Introduction

Le sureau blanc (Sambucus canadensis) est un arbuste qui pousse à l’état sauvage presque partout dans le Sud de l’Ontario ainsi que dans maintes régions dans l’est de l’Amérique du Nord. Il ne constitue peut-être pas une culture commerciale importante, mais on le retrouve dans de nombreux jardins privés.

Les sureaux sont appréciés pour leurs baies d’un noir tirant sur le mauve (figure 1), que l’on utilise dans les tartes, vins, gelées, confitures, jus et soupes. On les utilise également comme colorant naturel dans des produits alimentaires. Les fleurs du sureau servent aussi à la fabrication du vin et peuvent par ailleurs être frites en grande friture. Avec ses belles fleurs odorantes et ses fruits attrayants, le sureau est une culture d’ornement aussi bien qu’une culture fruitière.

Emplacement

Les sureaux sauvages se retrouvent normalement dans des sols fertiles et humides. Bien que les sureaux cultivés s’adaptent à une vaste gamme de conditions de sol, ils prospèrent mieux dans un loam bien drainé. Il faut sélectionner un site dont le sol est bien drainé. Les emplacements situés dans une zone ouverte, loin des forêts, assurent une bonne circulation d’air, ce qui réduit les risques de maladie et de dommages attribuables au gel, aux insectes et aux oiseaux.

Baies de sureau mûres
Figure 1. Le sureau blanc (Sambucus canadensis). Source de la photo : Shutterstock

Préparation du sol

Le sureau est une plante vivace qui nécessite une bonne préparation de sol avant sa plantation. Il est utile de faire analyser le sol pour connaître sa teneur en éléments nutritifs et déterminer s’il se prête à la culture du sureau. Des renseignements sur les analyses de sol peuvent être obtenus auprès du Centre d’information agricole au 1 877 424-1300.

Enrichir un sol sableux ou pauvre de matière organique, comme du fumier ou de la mousse de tourbe, avant la plantation afin d’augmenter sa capacité de rétention de l’humidité et sa teneur en éléments nutritifs. Bien travailler le sol et le laisser se drainer. L’élimination des mauvaises herbes avant la plantation par un travail du sol ou l’épandage d’herbicides, ou les deux, facilite l’établissement des plants. Dans les sols lourds ou mal drainés, planter sur des buttes ou des plates-bandes surélevées pour améliorer la vigueur.

Plants

Les plants de sureaux doivent être exempts de maladie. Bien que les sureaux s’accommodent de conditions difficiles, prendre garde de ne pas laisser leurs racines s’assécher avant la plantation.

Tous les cultivars de sureaux sont considérés comme partiellement autofertiles. La pollinisation croisée augmente la production de fruits, d’où l’importance de planter au moins deux cultivars à proximité l’un de l’autre.

Distances de plantation

Un espacement des plants sur le rang de 1 m et une distance de 4 à 5 m entre les rangs donneront une haie en trois saisons de croissance. Dans les jardins particuliers, on peut rapprocher les plants, sous réserve d’un espacement minimal de 2 m dans tous les sens.

Mise en terre

Planter au début du printemps. La profondeur de plantation peut varier, l’essentiel étant de bien recouvrir toutes les racines et de bien tasser le sol. On suggère cependant d’enfouir les plants à la profondeur à laquelle ils étaient cultivés à la pépinière. Un arrosage au moment de la plantation ou sitôt la plantation terminée favorise la reprise des racines et la croissance ultérieure des sujets.

Entretien de la plantation

Lutte contre les mauvaises herbes et paillage

Il est possible d’éliminer les mauvaises herbes par un sarclage superficiel du rang et de l’entre-rang pourvu qu’on prenne garde de ne pas endommager les racines. Une couche de paille, de sciure de bois ou de compost au pied des plants peut également être utile pour maîtriser les mauvaises herbes. Une haie vigoureuse de sureaux contribue par ailleurs à tenir les mauvaises herbes en échec. Les mauvaises herbes vivaces difficiles à maîtriser comme le chiendent et la verge d’or doivent être supprimées avant les plantations et détruites au fur et à mesure de leur apparition.

Irrigation

Entre la floraison et la fin de la récolte, les plants de sureaux (figure 2) ont besoin d’environ 25 mm d’eau par semaine. En l’absence de précipitations suffisantes, irriguer pour obtenir une croissance et une fructification optimales. Arroser les plants si des périodes de sécheresse prolongées surviennent après la récolte.

Grappe de baies de sureau mûres
Figure 2. Les plants de sureaux poussent mieux dans un loam bien drainé. Source de la photo : Shutterstock

Taille

Au cours des deux premières saisons de croissance, laisser les plants pousser avec vigueur en s’abstenant de les tailler ou en limitant la taille au minimum. Après la deuxième année, faire la taille chaque année à la fin de l’hiver ou au début du printemps avant le débourrement. Enlever toutes les tiges mortes, endommagées ou faibles. Supprimer également les tiges de trois ans, car elles produisent moins de fruits et semblent davantage vulnérables à la gelure. La suppression des tiges plus vieilles stimule la croissance de tiges nouvelles, plus productives.

Dans une plantation à maturité, une taille de rajeunissement qui consiste à rabattre sévèrement toutes les tiges peut constituer une méthode de régénération économique sur le plan de la main‑d’œuvre. Cette méthode oblige cependant à renoncer à la production de la saison suivante, étant donné que les tiges d’un an produisent peu.

Récolte

Les fruits du sureau parviennent normalement à maturité entre la mi-août et la mi-septembre. Les grappes mettent de cinq à 15 jours à mûrir et sont faciles à récolter. Ne pas conserver les fruits dans des contenants à température de la pièce pendant plus de deux à quatre heures; la chaleur interne risquerait d’en amoindrir la qualité et de les faire se gâter rapidement. Après trois à quatre ans, on peut s’attendre à ce qu’un plant produise entre 5,5 et 6,8 kg de fruits si la plantation est bien conduite.

Cultivars

Plusieurs cultivars ont été mis à l’essai et cultivés. Voici une liste descriptive de certains des cultivars les plus fiables :

  • NY21 — d’une vigueur moyenne, productif, donnant des grappes et des fruits de bonne taille
  • Johns — vigoureux, productif, très haut, produisant les grappes les plus grosses (bonne valeur ornementale)
  • York — à maturité tardive, vigoureux, productif, portant des baies et des grappes de bonne taille
  • Victoria — d’une vigueur moyenne, portant des baies et des grappes de taille moyenne
  • Adams — vigoureux, produisant de grosses baies, à maturité tardive

Multiplication

Les sureaux se multiplient facilement à partir de boutures aoûtées ou demi-aoûtées, à partir de fragments de racines ou par rejets. Au début du printemps, tandis que l’arbuste est encore en dormance, on peut prélever des boutures aoûtées comptant au moins deux yeux sur des tiges d’un an et les planter directement dans une rangée de multiplication ou à leur emplacement définitif. On peut aussi prélever des boutures l’automne sur des tiges ayant achevé leur première saison de croissance, donc d’un an, pourvu qu’on les emballe dans du plastique pour retenir l’humidité et qu’on les remise dans un endroit frais et sombre jusqu’au printemps. Mettre les boutures en terre pour que seule la paire de bourgeons du haut se situe au‑dessus de la surface du sol.

Maladies

Virus de la tache annulaire de la tomate

Le virus de la tache annulaire de la tomate est responsable de l’une des maladies les plus graves du sureau. Il est disséminé par les nématodes et pendant le transfert pollinique. Le pissenlit et certaines autres mauvaises herbes peuvent également être des vecteurs de ce virus. Les plants atteints de la tache annulaire sont affaiblis, sont moins productifs et meurent tôt ou tard. Pour prévenir la propagation du virus, faire une analyse de sol axée sur les nématodes avant la plantation et éviter de planter là où ceux-ci sont présents. Éliminer tout plant de sureau sauvage poussant à l’état sauvage dans un rayon de 31 m autour des plants cultivés.

Chancres sur les tiges et les rameaux (causés par Cytospora, Nectria et Sphaeropsis)

Les chancres sur les tiges et les rameaux font partie des maladies cryptogamiques qu’on peut tenir en échec en élaguant et en brûlant les tiges infectées. Le blanc, qui affecte les tiges et les baies vers la fin de l’été et le début de l’automne, donne une apparence grisâtre aux baies, sans toutefois diminuer la qualité de leur jus. Le retrait des tiges et des feuilles infectées ainsi que la taille pour éclaircir le couvert forestier et améliorer la circulation de l’air aideront à maîtriser le blanc.

Autres maladies

Parmi les maladies moins fréquentes figurent les taches foliaires causées par divers champignons, la fusariose, les pourritures des racines et la flétrissure verticillienne. Il est important de choisir un site bien drainé pour éviter les maladies des racines.

Pour protéger sa population contre les risques inutiles, l’Ontario interdit l’utilisation de pesticides à des fins esthétiques et n’autorise que certains pesticides à faible risque pour lutter contre les mauvaises herbes et les parasites dans le jardin. Les pesticides ne peuvent être utilisés à des fins cosmétiques que si cette option est autorisée en vertu d’une exception à l’interdiction, ou encore si l’ingrédient actif du pesticide figure sur la liste des ingrédients autorisés.

Oiseaux

Les oiseaux sont les principaux ravageurs des sureaux. Ils se nourrissent des baies et peuvent occasionner des dégâts importants, surtout dans les petites plantations. Les méthodes de lutte comprennent l’utilisation de détonateurs et d’alarmes, la récolte des fruits sitôt qu’ils sont mûrs et l’installation de filets, cette dernière méthode étant la plus efficace (figure 3).

Jeune plant de sureau recouvert d’un filet
Figure 3. Le filet est une mesure efficace pour empêcher les oiseaux d’atteindre les sureaux.

Insectes

Desmocène à manteau

La larve du desmocène à manteau se reconnaît à sa tête noire, à sa teinte blanc jaunâtre et à la double rangée de points noirs en travers de chaque segment du corps. Elle se nourrit à l’intérieur de la tige et peut provoquer le dépérissement et la mort de nombreuses tiges. Couper le bois infesté ou mort à l’automne afin de détruire les œufs susceptibles d’y passer l’hiver à l’abri. L’adulte est un papillon nocturne aux ailes antérieures rouille tachetées de gris, et aux ailes postérieures gris jaunâtre.

Nitidules

Les nitidules adultes mesurent 5 mm de long. Ils sont noirs et possèdent quatre taches jaunes sur les élytres. Les nitidules deviennent problématiques à partir du moment où les fruits sont endommagés ou se gâtent, car ces insectes sont attirés par les sucres en fermentation. Les larves de nitidules sont également préoccupantes. À mesure que les fleurs se forment, les larves se creusent une galerie jusqu’à la base de la fleur et se nourrissent au centre de l’inflorescence.

Phytoptes

Ces acariens minuscules, visibles uniquement au microscope, s’attaquent aux feuilles. Les bords de celles-ci s’enroulent et des bandes jaunes apparaissent. On peut se débarrasser des phytoptes par des pulvérisations de dormance, bien que les dommages qu’ils causent soient réellement sans gravité.

Autres insectes

Le desmocène à manteau adulte, qui ronge les bords des feuilles en festons, est présent en juin et juillet. Le tétranyque à deux points est un autre ravageur du sureau. En grand nombre, cet insecte peut entraîner des pertes de récolte de l’ordre de 75 %. Les autres insectes nuisibles comprennent le puceron, l’altise de la pomme de terre, la cochenille de la vigne, le thrips, la cochenille de San José, la sésie du groseillier et le scarabée du rosier.

Cette fiche technique a été rédigée par des spécialistes des cultures fruitières du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales.