Résumé

Divers problèmes sont associés au syndrome Gilles de la Tourette (SGT), notamment le trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH), le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), d’autres troubles de l’anxiété, les troubles de l’humeur, les problèmes d’estime de soi, le trouble d’opposition-provocation et le trouble explosif intermittent (TEI) ou « rage ». Les preuves concernant le traitement psychologique du SGT et des troubles associés (SGT+), en particulier le TEI concomitant, n’en sont qu’à leurs débuts. Cette étude a été conçue pour évaluer une approche innovante de « résolution collaborative des problèmes » (CPS) développée par le Dr Ross Greene [1]. Elle a été élaborée et mise en œuvre au sein des services de la clinique du frein (The Brake Shop) pour le SGT+, une clinique ambulatoire hautement spécialisée de l’Institut des ressources pour les enfants et les parents à London, en Ontario. Vingt-sept enfants et jeunes ont reçu une formation sur les compétences, y compris la résolution collaborative des problèmes hebdomadaire pendant neuf semaines. Diverses mesures standardisées ont été réalisées avant et après le traitement. Les résultats indiquent que la formation sur les compétences avec la résolution collaborative des problèmes est une approche de traitement efficace pour traiter la symptomatologie liée au SGT+ et au TEI chez les enfants et les jeunes très complexes.

Introduction

Parmi les divers comportements associés au SGT, les épisodes de colère explosive ou d’agression caractéristiques du TEI sont ceux qui portent le plus atteinte aux relations [2]. Environ 25 à 70 % des patients atteints de SGT en milieu clinique connaissent des comportements déchaînés épisodiques et des problèmes de gestion de la colère [3]. Malgré l’utilisation de médicaments psychotropes et de thérapies, les symptômes de la maladie sont débilitants pour l’enfant ou l’adolescent et angoissants pour les aidants, les membres de la famille et les enseignants. Les chercheurs qui s’intéressent aux approches non pharmacologiques efficaces pour l’intervention et la gestion clinique de ce trouble et de ses comorbidités connexes ont suggéré la nécessité de mettre en œuvre des approches multidimensionnelles de traitement basées sur les besoins de l’enfant ou de l’adolescent et de la famille [4]. Dans le cadre de la clinique du frein, les enfants et les jeunes peuvent bénéficier d’un certain nombre de services, notamment l’évaluation, la thérapie, la consultation et l’éducation. Étant donné la nature chronique des symptômes observés dans la clinique, les mesures des résultats choisies se sont concentrées sur les questions de qualité de vie, ainsi que sur la réduction des symptômes. L’étude actuelle a examiné l’efficacité du modèle de formation sur la résolution collaborative des problèmes pour les enfants atteints de SGT+ et de TEI concomitant.

Méthode

Vingt-deux garçons et cinq filles (M = 12,42 ans) ont constitué le groupe d’autogestion et ont reçu une formation sur les compétences, y compris la résolution collaborative des problèmes hebdomadaire pendant neuf semaines. Le groupe d’autogestion comprenait au moins un adulte impliqué (parent, travailleur de l’établissement). L’hypothèse générale du groupe était que les participants avaient des difficultés à réguler leur excitation émotionnelle en raison de déficits dans leur capacité d’inhibition. Les mesures suivantes ont été prises avant et après le traitement : l’échelle d’évaluation fonctionnelle pour enfants et adolescents (CAFAS), une brève entrevue téléphonique avec l’enfant et la famille (BCFPI), la condensed Rage and Episodic Dyscontrol Scale (c-REDS) et un sondage sur la satisfaction créé spécialement pour la clinique du frein.

Tableau 1 - Mesures

Brève entrevue téléphonique avec l’enfant et la famille (BCFPI)

La BCFPI [5] est une entrevue standardisée de 81 questions qui mesure le type et la gravité des problèmes des enfants. Il s’agit de la mesure de réception des demandes obligatoire utilisée par tous les centres de santé mentale pour enfants de la province de l’Ontario.

Condensed Rage and Episodic Dyscontrol Scale (c-REDS)

La c-REDS [6] est rempli par les parents de l’enfant ou du jeune et comprend six questions qui évaluent les points suivants : 1) Fréquence des crises de rage au cours d’un mois; 2) si l’enfant se sent coupable ou non des crises de rage ou s’il regrette ses actes; 3) l’intensité des crises au cours de la semaine écoulée; 4) la fréquence des crises à l’école ou à la maison; 5) la fréquence des crises de rage dirigées contre des choses ou des objets; des camarades de classe, des amis, des frères et sœurs, la mère, le père et d’autres membres de la famille; 6) l’enfant a-t-il déjà exprimé la crainte qu’une crise de rage puisse se produire?

L’échelle d’évaluation fonctionnelle pour enfants et adolescents (CAFAS)

La CAFAS [8] est un outil de notation multidimensionnel qui évalue le niveau de fonctionnement. Cette mesure consiste en des sous-échelles évaluant la déficience fonctionnelle dans huit domaines : école/travail, domicile, collectivité, comportement envers les autres, humeurs et émotions, automutilation, toxicomanie et pensée.

Résultats

Sur la base de la c-REDS, la fréquence de rage, F (2, 20) = 3,49, p 0,05, le taux d’exposition des enfants ou jeunes a diminué entre l’avant-traitement et l’après-traitement (voir figure 1). Pour ce qui est de la BCFPI, le contrôle de l’attention, de l’impulsivité, de l’activité, t (13) = 2,70, p t (13) 2,43, pt (13)<0,05, les sous-échelles ont diminué de l’avant-traitement à l’après-traitement, alors que le confort familial = 2,62</.05,>, a augmenté avec le traitement. Les résultats de la CAFAS indiquent une réduction de la détérioration à l’école, t
(13) = 2,11, p < 0,05, avec moins d’épisodes de perturbations répétées en classe et une diminution des comportements non conformes, d’absentéisme et de défiance. De même, des réductions dans l’humeur, l’anxiété et la dépression ont été constatées, t (13) = 2,12, p<0,05 (voir la figure 2). Les réponses au questionnaire ont montré que la satisfaction à l’égard des services reçus était élevée.

Discussion

D’après les résultats, la fréquence de rage chez les enfants ou jeunes a diminué entre l’avant et l’après-traitement. Ces fréquences ont été mesurées par les explosions réelles se produisant avec le traitement actuel en place et ne constituent pas une estimation de la perception du contrôle personnel. La fréquence de ces rages est passée de 1 à 3 par semaine à 1 à 3 par mois.

Ces changements étaient encore visibles lors du suivi de six semaines. De plus, des gains de traitement ont été notés avec la réduction des troubles de l’attention et d’externalisation qui diminuent également avec le temps, ce qui indique que la formation sur les compétences avec la résolution collaborative des problèmes est une approche de traitement efficace pour traiter la symptomatologie liée au SGT+ et au TEI chez les enfants et les jeunes très complexes.

Cette recherche a été financée en partie par le Centre d’excellence, Évaluation du projet Subvention n° PEG 160206-006