La mouche du bleuet est un ravageur direct des bleuetiers géants et nains. Les fruits infestés sont considérés comme non commercialisables, car on ne tolère aucune larve dans les fruits destinés au marché du frais comme à celui de la transformation. Bien que la mouche du bleuet soit originaire de l'est de l'Amérique du Nord, soit du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'est des États-Unis, elle s'est répandue vers l'Ouest jusqu'à certaines régions du sud-ouest du Québec (1993) et de l'Ontario (1996).

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a formulé des exigences en vue de prévenir la propagation de la mouche du bleuet. Ainsi la directive D-02-04 , Exigences phytosanitaires régissant l'importation de produits réglementés à l'égard de la mouche du bleuet, à partir de la zone continentale des États-Unis, et leur transport en territoire canadien, décrit ce que doivent faire les producteurs lorsqu'ils cultivent des bleuets dans des régions ou des exploitations infestées. On peut consulter la directive sur le site suivant : http://inspection.gc.ca/vegetaux/protection-des-vegetaux/directives/horticulture/d-02-04/fra/1320046578973/1320046655958.

Malgré ces restrictions, la mouche du bleuet a continué à se répandre. La mouche du bleuet a été dépistée jusqu'à maintenant dans 23 sites, et environ 30 % de ces derniers sont situés dans le Sud-ouest ontarien. Huit nouveaux sites ont été repérés en 2013, et trois, en 2012. Tous les cas d'infestation de mouche du bleuet doivent être déclarés à l'ACIA.

Identification

La mouche du bleuet passe par quatre stades vitaux : l'œuf, la larve (asticot), la pupe et l'adulte. Le dépistage consiste à vérifier la présence de larves dans les fruits et d'adultes dans les pièges, étant donné que les autres stades sont difficiles à détecter.

Les larves matures sont de couleur blanchâtre et mesurent 8 mm de longueur, sans capsule céphalique évidente (Figure 1). Leur corps est effilé ou pointu à l'une des extrémités, et rond à l'autre. Deux crochets buccaux sont visibles à l'extrémité pointue et on observe six orifices respiratoires (spiracles) distincts, de couleur brune, à l'extrémité ronde; ces caractéristiques sont toutefois difficiles à observer sans grossissement. On peut facilement confondre la petite larve de la mouche du bleuet avec celle de la drosophile à ailes tachetées envahissante (DAT), bien que les deux extrémités de cette dernière semblent plus effilées. On peut trouver plusieurs autres types de larves dans les bleuets (Tableau 1). Il n'y a habituellement qu'une larve de mouche du bleuet par fruit alors qu'il y en a plusieurs dans le cas de la drosophile à ailes tachetées.

Blueberry maggot larva in fruit

Figure 1 : Larve de la mouche du bleuet dans un fruit. (Photo : Rufus Isaacs, Michigan State University)

Tableau 1 : Marques distinctives de larves observ�es dans les bleuets
Insecte nuisibleTête (autre)Pattes (autre)CouleurTaille de la larve mature
Mouche du bleuetPas de capsule céphalique (crochets buccaux noirs)Pas de pattesCrème8 mm, corps effilé à une extrémité, rond à l'autre
Pyrale de la cannebergeCapsule céphalique brune3 paires de pattes (plus fausses pattes abdominales)Vert pâle9-10 mm
Charançon de la pruneCapsule céphalique brunePas de pattesCrème7-9 mm, en forme de C
Drosophile à ailes tachetéesPas de capsule céphalique (crochets buccaux noirs)Pas de pattesCrème5-6 mm, effilé aux deux extrémités

La mouche du bleuet adulte est légèrement plus petite que la mouche domestique, soit environ de 4 à 5 mm de longueur. Le corps est noir brillant et présente un point blanc sur le thorax. Les femelles sont légèrement plus grosses que les mâles; leur abdomen est marqué de quatre bandes pâles (contre 3 chez les mâles) et comporte un ovipositeur en forme d'aiguille (Figure 2). Les marques brun foncé en forme de F sur leurs ailes constituent leur caractéristique la plus marquante, ce qui permet de les distinguer de plusieurs autres espèces de mouches des fruits (Figure 3 -photos en encart). Les motifs sur les ailes de la mouche du bleuet sont très semblables à ceux de la mouche de la pomme. Pour distinguer les adultes de ces deux types de mouches, on peut aussi comparer la longueur de l'ovipositeur des femelles et les motifs de couleur sur les pattes. Ces caractéristiques peuvent être difficiles à observer, et il est donc nécessaire de faire confirmer l'identification par un spécialiste en taxonomie.

Femelle de la mouche du bleuet. (Photo : Rufus Isaacs, MSU)

Figure 2 : Femelle de la mouche du bleuet. (Photo : Rufus Isaacs, MSU)

Figure 3 : Cycle vital de la mouche du bleuet. Illustration de motifs d'ailes chez des espèces similaires

Figure 3 : Cycle vital de la mouche du bleuet. Illustration de motifs d'ailes chez des espèces similaires. (Photo : adapté du MAPAQ)

Période d'activité

On compte une génération par année (Figure 3). Les adultes émergent des pupes qui ont passé l'hiver dans le sol, de la fin juin au début juillet selon les conditions locales de température et l'humidité du sol. Les adultes nouvellement sortis sont sexuellement immatures. Avant l'accouplement et la ponte, les adultes doivent se nourrir de nectar, de miellat et de matière organique pendant 7 à 10 jours. Les femelles pondent jusqu'à 100 œufs durant une période de trois semaines, parfois même jusqu'au début de septembre. Les œufs sont déposés sous la peau des bleuets mûrissants qui commencent à se colorer. L'asticot en croissance ingère la pulpe des fruits, et le fruit s'affaisse. Les larves demeurent dans le fruit mûrissant pendant plusieurs semaines et peuvent être encore présentes à la récolte. Le fruit infesté peut mûrir et s'amollir prématurément. Les larves matures sortent du fruit et tombent sur le sol où elles se transforment en pupes à des profondeurs allant jusqu'à 5 cm. Un faible pourcentage de pupes restera dans le sol pendant plus d'un an.

La mouche du bleuet : un ravageur réglementé

L'ACIA réalise chaque année des enquêtes de dépistage sur la mouche du bleuet afin de détecter de nouveaux sites ou comtés positifs à l'extérieur des régions réglementées. Les régions sont réglementées par canton ou par site de production individuel. Un canton est réglementé s'il existe au moins un site naturel (sauvage) infesté dans son territoire OU s'il y a des plantes hôtes situées à moins de 500 mètres d'un site de production infesté. Les sites naturels ne sont pas entretenus, et représentent donc une source continuelle de réinfestation pour les sites de production avoisinants. S'il n'y a pas de plantes hôtes situées à moins de 500 mètres d'un site de production infesté, seul ce site sera réglementé plutôt que le canton entier.

Aux endroits où la mouche du bleuet n'a pas été détectée auparavant, la découverte d'une seule mouche dans un piège peut entraîner une interruption d'une expédition de la part de l'ACIA, quel que soit le programme antiparasitaire du producteur. Dans ce cas, le producteur reçoit l'ordre d'interrompre toute expédition de bleuets à l'extérieur de la ferme. Cette situation peut se produire en pleine récolte.

Programme de certification des bleuets

Lorsque la mouche du bleuet a été détectée, soit dans le canton ou dans un site de production individuel, les producteurs peuvent demander d'adhérer à un programme de certification des bleuets afin de pouvoir transporter des produits réglementés à l'extérieur de la région. Avant le début de la saison de croissance et avant l'approbation dans le cadre du Programme de certification des bleuets, les producteurs qui adhèrent pour la première fois au programme doivent recevoir une formation par l'ACIA au sujet des différentes composantes du programme, soit la biologie et l'identification de l'insecte, le dépistage sur le terrain, les méthodes de lutte culturales et chimiques, l'échantillonnage des fruits, les analyses et le tri des fruits pour identifier ceux qui sont soupçonnés d'être porteurs de l'insecte. Les demandes doivent être présentées au moins deux semaines avant l'apparition prévue des adultes et l'approbation doit être renouvelée chaque année.

Le dépistage des mouches adultes est à la base de la lutte contre la mouche des bleuets et constitue un élément majeur du Programme de certification des bleuets. Les pièges sont inspectés au moins deux fois par semaine durant la récolte. Les producteurs peuvent choisir de combattre la mouche du bleuet dans le cadre d'un programme de lutte intégrée ou par l'intermédiaire d'un calendrier de pulvérisation approuvé. Ils peuvent aussi demander à l'ACIA de faire le dépistage ou le faire eux-mêmes. Dans l'un ou l'autre cas, ils doivent appliquer des insecticides lorsque des mouches sont piégées, et ils peuvent continuer à expédier des fruits à moins qu'on en trouve qui soient infestés par des larves. L'échantillonnage des fruits et habituellement réalisé par l'ACIA.

Plusieurs insecticides sont homologués pour lutter contre la mouche du bleuet. La plupart des producteurs commerciaux font des épandages pour lutter contre la DAT durant la période mûrissement des fruits et certains des produits (pas tous) utilisés devraient aussi être efficaces contre la mouche du bleuet.

Certaines pratiques culturales comme des mesures d'assainissement, la taille des plants et la lutte contre les mauvaises herbes peuvent contribuer à réduire les infestations à la ferme. Tous les fruits non récoltés devraient être retirés du champ. Des méthodes de cueillette propre et la destruction des fruits tombés ou des tas de rebus aident à détruire les larves présentes dans les fruits et à réduire ainsi les risques de réinfestation. Les mauvaises herbes offrent des zones protégées aux mouches adultes et la taille aide à améliorer le recouvrement des pulvérisations.

Les producteurs qui participent au Programme de certification des bleuets doivent garder des registres détaillés de toutes leurs interventions en matière de lutte antiparasitaire et des vérifications de conformité sont effectuées. Pour de plus amples renseignements, consulter le site suivant de l'ACIA :
http://www.inspection.gc.ca/vegetaux/protection-des-vegetaux/directives/date/d-02-04/fra/1320046578973/132004675098