et d’augmenter l’utilisation clinique et par les patients de nos biens numériques pour la santé redéfinira la valeur de ce que nous avons déjà accompli. Nous pouvons réaliser beaucoup plus encore, en adoptant une approche plus ciblée et directive avec des jalons ambitieux, une gestion de projet serrée et des leviers du changement appropriés.

Veuillez agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Ed Clark
Président du Conseil consultatif pour la gestion des biens provinciaux et conseiller de la première ministre pour les affaires économiques

Mise en contexte

Innovation numérique

Personne ne contestera que nous vivons à une époque où l’innovation numérique progresse à une vitesse encore jamais vue. Au cours des 20 dernières années, les banques, les détaillants, les agences de voyages et le secteur de l’hôtellerie ont activement adopté et intégré la technologie moderne et des mesures de sécurité et de protection des renseignements dans leurs services en ligne – non seulement pour améliorer leurs propres pratiques commerciales et créer des gains d’efficacité administratifs, mais pour répondre à la demande des clients en matière d’expériences en ligne rapides, simples et pratiques et pour offrir aux consommateurs de nouveaux produits et expériences qu'ils n'auraient pu leur offrir autrement. L’innovation numérique s'est également étendue à d’autres aspects de notre vie quotidienne : demandes et renouvellements de permis de conduire, paiement des services publics et de contraventions de stationnement, et cueillette de données électorales et de recensement, pour ne nommer que ces exemples.

Paysage des solutions numériques pour la santé en Ontario

Le gouvernement de l’Ontario, de façon semblable aux entreprises, aux organismes internationaux et à d’autres gouvernements, a reconnu l’importance et la valeur des technologies de l’information et de la communication pour éclairer et faire progresser les soins aux patients. Il a donc investi massivement dans la numérisation des soins de santé. Les investissements ont été octroyés à :

  • cyberSanté Ontario (anciennement l’Agence des systèmes intelligents pour la santé), l’organisme du ministère de la Santé et des Soins de longue durée (ministère), pour des projets d’infrastructure fondamentaux comme le système provincial de dossier de santé électronique (DSE) et les dépôts de données pour des renseignements comme les résultats d’imagerie diagnostique et d’analyses de laboratoire;
  • Initiatives et organismes financés par le ministère, par exemple l’adoption du dossier médical électronique (DME) par les professionnels de la santé soutenue par OntarioMD, ainsi que le Réseau Télémédecine Ontario et Panorama
  • Organismes financés par le biais des réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) comme les hôpitaux et les centres d’accès aux soins communautaires (CASC).

    Ces investissements nous ont donnés les composantes fondamentales du système de santé numérique que nous avons aujourd'hui, et permettront d’établir des liens entre les fournisseurs de soins de santé, les professionnels de la santé et les organismes, ainsi que des possibilités d’innovation technologique et de commercialisation pour les années à venir.

Fournisseurs de soins de santé : expression générale servant à décrire un particulier ou un groupe qui fournit des services de soins de santé à un patient, par exemple les techniciens en diagnostic ou les phlébotomistes qui prélèvent des échantillons de sang. Les médecins, le personnel infirmier praticien et le personnel infirmier sont d’autres exemples de fournisseurs de soins de santé.

Professionnels de la santé : fait précisément référence à deux sous-groupes de fournisseurs accrédités en Ontario pour traiter les patients : les médecins et le personnel infirmier praticien.

Médecins communautaires : médecins de soins primaires (c.-à-d., votre médecin de famille) et spécialistes basés dans la collectivité (c.-à-d., à l’extérieur d’un hôpital), et qui exercent seuls ou au sein d’un groupe.

Ces investissements gouvernementaux et du secteur de la santé nous ont donnés les composantes fondamentales du système de santé numérique que nous avons aujourd'hui, et permettront d’établir des liens entre les fournisseurs de soins de santé, les professionnels de la santé et les organismes, ainsi que des possibilités d’innovation technologique et de commercialisation pour les années à venir.

Les ressources numériques pour la santé – ou ce que nous appelons biens numériques pour la santé – servent actuellement à de nombreuses choses : procurer aux fournisseurs de soins de santé un accès rapide aux renseignements sur la santé et les antécédents médicaux d’un patient, et partager notamment les résultats d’imagerie diagnostique et d’analyses de laboratoire entre les fournisseurs de soins de santé communautaires et régionaux.

L’Ontario possède un vaste et complexe système de biens numériques pour la santé. De nombreux fournisseurs de soins de santé utilisent des systèmes de renseignements au point d’intervention – c'est-à-dire à l’endroit et au moment où l’on prodigue des soins au patient – par exemple les DME que les médecins et le personnel infirmier praticien utilisent à leur cabinet. Ces systèmes ont été mis sur pied et adoptés de façon hétérogène au cours des années. Différents professionnels de la santé, fournisseurs de services, organismes et fournisseurs de services TI les ont mis en place pour répondre aux besoins locaux, souvent avec une intégration au secteur élargi limitée ou inexistante. Ceci étant dit, au cours des années, cyberSanté Ontario et ses partenaires ont mis en place une infrastructure de DSE intégrée et essentielle à l’échelle de la province, composée du réseau principal connecté, de dépôts de données et de visualiseurs pour permettre aux fournisseurs de services de santé d’accès aux renseignements partagés sur le patient. Un DSE est un historique intégré des consultations médicales d’un patient à la disposition de fournisseurs de soins de santé autorisés. La connexion des différents systèmes utilisés au point d’intervention au DSE provincial est toujours en cours de réalisation. Ces systèmes et tous les flux de renseignements sont tous régis par les lois provinciales sur la protection de la vie privée et ancrés dans de rigoureux protocoles en matière de protection de la vie privée et de sécurité.

Au fil des ans, cyberSanté Ontario et ses partenaires ont mis en place une infrastructure intégrée et essentielle à l’échelle de la province, appelée système de DSE de la province, qui comprend un réseau principal connecté, des dépôts de données et des visualiseurs. La connexion des différents systèmes utilisés au point d’intervention au DSE est toujours en voie de réalisation.

cyberSanté Ontario

cyberSanté Ontario – un organisme du ministère de la Santé et des Soins de longue durée – a entamé son mandat actuel en 2008 et a succédé à l’ancienne Agence des systèmes intelligents pour la santé (ASIS). Au cours de l’existence de ces organismes, la technologie a grandement évolué depuis le modèle de système de soins de santé numérique de base envisagé à l’origine. Au début des années 2000, les décisions concernant l’infrastructure de base étaient représentatives de la technologie existante et des modèles et tendances de conception qui prévalaient à l’époque. Il aurait été impossible pour quiconque de prédire où la technologie nous mènerait et à quel point elle évoluerait durant ces années.

cyberSanté Ontario a joué un rôle clé à titre de bâtisseur et d’exploitant des systèmes et bien numériques pour la santé, de connecteur des renseignements, de facilitateur des pratiques exemplaires et de fournisseur de services électroniques, ce qui a fourni un immense appui aux autres secteurs du système de soins de santé. Toutefois, la responsabilité de s'occuper de tous les aspects des solutions numériques pour la santé en Ontario n'a jamais fait partie du mandat de cyberSanté Ontario. Le ministère s'occupe d’établir la politique et l’orientation de la province de l’Ontario (province) en matière de solutions numériques pour la santé et de soins de santé, ainsi que d’exploiter certains systèmes qui ne sont pas déjà exploités par des organismes individuels et partenaires des soins de santé, notamment le Système de surveillance des stupéfiants et des substances contrôlées. De nombreux fournisseurs de soins de santé, les patients et le public en général semblent ignorer cette importante distinction ou d’autres distinctions, par exemple les définitions et la terminologie spécifique utilisées pour décrire les solutions numériques pour la santé. Cette situation se traduit souvent par une certaine confusion dans les discussions. Par exemple, il existe différentes compréhensions et une utilisation interchangeable de nombreux termes, par exemple :

  • initiatives de cybersanté (qui fait généralement référence à la numérisation des soins de santé);
  • cyberSanté Ontario (l’entité juridique spécifique qui est un organisme du ministère);
  • dossiers médicaux électroniques (qui fait généralement référence aux dossiers numériques propres au cabinet ou à l’organisme d’un professionnel de la santé);
  • dossiers de santé électroniques (qui fait généralement référence à la cueillette numérique des consultations médicales d’une personne à l’échelle du système de santé).

cyberSanté Ontario a également souffert du passé trouble de l’ancienne ASIS, notamment :

  • Manque de stabilité opérationnelle avec son équipe de direction et dans la portée de son mandat et de ses activités;
  • Incompréhension de sa portée opérationnelle sur la base de perceptions antérieures;
  • Faible leadership ou responsabilisation de l’agence pour fournir une orientation du système ou gérer les enjeux sans l’orientation ou l’approbation du ministère;
  • Problèmes de communication et de collaboration avec les partenaires du système, le ministère et d’autres intervenants;
  • De nombreux examens et critiques des médias concernant ses pratiques de gestion, ses finances et sa dépendance envers des experts-conseils externes.

Depuis 2009, cyberSanté Ontario a réorienté et renouvelé son équipe de direction, sa structure et culture organisationnelles et son mandat, ce qui en fait un organisme très différent aujourd'hui. En 2014, on a nommé une nouvelle chef de la direction, et depuis ce temps l’équipe de direction a considérablement changé. Comme le fait observer Graham Scott dans sa présentation, « sous le leadership de la nouvelle chef de la direction, l’organisme a pris acte de la validité des critiques antérieures et a mis en œuvre  les changements nécessaires depuis sa nomination. » Malheureusement, l’organisme porte toujours le fardeau d’une mauvaise réputation découlant des difficultés passées cyberSanté Ontario est une institution essentielle de l’infrastructure numérique du système de santé de l’Ontario. L’organisme doit déployer de nombreux projets au cours des deux prochaines années. Il est important de l’appuyer dans ses démarches.

Les experts à qui j’ai parlé s'entendent généralement pour dire que l’infrastructure que cyberSanté Ontario et les biens que d’autres fournisseurs et organismes de soins de santé ont créés et mis en œuvre  ont fait progresser la qualité des soins aux patients dans les établissements de soins de santé et au sein des collectivités et des régions. Mais la plupart des experts ont admis que nous pouvons en faire plus pour accroître la qualité en reliant plus de systèmes entre eux et en convainquant un plus grand nombre de professionnels de la santé d’adopter et d’utiliser de façon efficace les technologies numériques pour la santé, toujours dans le respect de la vie privée des patients et de la sécurité des renseignements personnels sur la santé.

Ils convenaient également qu'il serait utile de préciser le mandat de cyberSanté Ontario.

Biens numériques pour la santé en Ontario

Quels sont les biens numériques pour la santé créés?

Compte tenu du temps à ma disposition pour réaliser mon examen, l’ensemble des descriptions que je présente ci-dessous ne constitue pas une liste exhaustive de tous les biens numériques pour la santé de la province. Par exemple, les systèmes de renseignements des services communautaires de santé mentale et toxicomanie et autres systèmes des services communautaires de soutien ne sont pas inclus.

  1. Visualiseurs des dossiers de santé électroniques (DSE)

    cyberSanté Ontario soutient deux « visualiseurs » de DSE dans trois régions de la province, et 85 000 professionnels de la santé sont inscrits pour les utiliser, mais seulement une portion d’entre eux s'en servent de façon active. Chaque mois, les professionnels de la santé accèdent à plus d’un million de dossiers de patients. Les deux visualiseurs ont leur façon propre d’accéder aux données, mais cyberSanté Ontario gère les principaux dépôts de données de la province comme les résultats d’imagerie numérique et d’analyses de laboratoire.

    1. ConnexionOntario dans la région du Grand Toronto (RGT) est le visualiseur provincial qu'établit cyberSanté Ontario, et jusqu'à maintenant il a grandement relié les organismes de soins actifs et en milieu communautaire et les centres d’accès aux soins communautaires (CASC) dans la région. Les régions du Nord et de l’Est adopteront ce visualiseur au cours de la prochaine année
    2. ClinicalConnect dans le Sud-Ouest a été conçu à titre de solution régionale durant la conception et l’établissement du visualiseur provincial, et il a été adopté par tous les hôpitaux et les (CASC) de cette région.

    Il est important de comprendre comment ces deux systèmes ont évolué. À ses débuts, ClinicalConnect constituait, pour les hôpitaux du Sud-Ouest de l’Ontario une solution adaptée aux professionnels de la santé permettant d’accéder à leurs différents systèmes lorsque les patients recevaient des soins dans plus d’un hôpital. Le système a été conçu à une époque où cyberSanté Ontario n'offrait pas de solutions provinciales élargies ni de dépôts. Avec le temps, ClinicalConnect a été étendu pour inclure les utilisateurs et les données d’un plus grand nombre d’hôpitaux de la région, ainsi que de fournisseurs de soins de santé à l’extérieur des hôpitaux. Il commence également à intégrer les principaux dépôts provinciaux conçus par cyberSanté Ontario. ConnexionOntario a commencé dans la RGT, en offrant un accès aux dépôts de données sur la santé provinciaux et régionaux partagés, bien au-delà des milieux hospitaliers. Certains des dépôts provinciaux sont les mêmes que ceux auxquels donne accès ClinicalConnect, mais certains sont différents. L’accès par les patients aux renseignements des deux systèmes est limité à l’heure actuelle.

    Ainsi, même si les deux systèmes ont une valeur dans leur région respective et qu'il existe un certain chevauchement dans le contenu auquel ils donnent accès, aucun des visualiseurs ni les systèmes de données sous-jacents ne sont interopérables, ce qui signifie qu'il est impossible d’échanger ou de consulter la plupart des renseignements entre les systèmes ou les régions. À court terme, argumenter sur les mérites des deux systèmes semble une perte d’énergie. Il faudrait plutôt se concentrer à appuyer les deux systèmes pour le moment, en exigeant un examen indépendant de l’architecture pour aider à tracer la voie à plus long terme.

    Un tel examen de ClinicalConnect et de ConnexionOntario doit déterminer si et de quelle façon les systèmes doivent être reliés et s'il est possible d’intégrer les meilleures fonctionnalités de chaque système pour former un modèle de système hybride. Tout système de dossier de santé électronique pour l’Ontario doit répondre aux trois exigences qui suivent, définies par les experts :

    1. La capacité de fournir de façon proactive et sécuritaire des renseignements sur les patients pour les mettre à la disposition des patients et d’autres fournisseurs de soins de santé faisant partie du cercle de soins d’un patient;
    2. La capacité, pour les fournisseurs de soins de santé autorisés, d’extraire des renseignements sur les patients du DSE au besoin (p. ex., pouvoir accéder à des renseignements en situation d’urgence), idéalement d’une façon intégrée de façon harmonieuse aux dossiers médicaux électroniques et autres systèmes au point d’intervention;
    3. La capacité d’avoir accès à des données anonymisées du système pour favoriser l’amélioration générale de la qualité, la recherche et autre utilisation secondaire autorisée conforme aux lois et protocoles de la province entourant la protection de la vie privée.
    4. La capacité supplémentaire (avec consentement approprié du patient) de se servir de données intégrées propres au patient à l’avantage de ce dernier et pour améliorer la santé de la population en vérifiant si les interventions de suivi nécessaires ont été faites et en envoyant des rappels électroniques pour des résultats de laboratoire cruciaux.
  2. Systèmes de dossiers médicaux électroniques (DME)

    Les DME sont des plateformes logicielles de dossiers médicaux informatisés au point d’intervention utilisés dans des cabinets de médecins et de personnel infirmier praticien communautaires et organismes semblables, et ils permettent aux professionnels de la santé d’offrir des soins plus éclairés aux patients. Onze fournisseurs de logiciels offrent de nombreux produits et plateformes homologués pour être utilisés en Ontario. À l’heure actuelle, plus de 80 % des médecins de soins primaires communautaires disposent de plateforme de DME. Faire adopter les DME dans les cabinets des professionnels de la santé constitue un jalon important; il faut maintenant se concentrer sur l’augmentation de leur utilisation active. OntarioMD estime que l’utilisation active par les professionnels de la santé en Ontario se classe actuellement au niveau deux de son modèle de maturité du DME. Le niveau zéro correspond à l’utilisation du dossier papier, et le niveau cinq correspond à des soins intégrés ayant recours aux plateformes numériques et aux DME.

    En raison d’écarts dans l’utilisation active, tous les Ontariens ne peuvent compter profiter pleinement des avantages qu'offre la santé numérique aujourd'hui. Par exemple, environ un médecin communautaire sur cinq se sert toujours de dossiers papier à son cabinet. Entre temps, l’utilisation de systèmes numériques dans les hôpitaux varie grandement, et certains laboratoires communautaires (privés) et établissements d’imagerie ne mettent pas les résultats d’examens à la disposition des cliniciens de façon électronique.

    Modèle de maturité du DME d’OntarioMD
    Source : OntarioMD

    NiveauCritèresCapacités
    5IntégrerUtilisation de portails, de carrefours, connexion aux plateformes provinciales de cybersanté partageant des données du DME.
    4Utiliser les données sur la populationCréation de tableaux de bord de populations entières, agir en fonction de l’ensemble, analyse de la population à l’échelle de la pratique.
    3Regarder vers l’avenir, prédireRappels et alertes utilisés au point d’intervention. Recherches réalisées de façon régulière avec réexamen planifié.
    2Utiliser rapidement les donnéesAgir en fonction des résultats des recherches épisodiques, outils de saisie rapide, formulaires, calculateurs, etc.
    1Saisir les donnéesLa documentation se fait de façon électronique. Les notes sur les progrès, les formulaires et d’autres documents sont saisis dans le DME.
    0PapierLes procédures sont principalement réalisées en format papier.

    Même si l’adoption du DSE n'est pas complète et qu'il existe des écarts dans le degré d’utilisation active des DSE et des systèmes de DME au point d’intervention des professionnels de la santé pour soutenir les soins aux patients, la bonne nouvelle est que leur adoption et utilisation active par les professionnels de la santé est en augmentation en Ontario. Depuis 2013, le nombre d’utilisateurs actifs du DSE en Ontario a augmenté de façon significative, avec 34 637 utilisateurs actifs déclarés en 2016.

    Nombre d’utilisateurs* actifs du DSE en Ontario
    Source : Inforoute Santé du Canada

    Le diagramme montre le nombre d’utilisateurs actifs de dossiers de santé électroniques en Ontario qui ont accès mensuellement à deux domaines cliniques ou plus, par année, de 2012 à 2016. Le diagramme montre que l’utilisation active en Ontario a augmenté de façon importante depuis 2012, avec 34 637 utilisateurs actifs dans la province en 2016. La source de ces renseignements est Inforoute Santé du Canada, un organisme indépendant sans but lucratif financé par le gouvernement fédéral.

    *Nombre d’utilisateurs actifs avec accès mensuel à deux domaines cliniques ou plus

    Les experts croient que le nombre d’utilisateurs actifs continuera de croître à mesure qu'un plus grand nombre de systèmes sont connectés, qu'un plus grand nombre de données deviennent disponibles et que les professionnels de la santé s'habituent à l’utilisation de ces solutions pour soutenir les soins aux patients.

  3. Autres systèmes de renseignements et dépôts de données

    En plus des DME, plusieurs autres systèmes électroniques permettent un cheminement clinique et des processus de soins virtuels en ligne. Certains de ces systèmes sont reliés entre eux, et certains sont reliés au DSE, mais tous les systèmes ne peuvent extraire des renseignements du DSE. Voici certains des principaux exemples de ces systèmes :

    1. Les systèmes de renseignements hospitaliers (SRI) sont des systèmes de renseignements en milieu hospitalier qui servent à gérer les dossiers médicaux des patients et à soutenir les soins aux patients. Ils sont maintenant utilisés dans la plupart des hôpitaux de la province, mais de différentes façons. Dans certaines régions, les SRH sont reliés à d’autres fournisseurs de soins de santé, professionnels de la santé et organismes au sein de la collectivité. Par exemple, le RLISS du Nord-Ouest a relié ses 13 hôpitaux au SRH régional, ce qui a permis d’améliorer l’accès aux renseignements hospitaliers sur les patients pour les professionnels de la santé autorisés.

      Les organismes hospitaliers ont réalisé leurs premiers investissements dans les SRH indépendamment du gouvernement ou de cyberSanté Ontario. Même si ces systèmes ont créé de la valeur au sein de leurs organismes, particulièrement en matière d’amélioration de la qualité et de gains d’efficacité grâce à l’automatisation, ils varient entre les hôpitaux, tout comme les niveaux d’investissement, de capacité, de maturité de mise en œuvre et d’avantages réalisés par voie de gains d’efficacité à l’interne. Les résultats pour les patients varient également d’un hôpital à l’autre. Parmi les autres enjeux définis, mentionnons le dédoublement des efforts et des ressources, et l’absence à l’interne de normalisation en ce qui concerne la cueillette de données et les protocoles cliniques.

      J’ai été heureux d’apprendre dans mes discussions avec le ministère qu'un projet de renouvellement des SRH, dirigé par le Conseil sur les solutions numériques pour la santé au sein du ministère, est en cours. Ce projet fera en sorte que les hôpitaux seront organisés en regroupements ou carrefours au moment de renouveler leur SRH, pour ainsi optimiser la valeur des investissements courants et futurs. La vision à long terme pour ces recommandations est que ces carrefours de services de santé numériques ouvrent des biens et une capacité afin d’inclure d’autres fournisseurs de soins de santé au sein de la collectivité (p. ex., les spécialistes et les médecins communautaires). Il s'agit d’une approche qui pourrait nous aider à franchir les dernières étapes, et j’encourage le ministère à accélérer la planification de sa mise en œuvre  pour cette raison, et peut-être à vérifier si un financement supplémentaire est nécessaire pour soutenir la mise en œuvre.

    2. Le Système de gestion des rapports hospitaliers (SGRH) est un système électronique qui permet aux professionnels de la santé qui utilisent des DME approuvés de recevoir de façon sécuritaire et électronique des rapports sur les patients (p. ex., résumés des motifs de mise en congé, résultats transcrits d’imagerie diagnostique) par l’entremise de leur DME des établissements participants – principalement des hôpitaux. Depuis sa mise en œuvre  il y a peu, plus de 6 500 médecins ont commencé à recevoir des rapports du SGRH de plus de 175 emplacements hospitaliers et cliniques spécialisées, et les chiffres augmentent chaque mois.

    3. Le Système d’information de laboratoire de l’Ontario (SILO) contient 91 % de tous les résultats d’analyses de laboratoire de la province, saisis dans le système et provenant de tous (c.-à-d., 100 %) les laboratoires de santé publique, de 96 % des laboratoires (privés) communautaires et de la plupart des laboratoires d’hôpitaux. Cependant, à l’heure actuelle, les professionnels de la santé utilisant des DME certifiés ne sont pas tous reliés au système, même si la capacité technique de le faire existe. Mais les choses progressent. L’an dernier, les professionnels de la santé ont consulté 138 millions de résultats d’analyses de laboratoire pour leurs patients, et la capacité de consultation de ces résultats devrait croître au cours des prochaines années.
    4. Un Système d’information sur les profils pharmaceutiques (SIPP) contient près de 70 % de toutes les activités de délivrance de médicaments dans son système, principalement pour les patients qui reçoivent des prestations de médicaments du Programme de médicaments de l’Ontario ou du Programme de médicaments Trillium grâce à son Visualiseur des profils pharmaceutiques des patients. Ces renseignements sur les médicaments financés par le régime public sont saisis dans le SIPP par les pharmacies par l’entremise de leurs systèmes de gestion pharmaceutique au point d’intervention. À l’heure actuelle, les professionnels de la santé ne sont pas en mesure d’avoir largement accès aux renseignements sur toutes les ordonnances des patients. Des efforts sont toutefois faits par le ministère pour permettre aux professionnels de la santé de certaines parties de la province de consulter ces données en 2017. Un accès planifié aux profils pharmaceutiques serait utile pour gérer les soins aux patients et serait susceptible d’encourager une utilisation plus active du DSE et du DME.
    5. Le Répertoire des données cliniques est le répertoire provincial mis sur pied et exploité par cyberSanté Ontario pour le partage de renseignements cliniques en soins actifs et communautaires des hôpitaux, par exemple les résumés des motifs de mise en congé, les formulaires d’évaluation des patients, les notes cliniques et les rapports transcrits ou rapports d’intervention. Ce répertoire est également relié aux autres dépôts de renseignements (par exemple ceux des laboratoires, d’imagerie, de profils pharmaceutiques et d’immunisation) ce qui permet un ensemble intégré de données propres aux patients. Le répertoire donne accès aux renseignements contenus dans le DSE du patient partout dans la province, et permet la capacité supplémentaire (avec consentement approprié) de faire le suivi de leur état de santé et de leurs soins (par exemple pour faire en sorte que l’on offre à toutes les personnes diabétiques un examen annuel de la vue, pour vérifier si les interventions de suivi nécessaires ont été faites et pour envoyer des rappels électroniques pour des résultats de laboratoires cruciaux).
    6. Le Système de surveillance des stupéfiants et des substances contrôlées nouvellement établi fournit des données électroniques sur toutes les ordonnances d’opiacés rédigées par des professionnels de la santé et délivrées par les pharmacies partout dans la province. Le Système de surveillance des stupéfiants et des substances contrôlées joue un rôle important dans la lutte à la dépendance aux opiacés et leur prescription abusive –  une importante crise de santé publique en Ontario et sur d’autres territoires.
    7. Le Système de renseignements concernant la santé du client (CHRIS) est une application Web sécurisée et le système principal de soins aux patients utilisé par les 14 (CASC) pour relier le secteur des soins à domicile et en milieu communautaire. CHRIS peut également se connecter à d’autres systèmes de renseignements de fournisseurs de soins de santé dans la collectivité et aux systèmes ConnexionOntario et ClinicalConnect. De nombreux (CASC) utilisent également des services à valeur ajoutée comme l’aiguillage et la notification électroniques pour les patients.
    8. Panorama est un système qui permet aux responsables de la santé publique de gérer les renseignements sur l’immunisation, l’inventaire des vaccins et les cas d’éclosions de maladies transmissibles. Jusqu'à maintenant, le système a mis l’accent sur la saisie des dossiers d’immunisation des enfants d’âge scolaire. Des efforts sont en cours pour élargir le système afin d’y saisir les données pour tous les Ontariens.
    9. Le Réseau Télémédecine Ontario (RTO) exploite un portail de vidéoconférence en ligne qui permet aux fournisseurs de soins de santé d’interagir avec les patients à distance. On a offert des services de télémédecine à plus de 637 293 patients en 2015-2016, plus du double du nombre de services offerts aux patients depuis 2012-2013.
    10. Quatre dépôts d’imagerie diagnostique (d-ID) sont en activité dans le cadre du programme d’imagerie diagnostique de cyberSanté Ontario. Les images diagnostiques et rapports pour les radiographies, examens tomodensitométriques et examens d’IRM sont saisis, consultés et partagés dans tous les hôpitaux de l’Ontario. À l’heure actuelle, 40 % des établissements de santé indépendants saisissent et partagent ces données, mais on prévoit qu'un plus grand nombre d’établissements de santé indépendants s'ajouteront avec le temps.

Ces visualiseurs, systèmes et dépôts en sont à différents niveaux de maturité technologique et à différents niveaux d’interopérabilité. Bien que ces systèmes procurent une valeur inestimable aux professionnels de la santé et aux patients qui profitent actuellement de leur utilisation, de puissantes occasions de faire progresser et d’améliorer la qualité des soins aux patients ne pourront être réalisées que lorsque les connexions de dernière étape seront faites et que les renseignements pourront entrer et sortir du DSE et circuler entre les DME et le DSE, selon les besoins des patients et des professionnels de la santé autorisés.

Des différences entre les systèmes posent un défi en matière de connectivité et d’interopérabilité, ce qui a des conséquences sur la connexion des dernières étapes. Il existe de grandes différences entre les systèmes dans les hôpitaux de l’Ontario. Il existe différents systèmes, certains meilleurs que d’autres. Il existe différents niveaux de qualité dans les serveurs et logiciels utilisés. Et il existe même des différences dans le niveau d’interopérabilité des hôpitaux au sein de leurs propres hôpitaux et des moyens dont ils disposent pour se défendre contre les cyberattaques.

Il existe également d’importantes différences dans le degré d’intégration et d’adaptation des systèmes au cheminement des professionnels de la santé, ce qui a une incidence sur leur degré de soutien envers des soins plus sécuritaires et harmonieux pour les patients. Les systèmes hospitaliers constituent l’une des dernières étapes clés. D’autres dernières étapes clés incluent les systèmes à l’intention des médecins et spécialistes communautaires, du personnel infirmier praticien et des fournisseurs de soins à domicile et en milieu communautaire qui travaillent à l’extérieur des hôpitaux.

Encore une fois, différentes plateformes logicielles de DME sont utilisées. Certains DME sont meilleurs que d’autres. Les professionnels de la santé utilisent leurs DME à différents degrés comme dossier principal de leurs patients et pour soutenir les services de soins aux patients (p. ex., communiquer avec les patients qui auraient déjà dû recevoir des soins préventifs ou de suivi recommandés et connexion avec es fournisseurs de soins de santé en ligne). Ils se servent de leurs DME de façon très limitée pour partager des renseignements aux autres membres de l’équipe de soins et en recevoir d’eux.

En outre, il reste d’importantes dernières étapes à terminer, c'est-à-dire les ressources en ligne à l’intention des patients – y compris tenir compte des exigences de différentes communautés, notamment les Franco-Ontariens et les Autochtones – afin que les patients puissent consulter leur propre dossier de santé.

Exemples d’activités à venir

Je suis frappé de constater à quel point les progrès des solutions numériques pour la santé en Ontario constituent un cas classique du verre à moitié plein ou à moitié vide. J’entends par là que d’immenses progrès ont été réalisés jusqu'à maintenant, mais que de tels progrès soulignent également la nécessité d’en faire plus, plus vite. Nous avons beaucoup progressé, mais nous devons encore réaliser de nombreuses connexions de dernière étape qui permettraient d’atteindre une plus grande valeur pour les Ontariens. Mais comme vous pourrez le lire, nous sommes sur le point de faire d’autres progrès, et nous pouvons en faire encore plus.

cyberSanté Ontario

Dans le cadre de mes discussions avec des experts, j’ai demandé aux gens de cyberSanté Ontario où ils en sont selon eux aujourd'hui et vers où ils se dirigent, et j’ai été heureux d’entendre que les avantages de leurs investissements passés se concrétisent à mesure que les solutions de santé numériques continuent de prendre de l’ampleur. Par exemple, les données sur les médicaments seront davantage à la disposition des professionnels de la santé en 2017, et on devrait ajouter les renseignements des cabinets de médecins de soins primaires communautaires aux dépôts de données du système de dossier de santé électronique (DSE) en 2018-2019. Ces renseignements deviendront aussi progressivement plus précieux, à condition que l’utilisation active par les professionnels de la santé de leurs systèmes de dossier médical électronique (DME) continue également de croître.

De plus, cyberSanté Ontario commence à se concentrer sur l’innovation et de nouveaux partenariats. Dans la présentation que l’organisme m'a transmise, cyberSanté Ontario reconnaît la nécessité de faire participer le secteur privé à l’évolution de la numérisation des soins de santé de l’Ontario, afin d’offrir aux patients tous les avantages que la technologie évolutive peut offrir dans la gestion de leurs propres soins de santé, et en arriver à un système réellement convivial. Un exemple en est le lancement d’un laboratoire d’innovation numérique pour la santé au collège Mohawk en avril 2016. Les innovateurs et les fournisseurs de solution peuvent maintenant mettre à l’essai leurs applications et leurs solutions dans un milieu de test officiel. cyberSanté Ontario observe que le laboratoire permet à un plus grand nombre d’entreprises de pénétrer le marché des solutions numériques pour la santé, et il aidera les fournisseurs qui veulent répondre à des demandes d’approvisionnement afin de mieux comprendre les risques et les coûts. L’idée derrière le laboratoire est d’encourager l’expérimentation afin d’aider à produire des applications et technologies novatrices visant à aider les gens à vivre plus sainement et à prévenir l’apparition de maladies.

Ministère de la Santé et des Soins de longue durée

D’après mes discussions avec les gens du ministère, et d’après la présentation qu'ils m'ont transmise, je comprends que le ministère a réalisé des progrès à ce jour dans la mise sur pied d’une stratégie renouvelée de solutions numériques pour la santé. Je suis impatient de voir comment le ministère définira la marche à suivre pour tirer profit de nos biens numériques pour la santé existants. Je comprends qu'une nouvelle stratégie inclura un certain nombre d’initiatives sous la gouvernance du Conseil sur les solutions numériques pour la santé, qui relève du ministre de la Santé et des Soins de longue durée. Ce Conseil a été constitué pour élaborer une stratégie et offrir une orientation en matière de services numériques pour la santé à l’échelle de la province. Je comprends que 850 cliniciens, experts en solutions numériques pour la santé, patients et autres fournisseurs de services de soins de santé ont contribué à cet effort. Je crois que ces initiatives, une fois en cours, aideront beaucoup à faire progresser les travaux de cyberSanté Ontario et la connectivité de notre système. J’espère que des progrès seront faits rapidement concernant le renouvellement du système de renseignements hospitaliers (SRH) et l’accès accru par les professionnels de la santé aux renseignements sur les profils pharmaceutiques, comme mentionné précédemment.

À mesure que nous mettons un plus grand nombre de ces systèmes à la disposition des professionnels de la santé et des patients, et à mesure que nous augmentons la connectivité entre tous nos systèmes dans un souci de protection de la vie privée, nous devrions être à même de constater une plus grande utilisation de l’infrastructure que nous avons bâtie. Les adopteurs tardifs de ces systèmes voudront et devront se joindre et les utiliser activement, que ce soit pour continuer à offrir les meilleurs soins disponibles dans leurs cabinets ou parce que les patients le demandent, ou les deux.

Quantité de valeur créée par les efforts à ce jour

Comme mentionné plus tôt dans ma lettre, la valeur peut se définir et se calculer de nombreuses façons autres qu'en fonction des coûts. Aux fins du présent mandat, j’ai évalué la valeur de nos biens numériques pour la santé de 5 façons. Ces catégories peuvent servir à évaluer la valeur des biens courants et le potentiel de ces biens :

  1. Produire de meilleurs résultats cliniques : meilleure qualité des soins (p. ex., prescription plus sécuritaire de médicaments) et choix de traitement plus éclairés;
  2. Améliorer l’expérience des patients : moins de stress (accès simplifié et plus rapide aux résultats, et façons plus simples de faire un suivi de l’immunisation), avec moins d’irritants (moins de tests répétés et de rendez-vous) et plus d’accès (moins de temps de déplacement et élimination d’aiguillages inutiles);
  3. Réduire les coûts pour les systèmes de soins de santé : créer des gains d’efficacité, y compris en évitant les interventions répétées ou inutiles et en faisant en sorte que les patients ayant des besoins obtiennent l’aide appropriée plus rapidement (télésoins à domicile);
  4. Permettre l’analyse de données pour améliorer la qualité des soins de santé : recherche axée sur les patients pour trouver des façons plus efficaces de répondre aux besoins des patients et faire en sorte (avec le consentement des patients) qu'ils obtiennent les bons soins
  5. Stimuler la croissance économique : créer un contexte où les innovateurs peuvent créer de nouveaux produits pour le système de santé en Ontario et les commercialiser dans notre système de soins de santé et dans ceux du reste du monde.

Selon le Conference Board du Canada, la numérisation se traduit par un important rendement du capital investi. Les investissements faits à la suite de la subvention accordée en 2010 par le gouvernement fédéral à Inforoute Santé du Canada ajoutent environ 1,48 $ au PIB pour chaque dollar investi. Voilà une bonne nouvelle du point de vue de la croissance et de la création d’emplois, et qui démontre que les importants investissements faits par les provinces à l’échelle du pays font une différence pour notre économie.

Voici un exemple de comment ma femme s'est servie de ces outils pour obtenir de bons résultats de qualité à faible coût.

Depuis quelques semaines, son rythme cardiaque était élevé, elle avait perdu du poids de façon involontaire et avait les cheveux ternes – tous des symptômes de maladie thyroïdienne. Elle a eu recours à l’application de messagerie texte du Beth Israel Deaconess pour mettre sur pied un plan de soins avec son fournisseur de soins primaires. La première étape consistait en un ensemble de tests de la fonction thyroïdienne réalisés à un laboratoire local situé à cinq minutes de notre résidence. Les résultats ont été transmis par le laboratoire à une application sur son téléphone, et en quelques heures, nous avions la confirmation qu'elle souffrait d’hyperthyroïdie. Elle s'est servie du portail à l’intention des patients pour fixer un rendez-vous avec un spécialiste le lendemain à un endroit situé à quelques minutes de notre résidence. Lors de ce rendez-vous, on lui a diagnostiqué la maladie de Grave, et le clinicien a transmis de façon électronique une ordonnance de méthimazole à une pharmacie située à 15 mètres de notre résidence. Ma femme s'est rendue à pied jusqu'à la pharmacie et maintenant, quelques semaines plus tard, n'éprouve plus de symptômes.

Dr John Halamka
Professeur d’innovation en soins de santé, Harvard Medical School, et directeur de l’information au Beth Israel Deaconess Medical Center

L’été dernier, un membre de la famille qui habite à Hamilton (Ontario) a dû se rendre à l’hôpital alors qu'il était en vacances à Goderich (Ontario). Comme il souffre de plusieurs problèmes de santé, il a mis tous ses médicaments dans un sac d’épicerie et s'est rendu à l’hôpital. À son arrivée à l’hôpital, il fut ravi d’apprendre que le personnel avait accès à tous ses dossiers médicaux grâce à ClinicalConnect. Le personnel avait même accès à ses plus récentes radiographies et analyses de laboratoire. Cela signifie qu'il n'a pas eu à se soumettre de nouveau à des prises de sang et radiographies (et possiblement d’autres examens). Le médecin n'a pas eu à perdre de temps à tenter de démêler ses antécédents. Cela signifie que le membre de ma famille a reçu des soins plus sécuritaires de façon plus efficiente, le tout à un coût moindre pour le système de santé, puisqu'il n'a pas eu à se soumettre de nouveau à des examens déjà réalisés.

Maintenant que tous les renseignements sur les soins hospitaliers et à domicile sont reliés dans le sud-ouest de la province grâce à ClinicalConnect, le fait de devoir répéter des examens diagnostiques inutiles est chose du passé.

Donna Cripps
Directrice générale, Réseau local d’intégration des services de santé de Hamilton Niagara Haldimand Brant

MyChart, un exemple de système de dossiers de santé personnels, permet aux patients de faire beaucoup plus – nous faisons tous partie de l’équation. Il s'agit d’une toute nouvelle façon d’exercer la médecine.

Les patients peuvent voir à quel moment leurs résultats d’examens sont prêts et ils peuvent prendre un rendez-vous de suivi. Et lorsque plusieurs médecins ont accès aux dossiers des patients, les risques de dédoublement des examens sont moindres. MyChart a donc le potentiel d’accélérer le traitement, tout en permettant au système de santé de réaliser des économies.

Dr Barry A. McLellan
Président et chef de la direction, Centre Sunnybrook des sciences de la santé

En 2012, une patiente du Sud-Ouest de l’Ontario fut hospitalisée pour une grave réaction à un antibiotique. Elle fut transportée d’urgence à l’hôpital, où elle passa une semaine à l’unité des soins intensifs, au bord d’une insuffisance rénale. Une fois rétablie, la patiente obtint son congé de l’hôpital une semaine plus tard. Toutefois, elle dut être réadmise à l’hôpital quelques jours plus tard en raison d’une autre infection – et l’équipe de soins tenta de lui prescrire l’antibiotique même auquel elle venait tout juste de réagir. Aujourd'hui, la patiente reçoit des soins de spécialistes ainsi que de son médecin de soins primaires.

Les systèmes de santé numériques comme ClinicalConnect contiennent les renseignements médicaux sur les patients, y compris les allergies, ce qui permet de réduire le risque de réactions indésirables aux médicaments. Et parce que les membres de l’équipe de soins des patients, à l’hôpital ou au cabinet du médecin, peuvent avoir accès de façon sécuritaire aux renseignements sur des événements médicaux antérieurs, ils peuvent coordonner les soins des patients, par exemple réduire le nombre d’analyses de laboratoire et d’examens diagnostics répétés, et améliorer l’expérience des patients.

Murray Glendining
Programme Connexion Sud-Ouest de l’Ontario – coprésident du Comité directeur
Président et chef de la direction, London Health Sciences Centre

Comment évaluer les avantages

Il n'existe pas de façon simple de définir les avantages créés par nos biens numériques pour la santé existants. Nous devons nous pencher sur plusieurs études différentes pour obtenir un portrait exhaustif.

Il faut prendre pour point de départ Inforoute Santé du Canada (Inforoute).

Le gouvernement du Canada a créé Inforoute pour promouvoir la numérisation des systèmes de soins de santé, mais également pour surveiller les progrès à l’échelle nationale et dans les provinces et territoires.

La province de l’Ontario est bien positionnée comparativement à ses homologues en matière de disponibilité, d’utilisation et d’avantages découlant des investissements en solutions numériques pour la santé.

Inforoute Santé du Canada

L’organisme a publié ou parrainé différentes études sur les avantages de la numérisation des soins de santé. L’estimation annuelle des progrès réalisés au Canada constitue une étude importante. Nous avons pu obtenir une ventilation provinciale de leurs données pour l’Ontario.

Inforoute souligne que ses données représentent une évaluation partielle des avantages. Elles n'incluent pas les avantages qui se trouvent sous nos deux dernières catégories de valeur (analyse des données et croissance économique) même si l’organisme a parrainé des travaux dans ces deux domaines et qu'il considère qu'ils offrent d’importants avantages (voir l’encart de Jennifer Zelmer). Quant aux trois autres catégories de valeur, l’organisme n'inclut qu'une partie de leurs avantages.

Des études indépendantes mandatées par Inforoute ont fait le suivi des avantages en matière d’accès, de qualité et de productivité évalués à des milliards de dollars depuis 2007. Ces études ont porté sur des types particuliers de solutions TI pour la santé : imagerie diagnostique numérique, systèmes d’information sur les profils pharmaceutiques, dossiers médicaux électroniques et télésoins. Les solutions TI pour la santé non encore étudiées de cette manière – par exemple les systèmes de renseignements de laboratoire, les systèmes de surveillance de santé publique et les systèmes cliniques dans les hôpitaux – sont susceptibles de générer une valeur supplémentaire. De plus, il est impossible de calculer tout ce qui compte. Certains avantages, notamment la tranquillité d’esprit découlant d’un accès plus précoce jusqu'aux résultats d’analyses, ne peuvent se traduire facilement en termes monétaires, et ne sont donc pas compris dans les estimations des études.

Jennifer Zelmer
Présidente, Azimuth Health Group et ancienne vice-présidente exécutive à Inforoute Santé du Canada

L’estimation faite par Inforoute de la valeur comprend les avantages réalisés grâce aux éléments suivants :

  • Imagerie numérique (2008)
  • Systèmes d’information sur les profils pharmaceutiques (2010)
  • Télésoins (2011)
  • Utilisation du dossier médical électronique (DME) dans les cliniques communautaires (2013)
  • Télésoins à domicile (2014)
  • Utilisation du DME dans les cliniques ambulatoires en milieu hospitalier (2016)

Inforoute cite plusieurs exemples de systèmes et services habilités grâce à la numérisation et qui ne sont pas compris dans les études pancanadiennes qu'elle a commandées. Elles incluent :

  • Analytique clinique et du système de santé
  • Rapports synoptiques cliniques
  • Systèmes de renseignements sur les soins communautaires
  • Registres propres à une maladie
  • Prise de rendez-vous électronique
  • Consultation électronique
  • Navigation électronique
  • Renouvellement d’ordonnance électronique
  • Aiguillage électronique
  • Visite électronique
  • Systèmes de renseignements hospitaliers
  • Systèmes d’information de laboratoire
  • Systèmes de renseignements sur les soins de longue durée
  • Gestion du cheminement des patients
  • Portails à l’intention des patients, visualisation électronique
  • Systèmes de surveillance de la santé publique
  • Télépathologie
  • Système de suivi des temps d’attente

En particulier pour l’Ontario, cela signifie que des systèmes comme ceux ci-dessous ne sont pas compris dans les calculs des avantages faits par Inforoute :

  • Système d’information de laboratoire de l’Ontario (SILO)
  • Action Cancer Ontario
  • Panorama
  • Services communautaires de soutien
  • Geston des renseignements sur les soins communautaires
  • Services communautaires de santé mentale et toxicomanie

La plus récente évaluation indépendante du rendement d’Inforoute publiée au printemps 2016 montre qu'Inforoute :

  • A été un chef de file en évaluation des avantages, au niveau du projet où cela constitue une exigence de nombreux projets, et aux niveaux les plus élevés à l’échelle canadienne et des autorités administratives.
  • A collaboré avec les intervenants pour élaborer et faire évaluer un cadre d’évaluation des avantages utilisé depuis de nombreuses années pour normaliser les évaluations des avantages. Les évaluations montrent des avantages en matière d’accès, de qualité et de productivité au sein des programmes d’investissements.

Inforoute a également reçu en 2014 le Prix du leadership du Canadian Government Executive en reconnaissance de son engagement continu envers la responsabilisation pour les investissements et l’excellence en gestion de projet.

En tenant compte de ces mises en garde, que nous disent les études d’Inforoute? Si l’on ignore les avantages non compris dans ces études, les avantages annuels découlant des biens numériques pour la santé de l’Ontario ont été en 2015-2016 de l’ordre de 900 millions de dollars par année. Pour mettre ces renseignements en contexte, cela signifie que le ministère de la Santé et des Soins de longue durée évaluerait ses dépenses en biens numériques pour la santé, y compris dans des systèmes non compris dans l’estimation des avantages réalisée par Inforoute, à un peu moins de 900 millions de dollars en 2015-2016. Si nous avions inclus tous les avantages non calculés, la mesure dans laquelle les avantages surpassent les coûts serait très importante. En bref, nos investissements en solutions numériques pour la santé nous ont menés à un point où la valeur continue créée surpasse de façon importante les coûts pour la province de maintenir et faire croître nos biens numériques pour la santé. Il s'agit d’un jalon important.

Il est évident que nous avons créé une immense valeur potentielle. L’analogie de l’autoroute que j’ai utilisée un peu plus tôt constitue un exemple parfait. Nos experts nous ont dit que si nous pouvions seulement continuer de bâtir ces bretelles et routes de desserte qui sont reliées à l’autoroute, la valeur de nos investissements précédents augmenterait de façon significative.

Nous pouvons nous servir de la même étude d’Inforoute pour avoir une idée de la valeur minimale cumulative au fil des ans. Pour l’Ontario, la présentation écrite d’Inforoute a établi la valeur pour la période 2007 à 2015 à 5,7 milliards de dollars (en dollars constants de 2015). Il s'agit d’un chiffre important, mais encore une fois il est bon d’observer qu'il ne s'agit que d’une estimation partielle – la véritable évaluation serait beaucoup plus élevée.

Comment la province de compare-t-elle par rapport aux autres provinces?

Selon Inforoute, l’Ontario est également un chef de file dans un grand nombre de ses efforts en matière de solutions numériques pour la santé en comparaison à d’autres gouvernements provinciaux :

  • L’Ontario est parmi les chefs de file dans l’adoption du DME, et comparativement à d’autres provinces, l’Ontario progresse rapidement en ce qui concerne l’augmentation du nombre de professionnels de la santé qui utilisent le DME;
  • L’établissement précoce par l’Ontario de son programme de DME a accéléré son adoption par la communauté de pratique en Ontario;
  • L’Ontario est un chef de file en télésoins et télésoins à domicile, et les inscriptions en Ontario ont dominé au Canada en matière de volume et de croissance;
  • L’Ontario est un chef de file dans la numérisation de l’imagerie diagnostique.

J’ai également fait appel à des experts à l’externe pour vérifier comment l’Ontario se positionne dans le monde. Dan Sheldon a confirmé que, selon lui, l’Ontario devance d’autres gouvernements dans certains biens numériques pour la santé bien précis, par exemple l’imagerie diagnostique. Mais il observe également que l’Ontario (ainsi que le reste du Canada) accuse toujours un retard important par rapport aux États-Unis dans l’adoption du SRH. Nous constatons cependant des améliorations graduelles.

Il fait également remarquer que d’autres pays ont éprouvé de la difficulté à mettre en œuvre  des solutions numériques pour la santé et ont subi de nombreux échecs, et qu'aucun système de santé n'est près d’offrir toutes les composantes d’une solution TI pour la santé.

  • L’Angleterre n'a pas réussi à mettre sur pied un système national de dossiers des patients et, en 2014, a lancé une nouvelle stratégie des solutions numériques pour la santé, notamment en donnant le mandat à l’organisme Nhs Digital de concrétiser cette stratégie d’ici 2020. Les principaux enjeux ayant eu une incidence sur la mise sur pied d’un système national de dossiers des patients ont inclus l’interopérabilité et l’adoption fragmentée des SRH, ainsi que l’offre limitée de solutions de services numériques pour les utilisateurs des soins de santé.
  • L’Australie n'a pas été en mesure de mettre sur pied son service national de dossiers de santé personnels en raison d’un faible taux d’adoption et d’une faible participation clinique. Le gouvernement a mis sur pied un organisme pour améliorer le service, et une nouvelle stratégie numérique devrait être déployée dans un avenir rapproché. La principale leçon à retenir de ces exemples est qu'en dépit des échecs à grande échelle, ces gouvernements voient de la valeur dans l’infrastructure qu'ils ont déjà mise en place, ils continuent d’investir dans leurs systèmes de santé numériques, et ils vont de l’avant avec la réalisation de ce travail.

Conclusion

L’Ontario a créé des biens numériques pour la santé d’une très grande valeur. Il a franchi l’important jalon de créer une valeur supérieure aux coûts, y compris les coûts pour ajouter de la valeur. La province dispose d’une immense valeur potentielle et se compare avantageusement aux autres provinces.

Principaux thèmes

Pour éclairer mon examen et mes recommandations au gouvernement, j’ai recueilli les commentaires de plus de 30 différents groupes et particuliers, et j’ai demandé à 33 d’entre eux de préparer chacun une brève présentation sur la manière dont ils décriraient leurs perceptions des biens numériques pour la santé et leur valeur connexe. Le degré d’enthousiasme que j’ai constaté chez les intervenants sur ce sujet est un bon indicateur de l’ouverture des organismes et des agences pour communiquer, collaborer et se coordonner entre eux s'ils en ont la chance. J’ai mis en lumière ci-dessous les principaux thèmes qui sont ressortis au cours de mes discussions avec les experts.

  1. Les experts ont saisi cette occasion d’exprimer ouvertement leur opinion et d’examiner les points de vue de leurs pairs sur ce sujet. Ils se préoccupent grandement du système, et souhaitent s'assurer que nous poursuivions nos progrès dans la numérisation des soins de santé.
  2. Peu importe les points de vue individuels sur l’état et la progression de l’adoption des systèmes de santé numériques en Ontario, il existe un fort consensus voulant que la numérisation toujours croissante du système de soins de santé ajoute ou apporte une énorme valeur sous différentes formes, notamment en :
    1. produisant de meilleurs résultats cliniques;
    2. améliorant l’expérience des patients;
    3. réduisant les coûts du système de santé;
    4. permettant l’analyse de données pour améliorer la qualité des soins de santé sur le plan de la santé individuelle et de celle de la population;
    5. stimulant la croissance économique.
  3. Inforoute Santé du Canada a réalisé un travail considérable pour estimer la valeur créée par la numérisation des soins de santé au Canada. Ce travail indique une forte croissance de la valeur créée avec le temps. Sur la base d’une analyse réalisée par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée, à l’aide de données et de vérification d’Inforoute Santé du Canada, des avantages représentant environ 5,7 milliards de dollars ont été réalisés au Canada de 2007 à 2015 à partir d’investissements en imagerie diagnostique, dans les systèmes d’information sur les profils pharmaceutiques, dans les dossiers médicaux électroniques et dans les télésoins. De ce montant, des avantages de l’ordre de 900 millions de dollars ont été réalisés en Ontario en 2015. Ces estimations sous-évaluent clairement la valeur totale créée. Presque tous ceux à qui nous avons parlé ont donné des exemples de soins améliorés aux patients ou de vies sauvées, et de nombreux exemples vont au-delà des domaines où la valeur pourrait être quantifiée dans les études d’Inforoute Santé du Canada. L’utilisation de systèmes de renseignements hospitaliers, sur l’immunisation, sur les soins à domicile, des laboratoires et autres systèmes de renseignements ont également créé une valeur importante non comprise dans ces estimations. En outre, il est clair qu'à mesure que les efforts vont de l’avant – pour améliorer les dépôts, ajouter des utilisateurs ou élargir les façons dont les données sont utilisées pour soutenir les soins aux patients – la valeur augmente de façon importante.
  4. Selon le ministère de la Santé et des Soins de longue durée, une évaluation approximative de ce que dépense l’Ontario pour réaliser des avantages découlant de solutions TI pour la santé s'établirait à un peu moins de 900 millions de dollars en 2015-2016. En se servant d’une définition restreinte des avantages, les avantages surpassent maintenant les coûts. Il s'agit d’un jalon important.
  5. Les experts étaient fortement d’avis qu'en prenant du recul et en étudiant la valeur totale créée, nous pourrions constater que les avantages de la numérisation en surpassent clairement les coûts. Ils ont appuyé leur point de vue de plusieurs exemples de création de la valeur et ont cité des exemples de décisions qu'ils avaient prises pour réacheminer des fonds limités afin d’accélérer la numérisation parce qu'ils croyaient en la valeur qu'elle produirait. Les experts ont également insisté pour que l’on mette en place des cibles plus ambitieuses pour faire progresser la numérisation complète de notre système de santé.
  6. Un certain nombre d’experts ont souligné la nature dynamique de la technologie. Elle ne constitue pas seulement un outil – elle peut également transformer les protocoles de pratique. Les solutions numériques pour la santé peuvent améliorer les soins de santé comme jamais auparavant. Les fournisseurs de soins de santé doivent savoir à quel point la technologie peut les aider à améliorer les soins qu'ils prodiguent à leurs patients, et nous devons encourager l’adoption efficace de nouvelles technologies. Une partie essentielle de la numérisation consistera à veiller à ce que les outils clés soient en place et à ce que les fournisseurs de soins de santé de la province se sentent adéquatement appuyés dans leur adoption des systèmes et outils numériques pour offrir des soins aux patients de qualité, responsables et modernes.
  7. Les intervenants ont encouragé un sentiment d’urgence pour accroître la connectivité avec les patients, mais ont reconnu que ces efforts comporteraient leur lot de défis. Les experts ont également fait observer qu'il faut tenir compte des exigences de nos différentes communautés au moment d’entreprendre ces efforts. Les patients doivent avoir accès en temps réel à leurs propres dossiers de santé électroniques et aux services en ligne, y compris par le biais de canaux sécurisés, pratiques et pertinents au plan technologique, par exemple des ressources en ligne à l’intention des patients et des applications intelligentes. Tout naturellement, les systèmes de santé numériques à ce jour ont été principalement conçus pour être utilisés par les fournisseurs de soins de santé. Permettre aux patients de consulter les renseignements sur leur santé et d’interagir en ligne avec leur équipe de soins de santé nécessitera des changements dans les attitudes et les interfaces utilisateur pour permettre aux patients d’être utilisateurs et vérificateurs de leurs renseignements. Plus que quiconque, les patients sont décidés à faire en sorte que les renseignements sur leur santé sont exacts. Ils constitueront également une source de pression pour que le système de santé se conforme aux normes d’autres industries pour permettre l’accès numérique.
  8. Il existe une extraordinaire compréhension chez les experts auxquels j’ai parlé de la façon dont le paysage numérique a évolué au cours des années, de qui a fonctionné ou non, des principaux enjeux, obstacles pour le système et complexités sous-jacentes qui empêchent de réaliser d’autres avantages des biens numériques pour la santé de l’Ontario. La complexité et la gouvernance du système de soins de santé rendent également difficile l’exécution de solutions discrètes et de plus vastes stratégies générales. Pour ajouter à cette complexité, l’approche permissive de l’Ontario concernant l’offre et la mise en œuvre  de solutions numériques pour la santé s'est traduite par des innovations positives, mais a également engendré de plus grandes complexités pour le système. En fonction de ce que nous avons appris des efforts à l’échelle de la province, nous sommes maintenant en mesure de définir des solutions éprouvées qui devraient être adoptées à large échelle. Afin de mieux planifier une utilisation mature du système, une stratégie provinciale coordonnée et de meilleures connexions de dernière étape, nous devons commencer à être plus directifs concernant l’offre et la mise en œuvre  de systèmes, et nous devons le faire d’une façon réfléchie et éclairée par des données probantes tout en permettant une ouverture et une concurrence entre fournisseurs au sein du système de soins de santé. Nous devons également nous inspirer des expériences et leçons retenues durant tout le processus et les mettre en pratique. Un changement d’une approche permissive à une approche plus directive peut aider à faire en sorte que tous les patients profitent d’une plus grande modernisation dans le secteur des soins de santé. Lorsque les professionnels de la santé n'échangent pas de données avec leurs collègues ou n'utilisent pas leurs données, leurs patients risquent de ne pas recevoir les meilleurs soins possible.
  9. En s'appuyant sur le concept de connexions améliorées de dernière étape, les experts conviennent généralement que de nombreux systèmes TI et applications logicielles ne sont pas aussi interopérables à l’heure actuelle qu'ils devraient l’être, et que la gouvernance commune des renseignements n'est pas aussi bien établie qu'elle devrait l’être. Cela signifie que même si un patient donne son consentement pour que ses renseignements soient partagés entre les fournisseurs de soins de santé, il arrive que des systèmes ne puissent toujours pas communiquer entre eux, et des iniquités générales peuvent survenir dans la qualité des soins, laissant derrière les patients. Bien que l’Ontario ait adopté une approche non directive concernant la nécessité de respecter les normes de performance utilisateur et les exigences en matière de système, il est maintenant temps de le devenir. Bien que l’approche permissive de la province se soit traduite par de multiples systèmes, nous ne devons pas éliminer ces systèmes, mais plutôt les améliorer. Pour commencer, les réseaux locaux d’intégration des services de santé ont déjà la responsabilité des hôpitaux de leurs régions, et ils devraient par conséquent commencer à imposer graduellement des normes minimales de connectivité, d’interopérabilité et de rendement à l’avenir, ce qui améliorerait l’expérience des soins aux patients.
  10. La croissance dans de multiples plateformes, ressources en ligne à l’intention des patients et visualiseurs ont mené à un spectre de différentes ententes contractuelles entre différentes entités du secteur des soins de santé et leurs fournisseurs respectifs. La gestion des fournisseurs de TI n'est habituellement pas une compétence de base pour la plupart des fournisseurs de soins de santé. En l’absence d’une source centralisée d’expertise, chaque organisme ou professionnel de la santé est laissé à lui-même et, sans surprise, ceci fait pencher la balance en faveur des fournisseurs et vendeurs. Il faut consacrer des efforts à tirer profit des économies d’échelle de la part des fournisseurs et trouver des façons d’encourager les pratiques exemplaires.
  11. Les experts ont convenu qu'il était d’une importance capitale dans notre système de soins de santé numérique de garantir la manipulation sécuritaire et privée des renseignements sur le patient. En raison de la connexité croissante entre les différents systèmes de renseignements et de la plus grande adoption de nouvelles technologies perturbatrices, en particulier dans le contexte des soins de santé primaires, les efforts courants en matière de sécurité, axées sur la protection des données individuelles des patients, doivent continuellement être élargis et actualisés pour assurer une plus grande résistance contre les cyberattaques.
  12. De nombreux experts ont souligné la nécessité d’insister sur le fait qu'ils ne voient rien d’intrinsèquement négatif à une concurrence entre de nombreux fournisseurs de solutions technologiques, mais qu'il faut établir un cadre pour expliquer clairement les attentes aux fournisseurs en se servant d’un mélange équilibré de mesures incitatives et réglementaires appropriées pour permettre une coexistence entre des systèmes d’entreprise à large échelle et de nouvelles plateformes innovantes pouvant laisser libre cours aux compétences et talents spécifiques que l’on retrouve dans les carrefours d’innovation de l’Ontario.
  13. Tous s'entendent pour dire que les possibilités offertes par les biens numériques pour la santé de l’Ontario peuvent permettre de réaliser d’importantes améliorations matérielles en permettant une plus grande efficacité clinique, de meilleurs résultats pour les patients et une diminution des coûts des soins de santé. Tous s'entendent aussi généralement pour dire qu'il faut établir un lien avec l’économie de l’innovation. La province de l’Ontario aura besoin d’un cadre juridique, stratégique et d’approvisionnement plus directif et moderne, qui permettra de réaliser le potentiel de notre économie de l’innovation pour contribuer à l’innovation en soins de santé, mais qui du même souffle veillera à ce que les valeurs fondamentales du système de santé et de notre cadre existant en matière de protection de la vie privée des patients demeurent protégés. La province dispose d’un avantage concurrentiel naturel en économie de l’innovation, et d’importantes possibilités pourraient être réalisées si le secteur des soins de santé pouvait entretenir des liens plus étroits avec les carrefours de l’innovation, notamment ceux d’Ottawa, de Toronto et de Waterloo. Le talent que l’on retrouve dans ces carrefours permettrait rapidement de définir de nouvelles possibilités pour l’économie canadienne si on lui en donnait la chance.
  14. Les experts du secteur de la santé de l’Ontario s'entendent généralement pour dire que la stratégie des solutions numériques pour la santé de l’Ontario n'a pas été clairement expliquée, et que les liens entre une stratégie numérique et la stratégie globale en santé n'ont pas été établis. Les différents rôles et responsabilités en ce qui concerne la numérisation du système de soins de santé en Ontario demeurent nébuleux.
  15. En sa qualité d’organisme, cyberSanté Ontario a fait des progrès vers l’adoption complète des dossiers de santé électroniques, en particulier au cours des deux dernières années. Les experts ont mentionné le succès mitigé de la numérisation des soins de santé d’autres gouvernements. Ils nous ont pressés de trouver une façon d’aller de l’avant. On s'entend généralement pour dire que les systèmes ne parviendront pas à maturité encore avant de nombreuses années, mais que cyberSanté Ontario est bien placé pour réaliser d’importants progrès au cours des prochaines années si l’organisme continue à se concentrer dans la bonne direction. Nous pouvons apprendre beaucoup des autres gouvernements, à mesure que nous apportons des améliorations à la vitesse, au rendement et à la fiabilité de nos systèmes. Les experts ont indiqué qu'on pourrait y arriver en axant le mandat de cyberSanté Ontario sur les activités essentielles, en établissant de nouveaux partenariats et en tentant de consolider des fonctions qui ne sont pas essentielles à l’adoption des dossiers de santé électroniques en Ontario. Il serait utile que l’on communique clairement les progrès réalisés jusqu'à maintenant par cyberSanté Ontario, et que l’on fasse des comptes rendus réguliers et continus sur ses progrès futurs et son mandat renouvelé.
  16. cyberSanté Ontario aura besoin d’aide pour répondre aux attentes que l’on a envers lui. L’organisme ne possède pas la capacité de diriger les RLISS, les hôpitaux, les fournisseurs de soins de santé et les professionnels de la santé concernant leurs propres systèmes ou la façon dont ils se servent des renseignements sur la santé. En effet, il est bien connu qu'il ne serait pas approprié que l’organisme joue ce rôle. Cette orientation devra venir d’un échelon supérieur à l’organisme. Sous les modèles de gouvernance actuels, cette responsabilité repose sur le ministère de la Santé et des Soins de longue durée et les organismes de réglementation – et il existe un consensus général voulant que, pour assurer un accès équitable à des soins de qualité pour les patients dans l’ensemble de la province,  les modèles de gouvernance doivent graduellement passer d’une approche permissive, qui peut se traduire par des soins inéquitables et inégaux pour les patients dans la  province et laisser certains patients derrière, à une approche directive avec le temps, dans laquelle la qualité des soins aux patients profite pleinement de bien numériques pour la santé reliés – une fois que les technologies habilitantes appropriées seront en place.

Recommandations

Sur la base des principaux thèmes définis et éclairés par mes discussions avec les experts du secteur de la santé, je présente les recommandations qui suivent au ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario :

cyberSanté Ontario

  1. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit explicitement reconnaître la valeur évidente que cyberSanté Ontario a créée pour le système de soins de santé dans la province de l’Ontario à titre de bâtisseur et d’exploitant de systèmes TI, de connecteur des renseignements sur la santé, de facilitateur de pratiques exemplaires en matière de biens numériques pour la santé et de fournisseur de services de données, ce qui procure une immense valeur à ses partenaires dans le système des soins de santé et aux Ontariens.
  2. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit revoir le mandat de cyberSanté Ontario en insistant explicitement sur l’offre de services technologiques et pour faire en sorte que l’organisme soit imputable de ses résultats en fonction de son mandat. Ce mandat doit reconnaître que même si cyberSanté Ontario est un bâtisseur et un exploitant de l’infrastructure TI de base, il n'est pas un organisme dirigeant des hôpitaux et des fournisseurs de soins de santé. Il n'a pas la capacité d’outrepasser les décisions des hôpitaux, des comités de supervision ou des réseaux locaux d’intégration des services de santé, et il ne doit pas avoir cette capacité. cyberSanté Ontario joue un rôle limité, mais essentiel dans le monde élargi des biens numériques pour la santé. Plus précisément, cyberSanté Ontario doit :
    1. Se concentrer sur les activités essentielles, réaliser les projets de connexion et les exploiter et les maintenir d’une manière cohérente avec les pratiques exemplaires de l’industrie.
    2. Être tenu responsable d’atteindre des cibles, jalons et échéanciers précis déterminés par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée, en appui à son mandat.
    3. Collaborer avec ses partenaires pour offrir des conseils stratégiques et une orientation technique sur la connectivité et l’interopérabilité entre les systèmes de cyberSanté Ontario et les autres utilisateurs de biens numériques pour la santé.
    4. Collaborer avec le ministère de la Santé et des Soins de longue durée et avec ses clients et partenaires pour établir des normes claires en matière de service pour les biens qu'il gère, et mettre en place de nouveaux mécanismes de responsabilisation pour inciter adéquatement l’organisme à respecter ces normes. L’organisme doit accorder la priorité à l’élaboration continue d’une culture de service à la clientèle dans tous les aspects de son travail et de son organisme.
    5. Collaborer avec le ministère de la Santé et des Soins de longue durée pour moderniser ses approches pour élaborer et établir des normes d’interopérabilité conformes avec le leadership du ministère de la Santé et des Soins de longue durée et les tendances de l’industrie.
    6. À la lumière du mandat redéfini de cyberSanté Ontario, l’organisme doit collaborer avec le ministère de la Santé et des Soins de longue durée pour définir clairement des cibles budgétaires et des mesures d’évaluation du rendement, notamment l’utilisation significative et les coûts par utilisation.
  3. À la lumière des changements pour que l’organisme devienne davantage un fournisseur de services :

    1. Le gouvernement doit tenir compte de la qualité, des matrices de compétences et de l’expérience des ressources humaines nécessaires et pour le conseil d’administration de cyberSanté Ontario.
    2. cyberSanté Ontario doit améliorer les compétences et qualifications de ses employés occupant un rôle de prestation auprès des intervenants pour s'assurer qu'ils soient représentatifs de la transformation de l’organisme en un rôle de fournisseur de services.
    3. cyberSanté Ontario doit élaborer et évaluer des paramètres clairs, sur la base de la rétroaction des intervenants le cas échéant, afin de gérer le rendement des employés de première ligne.
    4. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit élaborer des indicateurs clés pour évaluer le rendement de cyberSanté Ontario à titre d’organisme fournisseur de services.

Stratégie des solutions numériques pour la santé 

  1. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit formuler plus clairement une stratégie des solutions numériques pour la santé sur la base de considérations opérationnelles pour la province, incluant des liens vers des stratégies élargies en santé. Il faut particulièrement mettre l’accent sur les rôles, responsabilités, réalisations et objectifs de chaque acteur particulier en soutien à cette stratégie, y compris le ministère de la Santé et des Soins de longue durée, cyberSanté Ontario, les hôpitaux, les réseaux locaux d’intégration des services de santé, les fournisseurs de soins de santé et les professionnels de la santé, les organismes de recherche et autres partenaires.

    1. Dans sa description des rôles et des responsabilités, la stratégie doit préciser clairement que le ministère de la Santé et des Soins de longue durée a la responsabilité de la vision générale de la stratégie, et qu'il doit affecter des livrables et échéanciers nets aux acteurs et organismes spécifiques et détailler les attentes individuelles pour l’atteinte d’objectifs précis au sein de la stratégie élargie.
    2. La stratégie des solutions numériques pour la santé doit une vision évolutive pour les 7 prochaines années, y compris des jalons annuels clés basés sur les besoins et les expériences des patients et éclairés par d’autres gouvernements, qui doit être renouvelée au moment de son achèvement.
    3. La stratégie des solutions numériques pour la santé doit également inclure, outre les jalons et cibles spécifiques pour les dossiers de santé électroniques, des attentes précises définies et des exigences opérationnelles minimales concernant la qualité des données et l’interopérabilité pour les dossiers médicaux électroniques, les dépôts de données et autres solutions numériques pour la santé utilisées par les professionnels de la santé.
    4. En élaborant ces normes, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit éviter de créer un milieu non concurrentiel pour les systèmes de renseignements sur la santé. Il doit encourager la concurrence et veiller à ce que le système permette l’arrivée de nouveaux joueurs et de nouvelles technologies pour faire concurrence aux joueurs existants.
    5. Dans le cadre part de l’élaboration de la stratégie des solutions numériques pour la santé, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit collaborer avec cyberSanté Ontario pour clairement définir son rôle et son approche, et afin d’établir un plan pour mettre les données provenant des biens qu'il gère à la disposition des patients, consommateurs et innovateurs.
    6. Au moyen de la stratégie des solutions numériques pour la santé, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit collaborer avec ses partenaires pour confirmer et communiquer ses cibles pour une utilisation mature des systèmes de santé numériques, l’interopérabilité et la connectivité, avec les objectifs préliminaires suivants :
      1. Objectifs du dossier de santé électronique :

        • Dans cinq ans, tous les fournisseurs de soins autorisés doivent avec accès aux dossiers de santé électroniques des patients et y contribuer afin d’améliorer la coordination des soins.
      2. Objectifs du dossier médical électronique :
        • Dans cinq ans, 95 % des professionnels de la santé communautaires doivent utiliser des outils électroniques sécurisés au sein de leurs cabinets qui leur permettent de conserver les dossiers des patients, de communiquer avec leurs patients, d’améliorer l’accès aux soins et de déclencher des alertes et rappels fondés sur des données probantes (p. ex., sécurité des médicaments ou soins préventifs ou de suivi).
      3. Objectifs des hôpitaux :
        • Dans cinq ans, tous les hôpitaux doivent utiliser des outils électroniques pour améliorer la sécurité des médicaments, tirer profit des plus récentes données probantes cliniques au chevet du patient, et partager des renseignements avec les patients et ceux qui en prennent soin après leur congé de l’hôpital, pour assurer des soins de suivi plus harmonieux.
      4. Objectifs des services en ligne à l’intention des patients :
        • Dans cinq à sept ans, tous les Ontariens doivent avoir accès en ligne aux renseignements sur leur santé, notamment des résultats d’analyses, et à des outils éprouvés qui leur permettront de prendre des rendez-vous, demander un renouvellement d’ordonnance, communiquer avec leurs fournisseurs de soins de santé, gérer leur santé et partager des renseignements selon leur bon vouloir avec d’autres personnes participant à leurs soins.
    7. La stratégie des solutions numériques pour la santé mettrait l’accent sur la nécessité d’adopter une approche de type « solutions numériques pour la santé par conception » afin de mettre en œuvre  la stratégie. Cela signifie que lorsque le ministère de la Santé et des Soins de longue durée, les réseaux locaux d’intégration des services de santé ou les fournisseurs de soins de santé créent de nouvelles politiques ou de nouveaux programmes en matière de santé, ils doivent réfléchir précisément à la manière d’atteindre leurs objectifs en se servant de la technologie moderne et se demander comment y parvenir avec des solutions numériques pour la santé.
  2. Comme première étape dans l’élaboration d’une stratégie des solutions numériques pour la santé, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit confirmer son soutien envers les recommandations contenues dans le présent rapport, publier son document sur la stratégie des solutions numériques pour la santé au cours des prochaines semaines, et s'engager publiquement à publier une stratégie finale des solutions numériques pour la santé et un plan d’action dans les 4 à 6 mois qui comprennent des cibles et échéanciers répondant à ces recommandations, la confirmation de 3 à 5 projets distinctifs, et des détails budgétaires pour appuyer la mise en œuvre  de la stratégie. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit également publier les résultats de ses activités de participation concernant l’élaboration de la stratégie réalisés jusqu'à maintenant.

Secrétariat de la stratégie des solutions numériques pour la santé

  1. La supervision de la stratégie en matière de santé numérique doit être confiée à un point de contact précis, un secrétariat de la stratégie des solutions numériques pour la santé (le secrétariat), dont l’équipe de direction serait dirigée par un sous-ministre associé ou directeur de l’information, et appuyé par deux sous-ministres adjoints. Le directeur général du secrétariat relèverait du sous-ministre de la Santé et des Soins de longue durée pour garantir la mise en œuvre  complète de la stratégie des solutions numériques pour la santé. Ce secrétariat disposerait d’autres autorités et pouvoirs pour s'acquitter de son mandat, y compris la capacité de collaborer avec des partenaires appropriés pour passer d’une approche volontaire et permissive à une approche directive menant à l’adoption de normes précises de connectivité et d’interopérabilité avec le temps, y compris dans de multiples couches, secteurs et systèmes. Le secrétariat s'occuperait également d’établir la liaison et de coordonner le travail avec d’autres secteurs du ministère de la Santé et des Soins de longue durée et du gouvernement afin d’atteindre les jalons pour la stratégie et de définir et de coordonner les liens clés avec les stratégies élargies du système de santé.
  2. Reconnaissant le rôle nécessaire joué par la technologie dans l’amélioration des résultats pour les patients, la réduction des coûts en santé et le soutien à l’efficacité clinique, le secrétariat doit pouvoir exiger qu'un pourcentage du financement dédié des budgets d’immobilisation et de fonctionnement en santé soit alloué à la modernisation et au renouvellement des systèmes TI et à des mises à niveau pour respecter les normes minimales.
    1. Le secrétariat doit aussi tirer profit des comités de TI existants ou collaborer avec cyberSanté Ontario, les directeurs de l’information du secteur de la santé, les fournisseurs de soins de santé, d’autres professionnels de l’industrie et les groupes consultatifs de patients et de familles à des façons de continuellement régler les problèmes liés au système et améliorer les normes établies.
    2. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit veiller à ce que le financement dédié dans les hôpitaux pour la modernisation et le renouvellement des TI, les exigences en matière d’interopérabilité et les mises à niveau pour respecter ces normes minimales soient orientés de manière à permettre aux professionnels de la santé d’offrir de meilleurs soins aux patients ou d’habiliter les patients.
    3. Le secrétariat doit appuyer le Conseil sur les solutions numériques pour la santé, actuellement présidé par le sous-ministre de la Santé et des Soins de longue durée au nom du ministre, et exiger des rapports réguliers sur les progrès de la mise en œuvre  de la stratégie en matière de santé numérique, y compris les progrès vers l’atteinte d’échéanciers, de cibles et de jalons précis. Une importante fonction du Conseil sur les solutions numériques pour la santé serait de revoir régulièrement la valeur des investissements faits par la province de l’Ontario et de se servir d’un cadre de gestion des investissements éclairé par des données probantes pour éclairer ses décisions.
    4. Le secrétariat doit travailler avec les organismes de réglementation et associations en santé et d’autres partenaires pour définir des possibilités et des incitatifs pour convaincre les fournisseurs de soins de santé et professionnels de la santé d’améliorer les soins en se servant de nouvelles approches pour l’adoption et l’utilisation accrue d’une technologie numérique pour la santé et l’adoption de normes communes en lien avec la saisie de données sur les patients.
    5. Le secrétariat doit demander des examens indépendants de l’architecture, dès maintenant et de façon périodique par la suite, pour faire en sorte que les projets en évolution concernant les biens des dossiers de santé électroniques de la province soient représentatifs des cas d’utilisation prioritaire mentionnés dans la stratégie des solutions numériques pour la santé, tirent profit des biens numériques pour la santé et de la capacité à l’échelle de l’Ontario, et s'harmonisent aux pratiques exemplaires en conception architecturale pour répondre aux besoins des utilisateurs et optimiser les ressources.
    6. Le secrétariat et sa structure de soutien doivent subir une refonte à partir des ressources existantes du ministère de la Santé et des Soins de longue durée et adopter une orientation plus pointue et axée sur la mise en œuvre, ce qui se traduira par une absence de nouveaux frais nets pour les contribuables.
  3. La conception de la stratégie des solutions numériques pour la santé doit inclure un accent mis sur les exigences minimales pour les connexions de dernière étape et les utilisateurs finaux comme les fournisseurs de soins de santé, les professionnels de la santé et les patients, qui doivent avoir le droit d’accéder à leur dossier électronique de façon précise, rapide et sécuritaire.

    1. Le secrétariat, en collaboration avec cyberSanté Ontario pour les dossiers de santé électroniques, les réseaux locaux d’intégration des services de santé, OntarioMD et d’autres partenaires de livraison, doit établir une approche graduelle pour une normalisation accrue qui ferait en sorte que ces exigences soient claires et faciles à comprendre pour les fournisseurs qui désirent participer au secteur de la santé en Ontario – y compris les exigences minimales entourant la compatibilité des données, la sécurité, le rendement et la vitesse, l’interopérabilité entre les systèmes, la souplesse d’adaptation des systèmes à une technologie en constante évolution, et l’offre de données et de services directement aux patients et aux consommateurs.

Accès numérique et expériences pour les patients 

  1. La mise en œuvre  de la stratégie des solutions numériques pour la santé doit accorder une attention particulière à l’expérience pour les patients et établir des exigences minimales à cet égard, y compris répondre aux exigences de différentes communautés et des améliorations mesurées et démontrées à la satisfaction des patients et résultats pour ces derniers. Les patients doivent être en mesure d’avoir accès à leur propre dossier de santé électronique et à des services en ligne, y compris au moyen de canaux sécurisés, pratiques et pertinents au plan technologique, notamment des applications Web et sur téléphone intelligent. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit assurer la création d’une architecture ouverte pour appuyer la création d’applications pour les patients afin de permettre l’innovation dans la présentation des données sur les patients, d’une façon qui protègent la confidentialité des données sur le patient et l’intégrité du système.

Centre d’excellence en cybersécurité

  1. Le gouvernement doit mettre sur pied un centre d’excellence en cybersécurité (le centre) avec des ressources possédant les compétences appropriées. Le centre doit s'occuper de maintenir et de mettre à jour les normes existantes et d’adopter les plus récentes normes pour faire en sorte que la cybersécurité reste en phase avec une interopérabilité accrue. Le centre doit également s'occuper de partager des renseignements, des connaissances et des solutions pour garantir que la sécurité de ces systèmes de santé numériques est à jour. Le centre pourrait être hébergé au ministère de la Santé et des Soins de longue durée ou ailleurs au gouvernement (à titre de centre supervisant la cybersécurité à l’échelle du gouvernement, à condition que cela ne retarde pas indûment sa création et à condition que ses fonctions soient largement axées sur les biens numériques pour la santé). Plus particulièrement en ce qui a trait aux biens numériques pour la santé de l’Ontario, le centre d’excellence pour la cybersécurité doit :

    1. Collaborer avec OntarioMD et les fournisseurs, les directeurs de l’information des fournisseurs de soins de santé, cyberSanté Ontario et d’autres utilisateurs des biens numériques pour la santé afin d’éclairer son travail;
    2. Faire des recommandations par l’entremise des réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) à tous les fournisseurs de soins de santé financés par les RLISS dans des domaines qui influencent le réseau connecté, y compris la compatibilité des données, la sécurité, les exigences en matière de rendement et de vitesse, et l’interopérabilité entre les systèmes;
    3. Le centre doit aussi permettre la certification de système ou d’applications pour les patients pour attester qu'ils respectent les normes exigées en matière de cybersécurité.

Comité consultatif sur le renouvellement des systèmes de renseignements hospitaliers (SRH)

  1. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit accepter toutes les recommandations du comité consultatif sur le renouvellement des SRH, y compris de regrouper des hôpitaux au moment de procéder à des mises à niveau du système, et d’élargir l’infrastructure clé du système dans la collectivité pour former des carrefours avec d’autres fournisseurs de soins de santé et professionnels de la santé communautaires.
  2. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit collaborer avec cyberSanté Ontario pour acquérir les ressources nécessaires pour entreprendre un examen détaillé de l’architecture des systèmes ClinicalConnect et ConnexionOntario afin de déterminer si et comment les systèmes doivent être reliés et s'il est possible d’intégrer les meilleures fonctionnalités de chaque système pour former un modèle de système hybride. Tout système de dossier de santé électronique pour l’Ontario doit répondre aux trois exigences qui suivent, définies par les experts :
    1. La capacité de fournir de façon proactive et sécuritaire des renseignements sur les patients pour les mettre à la disposition des patients et d’autres fournisseurs de soins de santé faisant partie du cercle de soins d’un patient;
    2. La capacité, pour les fournisseurs de soins de santé autorisés, d’extraire des renseignements sur les patients du dossier de santé électronique au besoin (p. ex., pouvoir accéder à des renseignements en situation d’urgence), idéalement d’une façon intégrée de façon harmonieuse aux dossiers médicaux électroniques et autres systèmes au point d’intervention;
    3. La capacité d’avoir accès à des données anonymisées du système pour favoriser l’amélioration générale de la qualité, la recherche et autre utilisation secondaire autorisée conforme aux lois et protocoles de la province entourant la protection de la vie privée.

Centre d’excellence sur l’approvisionnement et les fournisseurs 

  1. Le secrétariat doit mettre sur pied un centre d’excellence sur l’approvisionnement et les fournisseurs (centre d’excellence) pour aider les professionnels de la santé, les hôpitaux et autres utilisateurs des biens numériques pour la santé à obtenir la meilleure valeur contractuelle possible auprès des nombreux fournisseurs qui offrent actuellement différentes solutions de dossiers de santé électroniques et de dossiers médicaux électroniques. Ce centre d’excellence pourrait aussi être hébergé dans un centre du gouvernement provincial, à condition qu'il mette suffisamment l’accent sur les établissements de santé et que cela ne retarde pas indûment sa création, étant donné le caractère immédiat de nombreuses décisions liées à l’approvisionnement dans le secteur de la santé.
    1. Le centre d’excellence, en consultation avec le stratège en chef de l’innovation en santé de l’Ontario, doit donner son avis et des exemples de pratiques exemplaires, élaborer des lignes directrices d’approbation et des politiques d’approvisionnement qui profitent de la nature répétitive de la mise en œuvre  de systèmes de renseignements sur la santé, tirent profit de rabais plus élevés sur le volume, et qui garantissent des normes en matière de protection de la vie privée, de sécurité et d’interopérabilité. Il faut encourager les fournisseurs de soins de santé et les hôpitaux à se regrouper pour tirer profit de la meilleure valeur possible des ressources limitées.
    2. Le centre d’excellence doit être financé à partir des économies qu'il créera, évitant ainsi d’imposer de nouveaux frais nets aux contribuables.

Innovation

  1. La province de l’Ontario doit faire appel au gouvernement fédéral pour soutenir la modernisation et le renouvellement de l’infrastructure TI des hôpitaux. La demande de l’Ontario, de préférence faite en collaboration avec d’autres provinces, doit souligner que les mises à niveau pour la connectivité et les investissements dans de gros volumes de données produisent des retombées économiques positives toujours croissantes, et appuie le programme d’innovation du gouvernement fédéral.

  2. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée doit collaborer avec ses partenaires et avec des innovateurs pour définir et fournir d’autres structures de financement et solutions novatrices pour soutenir les investissements dans des solutions de données. Ces investissements doivent reconnaître qu'un secteur de la santé fort constitue un pilier essentiel de l’économie du savoir et, en tant que sous-ensemble, de l’économie de l’innovation.
  3. La province de l’Ontario doit mettre en place un cadre qui fait progresser l’économie de l’innovation de l’Ontario en reliant les biens numériques pour la santé de l’Ontario aux nombreux carrefours de l’innovation de la province.

    1. La province de l’Ontario doit mettre en place un cadre juridique et stratégique qui permet aux nombreux innovateurs, entrepreneurs, carrefours de l’innovation et établissements de recherche de la province de réaliser davantage le potentiel de nos biens numériques pour la santé pour faire progresser les connaissances au moyen de la recherche, afin d’améliorer les résultats pour les patients, de réduire les coûts en soins de santé et de faire croître l’emploi en Ontario, tout en protégeant les valeurs fondamentales du système de santé et la vie privée des patients.
    2. Le secrétariat doit travailler avec ses partenaires – y compris le  Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée, les carrefours de l’innovation, l’Institut de recherche en services de santé, Qualité des services de santé Ontario et le stratège en chef de l’innovation en santé de l’Ontario – pour faire croître la mesure dans laquelle les Ontariens profitent d’une analyse sensible à la protection de la vie privée des données sur la santé, par exemple en permettant le suivi avec les patients dont les besoins de santé ne sont pas satisfaits et en améliorant la compréhension des modèles de santé, de maladie et de résultats pour les soins de santé.

Annexe A – Experts individuels et groupes mobilisés

  1. Ministère de la Santé et des Soins de longue durée (PDF)
  2. cyberSanté Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  3. Dr Mohamed Alarakhia, directeur, Centre d’excellence en cybersanté de l’Équipe de santé familiale du Centre de médecine familiale (en anglais seulement) (PDF), médecin responsable des technologies habilitantes au Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) de Waterloo Wellington, professeur adjoint en clinique, Université McMaster, professeur auxiliaire, Université de Waterloo
  4. Matthew Anderson, président-directeur général, William Osler Health System - letter (en anglais seulement) (PDF), paper (en anglais seulement) (PDF)
  5. Dr Michael Apkon, président et chef de la direction, Sick Kids Hospital (en anglais seulement) (PDF)
  6. Michael Barrett, directeur général, RLISS du Sud-Ouest (en anglais seulement) (PDF)
  7. Brian Beamish, Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  8. Duane Bender, directeur, recherche appliquée en solutions numériques pour la santé, Collège Mohawk (en anglais seulement) (PDF)
  9. Catherine Brown, directrice générale, Association des Centres d’accès aux soins communautaires de l’Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  10. Dr Ed Brown, fondateur et chef de la direction, Réseau Télémédecine Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  11. Donna Cripps,directrice générale, RLISS de Hamilton Niagara Haldimand Brant (en anglais seulement) (PDF)
  12. Anthony Dale, président et chef de la direction, Association des hôpitaux de l’Ontario
  13. Susan Fitzpatrick, directrice générale, RLISS du Centre-Toronto (en anglais seulement) (PDF)
  14. Murray Glendining, président et chef de la direction, London Health Sciences Centre (en anglais seulement) (PDF)
  15. Michael Green, président et chef de la direction, Inforoute Santé du Canada (en anglais seulement) (PDF)
  16. Dre Doris Grinspun, directrice générale, Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  17. Dr John Halamka (en anglais seulement) (PDF), professeur d’innovation en soins de santé, Harvard Medical School, et directeur de l’information au Beth Israel Deaconess Medical Center
  18. Angie Heydon, directrice administrative, Association des équipes de santé familiales de l’Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  19. Sarah Hutchison, directrice générale, Ontario MD (en anglais seulement) (PDF)
  20. Dr Jack Kitts, président et chef de la direction, L’Hôpital d’Ottawa (en anglais seulement) (PDF)
  21. Chantale LeClerc, chef de la direction, RLISS de Champlain, Est de l’Ontario, Ottawa, Renfrew
  22. David MacDonald, secrétaire, président et chef de la direction, Dépôt d’imagerie diagnostique des services hospitaliers (en anglais seulement) (PDF)
  23. Dr Barry McLellan, président et chef de la direction, Centre Sunnybrook des sciences de la santé (en anglais seulement) (PDF)
  24. Dr Peter Pisters, président et chef de la direction, Réseau universitaire de santé (en anglais seulement) (PDF)
  25. Dr Michael Schull, président et chef de la direction, Institut de recherche en services de santé (en anglais seulement) (PDF)
  26. Dan Sheldon, responsable de la stratégie numérique pour le ministère de la Santé du Royaume-Uni (en anglais seulement) (PDF)
  27. Dr Michael Sherar, président et chef de la direction, Cancer Care Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  28. Graham Scott, président du conseil d’administration, Inforoute Santé du Canada (en anglais seulement) (PDF)
  29. Dr Joshua Tepper, président et chef de la direction, Qualité des services de santé Ontario (PDF)
  30. Adrianna Tetley, directrice générale, Association des centres de santé de l’Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  31. Ilse Treurnicht, directrice générale, District de la découverte MaRS (en anglais seulement) (PDF)
  32. Dr Virginia M. Walley, présidente, Association médicale de l’Ontario (en anglais seulement) (PDF)
  33. Jennifer Zelmer (en anglais seulement) (PDF), présidente, Azimuth Health Group et ancienne vice-présidente exécutive à Inforoute Santé du Canada

Annexe B – Lettre ouverte à Ed Clark (PDF)

7 octobre 2016

Pour faire suite à nos discussions, je vous écris afin d’obtenir vos conseils d’expert fondés sur votre expérience de l’évaluation des biens publics et privés en ce qui concerne la stratégie ontarienne des solutions numériques pour la santé.

Comme vous le savez, les partenaires du système de santé de l’Ontario ont travaillé sans relâche au cours des huit dernières années pour créer un réseau électronique d’information sur la santé sous la direction de cyberSanté Ontario. L’organisme cyberSanté Ontario a été fondé en 2008 avec le mandat de faciliter la création et l’entretien de dossiers de santé électroniques pour l’ensemble des citoyens de l’Ontario. Bien que l’organisme ait connu certaines difficultés, des progrès importants vers cet objectif ont été réalisés. Presque tous les habitants de l’Ontario ayant eu affaire au système de santé ont désormais un dossier de santé électronique. La plupart des médecins de famille de la province utilisent des dossiers électroniques dans leur cabinet. De plus, la quasi-totalité de l’imagerie diagnostique des hôpitaux est à présent numérique et les résultats de laboratoire clés sont accessibles grâce à un système d’information provincial.

Ces systèmes ont généré une valeur importante pour l’Ontario. Dans son rapport annuel 2015-2016, Inforoute Santé du Canada — l’organisme fédéral-provincial chargé de superviser l’utilisation de solutions numériques innovatrices en santé afin d’améliorer la santé de la population canadienne — a estimé que depuis 2007, les systèmes de santé numérique avaient procuré des avantages estimés à 16 milliards de dollars à l’échelle nationale. Il est reconnu que la part ontarienne de ces avantages nationaux est substantielle. En fait, un rapport préparé par ISC examinant précisément les réalisations de l’Ontario en technologies de la santé montre que la province est à la tête du pays dans plusieurs domaines clés.

Aujourd'hui, je vous écris pour vous demander en votre qualité de conseiller de la première ministre pour les affaires économiques et de président du Conseil consultatif pour la gestion des biens provinciaux d’évaluer et de valider la valeur que ces systèmes ont créée pour l’Ontario, ainsi que pour recommander des manières de les faire progresser vers le niveau supérieur. En particulier, je vous prie d’envisager de conseiller le gouvernement sur deux questions clés avec le soutien d’experts en solutions numériques pour la santé, le cas échéant. Premièrement, je vous prie de fournir au gouvernement une évaluation de la valeur des biens numériques pour la santé de l’Ontario ainsi que des propriétés intellectuelles et de l’infrastructure qui s'y rattachent. Deuxièmement, je vous prie de nous faire des recommandations concernant la manière de maximiser la valeur de ces éléments pour la population ontarienne en améliorant la prestation des soins, l’expérience des patients dans leurs interactions avec le système de santé et, indirectement, la valeur économique produite pour l’économie de l’Ontario. Afin de guider l’évaluation, je vous invite à engager un expert international en solutions numériques pour la santé, comme le Dr John Halamka. De plus, veuillez demander l’avis du Bureau du commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario afin de garantir que toutes les recommandations respectent la protection des renseignements personnels sur la santé.

Je pense que de passer à un système de solutions numériques pour la santé présente des avantages croissants. Conformément au Plan d’action pour un gouvernement numérique annoncé dans le Budget 2016, nous comptons maintenant mettre l’accent sur les patients, après l’avoir mis sur les fournisseurs. L’infrastructure nécessaire pour connecter et outiller les médecins, les hôpitaux et les autres fournisseurs de soins de santé est déjà en place. Maintenant, nous devons nous concentrer sur des outils et des services axés sur les patients et les consommateurs, afin de leur offrir un accès direct aux renseignements sur la santé et à des soins améliorés, notamment la possibilité d’accéder à son propre dossier de santé, de prendre des rendez-vous médicaux en ligne, de faire le suivi des médicaments et de renouveler des ordonnances électroniquement, d’accéder à des services et à des conseils à distance, et plus encore. C'est cette voie qui permettra de répondre aux besoins émergents du public et des patients.

Étant donné que le mandat de cyberSanté Ontario expire à la fin de décembre 2017, il me semble que le moment est opportun de renouveler notre vision en matière de santé numérique, dans le cadre de notre travail visant à transformer notre système de santé de façon à le rendre véritablement axé sur les patients. Mon ministère consultera sous peu des patients, des intervenants de la santé et des experts des solutions numériques pour la santé afin d’établir une nouvelle stratégie des solutions numériques pour la santé. Cependant, nous devons comprendre pleinement la portée et la valeur de nos biens numériques pour la santé existants dans leur totalité, afin de pouvoir progresser avec une nouvelle vision.

Je souhaite préciser très clairement que la protection des renseignements personnels sur la santé doit primer au cours de vos travaux sur des solutions numériques pour la santé et dans les recommandations qui en découleront. Énormément d’énergie, de ressources et d’efforts intellectuels ont été dépensés pour garantir l’intégrité et la confidentialité des renseignements personnels sur la santé des gens. L’objectif de ce travail est de mieux comprendre la valeur de nos biens numériques afin de contribuer à orienter — en tandem avec les conseils d’autres experts — la stratégie ontarienne des solutions numériques pour la santé à venir.

J’espère que vous accepterez ma demande de diriger ce travail et souhaiterais obtenir vos conseils d’ici la fin décembre 2016, afin que nous puissions évaluer ces renseignements avant le début de la dernière année du mandat actuel de l’organisme.

Le ministre de la Santé et des Soins de longue durée
Dr Eric Hoskins
a Ministre de la Santé et des Soins de longue durée