Cette fiche a été initialement rédigée par R.F. Cerkauskas, Agriculture Canada et M.R. McDonald, Université de Guelph. Elle a été révisée par Janice LeBoeuf, VegetableCropSpecialist, MAAARO.

Introduction

La jaunisse fusarienne du céleri est causée par un champignon du sol, le Fusarium oxysporum f. sp. apii, qui ne se manifeste que sur le céleri et qui peut entraîner de graves pertes de qualité et de rendement quand les champs en sont infestés. Cette maladie a causé aux producteurs de céleri d'importantes pertes de 1920 jusqu'à la fin des années 1950, époque où a été introduit un cultivar résistant, le Tall Utah 52-70. Nombre des cultivars mis au point par la suite étant issus du Tall Utah 52-70, ils furent résistants à la maladie jusqu'à ce qu'une nouvelle race du champignon apparaisse en Californie dans les années 1970. Depuis, la race 2 du Fusarium oxysporum f. sp. apii a été signalée dans les États du Michigan, de New York et du Texas; en 1988, elle a été observée pour la première fois à Bradford, en Ontario.

Symptômes

Le champignon attaque les plantes par leur système racinaire. La gravité de la maladie dans les cultures est étroitement liée au degré d'infection des plantes. Une infection au moment du semis ou du repiquage, par exemple, entraîne des pertes de rendement et de qualité souvent plus importantes qu'une infection qui se manifeste plus tard en saison, peu avant la récolte. D'autres facteurs, comme les populations de spores dans le sol et les conditions climatiques durant la saison végétative, interviennent également. Ainsi, plus la population de spores augmente dans le sol, plus les symptômes sont graves; la maladie atteint son paroxysme durant les étés chauds, dans les sols lourds et humides.

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Figure 1. Jaunissement des feuilles externes du céleri par suite d'une infection des racines par Fusarium oxysporum f. sp. apii.

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Figure 2. Le feuillage devient brun et meurt aux stades plus avancés de la maladie.

Les plants touchés par des infections peu importantes ou tardives présentent les symptômes suivants : léger nanisme, rigidité des côtes ou des pétioles externes et coloration anormale brune du système vasculaire par où circulent l'eau et les éléments nutritifs. Leurs feuilles deviennent généralement plus fragiles, ont une texture plus rugueuse et s'enroulent vers le haut. Dans le cas d'infections graves, les feuilles externes jaunissent d'abord (figure 1), puis le jaunissement se propage aux autres feuilles à mesure que la maladie progresse par l'intermédiaire du système vasculaire des racines et du collet. Aux stades plus avancés de la maladie, le feuillage brunit et meurt (figure 2).

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Figure 3. Coloration anormale, brun rougeâtre, du système vasculaire d'un collet affecté.

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Figure 4. À droite, plants malades affectés d'un nanisme extrême. Comparer aux plants résistants, à gauche.

Le phénomène s'accompagne d'une coloration brun rougeâtre importante du collet et du système vasculaire des racines et des côtes (figure 3); par ailleurs, les plantes sont très atrophiées (figure 4).

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Figure 5. Coupe verticale au centre d'un plant: coloration anormale, brun rougeâtre, du centre d'un collet malade.

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Figure 6. Stade final de la maladie: mort de la plante.

On pourra observer la coloration anormale à l'intérieur du collet en pratiquant une coupe verticale au centre de la plante (figure 5). Il est fréquent que les bactéries et autres micro-organismes envahissent le collet et les racines déjà atteints et provoquent une pourriture secondaire. Au stade final de la maladie, la plante meurt (figure 6)

Propagation de la maladie

Dans les champs atteints, la répartition des plants présentant des symptômes de la maladie semble parfois irrégulière, car les plants peuvent être touchés à des degrés divers. Le champignon se propage lorsque de la terre infestée est transportée dans les champs sains par la machinerie, les instruments aratoires ou les travailleurs. Il peut aussi être introduit par l'intermédiaire de plants infestés. Les spores sont disséminées sur de courtes distances par l'eau de ruissellement qui transporte les particules infestées de la partie haute d'un champ vers sa partie basse. Elles sont aussi emportées par le vent sur de grandes distances.

Sources d'infection et hivernage

Lorsqu'on ne cultive plus le céleri, les spores du champignon restent présentes dans le sol à l'état dormant durant des années. Elles peuvent coloniser les racines et les tiges d'hôtes non sensibles, comme le maïs sucré, le chou et surtout la carotte. Elles peuvent également coloniser les racines de nombreuses mauvaises herbes, comme le chénopode blanc, la renouée persicaire, l'échinochloa pied-de-coq et le pourpier potager, qui ne présentent aucun symptôme mais favorisent la prolifération du champignon dans le sol. Laisser quelque temps en jachère une terre infestée n'est donc pas une solution. Les recherches ont révélé que même de faibles populations de spores dans le sol peuvent entraîner la perte d'une récolte. Les populations de spores augmentent rapidement lorsqu'on cultive dans des champs infestés des cultivars de céleri ou des carottes sensibles. La production continue de céleri et l'incorporation de rognures de céleri au sol au moment de la récolte contribuent à augmenter considérablement les populations de spores et favorisent l'éclosion de la maladie dans les cultures de céleri subséquentes. En effet, les résidus alimentent le champignon. La rotation du céleri avec l'oignon ou la laitue empêche l'accroissement rapide des populations de spores dans le sol, de sorte qu'après deux ou trois ans des cultivars de céleri relativement résistants peuvent être réintroduits dans les champs infestés; la maladie est alors moins grave.

Moyens de lutte

  1. Le recours aux cultivars résistants (Starlet) ou tolérants (Tall Utah 52-70 HK, Deacon) est le meilleur moyen de lutter contre la maladie dans les champs infestés. Les cultivars tolérants ont un bon rendement dans les sols légèrement ou moyennement infestés de Fusarium oxysporum f. sp. apii race 2; ils ont un moins bon rendement dans les sols gravement infestés. D'autres cultivars, comme le Tendercrisp, sont moyennement tolérants. Dans les champs infestés, on devrait donc planter des cultivars résistants ou tolérants. Des cultivars sensibles comme le Florida 683 ou l'Utah 52-70, dans des champs infestés, entraîneront d'importantes pertes de rendement et de qualité, et favoriseront l'aggravation de la maladie les années suivantes, en augmentant dans le sol la population de spores.

  2. Dans les champs infestés, il ne faut pas enfouir les rognures de céleri après la récolte car le champignon peut y proliférer.

  3. Il faut pratiquer une rotation des cultures s'étendant sur deux ou trois ans dans laquelle le céleri cède la place à l'oignon ou à la laitue pour que diminuent les populations de spores dans les champs infestés. Cette pratique sera d'autant plus efficace qu'elle sera entreprise avant que le problème ne devienne grave. On évitera la culture de la carotte ou du maïs sucré, car ils permettent aux champignons de proliférer dans la rhizosphère.

  4. On doit aussi combattre les mauvaises herbes qui, à leur tour, risquent de favoriser la prolifération des champignons dans la rhizosphère.

  5. Il faut éviter de contaminer les plants en leur donnant un traitement assainissant en serre. Désinfecter le sol et les caissettes par fumigation ou à la vapeur chaque année avant le semis. Désinfecter aussi les bancs et les surfaces de travail avant le semis. Utiliser enfin un substrat de culture ou un sol du commerce exempt de maladies, qui a été désinfecté par fumigation ou à la vapeur. Suivre également les recommandations de nettoyage et de désinfection, de stérilisation des bancs et de l'équipement et de pasteurisation du sol données dans la Publication 835F, Guide de protection des légumes de serre.

  6. On doit éviter d'acheter des plants cultivés en plein champ dans les régions où la jaunisse fusarienne a été signalée. Les plants infestés contribuent grandement à disséminer le champignon dans les champs encore exempts de la maladie.

  7. Il faut préparer les champs non infestés en premier pour éviter toute contamination par l'intermédiaire de la machinerie, des instruments aratoires ou des travailleurs. Il faut éviter que les travailleurs ou la machinerie venus d'un champ infesté aillent dans un autre champ s'ils n'ont pas été nettoyés à la vapeur ou lavés à fond à l'eau chaude. Les particules de terre ainsi enlevées devraient être recueillies et jetées. Il ne faut pas emprunter de machinerie provenant de régions où sévit la jaunisse fusarienne ou dans lesquelles on soupçonne sa présence. Enfin, si cela est possible, il faut empêcher l'eau des champs infestés de s'écouler vers des champs non infestés.

  8. On doit laver à l'eau chaude ou désinfecter les contenants utilisés pour l'empaquetage du céleri atteint de jaunisse fusarienne avant de les réutiliser. On pourra se servir d'un désinfectant commercial comme l'eau de javel à 5 % à raison de 1 partie pour 10 parties d'eau. On rincera ensuite soigneusement à l'eau claire.

L'utilisation de doses massives de fongicides chimiques au moment du repiquage ou plus tard s'est révélée inefficace pour lutter contre la jaunisse fusarienne. Bien que la fumigation des lits de semence soit efficace au début, elle ne suffit pas à empêcher l'apparition de l'agent pathogène. En outre, on doit non seulement nettoyer fréquemment l'équipement, mais aussi faire obstacle aux particules transportées par le vent.

Nous remercions le Secrétariat d'État pour sa contribution financière à la réalisation de la présente fiche technique.

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