Irrigation

La plupart des cultures légumières exigent des apports en eau réguliers tout au long de la saison de croissance. Il tombe en moyenne 70 mm de pluie par mois en Ontario pendant la saison de végétation, ce qui ne couvre que 65 % de la quantité d’eau nécessaire à un rendement optimal.

Besoins en eau des cultures et des sols

Les sols n’ont pas tous la même capacité à retenir l’eau de pluie ou d’irrigation. L’eau présente dans le sol que la plante peut utiliser est appelée « humidité du sol disponible » (HSD). Les sols sableux et les loams sableux grossiers retiennent environ 25 mm d’HSD dans la zone des racines, quantité qui sera utilisée dans des conditions moyennes par les plantes en 7 jours. Sur ce type de sols, il faut un apport d’eau hebdomadaire de 25 mm par irrigation pour assurer des rendements élevés. Les loams sableux fins et les loams limoneux retiennent 40–60 mm d’HSD dans la zone des racines. Sur ces sols, une irrigation plus abondante mais espacée davantage améliore le rendement (40–60 mm d’eau tous les 10–14 jours). Une irrigation plus abondante que nécessaire ne contribue qu’à gaspiller l’eau et peut provoquer le lessivage des engrais et des herbicides. La réaction à l’irrigation varie également avec le type de légume cultivé. Ainsi, les plantes à racines superficielles comme la pomme de terre et le céleri demandent une irrigation fréquente mais peu abondante. Par contre, les cultures à racines profondes, capables de puiser l’eau d’un plus grand volume de sol, n’ont pas besoin d’un arrosage aussi fréquent. Le tableau 1, Classement des légumes en fonction de la profondeur de leurs racines, indique la profondeur relative des racines d’un certain nombre de légumes.

Tableau 1. Classement des légumes en fonction de la profondeur de leurs racines

Superficielles (jusqu’à 30 cm de profondeur)

Intermédiaires (entre 30 et 60 cm de profondeur)

Profondes (supérieures à 60 cm de profondeur)

céleri
laitue
oignon
pomme de terre
radis

brocoli
carotte
chou
chou-fleur
concombre
courgette
haricot mange-tout
melon brodé
poivron
tomate

asperge
citrouille
courge d’hiver
maïs sucré
melon d’eau
panais

En outre, la plupart des cultures légumières comportent des stades de croissance durant lesquels la sécheresse peut réduire de façon importante la qualité et le rendement de la production. L’irrigation est particulièrement indispensable durant ces stades de croissance, lesquels sont présentés au tableau 2, Périodes critiques pour l’irrigation de plusieurs cultures légumières.

Tableau 2. Périodes critiques pour l’irrigation de plusieurs cultures légumières

Période critique

Culture

floraison, apparition des goussesharicot mange-tout
formation et grossissement de la pommebrocoli
chou
chou-fleur
floraison mâle, pollinisation, formation de l’épimaïs sucré
floraison, fructification et développement des fruitsconcombre
courgette
melon brodé

formation et grossissement du bulbe

oignon
floraison, fructification et croissance des fruitsaubergine
poivron
tomate

Système d’irrigation

Divers types de systèmes d’irrigation offerts sur le marché sont adaptés à l’utilisation en cultures légumières.

Asperseurs déplacés à la main

Système d’irrigation le moins coûteux, il nécessite toutefois beaucoup de travail pour le déplacement des conduites secondaires dans le champ. La distribution de l’eau est uniforme, mais l’arrosage des cultures de haute taille n’est pas facile. L’irrigation par aspersion peut aussi être utilisée comme protection contre le gel.

Systèmes à asperseurs mobiles

Ils sont relativement coûteux, mais les frais de main-d’œuvre sont moindres qu’avec les asperseurs déplacés à la main. Ils conviennent parfaitement à l’irrigation de grands champs et de plantes de haute taille. L’uniformité de la distribution de l’eau est grandement affectée par le vent.

Systèmes à pivot central et conduites secondaires

Il s’agit de systèmes autopropulsés, disposés de façon à se déplacer et à arroser de grands champs à partir d’une pompe ou d’un puits central. Ils sont coûteux, mais les frais de main-d’œuvre durant la saison sont faibles. Ils conviennent aux grands champs relativement plats.

Nota: Quiconque veut prélever à des fins d’irrigation plus de 50 000 L d’eau en une même journée, que ce soit d’une source d'eau de surface ou d’une source d’eau souterraine, doit lever un permis de prélèvement d’eau auprès du ministère de l’Environnement.

Irrigation goutte-à-goutte

Les systèmes d’irrigation goutte-à-goutte sont constitués d’une série de goutteurs reliés à une canalisation de plastique disposée le long des rangs. Ces systèmes donnent des rendements comparables ou légèrement plus élevés que les systèmes d’irrigation sur frondaison. Si l’irrigation goutte-à-goutte se double de l’injection d’un engrais, on peut parfois obtenir un rendement plus élevé (voir la section Fertirrigation). Les coûts d’installation d’un système d’irrigation goutte-à-goutte sont relativement élevés, mais les frais de main-d’œuvre durant la saison sont très faibles. L’un des principaux avantages de ce système est qu’il nécessite un moins grand volume d’eau. Les systèmes d’irrigation goutte-à-goutte fournissent à la culture un apport en eau uniforme durant la saison. Un système d’irrigation goutte-à-goutte comprend un système de filtration, un indicateur de débit, un régulateur de pression, des conduites d’amenée principales et secondaires auxquelles sont reliés des goutteurs (tubes ou gaines perforées). Il comprend aussi un injecteur d’engrais pour la fertirrigation. Le producteur doit consulter un spécialiste auprès d’un fournisseur de systèmes d’irrigation pour se renseigner sur la conception d’un système d’irrigation goutte-à-goutte.

Calendrier d’irrigation

Quel que soit le type de système d’irrigation, il faut disposer d’un calendrier d’irrigation qui permette d’éviter le stress hydrique et de fournir l’eau aux moments critiques. Les différents calendriers d’irrigation sont basés sur l’une ou l’autre des méthodes ci-dessous.

Bilan hydrique

Cette méthode repose sur l’utilisation des données météorologiques pour évaluer la quantité d’humidité du sol disponible (HSD) prélevée dans la zone racinaire par les végétaux ou perdue par évaporation. La quantité d’eau prélevée par la culture est calculée à partir du pourcentage de la couverture végétale, et le taux d’évapotranspiration à partir de données météorologiques. Pour obtenir plus de renseignements sur cette méthode, voir les fiches technique du MAAARO Programme d’irrigation des tomates — méthode du bilan hydrique, (commande no. 90-113) ou Établissement d'un calendrier d'irrigation pour les tomates - Introduction (commande no. 08-012).

Mesure de l’humidité du sol

Il existe plusieurs appareils permettant de mesurer le taux d’humidité du sol.

Tensiomètres: Il s’agit d’appareils qui mesurent la force de rétention de l’humidité par les particules de sol. Plus le sol s’assèche, plus l’humidité est retenue fortement aux particules de sol et moins elle est accessible aux plantes. On peut utiliser les tensiomètres pour déterminer le début d’un stress hydrique et le moment propice à l’irrigation. Les sols sableux sont irrigués lorsque la tension de l’eau du sol atteint 15–20 centibars. On irrigue les sols loameux à partir de 20–25 centibars. Ces appareils doivent être installés convenablement et ont besoin d’un entretien périodique. Ils peuvent être moins précis dans les sols riches en argile.

Pédohygromètres : Appareils mesurant eux aussi la tension de l’eau du sol en centibars. Ils sont plus faciles à installer que les tensiomètres. Ces appareils étant portatifs et peu coûteux, on est plus enclin à les utiliser pour relever le taux d’humidité dans le sol en différents endroits.

Réflectométrie à dimension temporelle : Les appareils faisant appel à cette technologie sont les plus coûteux, mais ils sont portatifs et fournissent une lecture rapidement. Certains appareils doivent être calibrés et peuvent être assez compliqués à utiliser. Ils peuvent être moins précis dans les sols plus lourds qu’un loam argileux.

Pour plus d’information, consulter :
• le fascicule Gestion de l’irrigation de la série Les pratiques de gestion optimales (commande no BMP08F)

Fertirrigation

La fertirrigation est un moyen d’apporter aux plantes l’eau et les éléments nutritifs par le circuit d’irrigation goutte-à-goutte. Elle peut contribuer à accroître le rendement et à améliorer la qualité de nombreuses cultures légumières. On dissout une solution-mère d’engrais soluble (pour cultures en serre) dans un réservoir. En actionnant un robinet, on laisse cette solution entrer dans le circuit d’irrigation soit par succion ou pression. L’alimentation en solution doit se faire lentement. Une fois que l’engrais a passé dans le circuit, continuer à irriguer pour bien rincer la canalisation. NE PAS mélanger d’engrais contenant du calcium, des phosphates ou des sulfates, car il pourrait se former un précipité susceptible de boucher les goutteurs. Épandre en pleine surface avant les semis ou les plantations tout le phosphate nécessaire et environ 30–50 % de l’azote et de la potasse nécessaires. Appliquer le restant de ces éléments nutritifs à l’aide du circuit d’irrigation goutte-à-goutte. Évaluer les besoins en phosphate et en potasse au moyen d’une analyse de sol. Le tableau 3, Calendrier d’injection de l’azote et de la potasse, indique le doses recommandées pour les tomates, les poivrons et les cucurbitacées.

Tableau 3. Calendrier d’injection de l’azote et de la potasse

Stade de croissance

Doses de N et de K20 à injecter par semaine (kg/ha)

Cucurbitacées1

Poivron

Tomate

Du repiquage à la nouaison

5

3–5

2,5

Du développement du fruit à la récolte

10

7–10

5

Récolte

5

3–5

2,5

1 Concombres, melons, courges d’été.