Aperçu

Il faut du temps pour que la recherche mène à des solutions concrètes, mais les résultats ont des effets réels. Les histoires à succès qui suivent montrent comment les chercheurs collaborent avec l’industrie pour stimuler l’innovation et améliorer les systèmes agricoles et alimentaires.

Une innovation mise au point en Ontario révolutionne la salubrité alimentaire

Des travaux de recherche réalisés en Ontario contribuent à améliorer la salubrité des aliments grâce à une nouvelle technologie de nettoyage sans eau.

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Introduction

Bien que le nettoyage de nos aliments semble simple, il provoque un véritable casse-tête bactérien. L’eau est utilisée pour laver les aliments après la récolte, mais il arrive également qu’elle propage des contaminants. À vrai dire, l’eau dont se servent les exploitations agricoles vouées à la production alimentaire peut transporter vers les aliments, le matériel, le sol, etc., ce que nous essayons d’éliminer et entraîner le genre d’éclosion que le lavage est censé prévenir. Voilà donc le problème que Keith Warriner, Ph. D., avait à cœur de résoudre :

Comment nettoyer ou laver les aliments sans eau?

Keith Warriner est un spécialiste réputé en salubrité alimentaire qui travaille au Département des sciences de l’alimentation de l’Université de Guelph. S’intéressant à cette technologique depuis 2003, il s’est associé au fruiticulteur canadien Paul Moyer et a collaboré avec son équipe pour mettre au point un système qui décontamine en toute sécurité les aliments sans eau. Qui plus est, le système élimine plus efficacement les agents pathogènes que les méthodes de nettoyage traditionnelles et contribue à réaliser les objectifs de l’Ontario sur le plan de la salubrité des aliments, de la qualité et de la quantité de l’eau, et des systèmes de production durables. Toutefois, les projets comme celui-ci doivent bénéficier d’un financement pour passer de l’idée au résultat.

Si vous ne recevez pas de financement, vous ne pouvez pas verser d’allocations aux étudiants. Et si vous ne pouvez pas verser d’allocations aux étudiants, vous ne pouvez pas effectuer de recherche. Par conséquent, les initiatives de financement comme l’IORA contribuent au bon déroulement des travaux de recherche. Sans elles, vous n’allez nulle part.

Keith Warriner, Ph. D.

En 2002, Keith Warriner a amorcé son aventure des 23 dernières années consacrée à l’étude de la décontamination des aliments sans eau. Son projet qui consistait, au départ, en de la recherche appliquée est devenu, depuis, une technologie commercialisée adoptée pour plusieurs produits de base.

Faire croître le secteur agroalimentaire de l’Ontario

L’Initiative ontarienne pour la recherche agroalimentaire (IORA), une initiative du gouvernement qui relève du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAAO), octroie une aide financière aux projets axés sur la recherche et l’innovation dans le secteur agroalimentaire en Ontario. Il s’agit d’un pilier fondamental de la stratégie Cultiver l’Ontario, qui vise à promouvoir les produits, les aliments, les travailleurs et la technologie du secteur agroalimentaire ontarien, et à prendre des mesures pour que le Canada devienne un chef de file mondial de la recherche et de l’innovation.

L’initiative est financée conjointement par les gouvernements du Canada et de l’Ontario dans le cadre du Partenariat canadien pour une agriculture durable (PCA durable), un investissement quinquennal des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Le projet de Keith Warriner n’est qu’un exemple de recherche rendue possible grâce à ce financement.

Une salubrité accrue des aliments, de meilleurs systèmes

Pour Keith Warriner, l’importance de mettre au point une nouvelle méthode de décontamination des aliments sans eau remonte à 1996, lorsqu'il a pris part aux essais en laboratoire d'un procédé de lavage après la récolte des épinards frais.

Nous avons examiné le procédé de lavage des épinards frais et, comme nous nous en doutions, il n’éliminait pas les microbes. À vrai dire, il provoquait la contamination.

Keith Warriner, Ph. D.

Lorsqu’il s’est établi au Canada en 2002, Keith a présenté sa première demande de financement public auprès du MAAAO. Son projet convenait naturellement en tant que technologie innovatrice susceptible d’améliorer la salubrité des aliments, de renforcer la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire de l’Ontario et de former de nouveaux talents au sein de l’industrie agroalimentaire.

Grâce à cette aide financière initiale du MAAAO, Keith a mis à l’essai un mélange de lumière ultraviolette (UV) et de peroxyde d’hydrogène vaporisé pour nettoyer les aliments – une combinaison qu’il connaissait, puisqu’il avait assisté auparavant à son utilisation pour stériliser des emballages de carton au Royaume-Uni. Il a poursuivi ses travaux durant la décennie suivante et s’est fait connaître au Canada en tant que spécialiste de premier plan en matière de salubrité et d’assainissement des aliments. Puis, en 2014, il a attiré l’attention d’un précieux partenaire.

Il s’agissait de Paul Moyer de Moyer’s Apple Products, un fruiticulteur qui confectionnait des pommes au caramel dans la péninsule du Niagara, au Canada. Bien que son entreprise n’était pas directement concernée par la récente éclosion de listériose touchant les pommes au caramel aux États-Unis, il souhaitait montrer aux détaillants que ses produits à base de pommes pouvaient être vendus en toute sécurité. Le MAAAO l’a donc mis en relation avec Keith Warriner.

Paul et Keith ont amorcé leur collaboration en ce qui a trait à la technologie afin de répondre aux besoins de Moyer’s Apple Products, en utilisant d’abord un système muni d’un tapis roulant intégré pour décontaminer les fruits et légumes de Paul au volume et à la vitesse nécessaires. Puis Keith a eu recours à l’ozone pour rendre le procédé plus efficace et efficient, ce qui a entraîné un autre grand bond en avant. Bien que Keith travaillait à la mise au point de cette technologie depuis 2002, il n’avait pas encore trouvé d’utilité commerciale à ses travaux de recherche ou à la technologie.

En réalité, les universitaires ne sont pas toujours les meilleurs vendeurs. Il faut un champion, et Moyer’s Apple Products était ce champion.

Keith Warriner, Ph. D.

Tirant parti de ces innovations, Paul Moyer, avec le concours de Court Holdings, a pu breveter la technologie en vue de fonder Clean Works, une entreprise qui commercialise et vend le procédé de décontamination à l'industrie agroalimentaire et au-delà de celle-ci. Et une fois de plus, l'équipe a constaté que le financement public pouvait contribuer à simplifier le processus.

Il est très difficile pour une petite entreprise de confection de pommes au caramel ou une jeune entreprise comme [Clean Works] d’effectuer les tests et de franchir les autres étapes essentielles sans ces subventions. [Les sommes et l'aide] que nous avons reçues ont été primordiales pour réaliser le projet.

Paul Moyer

Aujourd’hui, Clean Works a recours à la lumière ultraviolette, au peroxyde d’hydrogène vaporisé et à l’ozone pour produire des radicaux hydroxyles qui éliminent jusqu’à 99,99 % des agents pathogènes. Il s’agit d’une technologie sans eau, durable et écologique. Les seuls sous-produits du procédé sont la vapeur d’eau et l’oxygène, ce qui en fait véritablement une technologie zéro déchet. Quelque 207 études réalisées par des tiers ont validé la technologie.

L’innovation progresse : des fruits et légumes frais à la volaille

Compte tenu du succès de Clean Works, le MAAAO a lancé, en 2021, un autre cycle de financement dans le cadre de l’IORA en vue d’élargir l’utilisation de la technologie au-delà des fruits et légumes frais. Le temps était venu de mettre à l’essai le procédé de décontamination sur les œufs et la volaille. Il s'agissait d'une étape logique, car les bactéries Salmonella et Campylobacter sont deux des principales causes des maladies bactériennes d'origine alimentaire, et toutes les deux sont présentes dans la viande de volaille et les œufs.

Grâce aux investissements du MAAAO dans l’infrastructure de Recherche et innovation agricoles Ontario (RIAO), Keith Warriner a eu accès au Centre ontarien de recherche sur la volaille, l’un des quatorze centres de recherche en Ontario appartenant à RIAO. Il a ainsi pu réaliser des essais pratiques sur les œufs et les poussins, puis communiquer les retombées et les avantages de la technologie de Clean Works aux couvoirs commerciaux, ce qui a contribué à la faire accepter et a incité deux couvoirs commerciaux à l’adopter.

Keith Warriner est parvenu à éliminer les deux agents pathogènes présents à la surface des œufs sans nuire à leur qualité ni à leur cuticule – ou couche externe – protectrice, que plusieurs autres méthodes traditionnelles retiraient. Pour ce qui est de la viande de volaille, il s’est conformé à la norme actuelle en matière d'élimination des agents pathogènes, et ce, sans eau. Qui mieux est, en détruisant tous les agents pathogènes, le procédé a permis de prolonger la durée de conservation de la volaille jusqu'à deux jours et celle des fruits et légumes frais jusqu'à 25 %.

Partage des connaissances avec le secteur agroalimentaire ontarien

L'utilisation de la technologie mise à point par Keith Warriner s’intensifie à l’heure actuelle, mais il faut garder à l’esprit que même les plus grandes innovations peuvent disparaître sans avoir eu les retombées souhaitées sur le monde. La dernière étape du processus de développement est l’adoption de la technologie favorisée par des activités d’application et de transfert des connaissances (ATC) afin d’en montrer le fonctionnement aux autres.

Je pense que les scientifiques qui s’intéressent à la salubrité alimentaire, les détaillants et tous les acteurs de la chaîne d'approvisionnement commencent à prendre conscience de la nécessité de réfléchir sérieusement à des moyens d'atténuer les risques liés à la chaîne d'approvisionnement des fruits et légumes frais. C’est une question d’éducation. Les intervenants de l’industrie des fruits et légumes frais doivent savoir que cette technologie existe et connaître les avantages qu'elle procure à leur entreprise.

Tyler Hove, vice-président, salubrité

Grâce à une aide financière supplémentaire de l’IORA, Clean Works a présenté son travail à l'industrie agroalimentaire lors d'un atelier organisé à Ball's Falls, dans la région de Niagara. Plus d'une centaine de producteurs agricoles, de détaillants et de représentants du gouvernement y étaient présents, et Clean Works attire désormais l'attention de plus grandes entreprises. À mesure qu’elle poursuit son expansion, Clean Works envisage d’autres emplois de la technologie, y compris pour les aliments surgelés et l’agriculture verticale à l’intérieur. Elle examine également la possibilité d’utiliser directement la technologie dans les cultures afin de réduire, voire d’éliminer le recours aux pesticides et fongicides chimiques.

Nous utilisons environ 1 % de l'eau qu'ils auraient [habituellement] utilisée dans les champs et près de 0,1 % de l'eau après la récolte.

Paul Moyer

La recherche de Keith Warriner constitue un modèle d’intendance environnementale et de salubrité alimentaire, et témoigne de l’importance du financement qu’accorde l'IORA en vue de stimuler l'innovation dans le secteur agroalimentaire en Ontario. L'équipe de Clean Works ne ménage aucun effort pour avoir un impact réel sur la production d’aliments cultivés localement, mais elle contribue surtout à changer la perception du public à l'égard des produits agroalimentaires de l'Ontario.

En tant que producteur, je crains que si nous ne faisons pas attention, l'industrie alimentaire et les consommateurs commencent à penser que [les produits alimentaires artificiels, comme les beignets et les sodas] sont sûrs et que les pommes, la laitue romaine et les pêches sont dangereuses. Et rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Lorsque les gens [se rendent compte qu’il y a une éclosion et], ils hésitent à acheter de la laitue romaine… c’est un problème qui peut être résolu.

Paul Moyer

Résultats du soutien à la recherche de l’IORA : de 2019 à 2022

La recherche financée par l’IORA contribue à faire croître le secteur agroalimentaire de l’Ontario en tablant sur l’innovation, la formation et les partenariats.

Les projets que soutient l’IORA renforcent le secteur agroalimentaire de l’Ontario en favorisant la résilience, la durabilité et la croissance à long terme, et en garantissant que les aliments demeurent sains, salubres, abordables et accessibles pour tous.

L’IORA consiste en un éventail complet de programmes de recherche destinés à créer des partenariats, à mettre au point des solutions innovatrices, à mettre en commun de nouvelles idées, à stimuler la croissance du secteur et à en favoriser la résilience. Cette initiative bénéficiait auparavant d’un financement dans le cadre du Partenariat canadien pour une agriculture (PCA), un investissement quinquennal (2018-2023) des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Elle est à présent financée par les gouvernements du Canada et de l’Ontario dans le cadre du PCA durable, un investissement quinquennal (2023-2028) des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.

Le résumé qui suit souligne le succès que le soutien à la recherche appliquée et aux activités d’application et de transfert des connaissances (ATC) a obtenu de 2019 à 2022.

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Indicateurs

Somme totale investie de 4,7 million $

46 projets financés :

  • 21 Protection et résilience face aux risques
  • 17 Changements climatiques et environnement
  • 8 Productivité et croissance

L’IORA forme les meilleurs talents et s’attaque aux priorités de l’Ontario

Formation de 104 membres du personnel hautement qualifiés :

  • 54 Protection et résilience face aux risques
  • 43 Changements climatiques et environnement
  • 7 Productivité et croissance

Portée de l’IORA

  • Projets financés dans 49 des 51 districts, comtés et municipalités.
  • Somme de 2,4 M $ provenant des partenaires à investir dans des projets.

Organisations partenaires

  • 10 Universités
  • 2 Collèges
  • 11 Organismes du secteur
  • 6 Entreprises