Introduction

Lorsque des éclosions d'infection bactérienne et virale, comme la gourme et la rhinopneumonie respectivement, surviennent dans les écuries, les propriétaires posent souvent ces questions :

  • Combien de temps la bactérie, le virus ou l'agent à l'origine de la maladie restera-t-il dans l'écurie?
  • Comment puis-je interrompre la transmission de l'agent d'un cheval à un autre ou sa propagation d'une écurie à une autre?
  • Comment puis-je désinfecter l'écurie?

De nombreux agents à l'origine des maladies (les bactéries, comme le Streptococcus equi, responsable de la gourme, les virus et les parasites) peuvent survivre très longtemps dans une écurie. Ils peuvent se réfugier directement dans les chevaux, dans les matières organiques et fécales, qui se retrouvent sur le bois et le ciment de l'écurie, dans le sol des pâturages, ainsi que dans les rongeurs ou oiseaux établis dans l'écurie. Les éleveurs de chevaux peuvent également constituer le réservoir ou la source de l'agent responsable de la maladie, soit en abritant des agents, comme la salmonelle ou le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), ou en transportant de tels agents sur leurs vêtements et chaussures.

Hygiène personnelle

L'industrie équestre se montre très négligente quant à la promotion de l'hygiène personnelle en tant que mesure de prévention de la propagation de maladies. Pour prévenir la propagation de maladies, les industries porcine et avicole exigent que les employés qui travaillent dans leurs installations prennent une douche à leur entrée et à leur sortie. Or, les gens au sein de l'industrie équestre passent souvent d'une écurie à une autre et d'un concours hippique à la maison sans se préoccuper de la propagation de maladies.

Les éleveurs doivent réserver des bottes et des vêtements exclusivement à leurs visites à l'écurie. Si cela n'est pas possible, il leur faut laver leurs bottes avant d'entrer sur les lieux et porter des vêtements fraîchement lavés. Des survêtements de protection fraîchement lavés suffisent également. La même règle s'applique aux concours hippiques. Il faut inciter les éleveurs à ne pas porter les mêmes vêtements à la maison ou, du moins, à se changer avant d'entrer dans leur écurie, étant donné qu'ils peuvent ramener des agents contaminants.

Lavage des mains

On doit placer des lavabos à des endroits stratégiques dans l'écurie afin de promouvoir le lavage fréquent des mains. Des recherches menées à un hôpital ont révélé que, plus l'accès à un lavabo est facile, plus on se lave les mains1. Dans la plupart des cas, il suffit habituellement de bien se laver les mains avec du savon. On peut aussi utiliser des savons antiseptiques (p. ex. chlorhexidine) ou des shampooings ou nettoyants à base d'iodophores (p. ex. nettoyant Betadine) qu'il faut placer près du lavabo dans un distributeur facile à utiliser. L'utilisation d'un gel désinfectant pour les mains à base d'alcool peut aussi représenter une solution ou compléter le protocole d'hygiène des mains dans les écuries. Des distributeurs peuvent être fixés à la ceinture des éleveurs ou être placés à l'extérieur des stalles afin de permettre à ceux-ci de se désinfecter les mains après avoir travaillé avec un cheval. De tels désinfectants sèchent en 15 secondes et désinfectent bien les mains. Leur utilisation réduit le temps nécessaire pour se désinfecter les mains. Il est important de choisir un produit qui n'assèche pas la peau ni ne l'irrite.

Il est aussi très important de se laver les mains lorsqu'on manipule des médicaments pour chevaux afin de prévenir toute contamination chimique du milieu de travail. Des produits comme le Regu-Mate®, à base de progestérone, et le vermifuge pour chevaux Eqvalan® sont couramment utilisés dans les écuries. En cas de contact avec la peau, un rinçage immédiat est requis. Si les travailleurs doivent parcourir une grande distance et ouvrir des portes pour atteindre un lavabo, ils ne se laveront pas les mains et contamineront alors les poignées de porte et d'autres objets.

Nettoyage de l'écurie et des stalles

Le nettoyage constitue la toute première mesure à prendre dans la lutte contre les maladies. On entend par " nettoyer " rendre propre en éliminant toute saleté et matière organique, comme le fumier. Pour nettoyer, il faut donc commencer par débarrasser toutes les surfaces de tout fumier et de tout aliment, puis les laver, les frotter et les rincer, ou les laver à la pression, avec de l'eau chaude et un détergent. Il faut ensuite utiliser un désinfectant selon le mode d'emploi figurant sur l'étiquette. (Les détails complets inscrits sur l'étiquette pour bon nombre de désinfectants courants sont inclus dans le Compendium of Veterinary Products, accessible chez votre vétérinaire.) Un nettoyage en profondeur réduit considérablement les risques de contamination, en plus de permettre aux désinfectants de pénétrer dans les surfaces et de tuer les microorganismes. Un nettoyage en profondeur est indispensable. Dans de nombreuses écuries, il est difficile de procéder à un nettoyage en profondeur vu la présence de murs en bois, de planchers en terre battue et de faux-plafonds à claire-voie, ainsi que l'absence de drains. C'est pourquoi, au moment de la construction d'une écurie, il faut opter pour un aménagement et des matériaux qui faciliteront le nettoyage. Il faut installer des drains aux endroits appropriés. Dans les écuries aux planchers de sable ou faits d'autres matières poreuses, un nettoyage en profondeur peut comprendre le remplacement du sable ou de la terre battue des stalles.

Types de désinfectants

Un désinfectant est un produit chimique ou une substance qui tue les microorganismes et s'applique aux objets. Les désinfectants sont trop toxiques, irritants ou corrosifs pour les animaux vivants, notamment les humains. Les désinfectants tuent les microorganismes, mais pas nécessairement les spores bactériennes, qui sont une forme dormante de certaines bactéries, comme les clostridies.

La section sur les ingrédients actifs de l'étiquette apparaissant sur le contenant du désinfectant indiquera le type de produit. La plupart des désinfectants appartiennent aux catégories de produits chimiques énumérées dans le tableau 1.

La présence de matières organiques, y compris la litière, le fumier, le sang et le pus, affecte l'action de la plupart des désinfectants. C'est pour cette raison que l'on recommande un nettoyage en profondeur de la surface à désinfecter avant l'application du produit sur la plupart des désinfectants. Certains produits prévoient l'emploi d'un détergent et d'un désinfectant. Un nettoyage en profondeur permet d'éliminer la majorité des organismes et d'exposer le reste à l'action du désinfectant. Il faut lire le mode d'emploi figurant sur l'étiquette avant l'emploi. On trouvera souvent sur l'étiquette du produit un taux de dilution en cas d'emploi en tant que nettoyeur germicide (pour tuer les microorganismes) ou qu'agent d'assainissement (pour réduire le nombre de microorganismes). Un temps de contact minimal est normalement indiqué sur l'étiquette. Le temps de contact minimal est le temps nécessaire pour tuer les microorganismes. Cette durée varie selon la présence de matières organiques, la température, le pH, la dureté de l'eau et la concentration du désinfectant.

Usages spéciaux pour certains types de désinfectants

Les désinfectants chimiques ne peuvent stériliser complètement les aiguilles et les seringues. Pour assurer leur stérilisation, celles-ci doivent être laissées dans l'eau bouillante pendant 30 minutes. Les désinfectants chimiques tueront toutefois la plupart des microorganismes. La liste ci-après détaille les désinfectants courants. Peu importe le désinfectant employé, il faut lire le mode d'emploi figurant sur l'étiquette pour connaître le temps de contact et les instructions de mélange, puis rincer le matériel avant l'emploi afin d'éliminer toute trace du désinfectant chimique.

  • Les hôpitaux utilisent couramment des solutions à base de glutaraldéhyde pour désinfecter les instruments. Le glutaraldéhyde tue la plupart des virus et bactéries.
  • L'alcool est souvent utilisé pour nettoyer le matériel dans l'écurie, mais il ne tue pas les spores bactériennes.
  • La chlorhexidine n'est pas efficace contre toutes les bactéries que l'on trouve sur la peau ni contre certains virus.
  • Les composés d'ammonium quaternaire sont efficaces contre la plupart des bactéries, champignons et virus, mais pas contre tous les virus ni contre les spores bactériennes.

Il vaut mieux utiliser chaque fois de nouvelles aiguilles et seringues jetables stériles.

Pour laver les animaux ou se laver les mains, il faut avoir recours à un shampooing, à un détergent ou à un nettoyant chirurgical à base de chlorhexidine ou d'iodophores (p. ex. nettoyant Betadine).

Un antiseptique pour la peau à base de chlorhexidine ou d'iodophores (p. ex. solution de Betadine) est appliqué avant toute intervention chirurgicale.

Tableau 1 : Désinfectants, exemples et facteurs influant sur leur action

Les produits ci-après sont fournis uniquement pour aider les propriétaires de chevaux à choisir un désinfectant. Ces produits ne sont aucunement cautionnés.

Désinfectants et exemples
Facteurs influant sur leur action

Phénols et crésols

Prosovet®

Beaucoup

  • Bonne efficacité en présence de matières organiques (p. ex. pédiluves).
  • Efficacité accrue à température élevée.
  • Efficacité maximale à un pH inférieur à 7.
  • Efficacité nulle en présence d'eau dure.

Chlorines et hypochlorites

Javellisant

(dilution de Chlorox 1:10)

  • Efficacité nulle en présence de matières organiques.
  • Certaine perte d'efficacité à une température supérieure à 80 °C.
  • Efficacité maximale à un pH inférieur à 7.

Composés d'ammonium quaternaire

Clinicide, Quatsyl®-D

  • Efficacité maximale à un pH supérieur à 7.
  • Efficacité nulle en présence d'eau dure. Utilisation de savons alcalins, à moins d'indications contraires.

Complexes d'iode et iodophores

Betadine

Bridine

  • Efficacité nulle en présence de matières organiques. Par conséquent, nettoyer et laver à l'aide d'un détergent, puis rincer avec de l'eau propre avant l'application.
  • Certaine perte d'efficacité à une température supérieure à 80 °C.
  • Efficacité maximale à un pH inférieur à 7.
Alcools - alcool isopropylique
  • Utilisés essentiellement en tant que désinfectants de surface.
Formaldéhydes et glutaraldéhydes
  • Bonne efficacité en présence de matières organiques (très toxiques).
  • Les glutaraldéhydes sont surtout utilisés pour la stérilisation à froid des instruments.

Chlorhexidines

Savlon, Hibitane

  • Nettoyer, laver et rincer avant l'emploi.

Hydroxyde de sodium

Hydroxyde de potassium

L'hydroxyde de sodium ou de potassium est un alcali fort utilisé comme badigeon ou poudre sèche pour désinfecter les édifices. Pour obtenir une solution à 2 %, mélanger 13 oz de poudre à 5 gallons américains d'eau.

Sulfates - Virkon?

(monopersulfate de potassium)

Bonne efficacité en toutes circonstances et possède l'avantage d'avoir des propriétés détergentes.

Exemple : Gourme (Strep. equi) et mesures importantes recommandées

Dans la semaine suivant son arrivée dans l'écurie, un cheval présente de l'enflure sous la mandibule, symptôme de la gourme. On soupçonne une infection au Strep. equi, l'agent responsable de la gourme, qui est une maladie très contagieuse pouvant subsister dans l'écurie pendant de nombreux mois.

  1. Il faut donc transférer le cheval infecté de l'écurie principale à un endroit isolé. Si cela n'est pas possible, créer une zone de quarantaine à une extrémité de l'écurie, séparée du reste des chevaux par une barrière visible (p. ex. toile de plastique ou corde de mise en garde en travers de l'allée) pour rappeler aux éleveurs de prendre des précautions supplémentaires à leur entrée dans la zone et à leur sortie. Ne pas utiliser un abri ouvert extérieur comme zone de quarantaine pendant la saison des mouches si le cheval infecté a des abcès ouverts. Les mouches peuvent transmettre le microorganisme dans un rayon de 600 verges.
  2. Consulter votre vétérinaire à propos du statut vaccinal et immunitaire des autres chevaux pouvant avoir été en contact avec le sujet infecté. Vacciner ces chevaux si votre vétérinaire le recommande.
  3. En collaboration avec votre vétérinaire, élaborer un protocole pour le traitement de l'animal infecté, établir les tests qui doivent être effectués pour déterminer si l'animal est porteur de la maladie et définir les lignes directrices concernant la réintégration du cheval dans l'écurie principale.
  4. Élaborer et suivre un protocole de lutte contre les insectes et les mouches.
  5. Élaborer et suivre un protocole d'élimination du matériel infecté, comme les bandages et la litière.
  6. La zone de quarantaine doit être équipée des éléments suivants :
  • bottes de caoutchouc et survêtements de protection;
  • station de lavage avec eau, essuie-tout, désinfectant pour la peau et poubelle;
  • gants jetables pour traiter les aires infectées;
  • stocks de bandages, d'aiguilles et de seringues, et contenant de mise au rebut pour objets pointus ou tranchants.
  1. Nettoyer toutes les surfaces des stalles des chevaux infectés. Éliminer la litière de sorte à éviter la contamination des chevaux et des mouches. Désinfecter les fourches, pelles et brosses qui peuvent avoir été en contact avec l'animal infecté. Utiliser du matériel distinct pour nettoyer les stalles des animaux malades et des animaux en santé. Nettoyer d'abord les stalles des animaux en santé.

Il ne faut pas trop s'en faire à propos de la gourme, cette maladie se comparant aux poux et à la varicelle chez les enfants d'âge scolaire. À un moment ou l'autre de leur vie, vos chevaux seront atteints de la gourme, de la grippe et d'autres affections virales (respiratoires). Or, la plupart des chevaux ne gardent aucune séquelle permanente de la gourme.

Références bibliographiques et lectures

  1. BOYCE, JM. " Antiseptic Technology: Access, Affordability, and Acceptance ", Emerging Infectious Diseases Journal.
  2. Swine Medicines Course Swine Medicines Manual, 1re éd., Commission ontarienne de commercialisation du porc, 2000. ISBN 0-9687896-0-9.
  3. BAYLEY, A. Compendium of Veterinary Products, 7e éd., Hensall (Ontario), Canada, North American Compendiums Ltd., 2001.

Liens connexes


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