1.0 Introduction

De bonnes techniques d’échantillonnage et d’analyse sont primordiales pour déterminer avec précision la teneur en éléments nutritifs et les autres propriétés des matières épandues sur les biens-fonds pour améliorer la croissance de cultures agricoles. Ces techniques, qui ont toujours été importantes, sont aujourd’hui obligatoires en vertu de la Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs. Les techniques décrites dans le présent document visent à répondre aux exigences du Règlement pris en application de cette Loi. Elles peuvent aussi servir de guide pour d’autres exigences d’échantillonnage et d’analyse poursuivant des buts similaires.

Dans le présent document, un plan de gestion des éléments nutritifs requis par le Règlement pour une unité agricole sera appelé un PGEN. Un plan de gestion des éléments nutritifs requis pour l’épandage de matières de source non agricole (MSNA) sera appelé un plan MSNA.

1.1 Contexte de la Loi et du Règlement

La Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs a pour objet de « prévoir des façons de gérer les matières contenant des éléments nutritifs qui protégeront davantage l’environnement naturel et assureront le développement durable des exploitations agricoles et des collectivités rurales ».

Le Règlement qui a été élaboré en vertu de la Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs explique comment cette gestion sera effectuée. Le Règlement s’applique aux éléments nutritifs de toute source épandus sur des biens-fonds, y compris les engrais commerciaux, le fumier et d’autres matières de source agricole et matières de source non agricole (MSNA) comme des matières sèches biologiques (biosolides) provenant d’égouts et des matières sèches biologiques provenant du papier. Un élément clé du Règlement est l’exigence d’un plan de gestion des éléments nutritifs. Il existe deux types de plans de gestion des éléments nutritifs : le PGEN et le plan MSNA. Pour dresser un bon plan de gestion des éléments nutritifs, il peut être nécessaire de connaître les concentrations des éléments nutritifs et d’autres paramètres dans le sol et les matières qui peuvent être épandues sur des biens-fonds.

Le Règlement précise les matières qui doivent faire l’objet d’un échantillonnage et d’une analyse, la fréquence à laquelle doit se faire l’échantillonnage, et les paramètres qui doivent être mesurés. Ce sont là des exigences minimales. Il est parfois utile d’augmenter la fréquence d’échantillonnage ou d’analyser un plus grand nombre de paramètres, afin d’optimiser la gestion des matières épandues sur des biens-fonds.

1.2 Santé et sécurité

Il peut y avoir des risques associés à l’action proprement dite d’échantillonner ou de manipuler des matières pouvant renfermer des matières toxiques ou des pathogènes. Il appartient à la personne chargée de l’échantillonnage de prendre toutes les précautions nécessaires et de se conformer à toute disposition réglementaire applicable en matière de santé et de sécurité, compte tenu du site et de la situation.

1.3 Fréquences d’échantillonnage

1.3.1 Sols

L’échantillonnage des sols peut viser deux objectifs : évaluer les concentrations initiales d’éléments nutritifs dans le sol, ce qui aide à préciser le taux d’épandage des matières renfermant des éléments nutritifs à des fins agronomiques et environnementales, et déterminer si un site se prête à l’épandage d’une matière en particulier, compte tenu par exemple du contenu en métaux réglementés et du pH.

1.3.1.1 Sols recevant des éléments nutritifs

Les personnes qui épandent des éléments nutritifs sur des champs, compris dans des unités agricoles pour lesquelles un PGEN ou un plan MSNA est exigé, doivent prélever un échantillon de sol représentatif de chaque champ (ou partie de champ) lorsqu’elles établissent pour la première fois le plan de gestion des éléments nutritifs, puis au moins une fois tous les cinq ans pour les plans subséquents. Les résultats d’analyse de ces échantillons figurent dans le plan de gestion des éléments nutritifs. Pour les plans MSNA, les échantillons de sol utilisés pour élaborer le plan de gestion des éléments nutritifs doivent avoir été prélevés au cours des cinq années qui précèdent l’épandage des MSNA.

Lorsque les concentrations d’éléments nutritifs varient considérablement dans l’intervalle de cinq ans, il peut être judicieux dans le cadre des pratiques de gestion optimales d’échantillonner un champ à une fréquence plus grande que celle qui est exigée par le Règlement de l’Ontario 267/03. Cette situation peut survenir dans des sols sableux où les cultures puisent de grandes quantités d’éléments nutritifs. Le maïs d’ensilage, les fourrages et les tomates de transformation sont des cultures qui prélèvent dans le sol de grandes quantités de potassium; ces cultures peuvent abaisser rapidement les concentrations de potassium au point de nuire aux rendements.

Il faut analyser les sols pour en déterminer le pH et, si le pH est inférieur à 6,0, le pH tampon. Il faut analyser les sols pour en connaître la concentration en phosphore assimilable (à l’aide d’un agent d’extraction au bicarbonate de soude) et en potassium assimilable (au moyen d’un agent d’extraction à l’acétate d’ammonium). Il faut aussi analyser les sols pour connaître les concentrations de magnésium assimilable ou d’azote des nitrates, ou les indices de la biodisponibilité du manganèse et du zinc.

Il est nécessaire de connaître la concentration de phosphore assimilable dans le sol avant d’y épandre des éléments nutritifs, afin que les taux d’épandage et les distances de retrait puissent être déterminés correctement. La teneur du sol en phosphore et le pH doivent avoir été analysés par extraction au bicarbonate de soude au cours des cinq années qui précèdent immédiatement l’épandage d’éléments nutritifs sur des biens-fonds.

1.3.1.2 Sols recevant des matières de source non agricole

Les personnes qui épandent des matières de source non agricole doivent, en plus d’obtenir des analyses de la teneur du sol en éléments nutritifs, faire analyser des échantillons de sol représentatifs pour en déterminer la teneur totale en chacun des onze métaux réglementés (tableau 1.2). Ces échantillons doivent avoir été prélevés au cours des cinq années qui précèdent l’épandage de matières de source non agricole, dans le cadre de la préparation du plan MSNA.

Dans le Règlement, les concentrations maximales autorisées de métaux dans les sols recevant des MSNA sont fondées sur la concentration moyenne de métaux dans les sols non contaminés de l’Ontario et correspondent à un niveau supérieur de concentrations de fond. Dans certains sols, la concentration d’un seul ou de plusieurs métaux peut déjà dépasser la concentration maximale autorisée par le Règlement. Il est par conséquent nécessaire de faire analyser le sol avant le premier épandage de MSNA afin de déterminer si le sol se prête à un tel épandage. Des échantillons prélevés conformément à la section 2.1 du présent document sont analysés pour les onze métaux énumérés dans le Règlement.

On trouve à la section 4 du présent document des résumés des méthodes analytiques acceptables.

Tableau 1-1. Normes applicables aux métaux réglementés présents dans les matières de source non agricole

Paramètre CM1footnote 1
Matières aqueuses
< 1 % MSTfootnote 2 (mg/L)
CM1footnote 1
Matières non aqueuses
(mg/kg p.s.footnote 3)
CM2
Matières aqueuses
< 1 % MST (mg/L)
CM2
Matières non aqueuses
(mg/kg p.s.)
Colonne 1 Colonne 2 Colonne 3 Colonne 4 Colonne 5
Arsenic 0,13 13 1,7 170
Cadmium 0,03 3 0,34 34
Cobalt 0,34 34 3,4 340
Chrome 2,1 210 28 2 800
Cuivre 1,0 100 17 1 700
Mercure 0,008 0,8 0,11 11
Molybdène 0,05 5 0,94 94
Nickel 0,62 62 4,2 420
Plomb 1,5 150 11,0 1 100
Sélénium 0,02 2 0,34 34
Zinc 5,0 500 42 4 200

Tableau 1-2. Apport maximal autorisé du métal dans des sols recevant des MSNA et concentrations maximales autorisées de métaux dans les sols recevant des MSNA

Métaux Apport maximal du métal dans des sols recevant des MSNA
(kg/ha/5 ans)
Concentrations maximales autorisées de métaux dans les sols recevant des MSNA
(mg/kg sol, psfootnote 3)
Arsenic 1,4 14
Cadmium 0,27 1,6
Cobalt 2,7 20
Chrome 23,3 120
Cuivre 13,6 100
Mercure 0,09 0,5
Molybdène 0,8 4
Nickel 3,56 32
Plomb 9 60
Sélénium 0,27 1,6
Zinc 33 220

1.3.2 Matières de source non agricole

Les matières de source non agricole doivent être d’une qualité acceptable pour l’épandage sur des biens-fonds, en ce qui a trait aux métaux réglementés et, le cas échéant, aux matières grasses, huiles et graisses, au bore, au sodium et aux pathogènes. Les MSNA de catégories 2 et 3, telles que définies dans le R.O. 267/03, doivent faire l’objet d’un échantillonnage et d’une analyse au moins aussi souvent que stipulé dans le Règlement. Les MSNA de catégorie 1, telles que définies dans le Règlement de l’Ontario 267/03, n’ont pas besoin de faire l’objet d’un échantillonnage et d’une analyse, sauf si le taux d’épandage dépasse 20 tonnes par hectare par année. Dans ce cas, un échantillonnage et une analyse devraient être faits pour le phosphore et l’azote afin de déterminer le taux d’épandage approprié d’éléments nutritifs.

Les exigences concernant l’échantillonnage et l’analyse pour des pathogènes s’appliquent seulement aux matières sèches biologiques provenant d’égouts et aux MSNA renfermant des matières de vidange (comme des matières fécales). Dans le cas de MSNA de catégorie 3 qui ne sont pas des matières sèches biologiques provenant d’égouts ou qui ne renferment pas de matières de vidange, on peut faire des tests de pathogènes pour déterminer s’il s’agit de MSNA TP1. Le compost de catégorie 2 est considéré faire partie des matières TP1. Des tests additionnels pour déceler des virus entériques cultivables et des œufs d’helminthes ne sont pas requis. Ces matières satisfont, par leur définition même, les exigences relatives aux traitements et aux tests stipulées dans les normes ontariennes sur la qualité du compost (PIBS 8412) qui ont été mises à jour en 2012.

1.4 Moyenne des résultat

Lorsqu’il faut faire analyser une matière pour connaître les concentrations de métaux réglementés ou de pathogènes, la concentration de métaux ou de pathogènes dans la matière est considérée comme étant la moyenne des concentrations des quatre derniers échantillons. Cette façon de procéder permet de tenir compte de toute variation qui peut se produire dans l’échantillonnage ou l’analyse des matières, tout en veillant au maintien de la protection de l’environnement. Les concentrations de métaux correspondent à une moyenne arithmétique simple, c.-à-d. que les concentrations de chacun des métaux dans les quatre derniers échantillons sont additionnées, et la somme est ensuite divisée par quatre. Les concentrations de pathogènes correspondent à une moyenne géométrique, c.-à-d. qu’on multiplie entre elles les concentrations de pathogènes dans les quatre derniers échantillons et qu’on calcule la quatrième racine du produit obtenu.

Lorsque la concentration moyenne pour tout paramètre dépasse la limite autorisée et que le producteur a quand même l’intention d’épandre la matière sur des biens-fonds, il a la possibilité d’échantillonner à nouveau la matière. Il lui suffit de continuer à prélever des échantillons représentatifs à intervalles d’au moins deux jours entre chaque échantillonnage. Les résultats d’analyse sont alors utilisés pour calculer la valeur moyenne. L’échantillonnage peut se poursuivre ainsi jusqu’à ce que la valeur moyenne de tous les échantillons pour les 4 derniers mois se situe en deçà des limites autorisées pour tous les paramètres. Cette méthode peut être utile lorsque la moyenne est faussée par une valeur représentant un écart important et pouvant être attribuable à un résultat d’analyse erroné.

1.5 Sites d’échantillonnage

Les échantillons destinés à l’analyse des matières sèches totales, des éléments nutritifs, des métaux réglementés et, le cas échéant, des matières grasses, des huiles et des graisses, du bore et du sodium doivent être prélevés à l’endroit où la matière est produite et avant qu’elle ne soit transportée vers les sites d’épandage sur des biens-fonds ou l’exploitation agricole. Ceci pourrait être le site de production ou d’entreposage. Cette mesure vise à fournir à l’agriculteur l’estimation la plus représentative possible des concentrations des paramètres mesurés.

Les échantillons de matière qui doivent être analysés pour déterminer la teneur en pathogènes doivent être prélevés immédiatement après le procédé de traitement dans la forme liquide. Les échantillons liquides sont plus homogènes à ce moment-là. Pour les MSNA solides, les échantillons peuvent être prélevés immédiatement après le procédé de traitement ou plus tard dans le processus.


Notes en bas de page