L'anguillule des tiges et des bulbes est un ravageur capable de provoquer de graves dommages dans les champs d'ail. Le printemps a été frais et humide et a donc favorisé la propagation de ce ravageur dans les champs où des caïeux d'ail infestés ont été plantés l'automne dernier.

L'anguillule des tiges et des bulbes peut survivre tant dans les caïeux d'ail utilisés pour l'ensemencement que dans le sol. En fait, souvent, son apparition dans un champ d'ail est due la plantation de caïeux qui, malgré leur aspect sain, étaient infestés. L'un des stades (4e juvénile) de l'anguillule est particulièrement adapté pour résister à la dessiccation et à la congélation et peut demeurer présent pendant des années dans un milieu froid ou sec. Une seule femelle peut pondre jusqu'à 500 œufs pendant sa vie et plusieurs générations peuvent naître au cours d'une seule saison de croissance. Il ne faut que 19 jours à ces anguillules pour devenir des adultes à maturité si les températures se situent aux environs de 15°C. Elles peuvent vivre de 45 à 75 jours selon les conditions environnementales. La brève période entre l'émergence de l'œuf et la maturité, ainsi que la fréquence de la reproduction entraînent souvent une explosion des populations de ce ravageur, par temps frais et humide.

L'anguillule s'attaque à la tige et aux bulbes et se nourrit des cellules situées près de la plaque racinaire du plant d'ail. En se nourrissant, elle injecte dans les cellules des enzymes qui détruisent les parois cellulaires, provoquant le pourrissement dans la région de la plaque racinaire. Lorsque le temps est humide, certaines anguillules peuvent quitter le plant d'ail infesté et nager vers les plants d'ail sains à proximité. Elles y entrent en passant par les hampes du bulbe à proximité de la ligne de sol. Par temps humide, les anguillules peuvent nager sur de courtes distances jusqu'aux feuilles des plants en train de lever au printemps, pour se déplacer ensuite vers le bas entre les feuilles dans les pellicules d'eau laissées par la pluie ou la rosée. Plus tard dans la saison, les anguillules peuvent infester les plants d'ail en passant entre les hampes des bulbes. Si les plants d'ail deviennent infestés peu avant la récolte, les anguillules pourraient ne pas causer de dommage observable aux bulbes matures. Les producteurs risquent alors de choisir un bulbe et des caïeux infestés pour la plantation à l'automne.

La lutte contre l'anguillule des tiges et des bulbes n'est pas facile, lorsque le ravageur s'est introduit et établi dans un champ. La meilleure solution pour éviter la présence du ravageur est de planter des semis propres exempts de nématodes dans des sols non infestés. Malheureusement, l'anguillule a une très vaste gamme d'hôtes, car plus de 450 espèces de plantes peuvent être infectées. Toutefois, il existe plusieurs races d'anguillules, chacune avec un nombre limité et déterminé d'hôtes. Même si l'ensemble des hôtes de la race ontarienne de l'anguillule des tiges et des bulbes n'est pas connu, il ressort d'études menées à l'Université du Manitoba que la race ontarienne peut également infester les pois jaunes, les haricots Pinto, les haricots communs et les haricots blancs. Avant de planter l'ail, s'il y a eu introduction, une rotation culturale sur quatre ans au moyen de cultures non vulnérables, par exemple des cultures céréalières, la fumigation du sol ou la plantation d'une culture-abri d'élimination des anguillules, par exemple la moutarde orientale, peuvent être utiles pour supprimer le nématode dans le sol.

Avant de planter l'ail, cet automne, les producteurs doivent faire vérifier leurs caïeux d'ensemencement de l'ail et le sol de leur champ pour dépister la présence d'anguillules des tiges et des bulbes. Dans une étude récente menée par le MAAARO, les chercheurs ont constaté que l'anguillule des tiges et des bulbes est présente dans les premiers 5 à 7,5 cm (2 à 3 pouces) du profil du sol. En prélevant des échantillons de sol pour déterminer la présence d'anguillules des tiges et des bulbes, il vaut mieux prélever les échantillons dans les 5 à 7,5 cm du profil du sol à l'aide d'une sonde tubulaire de 2,5 cm (1 pouce) de diamètre. Si le champ ou le secteur où l'ail doit être planté est d'une superficie inférieure à 500 mètres carrés, il faut au moins huit à 10 échantillons de sol; entre 500 mètres carrés et un demi-hectare, prendre de 25 à 35 échantillons du sol et entre un demi-hectare et 2,5 hectares, 50 à 60 échantillons, et les placer dans un seau. Les échantillons de sol ne doivent pas représenter plus de 2,5 hectares. Conserver les échantillons de sol dans un endroit frais et les présenter à un laboratoire de diagnostic des ravageurs qualifié pour l'extraction, l'identification et la numération des nématodes aussitôt que possible et pas plus tard que un à deux jours après l'échantillonnage. Ne pas laisser l'échantillon s'échauffer ou sécher avant de le présenter au laboratoire.

Pour venir à bout de ce ravageur, la pratique la plus importante est de planter des semences propres, sans nématodes. S'il n'est pas possible de se procurer des semences sans nématodes, les producteurs peuvent essayer de tremper les caïeux infestés dans un bain d'eau chaude à 49°C pendant 20 minutes; toutefois, c'est une technique assez délicate, à exécuter avec prudence pour éviter d'endommager les caïeux. Si la température chute au-dessous de 49°C, l'efficacité de l'eau chaude à tuer les nématodes dans les caïeux diminue considérablement. Si la température du bain d'eau chaude dépasse 50°C, l'ail peut être endommagé, d'où de piètres résultats à la levée. Actuellement, d'autres possibilités de lutte sont à l'étude au ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales, à l'Université de Guelph et à Agriculture et Agroalimentaire Canada.

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Figure 1: La plaque racinaire des bulbes d'ail (la région du bulbe où se fixent les racines) gravement infestée par l'anguillule des tiges et des bulbes semble pourrie et peut facilement être détachée des bulbes.