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Coxiella burnetii (C. burnetii) est une bactérie qui peut se transmettre entre les animaux et les humains et qui cause la fièvre Q (Query) chez les humains. On la trouve fréquemment chez les animaux domestiques et sauvages partout dans le monde.

C. burnetii résiste à la chaleur, aux conditions de sécheresse et à plusieurs désinfectants communs. Les bactéries peuvent survivre pendant de longues périodes dans l’environnement, notamment dans le fumier et le sol, et peuvent être propagées par le vent et la poussière. C. burnetii est résistante à plusieurs produits chimiques. Consultez les étiquettes des désinfectants ou les avis vétérinaires afin de vous assurer de l’efficacité contre C. burnetii. Dans le lait, les bactéries sont détruites par la pasteurisation à haute température.

Infection à C. burnetii chez les animaux

Les bovins, les moutons et les chèvres sont les animaux les plus fréquemment infectés par C. burnetii. Voici d’autres animaux qui peuvent être infectés :

  • les chats
  • les chiens
  • les lapins
  • les chevaux
  • les porcs
  • les rongeurs
  • les animaux sauvages
  • les oiseaux
  • les tiques

Il est difficile de prévenir l’infection chez les animaux et il n’existe pas de programme de contrôle officiel.

La plupart des animaux ne présentent aucun signe de maladie. Cependant, les brebis et les chèvres infectées peuvent avorter en fin de gestation ou mettre bas des petits mort-nés ou faibles. Les chattes et les chiennes gravides infectées par la bactérie peuvent aussi avoir une mise bas anormale. Le traitement individuel des animaux aux antibiotiques ne permet pas de réduire efficacement l’excrétion des bactéries, et il n’a pas été démontré qu’il réduisait le nombre d’avortementsfootnote 1.

Excrétion bactérienne dans les sécrétions animales

Les animaux infectés, en particulier les brebis et les chèvres, excrètent de grandes quantités de bactéries dans le placenta et les liquides de la mise bas au moment d’une mise bas normale ou d’un avortement. Des nombres plus élevés d’organismes sont excrétés lorsque la naissance est anormalefootnote 2. Les bactéries C. burnetii sont également présentes dans le lait, les fèces, le sperme et l’urine, que ce soit après une mise bas anormale ou chez des animaux ne présentant pas de signe de maladie. Lorsque les liquides sèchent, les bactéries sous forme de spores peuvent survivre dans la poussière pendant des mois et des annéesfootnote 2footnote 3.

Durée de l’excrétion bactérienne

La prévalence de l’excrétion est maximale immédiatement après la mise bas et tend ensuite à diminuer, mais des différences existent selon les espèces.

Chèvres

  • Écoulement vaginal : jusqu’à 14 jours
  • Fumier : jusqu’à 20 jours après la naissance des chevreaux
  • Lait : de façon intermittente pour une période maximale de 2 mois

Brebis

  • Écoulement vaginal : jusqu’à 71 jours
  • Fumier : jusqu’à 8 jours après l’agnelage
  • Lait : de façon intermittente pour une période maximale de 2 mois

Bétail

  • Fumier : jusqu’à 14 jours
  • Lait : de façon persistante pour une période maximale de 13 mois

Ces chiffres décrivent les périodes les plus longues observées d’excrétion de la bactérie lors du suivi des troupeaux infectés naturellement ou expérimentalementfootnote 3. L’excrétion constante constitue un risque d’infection d’autres animaux et personnes. Les producteurs doivent consulter leur vétérinaire s’ils détectent des avortements ou des naissances anormales.

Infections à C. burnetii chez les humains

La fièvre Q est la maladie causée par C. burnetii chez les humains. Très peu de bactéries sont nécessaires pour causer une infection chez l’humainfootnote 4footnote 5.

Habituellement, une personne contractera la fièvre Q en respirant l’air contaminé par :

  • la bactérie C. burnetii provenant d’animaux ayant avorté ou mis bas
  • des matières sèches contaminées qui peuvent être soulevées dans l’air lors du nettoyage des bâtiments d’élevage ou de l’épandage de fumier

Il est aussi possible d’être infecté par :

  • un contact direct entre des matières infectées (par exemple des tissus, des fluides, de la laine, de la paille et du fumier) et des abrasions cutanées ou des muqueuses (par exemple des éclaboussures de matières infectées dans les yeux)
  • la consommation de lait non pasteurisé

Signes et symptômes de la fièvre Q chez les humains

Environ la moitié des personnes infectées par la bactérie C. burnetii ne développeront pas de signe de maladie reliée à la fièvre Q. La fièvre Q peut commencer par une maladie soudaine avec des symptômes pseudogrippaux.

Voici certains signes et symptômes :

  • fièvre
  • mal de tête
  • frissons soudains ou transpiration soudaine
  • douleurs musculaires
  • faiblesse
  • nausées, vomissements ou diarrhée
  • douleur abdominale
  • douleur thoracique
  • toux non productive

Règle générale, une personne devient malade de 2 à 3 semaines après avoir été exposée à la bactérie. La maladie dure générale entre 1 à 2 semaines et est spontanément résolutivefootnote 5.

La fièvre Q chronique est une condition non commune et grave qui se développe chez moins de 5 % des personnes infectées. Elle peut survenir peu après une infection aiguë ou plusieurs années plus tard.

Les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées sont le plus à risque de contracter la fièvre Q chroniquefootnote 4. Les patients ayant des valvules cardiaques défectueuses préexistantes sont également à risque, puisque la bactérie C. burnetii peut infecter et endommager les valvules cardiaques.

La doxycycline est l’antibiotique utilisé comme premier traitement chez les personnes présentant une maladie grave. Les personnes qui se rétablissent complètement d’une telle infection peuvent avoir une immunité à vis contre une réinfection. Les femmes enceintes infectées par la bactérie C. burnetii peuvent être à risque de faire une fausse-couche, d’accoucher prématurément ou d’accoucher de bébés ayant un poids insuffisant à la naissance. Consultez votre médecin si vous avez des problèmes pour la santé.

De plus amples renseignements sont disponibles en cliquant sur les liens suivants :

Prévalence de C. burnetii et de la fièvre Q

En 2009, des échantillons de réservoir à lait d’environ 28 % des producteurs de lait de vache et d’environ 95 % des producteurs de lait de chèvre de la province ont été prélevés et analysés pour détecter la présence de C. burnetii. Au niveau des troupeaux, la prévalence de C. burnetii était de 62 % dans le lait de vache cru et de 24 % dans le lait de chèvre cru, ce qui indique que C. burnetii est fréquemment observée dans les exploitations agricoles ontariennes. Tout le lait vendu en Ontario est pasteurisé avant d’être vendu, un processus qui inactive la bactérie C. burnetii.

Une étude menée en 2013 auprès de 148 exploitations agricoles en Ontario s’est penchée sur la proportion de troupeaux de moutons et de chèvres dont un animal ou plus avait obtenu un résultat positif pour les anticorps de C. burnetiifootnote 6footnote 7.La détection d’anticorps démontre que ces animaux avaient été exposés et avaient eu une réaction immunitaire à C. burnetii. Parmi les troupeaux de moutons testés, 42 % des troupeaux de moutons de boucherie et 64 % des troupeaux de brebis laitières testaient positifs pour les anticorps de C. burnetii. Ces résultats provenaient de l’analyse de 50 troupeaux de moutons de boucherie et de 22 troupeaux de brebis laitières. Parmi les troupeaux de chèvres, 44 % des troupeaux de chèvres de boucherie et 79 % des troupeaux de chèvres laitières avaient obtenu un résultat positif. Ces résultats provenaient de l’analyse de 34 troupeaux de chèvres de boucherie et de 42 troupeaux de chèvres laitières.

Les mêmes chercheurs ont enquêté sur la séroprévalence de C. burnetii chez les travailleurs agricoles ontariens œuvrant auprès de moutons et de chèvres. 67 % des 172 travailleurs agricoles testés présentaient des signes sérologiques d’une infection passée à C. burnetiifootnote 8. Selon les données de surveillance, entre 2012 et 2022, de 6 à 20 cas humains de fièvre Q étaient signalés en Ontario chaque année. Cela correspond à un taux de 0,1 par 100 000 personnesfootnote 9.

Risque de contracter la fièvre Q

Les travailleurs qui ont été en contact avec des animaux, des produits d’animaux ou des déchets d’animaux présentent un risque accru de contracter la fièvre Q. Les personnes à risque comprennent :

  • les agriculteurs
  • les travailleurs agricoles
  • les vétérinaires
  • les travailleurs dans les abattoirs
  • les tondeurs
  • les laitiers
  • les entrepreneurs de bâtiment
  • le personnel de laboratoire

La plupart des infections humaines sont reliées à un contact avec des bovins, des moutons ou des chèvres, en particulier lorsque les animaux ont récemment mis bas. L’exposition à des mises bas anormales (avortements, naissances de petits mort-nés ou faibles) accroît les risques d’infection chez l’humain.

Les moutons et les chèvres sont plus fréquemment impliqués dans la maladie humaine que les autres espèces animales, vraisemblablement en raison du niveau plus élevé d’excrétion de la bactérie dans les liquides de mise basfootnote 10. Il est possible d’être exposé à la bactérie par inhalation au moment de la traite, si un animal infecté a récemment mis bas (les 14 premiers jours, mais possiblement jusqu’à 28 jours)footnote 5.

Moins fréquemment, les infections humaines peuvent être associées à des chats, des chiens et d’autres animaux.

La transmission aéroportée peut survenir sur des distances plus importantes et dans certains cas sans signaler un contact connu avec des animaux.

La transmission interhumaine n’a été que rarement signaléefootnote 5footnote 11.

Précautions à adopter lors du travail auprès de petits ruminants

Des mesures de protection doivent être adoptées par les personnes qui travaillent auprès de petits ruminants. En voici un aperçu :

  • Lors de la mise bas de chevreaux et d’agneaux, toujours mettre des gants et des manches jetables pour manipuler les nouveau-nés et les produits libérés lors de la mise bas. De préférence, celle-ci doit avoir lieu à l’intérieur, à l’abri du vent et dans un endroit qui peut être entièrement nettoyé et désinfecté.
  • Se laver les mains soigneusement et plusieurs fois par jour avec un savon désinfectant efficace, après tout contact avec les animaux et avant de regagner la maison, de manipuler des aliments ou de fumer.
  • Nettoyer le matériel pour éliminer toute trace de fumier, d’urine, de lait ou d’autres liquides organiques, et le désinfecter lorsque c’est possible.
  • Laisser dans l’étable tous les vêtements protecteurs qui y ont été portés (y compris les chapeaux). Laver les vêtements et les sécher à haute température comme dans une buanderie.
  • Les visiteurs doivent porter une combinaison agricole, ou une combinaison fraîchement lavée, ainsi que des bottes ou des chaussures désinfectées. Les visiteurs et les membres du public ne doivent pas visiter les brebis et les chèvres qui mettent bas.
  • Ne pas consommer de lait ou de produits du lait non pasteurisés.
  • Les femmes enceintes et celles qui présentent un risque plus élevé de contracter la fièvre Q ne doivent pas assister à la mise bas des agneaux ou des chevreaux et doivent éviter le contact avec les moutons et les chèvres pendant la saison de la mise bas. Les autres personnes à risque sont les bébés et les jeunes enfants, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli.
  • Ne pas laisser les animaux sauvages ou de compagnie manger les produits libérés lors de la mise bas. Ensevelir et composter ces produits, ou les éliminer dans un récipient fermé.
  • Nettoyer et désinfecter régulièrement les aires de mise bas pour prévenir l’accumulation de matières qui peuvent être contaminées.
  • Maintenir l’isolement du troupeau. Ne pas acheter, louer ou emprunter d’animaux. La participation à des expositions agricoles et à des ventes de bétail peut aussi poser un risque pour la santé du troupeau.
  • Communiquer avec votre vétérinaire et enquêter sur les avortements et les naissances d’animaux mort-nés.

Vaccins contre C. burnetii

Le vaccin CoxevacMD (CEVA Santé animale) est homologué pour l’utilisation chez les bovins, les moutons et les chèvres en Europe. Une étude a démontré qu’il faisait diminuer le nombre d’avortements dus à C. burnetii et les quantités de bactéries excrétées dans l’environnement. Les animaux reproducteurs de remplacement non exposés doivent être vaccinés chaque année avant la reproductionfootnote 12.

Les vétérinaires canadiens peuvent avoir accès au vaccin en faisant une demande directement au distributeur pour les cas où cela est approprié. Les producteurs doivent discuter avec leur vétérinaire afin de décider si le vaccin est approprié et accessible pour leur troupeau.

Il n’y a pas de vaccin homologué pour les humains au Canada.

Que faire si la présence de la fièvre Q est suspectée dans votre élevage ou troupeau?

Voici ce que vous devez faire si vous suspectez la présence de la fièvre Q dans votre troupeau :

  • Adopter des mesures de précaution pour vous-même.
    • Pour assister aux naissances ou aux avortements, porter un masque N95 ou plus, des gants et des vêtements de protection. Le masque N95 doit être bien ajusté. Communiquer avec le bureau de santé publique de votre région ou avec un service de santé et sécurité au travail pour de l’aide concernant l’ajustement du masque.
    • Si vous êtes préoccupé par votre santé, communiquer avec votre médecin ou le bureau de santé publique de votre région afin de discuter de la probabilité d’une infection par la fièvre Q.
  • Informer les autres afin qu’ils puissent prendre des précautions.
    • Les propriétaires doivent renseigner leurs employés sur la fièvre Q et leur fournir de l’équipement de protection individuelle.
    • Informer les fournisseurs de service du risque de maladie lorsque la présence de C. burnetii est suspectée dans le troupeau, en particulier lorsque des avortements surviennent.
    • Restreindre l’accès à l’étable abritant des animaux infectés, en particulier :
      • aux enfants
      • aux nourrissons
      • aux femmes enceintes
      • aux personnes âgées
      • aux personnes dont le système immunitaire est affaibli
  • Adopter des précautions avec les animaux infectés et leurs matières.
    • Isoler les animaux qui ont avorté jusqu’à ce que les écoulements cessent. Restreindre l’accès à ces aires d’isolement.
    • Enterrer ou composter correctement les placentas et les fœtus avortés. Ne pas les brûler, puisque cela peut accroître le risque de propagation d’aérosols.
    • Dans les exploitations touchées, composter complètement le fumier pendant au moins 90 jours avant de l’épandre. Ne pas épandre le fumier s’il vente. Ne pas épandre le fumier sur les pâturagesfootnote 12.
    • Consulter votre vétérinaire pour déterminer un plan de nettoyage et de désinfection approprié pour les aires agricoles et le matériel agricole.
  • Communiquer avec le vétérinaire de votre troupeau pour des conseils sur les mesures de contrôle destinées à protéger la santé animale et humaine.

Aviser le ministère

En Ontario, les laboratoires vétérinaires et les vétérinaires qui utilisent un laboratoire à l’extérieur de l’Ontario doivent aviser le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAAO) suivant un diagnostic de C. burnetii chez du bétail. Le MAAAO répondra aux questions du vétérinaire du troupeau et du producteur concernant C. burnetii et discutera des pratiques de biosécurité pour limiter la propagation de la maladie.

Le MAAAO travaillera également avec les représentants de la santé publique pour évaluer le risque des personnes exposées à C. burnetii et encourager ces dernières à consulter leur médecin de famille si elles ont des préoccupations reliées à leur santé.

Renseignez-vous sur les dangers en matière de santé animale à notification immédiate ou périodique et les exigences en matière de signalement au vétérinaire en chef de l’Ontario.