Introduction

Personne ne veut voir un bâtiment de ferme brûler. Au cours des cinq dernières années, quarante-deux blessures humaines et un décès humaine ont été rapportés au Bureau du commissaire des incendies et de la gestion des situations d’urgence (BCIGSU) à la suite d’incendies touchant des bâtiments de ferme.

Lorsque l’origine de l’incendie est déterminée, on constate qu’environ 40 % des incendies de bâtiments de ferme sont provoqués par une défaillance des installations électriques. Il s’agit de la plus importante cause unique d’incendies de bâtiments de ferme. L’amélioration de la conception des installations électriques des bâtiments de ferme, le choix des composants et les pratiques d’entretien peuvent contribuer à réduire le nombre d’incendies de bâtiments de ferme en Ontario et à diminuer les coûts qui s’y rapportent.

La présente fiche technique traite des :

  • incendies de bâtiments de ferme d’origine électrique
  • de la réglementation applicable aux installations électriques
  • des considérations relatives à la conception et au choix des composants électriques
  • des pratiques d’entretien des installations électriques des bâtiments de ferme

L’exploitant se doit de comprendre les exigences relatives à la sécurité des installations électriques ainsi que toutes les autres exigences réglementaires applicables aux bâtiments de ferme.

En confiant la réalisation d’inspections et de travaux d’entretien réguliers des installations électriques à un entrepreneur-électricien agréé, il est possible de réduire le risque d’incendie d’origine électrique dans les bâtiments de ferme et, par le fait même, de réduire les coûts annuels d’entretien de ces installations et des primes d’assurance.

Tendances relatives aux incendies de bâtiments de ferme

Les incendies de bâtiments de ferme sont dévastateurs pour les agriculteurs en raison des pertes d’animaux d’élevage, de récoltes, de bâtiments, d’équipement et de revenus qu’ils occasionnent. En 2019, le BCIGSU a rapporté 172 incendies de bâtiments de ferme pour lesquels les pertes ont été estimées à plus de 47,3 millions $ en bâtiments et en équipement.

Même si le nombre annuel d’incendies de bâtiments de ferme a diminué au cours des dernières années (figure 1), les pertes monétaires moyennes estimées par incendie de bâtiment de ferme se sont accrues (figure 2).

Graphique linéaire indiquant le nombre d’incendies de bâtiments de ferme signalés au Bureau du commissaire des incendies et de la gestion des situations d’urgence pour les années 2009 à 2019. Les données présentées sont : 2009 = 211 incendies de bâtiments de ferme; 2010 = 191 incendies de bâtiments de ferme; 2011 = 209 incendies de bâtiments de ferme; 2012 = 170 incendies de bâtiments de ferme; 2013 = 178 incendies de bâtiments de ferme; 2014 = 168 incendies de bâtiments de ferme; 2015 = 190 incendies de bâtiments de ferme; 2016 = 161 incendies de bâtiments de ferme; 2017 = 164 incendies de bâtiments de ferme; 2018 = 172 incendies de bâtiments de ferme; 2019 = 172 incendies de bâtiments de ferme. La ligne des tendances figurant sur le graphique montre une diminution globale d’environ 20 % au cours de cette période.
Figure 1. Incendies de bâtiments de ferme par année, de 2009 à 2019.
Source : Données du commissaire des incendies et de la gestion des situations d’urgence de l’Ontario, 2021
Graphique linéaire indiquant les pertes financières moyennes par incendie de bâtiment de ferme pour les années 2009 à 2019. Les pertes financières comprennent le bâtiment de ferme comme tel, l’équipement qui s’y trouve et son contenu. Les données présentées sont : 2009 = 129 000 $, 2010 = 159 000 $; 2011 = 175 000 $; 2012 = 110 000 $; 2013 = 190 000 $; 2014 = 178 000 $; 2015 = 264 000 $; 2016 = 240 000 $; 2017 = 229 000 $; 2018 = 318 000 $; 2019 = 275 000 $. La ligne des tendances figurant sur le graphique montre une augmentation globale d’environ 20 % au cours de cette période.
Figure 2. Pertes moyennes estimées par incendie de bâtiment de ferme par année, de 2009 à 2019.
Source : Données du commissaire des incendies et de la gestion des situations d’urgence de l’Ontario, 2021

Compte tenu des importants coûts financiers et personnels qui peuvent découler de l’incendie d’un bâtiment de ferme, toute l’attention nécessaire doit être accordée aux installations électriques sur chaque ferme de l’Ontario.

Effets de l’environnement des bâtiments de ferme sur les installations électriques

L’environnement des bâtiments de ferme est peu hospitalier pour les composants des installations électriques, particulièrement dans les exploitations d’élevage du bétail et les poulaillers. L’environnement des installations d’élevage du bétail présente des taux d’humidité élevés et des concentrations élevées de gaz corrosifs, tels que le sulfure d’hydrogène et l’ammoniac. La combinaison de l’humidité et de ces gaz corrosifs fait en sorte que le cuivre présent dans les installations électriques des bâtiments de ferme se corrode plus rapidement que dans une installation électrique résidentielle. Les populations de rongeurs dans les bâtiments de ferme peuvent aussi endommager les installations électriques et accroître le risque d’incendie.

Corrosion

La corrosion peut engendrer deux types de risques d’incendie différents.

  1. Production de chaleur localisée. Lorsque la surface d’un fil de cuivre ou d’une borne en contact avec des gaz corrosifs se corrode, la section transversale du composant en cuivre diminue. Le courant électrique passant dans le composant en cuivre produit alors de la chaleur à l’endroit où la section transversale est réduite. Si le cuivre se détériore suffisamment, la chaleur produite peut être assez élevée pour atteindre la température d’auto-inflammation des matériaux environnants. Or, lorsque cette température est atteinte, les matériaux environnants peuvent s’enflammer spontanément (figures 3 et 4).
  2. Formation d’arcs électriques. Un arc électrique peut se produire lorsque la corrosion crée un mince espace entre, par exemple, deux bornes d’un composant d’une installation électrique. Le laiton et le cuivre, lorsque soumis à des contraintes, peuvent également se fissurer lorsqu’ils sont exposés à de l’ammoniac. Dans les deux cas, un arc électrique se produit lorsque le courant appliqué tente de franchir l’espace créé. Ces arcs électriques peuvent embraser les matériaux environnants.
Prise électrique standard utilisée dans une étable laitière. La prise, séparée en deux, laisse voir la corrosion avancée des composants internes en cuivre.
Figure 3. Prise corrodée trouvée dans une étable laitière.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.
Panneau de sectionneur principal installé dans un bâtiment de ferme. Le sectionneur était sous tension lorsque la photographie a été prise. On peut voir une grande quantité de toiles d’araignées sur le mur autour du panneau. L’extérieur du panneau est rouillé, et sa porte ouverte laisse voir des fusibles et des composants fortement corrodés.
Figure 4. Panneau de sectionneur principal corrodé.

Dommages causés par les rongeurs

Les rongeurs aiment mordiller le revêtement isolant des câbles électriques afin de limiter la longueur de leurs dents qui croissent sans cesse. Or, lorsque suffisamment d’isolant a été enlevé pour exposer deux fils de cuivre adjacents à l’intérieur d’un câble, un arc électrique peut se produire (figure 5). L’arc électrique peut mettre le feu dans les matériaux environnants.

Fil électrique fixé sur une poutre en bois à l’intérieur d’un bâtiment de ferme. Le fil semble être d’un type ancien avec isolant tissé. L’une des sections du fil montre des signes évidents de dommages causés par des rongeurs. Les rongeurs ont attaqué toute l’épaisseur de l’isolant externe du fil, dénudant ainsi les conducteurs internes.
Figure 5. Fil électrique endommagé par des rongeurs.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.

Humidité et lavage à la pression

Les environnements humides peuvent également accélérer la corrosion des installations électriques des bâtiments de ferme. Habituellement, les composants des installations électriques des bâtiments de ferme ne sont pas conçus pour résister à la pression et au débit d’eau produits par les laveuses à pression que l’on utilise pour nettoyer l’intérieur des bâtiments de ferme et l’équipement. L’eau qui pénètre dans un composant électrique (fiche, prise, appareil d’éclairage, interrupteur d’éclairage, etc.) peut créer des court circuits qui accéléreront la corrosion et causeront d’autres dommages.

Environnement réglementaire

L’Office de la sécurité des installations électriques (OSIE) est l’organisme mandaté par le Gouvernement de l’Ontario pour améliorer la sécurité des installations électriques publiques dans la province. Cet organisme est à la fois responsable de la réglementation, de la sécurité et de la défense des enjeux en matière de sécurité. L’OSIE assume des responsabilités en vertu de la Loi de 1998 sur l’électricité et de la Loi de 1996 sur l’application de certaines lois traitant de sécurité et de services aux consommateurs.

Les principales activités de l’OSIE consistent à recenser et à cibler les principales causes de risques en matière de sécurité des installations électriques, à assurer de la surveillance et à appliquer la réglementation; à promouvoir la sensibilisation, l’éducation et la formation des gens ainsi qu’à collaborer avec les intervenants pour améliorer la sécurité des installations électriques en Ontario.

L’OSIE reconnaît les risques environnementaux supplémentaires pesant sur les installations électriques des bâtiments de ferme et fournit des directives sur les installations électriques dans les documents suivants.

Un bâtiment de ferme doté d’installations électriques conformes aux exigences réglementaires limitera le risque d’incendie découlant d’une défaillance électrique. Les entrepreneurs-électriciens agréés connaissent bien toutes les exigences particulières de cette réglementation.

Conception et composants des installations électriques des bâtiments de ferme

Les exigences suivantes s’appliquent au moment de la conception, de la modification ou de la mise à niveau des installations électriques des bâtiments de ferme.

  • Selon la loi, vous devez embaucher un maître-électricien pour effectuer des travaux d'électricité en Ontario. Un permis de l’OSIE est également requis, ce qui entraîne la création d’un dossier permanent des travaux d’électricité qui ont été effectués et le déclenchement d’un examen par l’OSIE. Il s’agit d’une garantie supplémentaire pour le propriétaire. Lorsque les travaux seront terminés, demandez à l’entrepreneur-électricien agréé de vous donner le Certificat d’inspection afin de confirmer que les travaux ont été effectués conformément aux exigences du CSIEO. Assurez-vous que l’entrepreneur-électricien est bel et bien agréé ou trouvez-en un en ligne.
  • Le CSIEO et le bulletin 22-3-* de l’OSIE exigent que l’équipement électrique non essentiel et les panneaux de distribution électrique soient installés dans des locaux séparés des aires de logement des animaux d’élevage. Installez l’équipement électrique dans un local distinct qui est alimenté en air propre, sec et à température contrôlée. Cela permettra de réduire l’exposition des composants des installations électriques aux gaz corrosifs et à l’humidité présents dans les aires de logement des animaux d’élevage.
  • Le CSIEO désigne le type de fils électriques qui doivent être utilisés dans les installations électriques des bâtiments de ferme. Par exemple, les fils à gaine non métallique pour environnement humide (NMW) ou à gaine non métallique pour environnement souterrain (NMWU) doivent être utilisés dans les aires de logement des animaux d’élevage. Ces désignations indiquent que l’isolant du câble et que son enduit extérieur sont expressément conçus pour les conditions humides (NMW) ou humides et souterraines (NMWU). Seuls des fils en cuivre peuvent être installés dans un bâtiment d’élevage.
  • Le CSIEO proscrit l’installation de câbles non armés à l’intérieur des murs, des planchers ou des plafonds, à moins qu’ils soient installés dans un conduit (figure 6). Les câbles dissimulés qui ne sont pas munis d’un dispositif de protection mécanique peuvent être attaqués par les rongeurs et ne peuvent être inspectés pour s’assurer de leur bon état.
  • L’utilisation de prises, de fiches et de rallonges électriques d’usage courant dans les aires de logement des animaux d’élevage comporte un risque d’incident accru dans les bâtiments de ferme (figure 7). Dans un bâtiment de ferme, les bornes en cuivre de ces composants sont continuellement exposées à l’humidité, à un environnement humide et corrosif et peuvent se détériorer rapidement. Le bulletin 22‑3‑* exige que l’équipement et les dispositifs d’éclairage dans les aires de logement des animaux d’élevage soient autant que possible directement raccordés à des boîtes de jonction (figure 8). Si cela n’est pas possible, utilisez des fiches et des prises à l’épreuve de l’eau telles que celles présentées à la figure 9. Ce bulletin exige également l’utilisation d’une pâte antioxydante sur tous les raccords afin d’offrir une protection additionnelle au cuivre exposé.
  • L’exploitant doit choisir des composants électriques expressément conçus pour l’environnement des bâtiments d’élevage. Le CSIEO exige que les composants électriques utilisés dans les bâtiments d’élevage soient expressément conçus pour résister à l’environnement corrosif et humide de ces bâtiments. On trouve différentes catégories de composants électriques pour différents environnements d’exploitation.
Panneau de disjoncteurs installé dans un bâtiment de ferme. Ce type de panneau est d’ordinaire utilisé pour des applications résidentielles. La porte d’accès du panneau est enlevée, et tous les disjoncteurs sont exposés à l’environnement du bâtiment de ferme. Un grand nombre de fils électriques sortent au-dessus du panneau. La plupart de ces fils sont acheminés dans des trous pratiqués dans le mur sur lequel le panneau est installé. Aucun conduit en plastique n’a été utilisé pour protéger les fils dissimulés.
Figure 6. Fils dissimulés
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.
Moteurs électriques installés au plafond d’une étable laitière. Les trois moteurs sont blindés avec ventilateurs intégrés. Ils sont connectés à l’aide de fiches 220 V d’usage courant insérées dans des prises installées au plafond. Les prises sont logées dans des boîtes scellées en plastique. Le fil électrique alimentant la prise est inséré dans un conduit scellé en plastique.
Figure 7. Les fiches et les prises d’usage courant ne non pas recommandées.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.
Moteur installé au plafond d’une étable laitière. Un fil câblé alimente la boîte de jonction installée près du moteur. Une fiche et une prise à l’épreuve de l’eau sont utilisées pour alimenter le moteur à partir de la boîte de jonction. La fiche et la prise à l’épreuve de l’eau sont dotées d’un joint d’étanchéité empêchant l’eau et les gaz corrosifs d’entrer.
Figure 8. Compresseur alimenté par un fil câblé.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario
Compresseur installé dans le local des compresseurs d’un bâtiment de ferme. Un panneau de sectionneur électrique est installé sur le mur du local. Le panneau du sectionneur est conçu pour les environnements humides et poussiéreux. Le fil d’alimentation électrique allant du panneau du sectionneur au compresseur est câblé. Il n’y a pas de fiche ni de prise. Des anneaux d’étanchéité sont installés sur le fil pour sceller l’endroit où celui-ci entre dans le compresseur et le panneau du sectionneur.
Figure 9. Les fiches et les prises à l’épreuve de l’eau avec fils câblés sont recommandées.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.

La capacité des panneaux électriques, des boîtes de jonction et des sectionneurs à résister à la poussière, à l’humidité et aux gaz corrosifs est indiquée par une catégorie établie par la National Electric Manufacturers Association (NEMA) (type 1 à type 13) (tableau 1). Les catégories NEMA 1 et NEMA 2 ne conviennent pas pour les environnements de bâtiments d’élevage. La catégorie minimale pour les composants utilisés dans les bâtiments d’élevage est NEMA 3. Utilisez des composants de la catégorie NEMA 4X dans les aires de logement des animaux en raison de leur résistance à l’humidité et à la corrosion.

Tableau 1. Catégories NEMA pour les composants électriques
Source : National Electric Manufacturers Association
Catégorie Détails
NEMA 3
  • Pour usage extérieur
  • Enceinte sans trous ni évents
  • Joint d’étanchéité dans la porte pour empêcher la poussière et l’eau d’entrer
NEMA 3X
  • Pour usage extérieur
  • Enceinte sans trous ni évents
  • Enceinte en plastique ou en acier inoxydable pour les environnements corrosifs
  • Joint d’étanchéité dans la porte pour empêcher la poussière et l’eau d’entrer
NEMA 4
  • Pour usage extérieur
  • Enceinte sans trous ni évents
  • Joint d’étanchéité dans la porte pour empêcher la poussière et l’eau de lavage d’entrer
NEMA 4X
  • Pour usage extérieur
  • Enceinte sans trous ni évents
  • Enceinte en plastique ou en acier inoxydable pour les environnements corrosifs (figure 10)
  • Joint d’étanchéité dans la porte pour empêcher la poussière et l’eau de lavage d’entrer
Enceinte électrique NEMA4X installée sur le mur d’un bâtiment de ferme. L’enceinte est faite de plastique gris. Elle ne présente aucun trou ni orifice d’aération qui pourraient permettre l’entrée d’humidité ou de gaz corrosifs. Les fils électriques entrant dans l’enceinte sont logés dans un conduit de plastique.
Figure 10. Enceinte de catégorie NEMA 4X.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.

L’utilisation de fils et de composants électriques conçus pour résister à l’environnement des bâtiments de ferme coûte plus cher que l’utilisation de fils et d’interrupteurs électriques conçus pour un milieu résidentiel. L’utilisation de composants pour bâtiments de ferme peut augmenter le coût de l’installation électrique du bâtiment.

En utilisant la bonne catégorie de composants électriques, tel qu’indiqué dans le Code de sécurité relatif aux installations électriques de l’Ontario, il est possible de réduire le risque d’incendie dans les bâtiments de ferme et de maintenir la conformité règlementaire de votre exploitation. Si l’on tient compte du coût total de la perte d’un bâtiment de ferme par le feu, l’économie liée à l’utilisation de composants électriques non adaptés n’en vaut pas le coût.

Pratiques de gestion exemplaires

Le CSIEO et le bulletin 22-3-* de l’OSIE établissent les exigences minimales relatives à la sécurité des installations électriques. Pour réduire davantage les risques, des pratiques de gestion exemplaires qui surpassent les exigences règlementaires ont été établies. Les pratiques exemplaires suivantes devraient être prises en considération :

  • Remplacez les fils dissimulés non protégés afin de réduire le risque lié à la sécurité des installations électriques. Si leur remplacement n’est pas possible, installez un disjoncteur d’amorçage d’arc dans le panneau de distribution électrique afin de bénéficier d’une protection supplémentaire sur ces circuits. Ce type de disjoncteur détecte les conditions où le risque d’amorçage arc électrique est élevé sur les circuits qu’il protège. À titre de comparaison, les disjoncteurs habituels détectent les surcharges et les courts circuits sur les circuits électriques, mais pas l’amorçage d’arcs. L’amorçage d’arcs est l’une des principales causes d’incendies.
  • Les moteurs électriques utilisés dans les bâtiments de ferme doivent être blindés, ce qui assure une protection contre la poussière, l’eau et les gaz corrosifs. Recherchez les désignations « fermé avec ventilateur extérieur » (TEFC), « fermé non ventilé » (TENV) ou « fermé à passages d’air » (TEAO) sur la plaque signalétique du moteur. Utilisez des moteurs ayant la désignation « fermé à l’épreuve de l’eau » (TEWD) lorsque le moteur sera soumis à des lavages haute pression.
  • Les aérothermes électriques installés dans les bâtiments d’élevage sont particulièrement préoccupants. Nombre de ces aérothermes sont déjà munis d’un câble d’alimentation avec fiche. L’installation d’un aérotherme avec la fiche fournie n’est pas recommandée en raison du risque de corrosion de la fiche et de la prise qui peut déclencher un incendie (figure 11). En pareil cas, enlevez la fiche et raccordez directement le câble d’alimentation de l’aérotherme dans une boîte de jonction de la catégorie NEMA appropriée à l’emplacement où l’aérotherme est installé dans le bâtiment. Si une fiche et une prise sont requises à des fins d’entretien, utilisez un ensemble de prise et de fiche à l’épreuve de l’eau.
Aérotherme dans un bâtiment de ferme. L’aérotherme jaune est rouillé; on peut voir de la paille à l’intérieur de celui-ci. Il était alimenté par un fil et une fiche, que l’on peut voir appuyée contre le mur du bâtiment de ferme, à l’endroit où elle était branchée. On peut aussi voir des traces de carbonisation noires sur le mur en contreplaqué. La fiche est gravement endommagée. Son boitier en plastique est partiellement fondu en raison du feu qui s’est déclaré dans le raccordement avec la prise.
Figure 11. Début d’incendie dans la prise et la fiche d’un aérotherme.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.

Autres activités dans les bâtiments de ferme

Certains types de bâtiment d’élevage doivent être lavés plusieurs fois durant l’année (p. ex., bâtiments pour poulets à griller, porcelets en sevrage), et l’équipement électrique qui s’y trouve peut être exposé aux jets de laveuses haute pression. Afin de réduire le risque d’endommagement de l’équipement électrique :

  • Limitez la quantité de composants électriques présents dans les zones lavées à la pression.
  • Assurez-vous que les composants électriques présents dans la zone lavée à la pression résistent à ce type de lavage.
  • Assurez une protection supplémentaire des installations électriques en couvrant les composants avec une pellicule de plastique avant d’effectuer un lavage à la pression.

Parfois, une rallonge électrique est requise pour effectuer des activités temporaires dans les bâtiments de ferme. Dans ces cas :

  • Assurez-vous que les rallonges électriques sont en bon état et qu’elles sont munies de fiches et de prises à l’épreuve de l’eau.
  • N’utilisez les rallonges électriques que de façon temporaire, car elles ne sont pas sécuritaires pour une utilisation à long terme.
  • Déployez les rallonges électriques avec précaution afin d’éviter qu’elles soient endommagées ou immergées.
  • Dans la mesure du possible, retirez les matières combustibles de la zone où l’activité a lieu.

Les surtensions sont des conditions dans lesquelles une installation électrique reçoit des pointes de tension de courte durée qui sont de beaucoup supérieures à la normale. Un tel phénomène peut endommager l’équipement électrique. Si la qualité de l’alimentation électrique fluctue depuis des années, les mesures suivantes sont recommandées :

  • Communiquez avec l’entreprise locale de services d’électricité lorsqu’un problème lié à la qualité de l’installation électrique est décelé.
  • Demandez à un entrepreneur-électricien agréé de mesurer la qualité de l’alimentation électrique des bâtiments de ferme et faites installer des dispositifs de protection (dispositifs de protection contre les surtensions) au besoin.

La publication no 837F du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario intitulée Réduction des risques d’incendie à la ferme contient d’autres renseignements sur les pratiques optimales permettant de réduire le risque d’incendie dans les bâtiments de ferme.

Entretien des installations électriques des bâtiments de ferme

Les installations électriques des bâtiments de ferme ne sont pas des installations sans entretien. Les effets de l’environnement des bâtiments de ferme ainsi que les activités diversifiées qui s’y déroulent entraînent un changement continuel de la condition et de la charge imposées aux installations électriques, c’est pourquoi celles-ci doivent faire l’objet d’une attention régulière.

Effectuez une vérification de la sécurité incendie du bâtiment de ferme au moins quatre fois par année pour relever et corriger tous les facteurs qui augmentent le risque d’incendie. Portez attention aux points suivants.

  • Y a-t-il des traces visibles de dommages, de surchauffe, d’amorçage d’arcs ou de corrosion excessive sur les installations électriques ou les matériaux environnants? Faites immédiatement appel à un entrepreneur-électricien agréé pour corriger tout problème relevé.
  • Y a-t-il des rallonges électriques ou de l’équipement électrique temporaire sur les lieux (figure 12)? Retirez tous ces articles du bâtiment de ferme s’ils ne sont pas utilisés pour une activité à court terme supervisée.
  • Y a-t-il une quantité excessive de matières inflammables entreposées à proximité d’un composant électrique (figure 13)? Le cas échéant, déplacez les matières à un endroit plus sécuritaire.
Rallonge électrique enroulée sur le mur intérieur d’un bâtiment de ferme. Il s’agit d’une rallonge électrique de service léger destinée à des usages résidentiels qui n’est pas conçue pour être utilisée dans un bâtiment d’élevage. La rallonge électrique a manifestement été utilisée à cet endroit pendant une longue période.
Figure 12. Utilisation incorrecte d’une rallonge électrique.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.
Appareil d’éclairage installé dans l’aire de stockage de la paille d’un bâtiment de ferme. L’appareil d’éclairage est composé d’une ampoule incandescente vissée dans une base. La base est suspendue à une solive par le fil électrique. Aucun couvercle protecteur, écran ou autre dispositif ne protège l’ampoule. On peut voir de la paille et des toiles d’araignées directement autour de l’ampoule allumée. On observe aussi une grande quantité de paille en vrac à environ un mètre directement sous l’ampoule.
Figure 13. Matières inflammables près d’un appareil d’éclairage.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.

Chaque année, les installations électriques des bâtiments de ferme doivent être inspectées entièrement par un entrepreneur-électricien agréé lorsqu’elles sont en fonction. Une image thermique des composants électriques obtenue à l’aide d’une caméra d’imagerie thermique infrarouge permet de relever facilement les points chauds afin de dépister les problèmes de corrosion (figure 14). De nombreuses compagnies d’assurance offrent ce service gratuitement

Utilisation de l’imagerie thermique infrarouge sur un panneau électrique à l’intérieur d’un bâtiment de ferme. On peut voir l’écran de la caméra d’imagerie thermique infrarouge affichant le champ de vision capté dans des couleurs allant du bleu au blanc. La couleur affichée indique la température, le bleu étant frais et le blanc étant chaud. Dans cette image, la majeure partie de l’écran de la caméra est de couleur rose. On peut voir deux composants électriques au centre de l’écran qui sont de couleur blanche, ce qui indique une forte concentration de chaleur.
Figure 14. Imagerie thermique infrarouge.
Source : Heartland Farm Mutual, Waterloo, Ontario.

Résumé

La défaillance des installations électriques représente une cause importante d’incendies dans les bâtiments de ferme chaque année. Il faut mettre l’accent sur l’amélioration des installations électriques pour s’assurer qu’elles résistent à la poussière, à l’humidité et à l’environnement corrosif régnant à l’intérieur du bâtiment et ainsi réduire le risque d’incendie. Le Code de sécurité relatif aux installations électriques de l’Ontario contient de l’information détaillée sur les pratiques minimales de conception des installations électriques et le choix de composants qui résistent à l’environnement présent. Souvenez-vous que les installations électriques des bâtiments de ferme ne sont pas sans entretien. Une surveillance régulière et une correction rapide des problèmes décelés les maintiendront en bon état. Qui plus est, n’embauchez qu’un entrepreneur-électricien agréé pour effectuer des travaux d’électricité.

Avertissement

L’information contenue dans la présente fiche technique ne fait pas autorité. Elle est tirée, à titre indicatif, du Code de sécurité relatif aux installations électriques de l’Ontario (CSIEO) de 2015 et du bulletin 22-3-* de l’OSIE intitulé Electrical Equipment in Confinement Barns. Tous les efforts possibles ont été consentis pour que la présente fiche technique soit la plus exacte possible. En cas d’un conflit, d’une incohérence ou d’une erreur, les exigences énoncées dans la réglementation susmentionnée ont la préséance. Vous ne devez pas utiliser la présente fiche technique en remplacement d’un avis professionnel ou juridique spécialisé en lien avec une affaire en particulier. Bien que la présente fiche technique ait été soigneusement rédigée, les auteurs et le gouvernement de l’Ontario n’acceptent aucune responsabilité légale quant à son contenu, incluant toute responsabilité pour des dommages directs ou indirects résultant de son utilisation. Vous devez faire appel à un entrepreneur-électricien agréé pour tout problème lié aux installations électriques de votre bâtiment d’élevage. Le présent document n’est pas conçu pour fournir une assurance de conformité à la réglementation applicable aux installations électriques en vigueur en Ontario. Pour obtenir une assistance au sujet de la conformité aux exigences relatives à la sécurité des installations électriques ou de l’information additionnelle à ce sujet, communiquez avec l’Office de la sécurité des installations électriques.

La présente fiche technique a été rédigée par John Van de Vegte, ing., MAAARO; Dan Ward, ing., MAAARO et Steve Beadle, ing., MAAARO. Elle a été révisée par le Bureau du commissaire des incendies et de la gestion des situations d’urgence, l’Office de la sécurité des installations électriques et la Heartland Farm Mutual.