Comprendre les gains au pâturage au cours d’une année humide
Renseignez-vous sur l’incidence d’un temps pluvieux sur les pâturages et leur consommation par le bétail.
Au cours d’une année où les pluies sont abondantes, les pâturages sont luxuriants et continuent de croître tout l’été. Il est toujours encourageant de voir de verts pâturages au mois d’août, plutôt que de voir des champs brunis et de devoir servir du foin au bétail. Les gains au pâturage au cours d’une année humide sont souvent un peu décevants. On serait porter à croire que les gains de poids devraient être excellents avec toute cette abondance de verdure et un aliment de qualité élevée disponible tout au long de la saison, mais ce n'est pas nécessairement le cas.
Pour comprendre ce qui se produit, nous devons examiner comment un animal se nourrit au pâturage. Une bête broute environ 15 bouchées par minute pendant 6 à 10 heures par jour. L’animal arrête de se nourrir principalement quand il se sent rempli. Au cours d’une année normale, avec des précipitations en quantité adéquate, la teneur en matière sèche (MS) de l’herbe est plus faible - plutôt autour de 15–20 %. Au cours d’une année plus sèche, l’herbe peut avoir une teneur en matière sèche entre 20–25%. Quand un animal broute pendant 8 heures par jour à 15 bouchées par minute, cela représente 7200 bouchées chaque jour (15 bouchées/minute x 60 minutes x 8 heures).
L’humidité d’un pâturage limite la consommation de matière sèche
Prenons comme exemple, un animal au pâturage de 400 kg. Pour avoir un gain de poids maximal, il doit consommer 2,5 % de son poids corporel en matière sèche. Il devra donc consommer 10 kg de matière sèche par jour. Si chaque bouchée pèse généralement 7 grammes et que cette bête broute 7200 bouchées par jour, alors elle consommera 50,4 kg de pâturage (7200 bouchées x 7 grammes).
Quand la teneur en matière sèche du pâturage est de 20 % (année typiquement normale), ces 50,4 kg équivalent à 10,8 kg de matière sèche et l’animal aura satisfait ses besoins nutritionnels.
Si ce pâturage était luxuriant avec une teneur en matière sèche de 15 % (une année humide typique), alors notre bête consommerait 7,5 kg de matière sèche seulement (50,4 kg x 15 % MS). Cette consommation est insuffisante pour satisfaire les besoins nutritionnels de l’animal. Dans ce scénario, notre animal devrait consommer 66,6 kg de pâturage pour atteindre ses besoins optimum. Cela signifie que l’animal devrait soit manger plus longtemps (plus de bouchées), ou ne pas satisfaire ses besoins énergétiques et être en-deçà de sa croissance optimale.
Au cours d’une année sèche, alors que la teneur en matière sèche du pâturage est de 25 %, ce même animal consommerait 12,6 kg de matière sèche (50,4 kg x 25 % MS), ce qui est bien au-dessus des 10 kg requis. Cet animal pourrait pâturer quelques heures de moins et quand même satisfaire ses besoins, ou pâturer le même laps de temps et enregistrer des gains exceptionnels.
Au cours d’une année humide, la durée de pâturage doit être prolongée pour satisfaire les besoins nutritionnels comparativement à une année sèche, en supposant que la disponibilité du fourrage est adéquate.
Une analogie
Pour voir ce scénario d’une autre façon, supposons que vous êtes assis pour prendre un repas et qu'on vous sert un bol de soupe. La personne en face de vous reçoit un bol de ragoût. Vous avez chacun une cuillère de même format. Lequel d’entre vous sera le premier à être satisfait ou bien rempli? La personne qui mange le ragoût sera la première satisfaite. Pouvez-vous obtenir autant de nutriments d’une soupe? Oui, mais seulement si on vous sert un deuxième ou un troisième bol et que vous disposez de plus de temps pour manger votre repas.