Une réduction des coûts d’alimentation peut contribuer à augmenter les profits

Les coûts d’alimentation élevés des vaches de boucherie ont un effet important sur la taille du secteur de production vaches-veaux. Le prix élevé des terres et la diminution de la production de fourrages ont contribué à la hausse du coût des rations alimentaires pour les vaches de boucherie. Les exploitants de ces types de troupeaux auraient intérêt à adopter des stratégies permettant de réduire leurs coûts là où ils peuvent. Il est conseillé de s'informer sur les moyens à prendre pour diminuer le coût des ingrédients qui composent les rations et maximiser l’utilisation des pâturages dans le cadre d’un programme d’alimentation visant l’amélioration de la rentabilité du troupeau.

La question de l’efficacité de la main-d’œuvre dans son rapport avec l’alimentation animale est habituellement peu comprise au sein du secteur vache-veau en Ontario. Heureusement, il existe de nombreuses manières d’accroître l’efficacité de la main-d’œuvre et de l’alimentation ainsi que la rentabilité en améliorant les systèmes d’alimentation (hivernaux) des vaches de boucherie.

Le pâturage permet de réduire la durée l’alimentation base de fourrages entreposés

La principale stratégie en matière d’alimentation des vaches de boucherie est le recours aux pâturages (figure 1). Dans la plupart des régions, l’importance de l’élevage de vaches de boucherie (qu'on peut se figurer comme étant en fait des incubateurs vivants de veaux et des machines productrices de lait de remplacement) est reliée à la présence de pâturages et à l’accès à ces derniers. Plus les coûts des fourrages entreposés de la vache allaitante sont bas, plus les profits sont élevés, car les revenus générés par le veau sont dépendants des marchés. Le recours aux pâturages comme source d’alimentation revient beaucoup moins cher que l’utilisation des fourrages entreposés, en raison des coûts de machinerie et d’entreposage associés à ces derniers.

Les autres avantages reliés à l’utilisation des pâturages comprennent entre autres la possibilité qu'ils offrent de répondre aux exigences en vitamines des animaux en raison de la fraîcheur des fourrages comparativement aux fourrages entreposés ou à l’ensilage. Les fourrages ingérés au pâturage demeurent la manière la plus économique de répondre aux besoins nutritionnels considérables des vaches, car les frais de récolte sont plus bas, et le pâturage offre une nourriture quasi idéale aux vaches. Les graminées et les légumineuses vivaces combinées à certaines espèces annuelles, aux fourrages de réserve et aux résidus de cultures constituent la base d’un système d’alimentation permettant de réduire le plus possible la durée durant laquelle les vaches s'alimentent de fourrages entreposés.

Vaches de boucherie au pâturage.

Figure 1. Avant d’investir dans un mélangeur pour la ration totale mélangée (RTM) ou dans une autre infrastructure destinée à l’alimentation, les producteurs doivent évaluer les coûts d’investissement par rapport à des systèmes plus simples, comme les pâturages.

Comparaison des systèmes d’alimentation hivernaux

Même les exploitations qui utilisent au maximum les pâturages doivent se doter d’une stratégie d’alimentation hivernale dont voici les principales composantes recommandées :

  • la durée des repas comprenant des fourrages ne doit pas dépasser quinze secondes par vache par jour
  • une seule personne doit être en mesure d’approvisionner le système en fourrages, sans aide
  • les concentrés doivent être donnés encore plus rapidement que les fourrages (préférablement avec les fourrages)
  • les systèmes dont l’aménagement fait en sorte que les animaux sont en contact avec la machinerie au cours de l’approvisionnement comportent des risques pour la sécurité des animaux et prennent plus de temps à utiliser
  • les systèmes d’alimentation qui exigent que des gens soient en contact avec les animaux pour les nourrir posent des risques pour la sécurité des personnes, surtout lorsque les aliments sont servis durant une période limitée

Défi des systèmes d’alimentation

Il est difficile de formuler des recommandations générales à ce sujet pour l’Ontario. Il peut être intéressant, lorsqu'une exploitation utilise vraiment au maximum les pâturages (et minimise ainsi ses coûts d’alimentation annuels), d’évaluer les sommes d’argent maximales et les efforts qu'il serait justifié de fournir pour mettre en place des infrastructures hivernales destinées à l’alimentation des animaux. Certains éléments sont à considérer :

  • dont le coût des rations
  • les économies de main-d’œuvre
  • le gaspillage d’aliments
  • la sécurité

Ration totale mélangée à base d'ensilage préfané et de paille.

Figure 2. Ration totale mélangée à base d’ensilage préfané et de paille, telle qu'utilisée dans le cadre de la recherche menée par Katie Wood en 2012 à la station de recherche Elora sur l’effet de l’alimentation rationnée de vaches de boucherie gestantes.

L’utilisation de rations composées de différentes sortes de grains en vue de réduire la consommation de foin peut se faire dans le cadre d’un système d’alimentation flexible. Les couloirs d’affouragement et les mélangeurs pour ration totale mélangée (RTM) sont deux exemples de systèmes qui permettent d’utiliser des aliments très différents les uns des autres et également différents des rations types pour bovins de boucherie (figure 2).

Utilité des couloirs d’affouragement

La distribution des aliments par couloirs d’affouragement représente la méthode la moins exigeante en temps et en main-d’œuvre pour de grandes quantités d’aliments en vrac (ce que sont les rations pour vaches). Le couloir d’affouragement peut être mis en application de multiples façons et sa flexibilité demeure constante (figure 3). On peut l’utiliser pour tout type de fourrage, lequel constitue l’ingrédient de base des rations. Le fourrage peut être sous forme de grosses balles rondes ou carrées, humide ou sec, en ensilage ou sous forme de foin sec. Le désavantage est l’investissement en capital et peut-être les contraintes en matière d’emplacement, en fonction du site utilisé en hiver.

Le site Web de Canada Service de plans offre diverses ressources pour la construction de couloirs d’affouragement. Consulter les séries CPS 1000 pour les bovins de boucherie, Plan 1633.

Viser la simplicité

Les systèmes les plus simples sont les plus efficaces. Bien que d’autres systèmes puissent aussi bien fonctionner, les couloirs d’affouragement offrant beaucoup d’espace pour les mangeoires et un maximum de flexibilité permettent d’utiliser différents types de fourrages (ensilage versus foin sec, vrac versus balles), différents choix de grains et des programmes d’alimentation restreinte (grains ou foin limités). De plus, ces systèmes sont plus sécuritaires et pour le producteur et pour les vaches affamées (tableau 1).

Couloir d'affouragement.

Figure 3. Couloir d’affouragement utilisé pour accueillir les bovins dans une exploitation de finition. Le couloir peut être utilisé pour les vaches de boucherie en hiver, car il permet d’épargner beaucoup de main-d’œuvre et de temps.

Ration totale mélangée (RTM)

La RTM est une méthode qui a fait ses preuves en matière de nutrition animale. On peut fabriquer une ration dans laquelle sont combinés différents ingrédients et dont chaque bouchée est théoriquement identique. Le mélangeur à RTM représente donc un appareil très utile sur le plan nutritionnel, car il permet de prévenir l’acidose, étant donné que la supplémentation en grains n'est jamais offerte comme telle en grandes quantités.

Avantages des mélangeurs

L’introduction des mélangeurs verticaux pour RTM, conçus sur le même principe que les mélangeurs culinaires, s'est révélée attrayante pour une nouvelle catégorie d’éleveurs. Les mélangeurs types de la dernière décennie étaient de forme horizontale, ce qui était approprié pour le secteur laitier et de l’engraissement. Leur principale lacune était cependant leur incapacité à utiliser de grandes quantités de foin, les grosses balles ou l’ensilage préfané; ils étaient donc difficiles à adapter aux différentes méthodes de conservation des fourrages.

Les nouveaux modèles de mélangeurs offrent une flexibilité maximale et permettent d’utiliser différents types de grains, de fourrages et d’avoir recours à différentes méthodes de conservation. Les fabricants ont aussi commencé à évaluer la performance de ces mélangeurs, ce qui est particulièrement important pour les rations qui contiennent de l’urée ou des médicaments.

Les mélangeurs verticaux à vis (figure 4) sont recommandés (à la condition que le fabricant ait des données sur l’évaluation du processus de mélange), particulièrement en raison de cette flexibilité. Un éleveur vaches-veaux qui utilisent des balles rondes peut tirer profit d’un système de mélangeur vertical à vis pour RTM.

Tableau 1. Dimensions pour différentes longueurs, hauteurs et largeurs de couloirs d’affouragement selon le stade de production des vaches

Dimensions du couloirVeaux jusqu'à 272 kg (600 lb)GénissesBovins d’engraissement 272-454 kg (600-1 000 lb)Bovins d’engraissement et vaches jusqu'à 544 kg (1 200 lb)
Longueur : alimentation à volontéfootnote 1S.O.footnote 230 cm
(11-12 po)
20-30 cm
(8-12 po)
35 cm
(13-14 po)
Longueur : alimentation restreintefootnote 335-40 cm
(14-16 po)
55-65 cm
(22-26 po)
45-55 cm
(18-24 po)
65-80 cm
(26-30 po)
Hauteur à la gorge (G)40-45 cm
(16-18 po)
S.O.45-55 cm
(18-21 po)
60 cm
(24 po)
Largeur de la base (L)45-60 cm
(18-24 po)
S.O.60 cm
(24 po)
60-75 cm
(24-30 po)
Hauteur de la barre de retenue (H)35 cm
(14 po)
S.O.40 cm
(16 po)
50 cm
(20 po)

Source : Alberta Agriculture et ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.

Mélangeur vertical à vis pour RTM.

Figure 4. Mélangeur vertical à vis pour RTM utilisé pour préparer des rations composées de différents grains, d’ensilage et de foin.

De nombreux articles portent sur l’utilisation de différentes sortes de grains en vue de prolonger les stocks de foin. Le mélangeur pour RTM devient l’outil idéal pour l’utilisation des grains humides ou prétransformés (drêches de distillerie, résidus de triage, granulés) dans les rations primaires de fourrages, ainsi que pour les aliments de moindre qualité comme la paille, les épis et le foin trop mature contenant des aliments fermentés comme du maïs à ensilage. Le mélangeur permet en outre d’ajouter de l’urée comme source de protéine et d’inclure des ionophores pour améliorer l’efficacité alimentaire dans les rations pour vaches sans avoir recours à des suppléments en granulés.

Avantages des mélangeurs verticaux à vis pour RTM :

  • flexibilité;
  • capacité d’utiliser tout type de fourrages et de méthodes d’entreposage, à des volumes élevés, et d’inclure les fourrages et les grains de moindre qualité;
  • capacité à obtenir une ration homogène; les rations correctement équilibrées offrent une meilleure efficacité alimentaire;
  • capacité à inclure de l’urée (NPN) et des médicaments dans les rations, y compris des ionophores pour augmenter l’efficacité alimentaire.

Les avantages d’un mélangeur pour RTM dans une exploitation de bovins de boucherie, que ce soit un élevage vaches-veaux ou des bovins d’engraissement, sont évidents. Les avantages en ce qui a trait aux rations pour vaches peuvent être légèrement différents des avantages procurés dans le cas des bovins d’engraissement, mais il s'agit du même outil et il est assurément avantageux pour tous les stades de la production de bovins de boucherie.

Réduction du coût des ingrédients

L’utilisation d’ingrédients qui sont d’origine différente tout en ayant des caractéristiques semblables dans la ration, ou l’optimisation de la ration par le mélange d’ingrédients très différents de manière à obtenir une même formulation peuvent réduire les coûts. La meunerie mélange, hache et transforme les aliments en granulés. La version « à la ferme » de cette technologie, qui permet d’utiliser des aliments fibreux, est la RTM. Pour être plus précis, le principal avantage du mélangeur pour RTM en ce qui a trait au coût de l’alimentation animale est sa capacité d’utiliser différents aliments en vrac et humides pour produire une ration homogène au goût agréable. C'est ce qui permet aux RTM d’être moins coûteuses. Cette flexibilité donne plus de précision dans l’établissement du prix des fourrages comportant des résidus, de la paille et des aliments fermentés comparativement au foin, et offre plus de choix économiques pour la supplémentation.

Désavantages des mélangeurs pour RTM

Cette technologie exige des coûts d’investissement et d’exploitation (tracteur, carburant, main-d’œuvre) :

  • on doit aménager des couloirs d’affouragement ou une installation similaire
  • les fourrages dans les RTM sont transformés à la récolte ou au moment du mélange
  • les économies reliées au fait qu'on ne hache pas les fourrages dans le champ sont perdues quand ceux-ci sont transformés dans le mélangeur

Sans disposer de données sur l’évaluation des coûts, l’auteur estime que le broyage des grosses balles d’ensilage préfané dans le mélangeur est moins efficace que le hachage à la récolte, en matière de carburant/énergie et de temps et pour ce qui est des autres coûts reliés à l’utilisation d’ensilage préfané dans la RTM.

Cette déchiqueteuse, habituellement utilisée en production horticole, sert à procurer au troupeau des aliments fermentés à faible coût sous une forme qui s'approche de la RTM (les fourrages sont empilés à l’intérieur), pendant que les exploitants effectuent une transition entre leur système d’alimentation vers une infrastructure utilisant uniquement la RTM, ce qui réduit les coûts d’investissement.

Figure 5. Cette déchiqueteuse, habituellement utilisée en production horticole, sert à procurer au troupeau des aliments fermentés à faible coût sous une forme qui s'approche de la RTM (les fourrages sont empilés à l’intérieur), pendant que les exploitants effectuent une transition entre leur système d’alimentation vers une infrastructure utilisant uniquement la RTM, ce qui réduit les coûts d’investissement.

Comparaison

Le recours au pâturage constitue le choix le plus économique en matière d’alimentation animale. Essayer de garder les vaches au pâturage le plus longtemps possible chaque année pour tirer profit des réductions de coûts de main-d’œuvre, de manutention du fumier, de l’avantage pour les animaux de faire de l’exercice et des avantages nutritionnels aussi.

Les nouveaux modèles de mélangeurs pour RTM offrent beaucoup d’atouts, particulièrement aux éleveurs vaches-veaux à temps plein ou professionnels. On ne doit pas sous-estimer la capacité de ces appareils à mélanger et à combiner de manière continue tous les fourrages, grains et additifs alimentaires. Le coût d’achat, toutefois, peut être dissuasif dans le cas des exploitations de taille moyenne et même de taille légèrement au-dessus de la moyenne.

Dans le cas de plus gros troupeaux, le coût de l’appareil peut être rapidement amorti par les réductions possibles du coût de l’alimentation animale. Toutefois, s'il est possible d’alterner efficacement la mise au pâturage avec l’apport de fourrages, le mélangeur risque de ne pas être vraiment avantageux. Pour l’éleveur qui n'a besoin que de 120 jours d’alimentation hivernale, tout équipement plus important qu'un système au foin sec risque d’être un gaspillage, car les économies quotidiennes ne peuvent pas être réalisées sur une période suffisamment longue pour compenser les coûts d’investissements.

Les couloirs d’affouragement constituent l’installation la plus efficace en temps et en main-d’œuvre pour procurer aux animaux de grandes quantités d’aliments et de fourrages en vrac en plus d’une RTM. De cette manière, on peut utiliser des grains moins chers en combinaison avec des balles de foin et de l’ensilage.

L’adoption d’un système d’alimentation flexible qui permet d’utiliser de multiples fourrages et grains fourragers sera très avantageuse pour les producteurs de bovins de boucherie. Dans de nombreux cas, cela peut impliquer l’acquisition d’équipement pour préparer des RTM ainsi que de couloirs d’affouragement, mais on peut aussi s'en tirer de manière plus simple avec une « quasi » RTM (figure 5) et la mise au pâturage alternée comme moyens de transition.

La présente fiche technique a été rédigée par Christoph Wand, spécialiste de la durabilité de l’élevage du bétail, Elora, MAAARO.