Classement des espèces en péril (2009)
Classement des espèces effectué par le Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario. Les classements datent des 24 et 25 mars et du 27 au 29 mai 2009.
Classement établi par le CDSEPO à la suite des évaluations des 24 et 25 mars et du 27 au 29 mai 2009 et présenté au Ministre le 10 juin 2009.
Groupe spécifique | Nom commun | Nom latin | Classement du CDSEPO | Liste des espèces en péril en Ontario |
---|---|---|---|---|
Plantes vasculaires | Éléocharide géniculée | Eleocharis geniculata | En voie de disparition | S/O |
Plantes vasculaires | Trille à pédoncule incliné | Trillium flexipes | En voie de disparition | En voie de disparition |
Mollusques | Troncille pied-de-faon | Truncilla donaciformis | En voie de disparition | S/O |
Insectes | Lutin givré |
Callophrys irus | Disparue de l’Ontario | En voie de disparition |
Insectes | Gomphe des rapides | Gomphus quadricolor | En voie de disparition | S/O |
Poissons | Buffalo à grande bouche | Ictiobus cyprinellus | Pas en péril | Préoccupante |
Poissons | Sucet de lac | Erimyzon sucetta | Menacée | Menacée |
Poissons | Esturgeon jaune (population des Grands Lacs et du haut Saint-Laurent) | Acipenser fulvescens | Menacée | Préoccupante (1 PD) |
Poissons | Esturgeon jaune (population du sud de la baie d’Hudson et de la baie James) | Acipenser fulvescens | Préoccupante | Préoccupante (1 PD) |
Poissons | Esturgeon jaune (population du nord-ouest de l’Ontario) | Acipenser fulvescens | Menacée | Préoccupante (1 PD) |
Amphibiens | Grenouille léopard | Lithobates pipiens | Pas en péril | [Pas en péril] |
Amphibiens | Rainette faux-grillon de l’Ouest | Pseudacris triseriata | Pas en péril | [Pas en péril] |
Reptiles | Scinque pentaligne (population carolinienne) | Plestiodon fasciatus | En voie de disparition | Préoccupante (1 PD) |
Reptiles | Scinque pentaligne (population du Bouclier canadien) | Plestiodon fasciatus | Préoccupante | Préoccupante (1 PD) |
Reptiles | Couleuvre fauve de l’Est (population carolinienne) | Pantherophis gloydi | En voie de disparition | Menacée (1 PD) |
Reptiles | Couleuvre fauve de l’Est (population de la baie Georgienne) | Pantherophis gloydi | Menacée | Menacée (1 PD) |
Reptiles | Couleuvre à nez plat | Heterodon platirhinos | Menacée | Menacée |
Reptiles | Couleuvre obscure (population carolinienne) | Pantherophis spiloides | En voie de disparition | Menacée (1 PD) |
Reptiles | Couleuvre obscure (population de l’axe de Frontenac) | Pantherophis spiloides | Menacée | Menacée (1 PD)2 |
Reptiles | Tortue serpentine | Chelydra serpentina | Préoccupante | S/O |
Oiseaux | Pygargue à tête blanche | Haliaeetus leucocephalus | Préoccupante | En voie de disparition-S. Ont, Préoccupante – Ont. du Nord |
Oiseaux | Paruline du Canada | Wilsonia canadensis | Préoccupante | S/O |
Oiseaux | Martinet ramoneur | Chaetura pelagica | Menacée | S/O |
Oiseaux | Engoulevent d’Amérique | Chordeiles minor | Préoccupante | S/O |
Oiseaux | Paruline à capuchon | Wilsonia citrina | Préoccupante | Menacée |
Oiseaux | Grèbe esclavon | Podiceps auritus | Préoccupante | [Données insuffisantes]3 |
Oiseaux | Petit blongios | Ixobrychus exilis | Menacée | Menacée |
Oiseaux | Moucherolle à côtés olive | Contopus cooperi | Préoccupante | S/O |
Oiseaux | Hibou des marais | Asio flammeus | Préoccupante | Préoccupante |
Oiseaux | Engoulevent bois-pourri | Caprimulgus vociferus | Menacée | S/O |
Mammifères | Ours polaire | Ursus maritimus | Menacée | Préoccupante |
Changements de nom recommandés pour les espèces figurant sur la liste des espèces en péril en Ontario lors de la réunion du CDSEPO qui s’est déroulée les 24 et 25 mars 2009 (les changements, ajouts ou éliminations sont indiqués en gras).
Nouveau nom | Nom actuel | Annexe | Numéro |
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Saumon atlantique (population du lac Ontario) - Salmo salar | Saumon atlantique (population des Grands Lacs) - Salmo salar | 1 | 6 |
Salamandre tigrée de l’Est - Ambystoma tigrinum | Salamandre tigrée - Ambystoma tigrinum | 1 | 10 |
Crapaud de Fowler - Anaxyrus fowleri | Crapaud de Fowler - Bufo fowleri | 3 | 31 |
Tortue musquée de l’Est - Sternotherus odoratus | Tortue musquée - Sternotherus odoratus | 3 | 41 |
Scolopendre d’Amérique - Asplenium scolopendrium | Scolopendre d’Amérique - Asplenium scolopendrium americanum | 4 | 2 |
Remarque : Les noms communs français pour le scirpe timide (Few-flowered Club-rush) et la couleuvre royale (Queensnake) ne sont pas touchés par les changements apportés aux noms communs anglais.
Espeèces classées en mars et en mai 2009 par le CDSEPO et les raisons justifiant leur classement
Plantes vasculaires
Éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata) – En voie de disparition
D’aspect distinctif, l’éléocharide géniculée est une petite plante annuelle qui pousse dans des sols sableux le long des côtes d’étangs temporaires et de prairies ouvertes humides. Cette espèce est largement répartie dans le monde entier, mais elle est toutefois peu fréquente dans la partie nord de l’Amérique du Nord. Près de la limite nordique de son aire de distribution dans le sud de l’Ontario, cette plante est présente sur trois sites le long de la rive nord du lac Érié, mais elle ne semble survivre que sur deux de ces trois emplacements. Depuis 1934, l’éléocharide géniculée n’est plus présente sur le site du parc provincial Rondeau là où elle avait initialement été découverte. Les deux populations existantes d’éléocharide géniculée sont menacées par l’empiétement du roseau commun eurasien envahissant. L’éléocharide géniculée est désignée espèce « en voie de disparition » parce que sa population, qui est aujourd’hui peu nombreuse, occupe une zone réduite, et sa survie est constamment menacée par différents facteurs.
Trille à pédoncule incliné (Trillium flexipes) - En voie de disparition
Le trille à pédoncule incliné est une plante pérenne portant de grandes fleurs blanches montées sur des tiges lâches. Il pousse dans les forêts caducifoliées , en général, sur des plaines d’inondation ou sur les pentes adjacentes. Son aire de distribution s’étend du sud-ouest de l’Ontario jusqu’à l’est des États-Unis en passant par le centre-nord américain. Autrefois, cette espèce occupait sept sites en Ontario. Aujourd’hui, elle semble avoir disparu dans cinq de ces sites. Les seuls sites existants au Canada où la présence de cette espèce a été confirmée sont situés le long de la rivière Sydenham à Strathroy (environ 1000 hampes florales) et le long de la rivière Thames dans la municipalité de Dunwich (environ 450 hampes florales). Entre 1993 et 2007, le nombre de ces plantes était resté inchangé ou avait augmenté. Les plantes exotiques envahissantes, en particulier l’alliaire officinale, sont probablement la plus grande menace pour ces deux populations. L’effet du pâturage du cerf de Virginie et l’effet des activités récréatives menées dans ces régions constituent aussi des menaces pour l’espèce. Le trille à pédoncule incliné est désigné espèce « en voie de disparition » parce qu’elle est continuellement menacée par des espèces envahissantes et qu’elle occupe une zone réduite, ce qui contribue à sa situation précaire.
Lutin givré (Callophrys irus) – Disparu de l’Ontario
Le lutin givré est un petit papillon habitant les savanes et les pinèdes à chênes de l’est de l’Amérique du Nord. Cette espèce occupait historiquement un seul site en Ontario : la savane à chênes survivante de la forêt St. Williams, dans le comté de Norfolk. Le lutin givré n’a pas été vu sur ce site ou ailleurs dans la province depuis 1988. On a tenté à plusieurs reprises de trouver le site historique d’apparition et d’autres sites abritant le lupin vivace, la plante hôte des larves de l’espèce. La baisse de la qualité des habitats de succession établis sur le seul site connu a causé la disparition du lutin givré en Ontario. En 1990, le lutin givré a été désigné espèce « en voie de disparition » en Ontario; aujourd’hui, il est une espèce disparue de l’Ontario.
Mollusque
Troncille pied-de-faon (Truncilla donaciformis) – En voie de disparition
Cette petite moule d’eau douce vit dans les bassins hydrographiques des Grands Lacs et de la rivière Mississippi. Le troncille pied-de-faon a récemment été aperçu dans les quatre rivières du sud-ouest de l’Ontario, mais il a disparu de la partie ouest du lac Érié et de la rivière Detroit. Une petite population de troncille pied-de-faon est toutefois toujours présente dans le lac Sainte-Claire. La taille actuelle de ses populations est inconnue, mais on sait qu’elles occupent cinq sites différents dont deux qui ne sont représentés que par un seul spécimen. Le déclin de la population de l’espèce est répandu et constitue un problème préoccupant dans la plupart des territoires de compétence du nord-est de l’Amérique du Nord touchés par ce déclin. La principale menace de l’espèce semble toutefois être la concurrence que lui livre la moule zébrée non indigène. La dégradation de la qualité de l’eau provoquée par les activités agricoles en amont et par des facteurs urbains est également une source éventuelle de menace pour l’espèce. De plus, les barrages érigés dans la région restreignent le déplacement des poissons qui servent d’hôtes aux larves parasitaires. Le troncille pied-de-faon est désigné espèce « en voie de disparition » parce que sa population déjà réduite a connu une baisse rapide et est continuellement menacée par la présence de moules zébrées et la perte d’habitats.
Insecte
Gomphe des rapides (Gomphus quadricolor) - En voie de disparition
Le gomphe des rapides est une libellule insaisissable de petite taille qui habite les cours d’eau de taille moyenne coupés de rapides et d’eaux dormantes dans le sud de l’Ontario le long de la région du nord-est et du centre-nord des États-Unis. Les nymphes habitent les eaux courantes limpides et sont très sensibles à la qualité de l’eau. Les adultes quittent les cours d’eau pour atteindre leur maturité dans les bois, puis retournent à l’eau pour pondre leurs œufs. Le gomphe des rapides est présent dans plusieurs rivières en Ontario, notamment les rivières Credit, Humber, Thames et Mississippi. De nos jours, cette espèce peut être observée sur trois sites différents : un sur la rivière Humber et les deux autres sur la rivière Mississippi. Le gomphe des rapides est désigné espèce « en voie de disparition » en raison de son nombre réduit d’occurrences, de la perte de ses populations et de la menace que représente pour lui la dégradation de la qualité de l’eau, l’établissement de barrages et la présence d’espèce envahissantes.
Poissons
Buffalo à grande bouche (Ictiobus cyprinellus) – Pas en péril
Le buffalo à grande bouche est un grand poisson et l’une des 18 espèces de meuniers noirs que compte le Canada. Le buffalo à grande bouche préfère les habitats dans les lacs et dans les eaux calmes de rivières de taille moyenne ou grande. Largement réparti dans les bassins hydrauliques de la rivière Mississippi en Amérique du Nord, l’aire de répartition du buffalo à grande bouche au Canada s’étend dans les Grands Lacs vers les eaux du sud de l’Ontario, puis vers l’ouest dans les bassins hydrauliques des rivières Assiniboine et Rouges du bassin de la baie d’Hudson du Manitoba et de la Saskatchewan. La présence confirmée dans les registres de cette espèce dans le lac des Bois dans les années 1970 est probablement due au fait que cette espèce y avait été introduite de façon illégale, manœuvre qui a par ailleurs échoué. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) reconnaît l’existence de deux populations au Canada, l’une s’étendant dans la région du lac des Bois en Ontario et l’autre vivant dans le sud de l’Ontario. Cependant, la présente évaluation désigne un seul site (sud de l’Ontario) parce que les relevés réguliers menés dans le nord-ouest de l’Ontario n’ont pas permis de repérer d’autres spécimens depuis la collecte à la fin des années 1970 de deux spécimens qui avaient sûrement été introduits sur le site. Connu dans le sud de l’Ontario depuis 1957, le buffalo à grande bouche n’a été aperçu, à ce que l’on sache, qu’à 11 reprises, et dans la plupart des cas après la réalisation de la dernière évaluation en 1989. Ailleurs dans l’aire de distribution, des changements à la gestion de l’eau, ainsi que la surpêche et la présence d’espèces exotiques ont eu des effets négatifs sur les populations de buffalo à grande bouche. Toutefois, cette espèce semble s’étendre dans le sud de l’Ontario. Le buffalo à grande bouche n’est pas jugé une espèce en péril parce qu’il fait face à peu de menaces connues et son aire de répartition s’accroît.
Sucet de lac (Erimyzon sucetta) – Menacée
Le sucet de lac est un petit meunier noir que l’on retrouve dans les zones marécageuses claires du sud des Grands Lacs et du bassin du Mississippi. La présence de cette espèce a été signalée pour la première fois en Ontario en 1949 et a depuis elle été signalée dans 13 sites du sud-ouest de l’Ontario, dans le bassin hydrographique de la rivière Niagara et des lacs Érié, Sainte-Claire et Huron. Cette espèce persiste dans 11 de ces sites, mais semble diminuer dans trois d’entre eux. Le sucet de lac préfère les corps d’eaux calmes, limpides, enherbés tels que les baies, les canaux et les étangs, ainsi que les marécages stagnants où il y a beaucoup de végétation et peu de courants. Les substrats contiennent en général de l’argile, du limon, du sable et des déchets organiques. Il existe peu de données sur la taille réelle des populations de cette espèce en Ontario ou sur les tendances de celles-ci. Cette espèce semble être perturbée par les activités agricoles, industrielles et de développement résidentiel. Elle peut également être touchée par les changements que subit la communauté de poissons. Par exemple, le long de la rivière Ausable à l’extérieur du parc provincial Pinery, les communautés de poissons sont aujourd’hui composées principalement de centrarchidés (crapet) et de la carpe commune; ce changement dans la composition de la communauté de poissons semble coïncider avec la disparition des sucets de lac. Par ailleurs, la présence d’eau de plus en plus limpide provoquée par les moules zébrées peut avoir procuré des bienfaits au sucet de lac, surtout dans les marais littoraux ouverts des lacs Sainte-Claire et Érié. Le sucet de lac est désigné espèce « menacée » en raison de sa répartition réduite en Ontario et du déclin observé dans quelques-unes de ses populations dans la province.
Esturgeon jaune (Acipenser fulvescens)
UD – Grands Lacs/haut Saint-Laurent : menacée
UD – Sud de la baie d’Hudson /James : préoccupante
UD – Nord-ouest de l’Ontario : menacée
L’esturgeon jaune est l’une des plus importantes espèces de poissons d’eau douce au Canada. Ce poisson de fond a une durée de vie très longue et atteint la maturité tardivement. L’esturgeon est fréquent dans les grands lacs et les grandes rivières, du bassin hydrographique de la rivière Saskatchewan, en Alberta, au bassin hydrographique de la baie d’Hudson et du fleuve Saint-Laurent, au Québec, et au sud de la partie inférieure de la rivière Mississippi. Cette espèce est largement répartie en Ontario, et est présente dans tous les grands bassins hydrologiques de la province. L’Ontario compte 3 populations distinctes fondées sur les différences génétiques, les bassins hydrologiques et leur séparation physique : Grands Lacs /haut Saint-Laurent (COSEPAC – UD 8), Sud de la baie d’Hudson /James (COSEPAC - UD7) et le nord-ouest de l’Ontario (COSEPAC - UD 4, 5, 6). Des facteurs tels que son rang dans le classement mondial et régional, ainsi que le déclin et la rareté de ses populations sont signe que cette espèce est en péril. Près de la moitié des populations de l’Ontario ont connu un déclin il y a environ 100 ans. Ces déclins ne sont pas non cycliques dans toutes les populations. Même si certaines populations présentent aujourd’hui des signes modestes de rétablissement, bien d’autres populations demeurent toujours à l’état de vestige. Bon nombre des populations de l’Ontario ont été touchées de façon néfaste par la présence de barrages qui perturbent leurs lieux de ponte et contribuent à la fragmentation des populations. La surpêche a également eu d’importantes conséquences sur un grand nombre des populations par le passé, mais celles-ci ont grandement été réduites en raison de l’imposition de restrictions sur la pêche commerciale et récréative. La pêche traditionnelle autochtone continue toutefois d’être pratiquée. Éventuellement, de nouvelles et sérieuses menaces de perturbation des habitats et des populations provoquées par la mise en œuvre de nouveaux projets ou l’élargissement de projets existants de développement d’énergie hydroélectrique dans bien des rivières de l’Ontario feront surface.
Population des Grands Lacs/du haut Saint-Laurent : Dans le passé, la population des Grands Lacs – du haut Saint-Laurent de l’Ontario a grandement été touchée par les projets de développement hydroélectrique et la pêche commerciale, mais quelques populations sont en train de se rétablir. Cette population est désignée espèce « menacée » en raison du déclin observé et de la perte de plusieurs de ses populations.
Population du sud de la baie d’Hudson /James : En Ontario, la population du sud de la baie d’Hudson/James semble être en général plus robuste et moins menacée que les autres. Il existe tout de même des causes de préoccupation. Malgré le grand nombre de populations existantes, et même si plus d’une d’entre elles sont jugées comme étant en santé, la menace imminente de la perte d’habitats et de la fragmentation de populations dans les barrages de bon nombre de rivières, ainsi que le cycle biologique sensible de l’espèce font d’elle une espèce « préoccupante ».
Population du nord-ouest de l’Ontario : La situation des populations et les connaissances sur l’esturgeon jaune varient considérablement dans cette zone, avec certaines populations qui se rétablissent, et d’autres qui sont en déclin et ne montrent aucun signe de rétablissement (par ex., les rivières Winnipeg et English). La vulnérabilité de l’espèce à la surpêche et à la perturbation des habitats, ainsi que les déclins de populations observés dans le passé sont tous des sources de préoccupation. Toutefois, ces préoccupations ont quelque peu été calmées à la suite du rétablissement des populations du lac des Bois /de la rivière Rainy et de la diminution de la menace de la surpêche due à l’arrêt de la pêche commerciale et récréative sur les sites. Éventuellement, de nouvelles et sérieuses menaces de perturbation des habitats et des populations provoquées par de nouveaux projets ou des projets élargis de développement d’énergie hydroélectrique sur plusieurs rivières de l’Ontario feront surface. Ce poisson est désigné une espèce menacée en raison du déclin de ses populations, de la fragmentation de son habitat et la présence d’autres menaces imminentes.
Amphibiens
Grenouille léopard (Lithobates pipiens) – Pas en péril
La grenouille léopard est une grenouille de taille moyenne largement répartie en Amérique du Nord, du nord du Canada jusque dans le sud des États-Unis. Cette espèce habite trois types d’habitats, les bois, les mares et les rivières, selon le stade de cycle de vie qu’il traverse. Elle est donc vulnérable à toute modification de ses habitats. Aux stades juvénile ou adultes, la grenouille léopard passe l’hiver dans les zones marécageuses et les rivières. La grenouille léopard est largement répartie dans la province et est fréquente dans le sud de l’Ontario où des milliers de sites de grenouilles léopards ont été dénombrés. Les grenouilles léopards en Ontario forment une population unique et distincte. Même si cette espèce est en déclin rapide et très rare dans certaines régions de l’ouest de son aire de distribution en Amérique du Nord, ses populations de l’est sont toujours largement réparties et abondantes et rien ne laisse présager qu’elles subiront un important déclin. Bien des menaces pèsent sur l’espèce et les causes de son déclin ne sont pas connues. La perte d’habitats palustres, la concurrence ou la prédation d’espèces envahissantes et la présence de maladies sont des causes éventuelles de menace.
Néanmoins, les populations de la grenouille léopard de l’Ontario semblent être robustes. La grenouille léopard n’est pas perçue comme une espèce en péril en Ontario étant donné que sa population est grande et largement répartie dans la province, surtout dans le sud, et que rien ne laisse présager un important déclin de celle-ci.
Rainette faux-grillon de l’Ouest (Pseudacris triseriata) – Pas en péril
La rainette faux-grillon de l’Ouest est une petite grenouille vivant dans des zones humides ouvertes ou légèrement arborées. Elle est principalement répartie dans le midwest américain et s’étend vers le nord, vers le sud de l’Ontario et le sud-ouest du Québec. De récentes données indiquent que deux populations génétiquement différentes vivent dans le sud de l’Ontario. Cependant, peu d’individus de ces populations ont été échantillonnés et on n’en sait toujours pas beaucoup sur le caractère distinctif et la répartition de ces deux populations. Même si des baisses de populations ont été signalées dans certaines parties de son aire de répartition en Ontario, il y a suffisamment de preuves d’un déclin répandu des populations de la province. La rainette faux-grillon de l’Ouest est menacée par des changements d’habitat dus à l’accroissement du développement urbain et des activités agricoles. Apparemment, des populations en santé sont encore présentes dans de nombreuses régions du sud de l’Ontario et les preuves de l’existence de plus d’une population génétique sont incomplètes. C’est pour cette raison que la rainette faux- grillon de l’Ouest est gérée comme une population unique en Ontario et qu’elle n’est pas perçue comme une espèce en péril.
Reptiles
Scinque pentaligne, Plestiodon fasciatus
UD - Population carolinienne – En voie de disparition.
UD - Population du Bouclier canadien – Préoccupante
Le scinque pentaligne est le seul lézard natif de l’Ontario. De petite taille (environ 8 cm), cet ovipare est recouvert d’écailles lisses et brillantes. Les jeunes scinques ont le corps noir marqué de rayures de couleur crème et la queue bleu vif. Leurs couleurs s’estompent avec le temps chez les deux sexes, les femelles conservant toutefois un peu plus de leur coloration juvénile que les mâles. Durant la période de reproduction, les mâles adultes acquièrent une coloration dans la région des mâchoires et du menton. Il est largement réparti dans l’est des États-Unis et est confiné à 2 régions distinctes de l’Ontario, soit le sud-ouest de l’Ontario (Population carolinienne) et le long de la partie du Bouclier canadien (Population du Bouclier canadien, également appelée population des Grands Lacs /Saint-Laurent par le COSEPAC). Les scinques de l’une et de l’autre région sont génétiquement différents. Séparés par une grande disjonction naturelle, ils occupent différentes régions écogéographiques et sont traités comme étant deux populations distinctes.
Population carolinienne : Les populations du sud-ouest de l’Ontario habitent la forêt carolinienne au substrat sableux, et elles font leur demeure dans des débris ligneux. Cette population a connu un important déclin au cours des 20 dernières années, le nombre d’occurrence étant passé approximativement de 20 à environ 5. Les populations existantes sont complètement isolées les unes des autres, ce qui rend la recolonisation naturelle de sites impossible. Le scinque pentaligne est menacé par la capture illégale de cette espèce, la dégradation de ses habitats et les conséquences de la réduction de son nombre et la fragmentation de ses populations. Ce sont là les raisons pour lesquelles il est désigné espèce « en voie de disparition ».
Population du Bouclier canadien : Cette population comprend de nombreuses populations locales réparties ici et là le long de la marge sud du Bouclier canadien. Ces sous-populations vivent dans des affleurements rocheux au sein de forêts conifériennes et de forêts décidues. Elles trouvent refuge sous des roches recouvrant les substrats rocheux dégagés. Les populations de scinque pentaligne sont confrontées à des menaces telles que leur capture illégale, la disparition de leurs habitats et l’accroissement continu de la population humaine. Cette espèce a une capacité limitée de dispersion, ce qui contribue à la fragmentation de plus en plus grande de ses populations. Cependant, ces menaces sont moins importantes pour cette population que pour la population carolinienne. Les scinques du Bouclier demeurent relativement abondants et largement répandus; ce sont là les raisons pour lesquelles la population du Bouclier canadien est désignée espèce « préoccupante ».
Couleuvre fauve de l’Est (Pantherophis gloydi)
UD - Population carolinienne - En voie de disparition,
UD - Population de la baie Georgienne - Menacée.
Ce grand serpent (140cm de longueur) inoffensif et non vénimeux occupe une aire de répartition petite, cette espèce étant confinée principalement aux côtes des lacs Érié, Sainte-Claire et Huron. Soixante-dix pour cent de l’aire de répartition mondiale de cette espèce se trouve en Ontario. La couleuvre fauve de l’Est habite deux régions distinctes en l’Ontario : les côtes Est et les îles de la baie Georgienne, et la région carolinienne dans le sud-ouest de l’Ontario. Dans ces deux régions, les populations de ce type de serpent sont largement réparties, présentent d’importantes différences génétiques et occupent différentes régions écologiques. C’est la raison pour laquelle les couleuvres fauves de l’Est sont perçues comme étant deux populations distinctes. La population carolinienne : Les serpents de cette population fréquentent les friches, les prairies, les marais, les haies et les bords de dunes dans les régions d’Essex, de Chatham-Kent, de Lambton, d’Haldimand et de Norfolk. L’aire de répartition de cette population a connu au cours des 20 dernières années une forte contraction. Ces serpents sont confrontés à plusieurs menaces immédiates, notamment la disparition de leurs habitats palustres et la mortalité due à une circulation dense sur le réseau routier, à l’utilisation de l’équipement agricole dans cette région agricole d’importance et à la persécution directe par les humains. Le braconnage aux fins de commerce d’animaux domestiques est aussi un facteur de menace éventuelle. L’expansion démographique et la dégradation de plus en plus grande des habitats dans la région renforcent les effets de ces menaces. La population est désignée espèce « en voie de disparition » en raison du déclin continu de l’aire de répartition et de la fragmentation de plus en plus grande de la population.
Population de la baie Georgienne : Cette population (appelée population des Grands Lacs /du Saint-Laurent par le COSEPAC) habite le littoral de la baie Georgienne, nage autour des îles de celle-ci, mais ne dépasse que rarement plus de 100 m des eaux intérieures. Ces serpents occupent en général des habitats dégagés, des rives rocheuses dénudées et des prés marécageux situés le long du littoral. L’aire de répartition de la population a diminué d’environ 33 % au cours des 20 dernières années, surtout près de Honey Harbour et de Port Severn. Parmi les menaces immédiates, mentionnons la perte de l’habitat riverain causée par le développement récréatif, une mortalité importante due à une intensification de la circulation routière et maritime, la persécution par les humaines et la perte des sites d’hibernation causée par des projets de développement. La population est désignée espèce menacée car même si elle et son zone d’occurrence connaissent un déclin important, elle est relativement en sécurité dans les zones moins peuplées de la baie Georgienne.
Couleuvre à nez plat (Heterodon platyrhinos) - Menacée
La couleuvre à nez plat est un serpent de taille moyenne au corps trapu et au museau retroussé, une caractéristique distinctive. Lorsqu’elle se sent menacée, la couleuvre adopte souvent un comportement complexe et intimidant. La couleuvre à nez plat est largement répartie, mais ses populations sont peu denses. Elle vit surtout dans des habitats boisés ou sableux ouverts où vit sa proie de prédilection, le crapaud. Elle est largement répartie dans l’est des États-Unis, mais au Canada, elle n’est présente que dans le sud de l’Ontario. En Ontario, la couleuvre à nez plat occupe deux régions distinctes : la zone carolinienne et le centre-sud de la province, surtout la partie sud du Bouclier canadien. Elle fréquente près de 135 sites connus en Ontario, mais aucune information récente n’a été rassemblée pour environ 40 % dans anciens sites d’occupation. Plusieurs menaces pèsent sur cette espèce, notamment la fragmentation sévère de son habitat dans le sud-ouest de l’Ontario, la perte d’habitats dans d’autres régions et la persécution par les humains. La mobilité élevée de cette espèce la rend particulièrement vulnérable à la mortalité sur les routes, surtout avec l’expansion permanente des réseaux routiers. Cette évaluation ne fait que confirmer que la couleuvre à nez plat est une espèce menacée, étant donné la diminution de son aire de répartition et de sa population et d’autres menaces qui pèsent sur elle.
Couleuvre obscure (Pantherophis spiloides)
UD – Population carolinienne – En voie de disparition
UD – Population de l’axe de Frontenac – Menacée.
La couleuvre obscure est la plus grande espèce de serpent au Canada. Elle peut atteindre jusqu’à 2 m de long. Ce serpent est semi-arboricole. Il a le corps noir, la gorge blanche et le dessous blanc gris. La couleuvre obscure est largement répartie dans les régions forestières du centre-est des États-Unis tout juste à l’ouest des Appalaches. Elle occupe deux régions distinctes de l’Ontario : le sud-est de la province (Population de l’axe de Frontenac, appelée population des Grands Lacs /du Saint-Laurent par le COSEPAC) et la population carolinienne du sud-ouest de l’Ontario près de la rive nord du lac Érié. Ces deux populations seraient peut-être des sous-espèces différentes ou même des espèces distinctes. En plus d’être distinctes génétiquement l’une de l’autre, ces populations occupent différentes régions écogéographiques, sont naturellement isolées, une grande distance les séparant (300 km), et elles font face à différents niveaux de menace. Le CDSEPO les traite comme deux populations distinctes.
Population carolinienne : Dans le sud-ouest de l’Ontario, la couleuvre obscure forme quatre petites populations isolées habitant près de la rive nord du lac Érié. Il est probable que l’espèce ait autrefois occupé sans discontinuité la région du sud-ouest de l’Ontario. De nos jours, les couleuvres obscures habitent des vestiges de la forêt carolinienne près de la rive nord du lac Érié. La vaste mosaïque de forêt décidue et de savane ouverte qui y existait avant la colonisation européenne offrait probablement à l’espèce un habitat de choix dans la région. Les couleuvres obscures qui survivent toujours sont menacées par la réduction de leur habitat, une forte mortalité attribuable à la circulation routière et à la machinerie agricole, ainsi que la persécution délibérée par les humains. Cette population est désignée espèce « en voie de disparition » en raison du nombre réduit de ce type de serpent, de son isolation, des menaces pour son habitat, du déclin continu de sa population et des effets négatifs éventuels de l’endogamie et la dérive génétique.
Population de l’axe de Frontenac : La plupart des individus de cette population habitent la région de Frontenac et les comtés de Leeds et de Grenville. Semi-arboricole, la couleuvre obscure occupe en général une vaste gamme d’habitats arborés et broussailleux et semble privilégier une mosaïque de forêts et de milieux ouverts riches en écotone. En hiver, la couleuvre obscure hiberne sous terre dans des gîtes d’hibernation communautaires qui offrent une protection contre le froid et la déshydration. Cette population compte probablement plusieurs milliers d’individus, mais des études démographiques menées à long terme indiquent qu’elle est en déclin. En raison du fait qu’elles atteignent tardivement la maturité (à environ 7 ans) et se reproduisent lentement, les couleuvres obscures sont particulièrement touchées par le taux élevé de mortalité sur les routes et la persécution par les humains. Cette population est en déclin et est de plus en plus fragmentée en raison de l’agrandissement du réseau routier et de la perte de populations et de sites d’hibernation. Ce sont là les raisons pour lesquelles la couleuvre obscure est désignée espèce « menacée ».
Tortue serpentine (Chelydra serpentina) – Préoccupante
La tortue serpentine est la plus grande espèce de tortue d’eau douce au Canada. Son cycle biologique est caractérisé par une mortalité élevée et imprévisible d’embryons et de larves, une maturité sexuelle tardive (de 15 à 20 ans), une grande longévité (plus de 100 ans) et de nombreux antécédents reproductifs peu efficaces. La tortue serpentine utilise différents habitats marécageux et est largement répartie dans l’est de l’Amérique du Nord, notamment dans la plus grande partie du sud et du centre de l’Ontario. En Ontario, les populations de tortue serpentine sont vulnérables en raison de leur cycle biologique et des étés frais qui réduisent le nombre d’éclosions réussies de l’espèce. Même si ce type de serpent est toujours très répandu, son aire de répartition et son abondance sont en déclin en raison des différentes menaces qui pèsent sur lui, surtout celles qui font augmenter le taux de mortalité chez les adultes. Parmi les menaces, mentionnons la capture légale et illégale de l’espèce, la persécution par les humains, la mortalité sur les routes et la perte constante de ses habitats. Elle est également touchée négativement par les contaminants dans l’environnement, par des taux anormalement élevés de prédation sur les nids, par les coups d’hélices de bateaux, par la « capture accessoire » à l’occasion d’activités de pêche commerciale et de loisir, ainsi que par différentes autres pratiques de gestion de l’eau. Étant donné toutes ces menaces et leur incidence démontrée, la tortue serpentine est désignée espèce « préoccupante » en Ontario.
Oiseaux
Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) - Préoccupante
Le pygargue à tête blanche est un pygargue vocifère corpulent qui dépend d’écosystèmes marins sains et utilisent de grands arbres et des falaises pour y faire son nid. Le pygargue à tête blanche est une espèce endémique de l’Amérique du Nord et est largement répartie dans cette partie du monde. Même si elle a été traitée comme formant deux populations en Ontario, il n’y aucune disjonction génétique ou dans son aire de distribution ou encore toute autre preuve laissant croire que plus d’une population y existe. Les populations ont connu un déclin dans presque toute son aire de répartition de l’espèce entre la fin des années 1940 et les années 1970 en raison surtout des effets du DDT sur leur reproduction. Les pygargues à tête blanche avaient presque totalement disparu dans le sud de l’Ontario et dans presque tout le bassin des Grands Lacs vers la fin des années 1970, et avaient vu leur nombre diminuer ailleurs dans la province. Après que le pygargue à tête a été désigné une espèce en voie de disparition en 1973, de nombreux changements positifs ont été apportés, notamment les restrictions sur l’utilisation de pesticides organochlorés persistants, une meilleure campagne de sensibilisation et une application plus rigoureuse de la loi. Ces changements comprenaient des mesures de gestion telles que la protection des sites de nidification et le déplacement des nids vers le sud de l’Ontario. Les populations de pygargue à tête blanche prospèrent maintenant partout dans la province. Elles ont d’ailleurs beaucoup augmenté depuis les années 1960, selon différents indices (p. ex. études de surveillance des nids de la région, Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario), et il y a actuellement plus de 1 400 nids actifs en Ontario. Cette espèce continue d’élargir son aire de répartition et de recoloniser ses anciens habitats du sud de l’Ontario. Son taux de reproduction réussie dans le sud de l’Ontario est maintenant équivalent à celui des oiseaux du nord de la province. En tant qu’espèce de grande longévité qui dépend d’écosystèmes aquatiques sains et qui est vulnérable aux contaminants dans l’environnement et aux perturbations survenant aux premiers stades de nidification, le pygargue à tête blanche devrait continuer de faire l’objet d’une surveillance soutenue. Le pygargue à tête blanche est désigné espèce « préoccupante ».
Paruline du Canada (Wilsonia canadensis) – Préoccupante
La paruline du Canada est un petit oiseau insectivore impressionnant de couleur jaune et gris avec un anneau oculaire visible. Elle se reproduit dans les forêts mixtes aux strates arbustives denses, du Yukon au nord-est de l’Amérique du Nord, et hiverne dans le nord de l’Amérique du Sud. Près de 80 % de la population se reproduit au Canada, et éventuellement un tiers de ces oiseaux se reproduisent en Ontario. Les populations de paruline du Canada situées dans l’ouest du pays semblent se stabiliser, tandis que celles de l’est du Canada, y compris de l’Ontario, seraient éventuellement en déclin. Même si l’Ontario compte au moins 900 000 individus, le Relevé des oiseaux nicheurs laisse croire que leur nombre baisse d’environ 2,4 % par année. Il existerait un lien entre les fluctuations de populations de paruline du Canada et les variations dans l’abondance des tordeuses des bourgeons de l’épinette. Des menaces peuvent éventuellement peser sur elle, telles que le déclin du nombre de leurs habitats de reproduction et de l’abondance des proies. Toutefois, la principale menace est sûrement la perte d’habitats sur les aires d’hivernage en Amérique du Sud. La paruline du Canada est désignée espèce « préoccupante » en Ontario en raison du déclin observé dans sa population et de la forte proportion d’individus de cette espèce qui se reproduisent en Ontario.
Martinet ramoneur (Chaetura pelagica) - Menacée
Semblable à l’hirondelle de plage, le martinet ramoneur est un oiseau largement réparti se nourrissant en vol. Avant l’arrivée des cheminées européennes, le martinet ramoneur établissait vraisemblablement son nid dans de grands arbres creux, mais à mesure que ceux-ci étaient abattus, il a commencé à faire son nid ailleurs, surtout dans les cheminées. Le martinet est très répandu dans l’est de l’Amérique du Nord et se reproduit dans le sud et le centre de l’Ontario. Comme bien d’autres insectivores aériens, cette espèce a récemment subi des déclins à grande échelle. Le Relevé des oiseaux nicheurs (BBS) indique que les martinets ramoneurs ont souffert un déclin de 95 % de 1968 à 2005 au Canada. En Ontario, on estimait ce déclin à 70 % au cours des 20 dernières années (BBS), et l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario rapporte un déclin ajusté de 43 % au cours des 20 dernières années. D’après le dernier recensement, 7 500 oiseaux demeurent toujours en Ontario. La principale menace qui pèse sur le martinet ramoneur est l’élimination constante des anciens types de cheminées qui constituaient des habitats de nidification convenables pour l’espace. Aujourd’hui, les cheminées possèdent une doublure et un couronnement en métal, ce qui les rend inaccessibles aux oiseaux. Une autre cause éventuelle du déclin serait la baisse de proies aériennes (insectes) ou la contamination de ces proies par les insecticides. Le martinet ramoneur est désigné espèce « menacée » en raison de la taille de sa population et de la nature du déclin continu de son abondance et de son aire de répartition.
Engoulevent d’Amérique (Chordeiles minor) – Préoccupante
L’engoulevent d’Amérique est un oiseau qui se nourrit en vol au crépuscule qui habite l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale. Son aire de répartition couvre tout le sud des basses terres de la baie d’Hudson en Ontario. Il établit son nid dans des habitats ouverts tels que les affleurements rocheux, les pâturages, les prairies, les ouvertures forestières et les tourbières naturels, ainsi que les toits de gravier dans les zones urbaines. On estime à environ 40 000 oiseaux la population d’engoulevent d’Amérique de l’Ontario et l’espèce se reproduit partout dans la province. D’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs, la population connaît un déclin de 50 % à l’échelle planétaire et de 82 % à 94 % en Ontario depuis 1966. Les données de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario indiquent un déclin de 39 % entre le premier atlas (de 1981 à 1985) et le deuxième (de 2001 à 2005). La cause du déclin n’est pas encore bien comprise, mais un même déclin est observé dans l’ensemble des populations d’oiseaux se nourrissant en vol du continent. Le reboisement, la protection contre les incendies, l’agriculture intensive, l’utilisation d’insecticides, l’augmentation du nombre de prédateurs et la perte de toits en gravier constituent également des menaces éventuelles. L’engoulevent d’Amérique est désigné espèce « préoccupante » en Ontario en raison du déclin de ses populations et de son comportement alimentaire particulier d’insectivore se nourrissant en vol.
Paruline à capuchon (Wilsonia citrina) - Préoccupante
Un petit oiseau insectivore, la paruline à capuchon se reproduit dans la presque totalité de l’est des États-Unis. Elle est peu fréquente en Ontario et demeure toujours confinée à la partie sud de la province, et en particulier à la région forestière carolinienne. Cependant, son aire de répartition continue de s’étendre dans le sud de l’Ontario, et est aujourd’hui présente dans au moins 15 comtés. Elle s’étend aussi vers le nord dans la péninsule de Midland et vers l’est dans la région de Kingston. Elle se reproduit dans les zones peuplées de gaulis et aux strates arbustives denses dans les forêts décidues ou mixtes. D’importantes augmentations dans le nombre de couples nicheurs ont été observées au cours des deux dernières décennies. D’après de récentes estimations, plus de 400 couples nicheurs se trouvent en Ontario. La paruline à capuchons est désignée espèce préoccupante (auparavant menacée) en raison du fait que sa population ontarienne continue de se rétablir.
Grèbe esclavon (Podiceps auritus) – Préoccupante
Oiseau aquatique de taille relativement petite, le grèbe esclavon se reproduit généralement dans les eaux douces et occasionnellement dans les eaux saumâtres de petits étangs semi-permanents ou permanents. Répandue partout en Eurasie et en Amérique du Nord, environ 92 % de son aire de reproduction en Amérique du Nord se trouve au Canada, et s’étend de la Colombie-Britannique au nord-ouest de l’Ontario. En Ontario, cette espèce semble être un reproducteur irrégulier et rare occupant trois zones de reproduction récemment confirmées du nord-ouest de la province. Cet oiseau migre également vers de multiples sites de la région des Grands Lacs ou aux alentours, où il n’est que de passage durant les périodes de migration au printemps et en automne – et formant parfois de grands regroupements. Les analyses des tendances à long terme au Canada fondées sur le nombre d’oiseaux de Noël indiquent un déclin de 1,5 % par année entre 1966 et 2005, et un déclin global de la population à long terme d’environ 45 % depuis le milieu des années 1960. Des déclins ont été consignés pour les haltes migratoires de la région des Grands Lacs de l’Ontario, en particulier durant le printemps. La perte permanente ou la dégradation des marécages dans les prairies du Canada attribuables aux activités agricoles et de développement sont les principales menaces qui pèsent sur l’espèce, ainsi que la perte temporaire de marécages durant les périodes de sécheresse et l’accroissement des prédateurs. Dans les aires d’hivernage, l’emmêlement dans les filets, la circulation maritime et les maladies sont d’importantes causes éventuelles de mortalité. Le grèbe esclavon est désigné espèce « préoccupante » en raison des déclins observés dans les haltes migratoires en Ontario semblables à ceux observés chez les populations de l’espèce qui sont présentes ailleurs du Canada.
Petit blongios (Ixobrychus exilis) – Menacée
Le petit blongios est la plus petite espèce d’héron en Amérique du Nord. Elle mesure environ 30cm de longueur. Cet oiseau mystérieux habite dans des marécages aux eaux calmes et dans de petites nappes d’eau libre. Cette espèce est largement répandue, son aire de répartition s’étendant de l’est du Canada jusqu’en Amérique centrale. En Ontario et dans d’autres territoires du nord-est on trouve des signes de déclin du nombre de l’espèce. Toutefois, il n’existe que peu de données complètes sur les tendances démographiques de l’espèce. On croit que près de 1500 couples habitent au Canada. Les données de programmes de surveillance des marécages dans le bassin des Grands Lacs indiquent un déclin annuel moyen de 10 % par année (ou 65 %) au cours des 10 dernières années. De plus, les atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario indiquent un déclin d’environ 32 % entre les périodes d’atlas de 1981-1985 et de 2001-2005, avec un renouvellement élevé de carrés d’atlas entre les deux périodes. La perte d’habitat est la principale raison du déclin, mais d’autres causes sont soupçonnées y compris la dégradation générale de l’habitat, les toxines, les obstacles à la migration et la hausse de la mortalité sur les routes. Le petit blongios est désigné espèce « menacée » en raison du nombre en déclin de la population au cours de la dernière décennie et des menaces permanentes qui pèsent sur elle, notamment la perte et la dégradation d’habitats marécageux.
Moucherolle à côtés olive (Contopus cooperi) – Préoccupante
Le moucherolle à côtés olive est un migrant néotropical qui se reproduit dans les marécages semi-forestiers et dans les zones ouvertes de forêts relativement continues. Son aire de répartition couvre l’ensemble de la zone boréale de l’Alaska, du Canada et des États-Unis adjacents. Elle hiverne en Amérique du Sud. D’après les données du relevé des oiseaux nicheurs d’Amérique du Nord, d’importants déclins sont observés le long de routes échantillonnées de l’ensemble de son aire de répartition, ce qui laisse croire en une diminuation à grande échelle de l’abondance de l’espèce. Cependant, cette espèce est mal échantillonnée près des routes en Ontario dont la plupart se trouvent dans la partie sud de son aire de répartition; environ 72 % de cette aire couvre les régions du Bouclier du Nord et des terres basses de la baie d’Hudson de la province où les menaces sont moins immédiates. L’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario indique un déclin dans la probabilité d’observation, en particulier dans la partie sud de son aire de répartition (35-44 %) depuis l’achèvement de l’atlas précédent. Les raisons de ce déclin sont peu claires, mais peuvent être liées aux changements dans la composition et la structure forestières attribuables aux activités de la protection contre le feu et peut-être même à d’autres pratiques de gestion forestière, ainsi qu’au déclin dans la quantité et la qualité des habitats d’hivernage de l’espèce en Amérique du Sud. L’espèce est néanmoins toujours répandue et relativement fréquente, et on estime de manière prudente à 325 000 et à 50 000 couples respectivement les populations de reproduction au Canada et en Ontario. Le moucherolle à côtés olive est désigné espèce « préoccupante » en raison des déclins à court et à long terme chez sa population.
Hibou des marais (Asio flammeus) – Préoccupante
Le hibou des marais est un hibou cosmopolite qui niche dans les prairies. Il est présent sur tous les continents sauf l’Australie et l’Antarctique. En Amérique du Nord, sa principale aire de répartition comprend des prairies et la côte de l’Arctique, mais le hibou des marais fait son nid de façon irrégulière dans l’ensemble du continent. Il a subi des déclins en abondance au monde entier et partout dans l’Amérique du Nord, notamment au Canada, en raison du moins partiellement de la perte de son habitat et du fait qu’il est plutôt rare dans la plupart des territoires de compétence qu’il fréquente dans le nord-est de l’Amérique du Nord. D’après les données de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario, la population de hibou des marais en Ontario ne semble pas suivre la même tendance, montrant une importante augmentation ajustée dans la probabilité d’occurrence, et ce, des années 1980 aux années 2000. L’abondance d’habitats convenables dans les basses terres de la baie d’Hudson semble contrebalancer la perte d’habitats dans le sud de l’Ontario. Les changements dans le taux d’occupation des carrés d’un atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario à l’autre montrent bien, du moins en partie, la nature nomadique de l’espèce et de sa dépendance des populations de petits mammifères, en particulier les campagnols. La nature nomadique, et cette tendance à déplacer les sites de nidification d’une année à l’autre, rendent plus difficile la détermination des tendances générales des populations. Le classement de l’Ontario est fondé principalement sur la santé apparente de la population provinciale, même si le besoin de surveiller de près la population se fait sentir étant donné les tendances observées ailleurs dans son aire de répartition. Les tendances internationales, continentales et régionales, en plus des menaces reliées à notamment la perte d’habitats dans le sud de l’Ontario, confirment que le hibou des marais est espèce « préoccupante ».
Engoulevent bois-pourri (Caprimlugus vociferus) – Menacée
L’aire de répartition estivale de l’engoulevent bois-pourri s’étend de la Saskatchewan à la Nouvelle-Écosse et vers le sud par l’est des États-Unis. Son aire de répartition hivernale s’étend le long de la côte du golfe de la Floride, tout le long du Mexique jusqu’au Honduras. Cet oiseau insectivore nocturne chasse en faisant de petits vols pour intercepter les insectes en plein vol. L’engoulevent bois-pourri ne construit pas de nid, il pond ses œufs directement sur le sol. Il se reproduit dans le sable ou sur des étendues de roche dénudée, dans les forêts caducifoliées et conifériennes ouvertes ou les brûlis. Son cri distinctif était autrefois fréquemment entendu la nuit dans le sud et le centre de l’Ontario. Toutefois, les données de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario et le Relevé des oiseaux nicheurs mentionnent un important déclin dans sa population (51 %) et une contraction de son aire de répartition, en particulier dans le sud de l’Ontario. Les causes du déclin de son nombre et de la compression de son aire de répartition ne sont pas encore connues comme pour d’autres espèces d’oiseaux qui se nourrissent en vol principalement d’insectes. L’engoulevent bois-pourri est désigné espèce « menacée » en Ontario en raison des déclins continus observés chez sa population.
Mammifère
Ours polaire (Ursus maritimus) - Menacée
L’ours polaire est un des principaux prédateurs du milieu marin de l’Arctique et sa distribution est circumpolaire en Alaska, au Canada, au Groenland, en Norvège et en Russie. En Amérique du Nord, son aire de répartition s’étend des îles de l’Arctique canadien et de l’Alaska jusqu’aux baies d’Hudson et James, au Québec et dans le Labrador. Les ours polaires de l’Ontario passent la plupart de l’année sur la glace de mer des baies d’Hudson et James. Ils dépendent des phoques qui aiment la glace pour subvenir à leurs besoins annuels en énergie. Aux fins de gestion, 13 sous-populations ont été établies au Canada, mais aucune sous-espèce n’a été relevée. Les ours polaires de l’Ontario sont gérés par l’unité de gestion du sud de la baie d’Hudson, la population étant considérée comme appartenant à l’Ontario. Même si la population d’ours polaires demeure toujours abondante en Ontario depuis ces 20 dernières années, des preuves concluantes montrent un déclin dans l’état corporel (en particulier chez les femelles enceintes et les sous-adultes) ainsi qu’un déclin dans les taux de survie de l’espèce, toutes catégories d’âge confondues, ce qui permet de dire que la population du sud de la baie d’Hudson a atteint un point critique. La population avoisinante de l’ouest de la baie d’Hudson au Manitoba a baissé de 22 % depuis 1987, et a été désignée espèce « menacée » au Manitoba en 2008. La population du sud de la baie d’Hudson en Ontario semble suivre une même trajectoire. Il est fort probable que la réduction importante d’eau glacée de la baie d’Hudson pourrait résulter en son extirpation d’ici 45 ans. Les projections démographiques, fondées sur son taux de survie actuel, indiquent un risque de 80 % que la population soit en déclin en dedans d’une génération. L’ours polaire est désigné une espèce « menacée » en Ontario en raison des prévisions de déclin.
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe Espèces évaluées lors de la réunion du CDSEPO qui a eu lieu les 3 et 4 novembre 2008.
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe PD = Population distincte
- note de bas de page[3] Retour au paragraphe Les espèces faisant partie des catégories « Non en péril » et « Données insuffisantes » ne figurent pas sur la liste des espèces en péril en Ontario.