Introduction

Les gadelles et les groseilles à maquereau sont des fruits appréciés des jardiniers amateurs, et leur culture commerciale pourrait s’accroître. Les plants, assez rustiques pour la plupart des régions de l’Ontario, peuvent être cultivés dans la majorité des terres de jardin. Cette fiche technique traite de la plantation et de la sélection des cultivars de gadelles et de groseilles à maquereau pour le jardin, ainsi que des soins à apporter.

Les cassis (gadelles noires), riches en vitamine C, sont appréciés pour la saveur particulière qu’ils donnent aux jus, aux confitures, aux gelées, aux tartes et aux autres desserts. Les gadelles rouges (figure 1) sont surtout utilisées pour la préparation de gelées et de confitures. Les gadelles blanches sont moins recherchées que les cassis et les gadelles rouges. Les groseilles à maquereau (figure 2) sont consommées fraîches ou en confiture, en tartes et dans d’autres desserts. Cassis, gadelles et groseilles à maquereau peuvent être facilement congelés et gardés pour une utilisation ultérieure.

Grappe de gadelles rouges sur une branche
Figure 1. Les gadelles peuvent pousser dans la plupart des terres à jardin. Source de la photo : Shutterstock
Grappe de groseilles à maquereau sur une branche
Figure 2. Les groseilles à maquereau peuvent être consommées fraîches ou en confiture, en tartes ou dans d’autres desserts. Source de la photo : Shutterstock

Sélection de l’emplacement de la culture

La culture des gadelles et des groseilles à maquereau peut se faire dans une grande variété de sols. Cependant, les gadeliers et les groseilliers croissent mieux dans un loam argileux riche, frais et humide, mais bien drainé. En sol sablonneux, il faut surtout se soucier du paillage et de l’arrosage.

Les plants tolèrent un emplacement partiellement ombragé, mais donnent un meilleur rendement dans un lieu ensoleillé et bénéficiant d’une bonne circulation d’air. La maladie du blanc et le gel au moment de la floraison sont des problèmes souvent inhérents à des emplacements où la circulation d’air est faible.

Les cassissiers, les gadeliers et les groseilliers sont des plantes hôtes de la rouille vésiculeuse du pin blanc (voir Maladies). Ne pas cultiver ces arbustes (sauf les cultivars de cassis Titania et Consort) à proximité de pins à cinq aiguilles de grande valeur. Même leurs fruits peuvent servir d’hôtes de remplacement au champignon causant la rouille vésiculeuse du pin blanc.

Préparation du sol

Les plants devraient rester productifs au moins huit à dix ans. Aussi convient-il de préparer soigneusement le sol avant la plantation.

Mauvaises herbes

Dans l’année précédant la plantation, éliminer toutes les mauvaises herbes vivaces telles que le chiendent, le liseron des champs et le chardon des champs. Ne pas laisser les mauvaises herbes monter en graines.

Matière organique

Le sol doit être riche en matière organique pour permettre un drainage, une aération et une rétention d’humidité satisfaisants. À la fin de l’été ou à l’automne précédant la plantation, épandre du fumier bien décomposé au taux de 45 t/ha ou 20 L/m2 et bien le faire pénétrer dans le sol. Pour ce qui est de fumier frais, on devrait l’épandre l’automne précédent, de façon à laisser germer les graines de mauvaises herbes et pouvoir ensuite les détruire.

En remplacement du fumier, on peut utiliser une autre matière organique, comme de la paille exempte de mauvaises herbes, à raison de 15 t/ha, à condition que cette matière ait eu le temps de se décomposer avant la plantation. Pour faciliter la décomposition de la paille incorporée au sol le printemps avant la plantation, épandre de l’azote à raison de 55 kg/ha ou du nitrate d’ammonium à raison de 15 g/m2.

Engrais

Épandre l’engrais et régler le pH du sol selon les résultats de l’analyse de sol. Les gadelles et les groseilles à maquereau donnent les meilleurs rendements avec un pH entre 6 et 7. Faire pénétrer l’engrais dans le sol plusieurs jours avant la plantation si celle-ci a lieu au printemps. Faute d’analyse de sol, il est généralement recommandé d’utiliser 500 à 750 kg/ha (50 à 75 g/m2) d’engrais 10-10-10 ou l’équivalent. Ne pas épandre l’engrais avant le début du printemps si la plantation a lieu à l’automne. Toujours respecter les directives figurant sur l’étiquette.

Plantation

Période

Il est préférable de planter dès qu’on peut travailler le sol au début du printemps (avril ou mai) plutôt que d’attendre à l’automne.

Plants

Utiliser des plants dormants d’un an, bien vigoureux et bien enracinés. On peut également utiliser des plants de deux ans, mais ils sont plus chers. En règle générale, il est préférable d’acheter les plants d’un pépiniériste. Cependant, les plants peuvent être reproduits (voir Multiplication).

Il faut se procurer les plants le plus près possible de la date de plantation. Au besoin, on peut les conserver quelques jours au réfrigérateur, dans un entrepôt réfrigéré ou dans tout autre endroit frais, après les avoir emballés dans un sac en plastique. Si les racines sont très sèches, les humecter légèrement avant de les mettre dans le sac en plastique. Ne pas laisser les racines séjourner dans l’eau, car les plants pourraient mourir. Si les plants doivent être gardés plus de deux semaines avant la plantation, il faudra faire une tranchée dans un sol bien drainé, les séparer, les disposer dans la tranchée et recouvrir de terre leurs racines. Le sol doit être gardé humide.

Espacement

Planter les groseilliers à maquereau et les gadeliers rouges à intervalles de 1,0 à 1,25 m sur le rang. Les cassissiers, étant plus vigoureux, doivent être espacés de 0,6 à 1,50 m. Les rangs peuvent être aussi rapprochés que 2 m, mais une distance de 3 à 3,5 m est préférable là où la récolte est mécanisée.

Mise en terre

Enfoncer les plants légèrement plus qu’à la pépinière (la démarcation de la terre est visible sur le plant). La partie supérieure des racines doit se trouver à au moins 2,50 cm (1 po) sous le sol. Étaler les racines et les recouvrir de terre. Tasser légèrement le sol autour des racines en prenant soin de ne pas casser les jeunes pousses. Ne pas laisser les racines se dessécher durant la plantation. Après la plantation, arroser le sol s’il est sec. Au moment de la plantation, rabattre les branches à une longueur de 10 à 15 cm pour stimuler la croissance de nouvelles tiges. Si la plantation est faite à l’automne, ne pas effectuer de taille avant le printemps et pailler la base des plants pour protéger les racines.

Entretien de la plantation

Enlèvement des fleurs

Retirer toutes les fleurs apparaissant l’année de la plantation afin de faciliter l’établissement des plants et de permettre une croissance vigoureuse des racines.

Lutte contre les mauvaises herbes et paillage

Empêcher la pousse des mauvaises herbes en binant et en sarclant peu profondément, ou en épandant un paillis de paille, de sciure de bois. Le paillage est recommandé pour la culture au jardin.

À l’occasion, on devra ajouter du paillis pour en maintenir l’épaisseur désirée de 5 à 10 cm. Dans des essais faits en Ontario, les paillis de plastique noirs ont entraîné une hausse de rendement allant jusqu’à 26 %.

Engrais

Fertiliser les plants au printemps, selon les résultats des analyses de sol. En règle générale, faute d’analyse de sol, appliquer de 175 à 225 g d’engrais 10-10-10 par buisson adulte pour la culture au jardin. Des renseignements sur les analyses de sol peuvent être obtenus auprès du Centre d’information agricole au 1 877 424-1300.

Utiliser un engrais à base de sulfate de potassium plutôt qu’un à base de chlorure de potassium (muriate de potasse). Épandre l’engrais sous les branches et dans un rayon de 30 cm autour de celles-ci. Chaque printemps, épandre du fumier sous les branches, à raison de 20 à 40 L par pied, si les plants ne sont pas paillés. Dans les grandes plantations, une culture de couverture (ray-grass d’Italie ou ivraie multiflore, blé de printemps, avoine ou sarrasin) devrait être semée entre les rangs de la mi-août au mois de septembre. Enfouir cette culture dans le sol dès que possible au printemps.

Culture sur gazon

Pour supprimer le besoin de sarcler et de semer une culture de couverture entre les rangs, on peut établir un gazon permanent, comme la fétuque rouge traçante semée à raison de 20 kg/ha. Le gazon donne une allée propre pour la cueillette à la main. Garder le gazon court jusqu’après la cueillette; le laisser pousser à la fin de l’été. Il est nécessaire d’irriguer les plantations sur gazon. Toutefois, la culture sur gazon peut entraîner une chute du rendement. Dans des essais faits dans le Sud de l’Ontario sur une période de six ans, les cultures sur sol travaillé ont connu des rendements 32 % plus élevés que celles faites sur gazon.

Irrigation

Une humidité adéquate du sol est importante pour le développement des plants, pour de bons rendements et pour la production de grosses baies. Les plants ont besoin d’environ 25 mm d’eau par semaine depuis la floraison jusqu’à la fin de la récolte. Si la pluie ne fournit pas cette quantité d’eau, il est recommandé d’arroser. On doit également arroser les plants pendant les périodes prolongées de sécheresse, depuis la récolte jusqu’à la fin août ou le début septembre. Cependant, il ne faut pas stimuler la croissance en automne, car les plants doivent s’aoûter pour éviter les dégâts hivernaux. À l’arrosage, fournir assez d’eau pour imprégner le sol sur une profondeur de 15 à 20 cm. Laisser le sol s’égoutter quelque peu avant de recommencer l’arrosage. Veiller à ne pas trop arroser, car cela pourrait endommager les racines.

L’irrigation goutte à goutte est indispensable à la culture des gadeliers et des groseilliers. Tous les jours, lentement, ce système fournit de petites quantités d’eau directement au sol, à la base de chaque plant. Différents types d’équipement sont disponibles. De plus amples renseignements sont fournis sur le site Web du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO). L’irrigation goutte à goutte n’offre aucune protection contre le gel; pour cela, on doit irriguer au moyen d’asperseurs.

Taille

La taille doit être effectuée en période de dormance, soit à la fin de l’hiver ou au début du printemps.

Les cassissiers produisent les meilleurs fruits sur le bois d’un an. Les scions robustes d’un an et les branches de deux ou trois ans qui portent beaucoup de pousses robustes d’un an sont les plus productifs. Au total, garder de dix à douze branches par buisson adulte, dont environ la moitié sont des pousses d’un an. Si le pied est très vigoureux, on peut conserver quelques branches de plus. Enlever les tiges de plus de trois ans en les coupant au ras du sol.

Les gadeliers rouges et les groseilliers à maquereau produisent la plupart de leurs fruits sur les rameaux portés par du bois de deux et trois ans. Après la taille, un buisson vigoureux devrait avoir de trois à quatre branches de chaque bois d’un, de deux et de trois ans, soit de neuf à douze branches au total. Retirer tout le bois de plus de trois ans.

Retirer les branches qui pendent près du sol pour faciliter la récolte. Pour favoriser la lutte contre les maladies et les insectes, couper et détruire toute pointe de branche malade ainsi que les branches qui tardent à feuiller, qui sont malades ou mourantes.

Gel à la floraison

Les cassissiers, les gadeliers et les groseilliers fleurissent tôt au printemps. De fortes gelées peuvent endommager les fleurs et les jeunes baies en développement. Les emplacements où l’air circule bien sont moins exposés aux dommages du gel.

Dans les petites plantations, on peut protéger les plants du gel en les recouvrant avec du tissu ou du papier. Le plastique n’assure que peu ou pas de protection. Dans les grandes plantations, l’irrigation par asperseurs est efficace. On utilise alors des buses qui débitent environ 2,5 mm d’eau par heure. La chaleur dégagée par la transformation de l’eau en glace sur les plants sert à protéger les fleurs et les baies. Commencer l’arrosage des plants lorsque la température est assez basse pour que l’eau gèle (environ −1 °C) et le poursuivre jusqu’à ce que le film d’eau recouvrant les fleurs ou les baies ne gèle plus si l’on cesse d’irriguer. L’irrigation goutte à goutte n’assure aucune protection contre le gel.

Pollinisation

Les cultivars de cassissiers, de gadeliers et de groseilliers à maquereau sont autogames, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin de pollen d’un autre cultivar pour donner de bonnes récoltes. Les ruches d’abeilles sont recommandées pour les plantations plus importantes, car elles peuvent donner plus de fruits grâce à une pollinisation accrue.

Récolte

Les baies du gadelier mûrissent en deux semaines. Une fois mûres, elles peuvent habituellement rester plus d’une semaine sur le buisson sans tomber ni se détériorer, ce qui permet de récolter presque toutes les baies en un ramassage. Si le ramassage était plus fréquent, on risquerait de cueillir des fruits qui ne sont pas tout à fait mûrs.

Les cassis sont habituellement cueillis un à un, alors que les gadelles rouges sont ramassées en grappes et égrappées plus tard. Pour faire du jus ou des gelées, on peut écraser les gadelles sans les retirer des grappes puisque le produit est filtré.

Les groseilles à maquereau se ramassent une à une. Certains préfèrent les baies non mûres pour les confitures et les tartes. Ils cueillent donc celles-ci lorsqu’elles ont presque atteint leur pleine grosseur, avant qu’elles ne soient complètement mûres. D’autres préfèrent les baies très mûres. On peut également récolter les groseilles à maquereau en les faisant tomber sur une toile ou un autre matériel étendu sous le buisson.

Rendement

On ne devrait pas laisser les plants porter des fruits l’année de la plantation. La deuxième année, on peut faire une légère récolte. À partir de la troisième année, les plants donnent normalement leur plein rendement. Au début de la troisième année, une récolte de 1 kg par plant est considérée comme étant moyenne. Toutefois, les cassissiers ne produisent souvent que la moitié de cette quantité. Les buissons devraient demeurer productifs pendant au moins huit à dix ans.

Cultivars

Cassissiers

Ben Alder

Cultivar de mi-saison au rendement uniforme, qui produit des baies grosses et fermes — De vigueur moyenne, l’arbuste résiste au blanc, mais il est sensible à la rouille vésiculeuse du pin blanc. Il se prête bien à la récolte mécanique. Les baies donnent un jus de grande qualité.

Ben Sarek

Cultivar de mi-saison au rendement uniforme, qui produit des baies très grosses et fermes — L’arbuste, demi-nain, est résistant au blanc et modérément résistant à la rouille vésiculeuse du pin blanc. Les baies peuvent être transformées, mais elles donnent un jus de faible qualité.

Consort

Cultivar hâtif de mi-saison ayant un rendement modéré — De longueur moyenne, les grappes portent des baies moyennes ou petites et dont la fermeté est modérée. Ce cultivar n’est pas particulièrement bien adapté à la récolte mécanique. Les baies se détachent de la grappe en se déchirant quelque peu, et un bon nombre de baies tombent avec le pédoncule. Prédisposé à l’anthracnose et extrêmement sensible au blanc, ce cultivar résiste à la rouille vésiculeuse du pin blanc. Il présente un intérêt pour les endroits où la résistance à la rouille est essentielle.

Titania

Cultivar de mi-saison au rendement uniforme, qui produit des baies grosses et fermes — L’arbuste, extrêmement vigoureux, résiste au blanc et à la rouille vésiculeuse du pin blanc. Les baies sont bonnes pour la transformation, et la qualité de leur jus est moyennement élevée.

Gadeliers rouges

Cascade

Cultivar hâtif mûrissant plusieurs jours avant le cultivar Red Lake — L’arbuste à port légèrement étalé est vigoureux, mais son rendement est moyen. Les grappes sont de longueur moyennement courte à moyenne et portent de belles grosses baies rouge foncé. Sujettes à l’insolation, les baies mûres doivent être ramassées sans tarder.

Red Lake

Cultivar tardif de mi-saison, mûrissant à la mi-juillet dans les zones de rusticité modérée comme 7a Vineland, dans la région du Niagara — Vigoureux, les arbustes sont très productifs. De longueur moyenne et faciles à ramasser, les grappes portent d’attrayantes baies rouge clair, modérément grosses. Ce cultivar s’est révélé le plus productif dans les essais faits à Vineland.

Groseilliers à maquereau: Type américain

Captivator

Cultivar mûrissant peu après le cultivar Clark — L’arbuste est grand, vigoureux et presque dépourvu d’épines. Il résiste assez bien au blanc, mais n’a qu’un rendement modéré. Moyennes ou petites, les baies sont de bonne qualité et d’un rouge terne lorsqu’elles sont mûres. Elles se récoltent facilement à la main ou à la machine. L’arbuste, qui se caractérise par un port dressé, est plutôt ouvert. La multiplication se fait par boutures ligneuses.

Groseilliers à maquereau: Type européen ou anglais

Ces cultivars donnent de grosses baies, mais ils sont prédisposés au blanc. Leur rusticité peut être douteuse pour les régions froides de l’Ontario.

Clark

Cultivar hâtif, mûrissant à la fin juillet à Vineland; le plus productif des groseilliers à maquereau de type européen testés à Vineland — Les très grosses baies, rouges lorsque mûres, sont assez faciles à ramasser à la main ou à la machine. Épineux, modérément vigoureux, court et plutôt dense, l’arbuste comporte de nombreuses branches étalées près du sol. On doit le tailler soigneusement pour permettre le passage du collecteur sous les branches lors de la récolte mécanique. La multiplication se fait par marcottage.

Fredonia

Cultivar hâtif de mi-saison mûrissant plusieurs jours après le cultivar Clark et de rendement moyen — Les grosses baies, rouges lorsque mûres, sont assez difficiles à cueillir à la main, mais se récoltent bien à l’aide d’un secoueur. Épineux, assez court et moyennement vigoureux, l’arbuste a un port dressé et est plutôt ouvert. La multiplication se fait par marcottage.

Multiplication

Les cultivars de cassissiers, de gadeliers et de groseilliers à maquereau de type américain peuvent être multipliés par bouturage. À la fin de l’automne, prélever des boutures de bois sain produites au cours de l’été, de 15 à 20 cm de long. Pour cela, couper juste en dessous d’un bourgeon et effectuer la coupe supérieure à environ 10 mm au-dessus de celui-ci. Disposer ces boutures à intervalles de 15 cm dans une terre bien drainée, en pépinière, au cours de cet automne. Les enfouir assez profondément pour qu’il y ait un ou deux bourgeons hors du sol et les recouvrir de paille. Au printemps, retirer la paille ou la laisser comme paillis autour des boutures. On peut également prélever les boutures au début du printemps, avant que les bourgeons n’éclatent. Les boutures peuvent être gardées dans un sac en plastique, au réfrigérateur; il faut toutefois les planter le plus tôt possible en rangées dans la pépinière. Après une saison de croissance, les plants provenant de boutures peuvent être transplantés à leur emplacement permanent.

Le bouturage décrit plus haut ne convient pas aux groseilliers à maquereau de type européen. Leur multiplication s’effectue plutôt par marcottage à l’automne ou au printemps : il suffit de recourber jusqu’au sol des rameaux encore attachés au buisson et de les recouvrir partiellement de terre. Leur position est maintenue au moyen de piquets. Les racines se formeront sur le rameau enfoui, au contact avec le sol. Après une saison de croissance, les branches devraient être suffisamment pourvues de racines pour qu’on puisse les sortir de terre. Il arrive souvent qu’on obtienne plusieurs plants à partir d’une seule branche.

Lutte contre les maladies et les insectes

Les maladies et les insectes communs sont décrits ci-dessous. Pour protéger sa population contre les risques inutiles, l’Ontario interdit l’utilisation de pesticides à des fins esthétiques et n’autorise que certains pesticides à faible risque pour lutter contre les mauvaises herbes et les parasites dans le jardin. Les pesticides ne peuvent être utilisés à des fins cosmétiques que si cette option est autorisée en vertu d’une exception à l’interdiction, ou encore si l’ingrédient actif du pesticide figure sur la liste des ingrédients autorisés, que l’on trouve au Utiliser des pesticides en Ontario.

Consulter le Portail ontarien pour la protection des cultures ou communiquer avec les spécialistes des cultures fruitières du MAAARO pour obtenir des renseignements supplémentaires.

Maladies

Anthracnose (taches foliaires)

Cette grave maladie du cassissier peut aussi beaucoup endommager les gadeliers rouges et les groseilliers à maquereau. De nombreuses petites taches brunes se forment sur les feuilles du milieu de l’été à la fin de l’automne. Les feuilles très contaminées jaunissent et tombent. La défoliation, principal dégât, peut survenir dès la fin de juillet. Une défoliation hâtive réduit la croissance du buisson et cause la perte de la récolte l’année suivante. Les taches peuvent aussi apparaître sur les jeunes pousses, le pétiole des feuilles, le pédoncule des fruits et les baies. Pendant l’hiver, le champignon séjourne principalement dans les feuilles mortes. Il faut donc ramasser et détruire les feuilles mortes contaminées à la fin de l’automne ou au début du printemps, avant l’éclosion des bourgeons. Épandre le nouveau paillis après la chute des feuilles.

Blanc

Les cassissiers et les groseilliers à maquereau du type européen sont très sensibles au blanc. Au début de l’été, la maladie se manifeste par une moisissure poudreuse blanche sur les jeunes feuilles, ainsi qu’à l’extrémité des branches et sur les nouvelles pousses. La moisissure peut se propager sur une grande part du buisson et même s’attaquer aux baies du groseillier à maquereau. Elle affecte rarement les gadelles et les cassis. Cette moisissure brunit ensuite et forme un revêtement feutré sur les parties atteintes. La croissance des pousses est souvent ralentie, la pointe des branches peut mourir et les baies du groseillier à maquereau peuvent être rabougries. Ce champignon microscopique se propage au moyen de spores, dont le développement est favorisé par un temps chaud et humide. Au moment de la taille, en hiver ou au début du printemps, couper et détruire toutes les pousses et les branches contaminées. Choisir un endroit de culture bénéficiant d’une bonne circulation d’air. On arrive à maîtriser la maladie en utilisant des cultivars résistants.

Rouille vésiculeuse du pin blanc

Le champignon qui cause cette maladie passe une partie de son cycle de vie sur les cassissiers, les gadeliers et les groseilliers, et l’autre partie sur le pin blanc (à cinq aiguilles), auquel il peut causer de graves dommages. Ne pas planter de cassissiers, de gadeliers ou de groseilliers à moins de 300 m d’un pin blanc. Les cultivars de cassissier Titania et Consort sont résistants à cette rouille.

Insectes

Pucerons

Ces petits pucerons jaune verdâtre se nourrissent sur la face inférieure des jeunes feuilles, à l’extrémité des pousses. Les feuilles se cloquent et se recroquevillent vers le bas. Les gadeliers rouges y sont particulièrement prédisposés, et les feuilles infestées sont affaiblies et peuvent mourir. Si les pucerons sont en petit nombre, enlever ou écraser à la main ceux qu’on trouve. On peut couper les feuilles ou les tiges qui portent de petites populations localisées. Ne pas ajouter trop d’engrais, car les invasions de pucerons sont généralement pires lorsque les teneurs en azote sont élevées.

Sésie du groseillier

Cet insecte peut causer de graves dégâts aux cassissiers, aux gadeliers et, jusqu’à un certain point, aux groseilliers. L’adulte est un papillon à ailes lisses translucides, de la grosseur et de l’aspect d’une petite mouche domestique. Les ailes portent des rayures noires, et le thorax, d’étroites bandes jaunes. Le papillon fait sa sortie à la mi-juin et pond ses œufs sur l’aisselle des feuilles. Les jeunes larves pénètrent dans la tige jusqu’à la moelle et s’y nourrissent. Le printemps suivant, les pousses ainsi parasitées tardent à feuiller, sont chétives et peuvent mourir. Une fois coupée, la pousse révèle le trou sombre et la galerie qu’a laissés la larve dans la moelle. Les larves, d’un blanc jaunâtre et d’environ 12 mm de long, peuvent également s’y trouver. Au moment de la taille, retirer et détruire toutes les branches dont la tige est creuse et foncée. Pendant la saison de croissance, couper et détruire également toute branche malade ou mourante. Suivre les recommandations de taille et ne pas laisser de tiges devenir trop vieilles. Il faut aussi assurer aux plantes une croissance vigoureuse.

Mouche du groseillier

La mouche adulte fait sa sortie à peu près à l’époque de la floraison des gadeliers. La femelle pond ses œufs dans les baies en développement; ces œufs se transforment en asticots qui se nourrissent à l’intérieur des baies. Les fruits parasités des gadeliers, des cassissiers et des groseilliers à maquereau mûrissent prématurément, et beaucoup tombent avant la période normale de la récolte. Dans chacune des baies infestées tombées au sol, on peut trouver un petit ver blanc. L’insecte quitte alors le fruit et passe l’hiver dans le sol. Ramasser et détruire les fruits infestés de manière à réduire les risques d’infection l’année suivante.

Tenthrède du groseillier

Les larves de cet insecte sont des vers lisses et verdâtres recouverts de nombreuses taches noires. À maturité, les vers atteignent une longueur d’environ 20 mm. Ils se nourrissent en bordure des feuilles et peuvent dévorer une grande partie du feuillage. Il faut détruire tous les vers présents dès les premiers signes d’infestation, constatée habituellement en début de saison.

Cochenilles

Diverses cochenilles parasitent les cassissiers, les gadeliers et les groseilliers à maquereau. Les petites écailles (rondes ou ressemblant à des coquilles d’huître) sont facilement décelables sur le bois dormant. Ces insectes sucent la sève du bois tendre et se trouvent même quelquefois sur les baies. Une infestation légère peut être tenue en échec par les oiseaux et les insectes utiles. On trouve dans le commerce des produits de lutte biologique qui peuvent aider à réduire les populations de cochenilles.

Chute prématurée des fruits

Les cassissiers souffrent fréquemment d’une chute prématurée des fruits plusieurs semaines après la floraison. Appelé « coulure » en Europe, un tel phénomène serait dû à une insuffisance de pépins dans le fruit.

Le problème est complexe et de nombreux éléments y contribuent, comme la prédisposition de certains cultivars, l’auto‑incompatibilité, la pollinisation incomplète (trop peu de pollinisateurs ou de mauvaises conditions de pollinisation), le degré de fertilité du sol, les virus, la mouche du groseillier, la sécheresse, l’humidité excessive, Botrytis, le gel ou l’intolérance du cultivar aux températures légèrement supérieures à 0 °C.

L’Institut de recherches horticoles à Vineland a découvert que le cultivar Magnus peut perdre 60 % de ses fruits si les bourgeons de dormance sont exposés durant deux jours à une température de 2 °C lorsque les bourgeons fructifères sont à l’étape de grappes; cette étape correspond au moment où les bourgeons commencent à se gonfler, soit habituellement une ou deux semaines avant la floraison.

La chute prématurée des fruits est un problème qui touche de nombreux jardiniers amateurs. Dans la plupart des cas, le cultivar qu’ils cultivent est sensible aux températures légèrement supérieures à 0 °C avant la floraison. Les producteurs devraient éviter les cultivars Magnus et Willoughby, car ceux-ci sont particulièrement prédisposés à ce phénomène. Les cultivars Ben Alder et Ben Sarek produisent moins d’éthylène et sont par conséquent moins sensibles à la chute prématurée.

Cette fiche technique a été rédigée par des spécialistes des cultures fruitières du MAAARO.