Le ministère concentre maintenant ses efforts sur la conservation stratégique des écosystèmes et des espèces à l’échelle du paysage. Une approche de ce type jouit d’une grande popularité en Ontario et ailleurs. Dans de nombreuses compétences, on en est venu à la conclusion que la conservation de la biodiversité, la gestion responsable des ressources et la restauration des habitats dégradés sont mieux accomplies en adoptant une approche fondée sur les écosystèmes et le paysage. Les pressions exercées sur le paysage et les ressources naturelles continuent de s’accentuer en raison de la croissance de la population et de l’urbanisation, et de l’intensification de l’agriculture. Une approche stratégique intégrée fondée sur le paysage pour la conservation de la biodiversité s’avère la méthode la plus efficace et efficiente pour organiser les activités d’intendance, de gestion des ressources et de planification de manière à réaliser des gains mieux coordonnés et plus importants.

Auparavant, certains efforts de conservation de la biodiversité avaient tendance à se concentrer sur les défis environnementaux individuels et locaux dans des zones plus petites, des sites particuliers ou des populations précises, souvent par l’adoption d’une approche opportuniste sans tenir compte du paysage élargi. Une telle approche peut souvent exiger une forte concentration de main-d’œuvre, être onéreuse et difficile et ne pas toujours avoir une incidence stratégique sur les zones plus étendues. Même si les activités individuelles dans le cadre de cette approche sont dictées par une vision et des objectifs de conservation de haut niveau, la conception et la mise sur pied de chacune peuvent être indépendantes non seulement les unes des autres, mais également des tendances et des processus à des échelles spatiales supérieures et dans un paysage élargi. L’approche axée sur des sites particuliers permet de composer avec la difficulté de la conservation de la biodiversité isolée et locale, mais n’est pas toujours efficiente ni rentable; elle entraîne parfois un chevauchement des efforts ainsi que le suivi et le compte rendu de plus en plus compliqués des efforts d’intendance.

En raison de nombreux enjeux écologiques, préoccupations publiques, besoins en gestion adaptative et réalités financières, nous devons orienter de façon stratégique les interventions sur les sites et sur le plan local vers les échelles les plus efficaces et les mieux intégrées pour les activités de conservation de la biodiversité réalisées par le Ministère. Il est possible de gérer à de plus grandes échelles en veillant à ce que les activités locales répondent aux besoins en matière de conservation de la biodiversité, tant de chacun des sites que globalement, dans un contexte environnemental, social et économique élargi. Une approche stratégique et intégrée à plus grande échelle pour la gestion, la conservation et la planification permet d’amener les partenaires et les intervenants à collaborer afin d’atteindre des objectifs communs qui tiennent compte des besoins sur les sites individuels et des considérations pour un paysage élargi. Cette approche stratégique facilite l’exploitation plus efficace des ressources et la conciliation des exigences à cet égard, la coordination des activités et la réalisation des objectifs communs de gestion stratégique. De plus, cette approche nous permet de mieux comprendre les répercussions des effets cumulatifs sur la biodiversité et les ressources naturelles sur les plans spatial et quantitatif et de façon économique afin d’établir la priorité des mesures adaptées de gestion.

Il est important de noter que la gestion à plus grande échelle ne se traduit pas par l’adoption d’une approche « uniformisée ». À l’instar d’autres organismes ailleurs dans le monde, le Ministère continue de reconnaître que les efforts de gestion à plus petite échelle demeurent nécessaires et pertinents. Cela dit, pour être efficaces sur tous les plans, ces efforts de gestion à plus petite échelle doivent s’inscrire dans une approche de gestion élargie. La clé consiste à déterminer les situations dans lesquelles une activité à plus petite échelle permet de répondre à des objectifs multiples et à grande échelle de manière cohérente et mesurable. Afin de contribuer à une vision plus globale et plus stratégique, les activités d’intendance à plus petite échelle devraient reposer sur le principe directeur d’une gestion stratégique et intégrée à l’échelle du paysage.

Adopter une approche fondée sur le paysage au DNMRNF

Que signifie l’adoption d’une approche fondée sur le paysage pour le DNMRNF? Afin de guider la mise sur pied d’une approche à l’échelle du paysage pour la conservation de la biodiversité en Ontario, le Ministère a fixé deux objectifs qui cadrent avec son mandat global.

Les objectifs sont les suivants :

  1. Adopter une approche moderne et durable de gestion des ressources naturelles de l’Ontario pour des zones plus étendues et pendant des périodes plus longues.
  2. Soutenir, favoriser et promouvoir des approches de gestion fondées sur les écosystèmes et le paysage en Ontario au fil du temps.

Ces objectifs seront réalisés par la détermination des meilleures possibilités pour l’élaboration et la mise sur pied d’une approche fondée sur le paysage élargi afin de mieux relever les défis que pose la conservation de la biodiversité auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Certaines étapes consisteront notamment à :

  • soutenir les activités d’intendance et de restauration qui répondent à des objectifs multiples ainsi qu’aux besoins en matière de gestion du paysage élargi;
  • trouver des possibilités pour la coordination et l’harmonisation des programmes de gestion des ressources naturelles
  • réévaluer la taille des unités de gestion afin de réaliser des économies d’échelle
  • établir les priorités de gestion en fonction du risque pour les ressources naturelles et la population

Contribuer à une approche fondée sur le paysage au ministère

Afin de contribuer à l’atteinte de ces objectifs, le Ministère recommande aux organismes de mettre en application le Programme de financement pour l’intendance environnementale des terres et la restauration des habitats (IET-RH) afin d’aborder les considérations suivantes dans leurs propositions de projets et leurs demandes de financement.

1) Échelles adéquates

Le concept de l’échelle dans le domaine de la conservation de la biodiversité englobe l’espace, le temps et le niveau de l’organisation biologique, par exemple les gènes, les espèces ou les écosystèmes. L’échelle peut inclure la superficie d’une zone ou une période de temps et porter sur la particularité ou la fréquence selon laquelle différents programmes sont administrés.

Le cas échéant, déterminez toutes les échelles supérieures qui ont une importance écologique (comme les systèmes du patrimoine naturel, les écosystèmes, les bassins versants ou la répartition globale des espèces – par exemple, voir la Figure 1) et montrez la façon dont votre projet sera avantageux pour les fonctions et les structures écologiques à de telles échelles.

Les sites de projet feront l’objet d’une évaluation en fonction d’un système du patrimoine naturel (SPN) provisoire et stratégique ayant été cartographié de manière cohérente dans l’ensemble du sud de l’Ontario, tel qu’il est présenté dans la Figure 1 ci-dessus.

La carte du SPN provisoire sert de référence au Programme IET-RH pour faciliter et soutenir la détermination de possibilités stratégiques de restauration et d’intendance qui dirigent les fonds là où l’incidence la plus importante se fera sentir. La carte ne représente pas des décisions concernant l’utilisation des terres ou la politique à cet égard.

Le SPN provisoire est composé des éléments cartographiés suivants :

  1. Zones centrales – elles comprennent les zones les moins fragmentées de couvert naturel existant dont la largeur est d’au moins 500 m.
  2. Zones centrales à restaurer – elles représentent des possibilités d’expansion et d’amélioration de zones centrales par la restauration là où le couvert naturel existant est actuellement plus fragmenté.
  3. Zones centrales potentielles – elles représentent des possibilités d’établissement de zones centrales entièrement nouvelles par la restauration là où le couvert naturel existant est actuellement plus fragmenté.
  4. Corridors – les corridors lient ensemble les zones centrales aquatiques ou terrestres par la restauration, ou bien ils ont le potentiel de le faire.
  5. Liens – ils lient ensemble les zones centrales aquatiques ou terrestres le long de systèmes riverains par la restauration, ou bien ils ont le potentiel de le faire.
  6. Zones adjacentes de couvert naturel existant – elles consistent en des zones légèrement fragmentées de couvert naturel existant dans un rayon de 100 m de tout autre élément du SPN décrit ci-dessus.

Au cours du processus d’examen des demandes, une cote plus élevée sera attribuée aux projets réalisés à proximité d’un élément ou de plusieurs éléments du SPN.

Projets réalisés dans le Nord de l’Ontario : dans le cas de demandes concernant des projets dans le Nord de l’Ontario et dans l’absence de planification existante du paysage, une section est prévue dans le formulaire de demande à l’intention du demandeur pour l’énoncé et la description de l’incidence de son projet sur le paysage environnant.

2) Intégration et coordination

Une perspective axée sur le paysage élargi peut révéler des possibilités d’intégration et de coordination de votre projet avec les travaux d’autres et assurer des avantages écologiques, sociaux et économiques soutenus et à long terme pour les collectivités. Une coordination peut également permettre de déceler le chevauchement des efforts et de suggérer des occasions pour la mise en place plus efficace d’activités d’intendance dans l’ensemble du paysage.

Cernez les possibilités à l’échelle du paysage permettant également l’intégration ou la coordination de votre projet avec les travaux d’autres organismes (gouvernementaux et non gouvernementaux) concernés par la conservation de la biodiversité afin de réaliser des économies et d’assurer des démarches durables.

Le Ministère a déjà fait des progrès importants en mettant sur pied des approches fondées sur le paysage élargi. Le Programme de financement pour l’intendance environnementale des terres et la restauration des habitats (IET-RH) présente une autre possibilité pour le ministère de faire avancer la mise en application d’une approche à l’échelle du paysage tout en soutenant les travaux de ses nombreux partenaires.