Cultivars de poires
Renseignez-vous sur les cultivars recommandés pour la poire, les dates de cueillette, la pollinisation et les porte-greffes.
ISSN 1198-7138, Publié août 2002
Introduction
Les renseignements contenus dans la présente fiche ont pour objet de guider les arboriculteurs commerciaux dans le choix des cultivars de poires à planter. Les recommandations concernant les cultivars et les régions de la province auxquelles ils sont adaptés ont été élaborées par le Département de phytotechnie de l'Université de Guelph à Vineland, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des affaires rurales de l'Ontario (MAAARO). Ceux-ci ont vu leur tâche facilitée par la consultation des producteurs, des expéditeurs/négociants, des pépiniéristes, des transformateurs et de la Commission ontarienne de commercialisation des fruits tendres.
Le terme « cultivar », contraction de « cultivated variety », est utilisé dans la présente fiche technique. Il remplace le terme « variété » qui est plus ancien et peut prêter à confusion. En effet, on donne aussi le nom de variété aux types particuliers d'une même espèce qui conservent leurs caractères distinctifs à l'état sauvage. Le terme cultivar désigne toute sorte ou tout type végétal nommé et reconnu en horticulture qui ne peut être reproduit que par voie végétative ou utilisation de lignées génétiques et de sources de semences sélectionnées.
A. Cultivars de poires recommandés
Le tableau 1, "Cultivars de poires recommandés", donne la liste des cultivars de poires recommandés en les rangeant dans 3 groupes et par ordre de maturité. La colonne « Plantation générale » regroupe surtout les cultivars qui sont les plus connus, dont le rendement est confirmé et la valeur sur le marché bien établie. Dans la colonne « Plantation restreinte » figurent les cultivars qui présentent des caractères intéressants, mais dont il est conseillé de limiter la plantation pour diverses raisons. Certains peuvent avoir montré leur valeur dans les plantations d'essai et peuvent donc être plantés en vue de la production commerciale mais sur des superficies restreintes; d'autres peuvent être plantés si l'on vise des marchés particuliers, par exemple, si l'on veut récolter des poires hâtives à écouler sur un éventaire routier. La colonne « Plantation d'essai » est réservée aux nouvelles obtentions prometteuses issues du programme d'amélioration génétique d'AAC qui était auparavant mené à Harrow. Pour une description plus détaillée des cultivars de poires, se reporter à la section D « Descriptions des cultivars ».
En Ontario, les poires sont cultivées dans des régions où l'hiver est suffisamment rigoureux pour léser les rameaux, les lambourdes, le tronc et les racines des arbres. Dans certaines régions, il y a également la menace des gelées pouvant survenir durant la floraison. Pour être assuré d'une bonne récolte, on doit planter les poiriers seulement dans les régions dont le climat est légèrement tempéré par l'un des Grands Lacs ou sur des coteaux où l'air ne stagne pas.
Zones de rusticité |
Plantation générale |
Plantation restreinte |
Plantation d'essai |
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(zones 5b à 7b) |
Bartlett |
Giffard |
ACMD Harrow Crisp |
Bosc |
Clapp's Favorite |
ACMD Harrow Gold |
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Flemish Beauty |
French Bartlett |
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Harrow Delight |
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Harvest Queen |
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Harrow SweetMD |
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Anjou |
B. Dates de récolte
La date de récolte est un facteur important pour les fruiticulteurs, les acheteurs, les transformateurs et les pépiniéristes. Le tableau 2, "Dates moyennes de la première cueillette des cultivars de poires", montre les dates auxquelles a été effectuée, en moyenne, la première cueillette commerciale des cultivars de poiriers à la station de Vineland, du département de phytotechnie de l'Université de Guelph. Ces dates moyennes ont été établies au bout de nombreuses années d'observations. La liste contient seulement les cultivars les plus courants ou ceux qui présentent un intérêt particulier. Selon la région de la province où l'on cultive ces cultivars, les dates de récolte peuvent être décalées par rapport à celles observées à la station de Vineland, et l'ordre dans lequel se déroule la cueillette des différents cultivars peut varier légèrement.
Tableau 2. Dates moyennes de la première cueillette des cultivars de poires
Cultivar |
Date |
---|---|
Giffard |
6 août |
Clapp's Favorite |
26 août |
Harrow Delight |
26 août |
French Bartlett |
27 août |
ACMD Harrow Gold |
29 août |
Harvest Queen | 2 sept. |
Bartlett | 9 sept. |
ACMD Harrow Crisp | 9 sept. |
Flemish Beauty | 23 août |
Harrow SweetMD | 2 oct. |
Anjou | 5 oct. |
Bosc | 7 oct. |
C. Pollinisation des poires
Dans les conditions qui prévalent en Ontario, les cultivars de poiriers commerciaux sont jugés autostériles. Il faut par conséquent assurer la pollinisation croisée avec un cultivar pollinisateur approprié. Ce dernier doit fleurir chaque année en même temps que le cultivar à polliniser et être compatible (interfertile) avec celui-ci. Les cultivars choisis comme pollinisateurs doivent donner des fruits commercialisables qui correspondent aux exigences des marchés visés. Les cultivars pollinisateurs ne doivent pas être sujets à l'alternance (tendance à fructifier surtout une année sur deux) ni être particulièrement sensibles aux ravageurs, aux maladies ou aux problèmes susceptibles d'interférer avec la fonction pollinisatrice.
La floraison de la plupart des cultivars de poiriers recommandés se produit le plus souvent avec suffisamment de simultanéité pour que la pollinisation croisée se déroule dans des conditions propices. L'époque de floraison des poiriers, comme celle des autres arbres fruitiers, varie selon le cultivar et les années. Les données recueillies depuis de nombreuses années à Vineland montrent que la date moyenne de pleine floraison se situe entre le 15 et le 17 mai pour les différents cultivars. Les dates de pleine floraison ne sont pas très utiles cependant pour prédire l'époque exacte de pleine floraison d'un cultivar donné chaque année.
L'interstérilité (incapacité du pollen d'un cultivar de féconder un autre cultivar) est un phénomène rare chez les cultivars de poiriers diploïdes. La seule exception importante à cette règle est celle de Bartlett dont le pollen est incapable de féconder Seckel. Il peut y avoir d'autres causes d'interstérilité fonctionnelle parmi les cultivars de poiriers. Les cultivars Bartlett et Bosc ont des fleurs très riches en pollen et se fécondent bien mutuellement de même qu'ils peuvent féconder d'autres cultivars. De tous les cultivars de poiriers recommandés en Ontario, c'est Flemish Beauty qui a montré le plus haut degré d'autofertilité. Ce cultivar, lui-même fécondé par Anjou, est un bon pollinisateur de Bartlett et de Bosc.
Dans les vergers à densité normale, il faut veiller à ce que chaque arbre du cultivar principal ne soit pas séparé du cultivar pollinisateur par plus de deux poiriers appartenant au cultivar principal. Autrement dit, il faut planter au moins un cultivar pollinisateur par groupe de huit sujets appartenant au cultivar principal. Le vent ne joue qu'un rôle négligeable dans la pollinisation des poiriers, les grains de pollen étant relativement gros. En revanche, les abeilles, les bourdons et les grosses mouches sont les principaux vecteurs du pollen parmi les poiriers. On estime qu'il faut installer au moins deux ruches à l'hectare dans les vergers adultes pour assurer une pollinisation minimale et quatre ruches à l'hectare pour assurer une pollinisation optimale. Plusieurs ruches peuvent être groupées dans un endroit abrité. La recherche a montré qu'une grande activité de transfert de pollen se produit à l'intérieur de la ruche. On doit installer les ruches au centre de chaque section de deux hectares avant l'épanouissement de 10 à 20 % des fleurs des poiriers. L'ouverture des ruches doit être orientée au sud pour recevoir le maximum de soleil, ce qui incite les abeilles à entrer tôt en action.
Le nectar des fleurs de poirier est constitué d'environ 10 % de sucre alors que celui des fleurs de certaines mauvaises herbes et d'autres cultures fruitières peut en contenir jusqu'à 60 %. Pour cette raison, les fleurs de poiriers sont relativement peu appréciées des insectes pollinisateurs. Il est donc conseillé de faucher le verger juste avant la floraison pour supprimer les autres sources de nectar pouvant intéresser les abeilles. Les traitements phytosanitaires sont à éviter durant la floraison et celle-ci sitôt terminée, les ruches doivent être déménagées pour que les abeilles ne soient pas affectées par les pulvérisations post-floraison.
Bosc est le pollinisateur idéal de Bartlett, qui lui-même pollinise bien Bosc. Anjou est un bon pollinisateur de Bartlett.
ACMD Harrow Crisp (anciennement HW 610) est en général un pollinisateur médiocre qui ne parvient pas à polliniser Bartlett avec régularité; ce dernier par contre pollinise ACMD Harrow Crisp dans une certaine mesure. Dans les études sur la pollinisation menées en 2000, la nouaison a été bonne quand ACMD Harrow Crisp était autofécondé ou pollinisé par HW 614, et elle a été limitée quand il était pollinisé par Bartlett. ACMD Harrow Crisp a pollinisé Bosc, Anjou, Flemish Beauty et ACMD Harrow Gold, mais la nouaison a été faible sur Bartlett et Clapp's Favourite.
ACMD Harrow Gold (anciennement HW 616)n'assure qu'une pollinisation variable de Bartlett. Certaines années, son pollen ne semble pas féconder Bartlett, tandis que d'autres, il donne une bonne nouaison. Dans les études sur la pollinisation menées en 2000, ACMD Harrow Gold a pollinisé Bartlett, Bosc, Anjou et Flemish Beauty. Bartlett ne semble pas polliniser ACMD Harrow Gold régulièrement. Bartlett, Bosc et ACMD Harrow Crisp ont pollinisé ACMD Harrow Gold dans des études plus récentes.
D. Descriptions des cultivars
Les principaux cultivars de poiriers cultivés en Ontario et les cultivars qui s'avèrent prometteurs sont brièvement décrits ci-dessous. Cette description ne prétend pas être exhaustive et indique seulement les caractéristiques générales et le rendement de chaque cultivar dans les plantations expérimentales et/ou les vergers commerciaux en Ontario. Sauf précision contraire, chaque cultivar est généralement satisfaisant du point de vue du développement de l'arbre, de la rusticité, de la production et des caractéristiques de qualité du fruit telles que le calibre, la coloration, la forme du fruit et la qualité de la chair. Ces évaluations ne concernent que les cultivars cultivés dans les conditions de l'Ontario. Ces derniers peuvent avoir un rendement nettement différent ailleurs que dans la province.
1. Cultivars de poires nommés
Anjou
Quand elle est cultivée et manutentionnée avec soin, la poire Anjou est un fruit de table de bonne qualité, supportant bien le transport et capable de se conserver longtemps. Elle a une peau vert clair qui, contrairement à celle de la Bartlett, ne jaunit pas à maturité. La chair est très douce, parfumée et fondante. L'insuffisance de nouaison est un défaut courant de ce cultivar. L'arbre est plus résistant à la brûlure bactérienne que Bartlett. La surface plantée en poiriers Anjou a considérablement diminué depuis 1990 à cause du calibre et de l'aspect du fruit qui sont très moyens et de la difficulté à concurrencer les poires plus grosses et de plus bel aspect.
Bartlett
Ce cultivar représente environ 75 % de toute la production de poires en Amérique du Nord. En Ontario, il vient au premier rang des cultivars par le nombre d'arbres et la surface occupée. Les poiriers Bartlett sont productifs et s'accommodent d'une large gamme de conditions pédologiques et climatiques. Une conduite rigoureuse du verger est indispensable pour éviter la brûlure bactérienne et obtenir malgré tout un rendement quantitatif et qualitatif satisfaisant. Les fruits doivent être cueillis lorsque la pression mesurée sur une surface pelée du fruit, à l'aide d'un tendéromètre muni d'un piston de 8 mm de diamètre, se situe entre 6,8 et 8,0 kg (15 et 19 lb). Les poires doivent être entreposées immédiatement à 1 ° C (30 ° F) et consommées dans la semaine qui suit leur sortie de la chambre froide. Plus vite on les rentre au froid, plus longtemps on peut les conserver. Les poires Bartlett peuvent être conservées à -1 ° C pendant 2 ½-3 mois.
Certaines années, des températures anormalement fraîches pendant les 4 ou 5 semaines précédant la récolte font mûrir prématurément les poires Bartlett. Dans ce cas, les fruits se ramollissent, jaunissent et mûrissent à un rythme accéléré. Ne pas les entreposer longtemps. Les poires Bartlett mûrissent à une température située entre 15-21° C (60-70 ° F). Maintenir l'humidité relative des chambres froides et de mûrissement aux environs de 90-95 %.
Swiss Bartlett est une lignée Bartlett dont l'arbre et le fruit présentent les mêmes caractéristiques.
On trouve également dans le commerce des cultivars Max-Red Bartlett qui sont issus d'une mutation de bourgeons de Bartlett. Le fruit ressemble à la Bartlett si ce n'est que sa peau est rouge et qu'il mûrit une semaine plus tard.
Bosc
Poire de table succulente, de grande qualité, résistant au transport et d'excellente conservation. Très cultivée comme poire de table dans l'Ouest des États-Unis. Sa production est importante dans les régions les moins rigoureuses de l'Ontario auxquelles elle est bien adaptée. Les arbres sont très productifs, mettent à fruit à un âge tardif et sont sensibles à la brûlure bactérienne. Ils sont difficiles à conduire à cause de leur tronc élancé et de leur couronne peu fournie. Une lignée Bosc provenant de l'Oregon, dénommée OP-5, semble prometteuse et mérite d'être mise à l'essai par les producteurs en Ontario. Dans les essais menés à Vineland, cette souche a fructifié à un âge précoce; ses fruits ont une meilleure forme que la Bosc et une couleur brune plus uniforme.
Clapp's Favorite
Cultivar productif dont les beaux et gros fruits sont de bonne qualité et mûrissent deux semaines plus tôt que la Bartlett. Le fruit doit être cueilli dès qu'il atteint un calibre suffisant, au moins 10 jours avant la pleine maturité, sinon le coeur est rapidement sujet au blettissement. L'arbre est vigoureux, produit précocément et régulièrement, vient bien sur les sols lourds et est très résistant au froid. Par contre, il est sensible à la brûlure bactérienne. Le cultivar Starkrimson, qui donne des fruits uniformément rouges, est issu d'une mutation de bourgeons de Clapp's. Ses fruits ont une peau légèrement plus dure, mais sont identiques à la Clapp's à tous autres égards.
Flemish Beauty
C'est le cultivar le plus rustique pouvant être planté dans les régions froides de l'Ontario. La Flemish Beauty est sensible aux cochenilles et à la brûlure bactérienne. L'arbre est très productif et vigoureux. Les fruits sont de grande qualité, mais doivent absolument être cueillis au bon moment pour qu'ils développent au mieux leur parfum et ne soient pas sujets au blettissement.
French Bartlett (Docteur Jules Guyot)
Cultivar ancien introduit en Amérique du Nord vers 1885. Le fruit rappelle la Bartlett par la forme et la couleur, mais il est souvent plus gros et plus bosselé. La fructification est précoce, mais les branches cassent facilement. La Guyot n'est pas d'aussi bonne qualité que la Bartlett, mais est tout à fait acceptable. Elle mûrit en même temps ou juste après la Clapp's Favorite.
Giffard
Poire mûrissant au début de l'été, de bonne qualité et de calibre moyen. Elle se conserve bien à condition d'être cueillie au bon stade de maturité. Elle ne convient qu'à la plantation commerciale restreinte et l'approvisionnement en primeur des éventaires routiers et des marchés de producteurs.
ACMD Harrow Crisp (anciennement HW 610) (ascendance : Bartlett x US56112-146)
Très belle poire à peau lisse jaune piqueté de rouge. La chair blanc-crème est fine, non pierreuse, et reste ferme même à pleine maturité, avec une saveur douce. Elle mûrit à la fin d'août ou au début de septembre, à peu près en même temps que la Bartlett. La cueillette s'étale sur deux semaines. Les fruits des premières cueillettes peuvent être gardés environ 2 mois, mais ceux des dernières cueillettes se conservent en général moins longtemps. Conservée trop longtemps ou cueillie tard, cette poire blettit à l'intérieur sans montrer de signes externes. Le calibre du fruit, sur les arbres non éclaircis, est légèrement supérieur à celui de Bartlett. Comme fruit de table frais, elle est cotée de bonne à très bonne. Mise en conserve en moitiés, elle ne s'est pas délitée et s'est classée bonne à très bonne. Elle a fait partie d'un essai de poiriers mené dans le cadre du programme CanAdapt. Le cultivar est de taille moyenne, conique et a un port érigé; il est rustique et produit bien chaque année. Il a fait preuve d'une excellente résistance aux infections naturelles de brûlure bactérienne (cote de 9,5, contre 4,2 pour Bartlett), semblable en cela à Harrow Sweet et à Harvest Queen. Après l'inoculation, les lésions de la brûlure peuvent s'étendre à 15 % des pousses de l'année. AC Harrow Crisp est de même précocité que Bartlett et commence à produire 4 ans après la plantation. Il est protégé par la Loi sur la protection des obtentions végétales (numéro de demande 00-2184).
ACMD Harrow Gold (anciennement HW 616) (Ascendance : Harvest Queen x Harrow Delight)
Cueillie environ 10 jours plus tôt que la Bartlett, entre la Harrow Delight et la Harvest Queen. Belle poire jaune, de bon calibre (plus grosse que la Harvest Queen, pareille à la Bartlett), peau lisse, texture fine, très bonne saveur, bon équilibre entre le sucre et l'acidité, exceptionnellement juteuse. Comme fruit frais, la poire AC Harrow Gold se voit attribuer la même cote que la Bartlett. Comme c'est le cas pour de nombreuses autres poires hâtives, elle ne se conserve pas très longtemps en chambre froide sous atmosphère non modifiée (probablement pas plus de 4-6 semaines), mais est excellente pour la vente sur éventaires routiers. Ce cultivar a été coté bon à très bon pour la transformation. Il a fait partie de l'essai sur les poiriers mené dans le cadre du programme CanAdapt. Il a une excellente résistance aux infections naturelles de la brûlure bactérienne (cote de 9,6); toutefois, certaines années, après l'inoculation par l'organisme causal, des lésions se sont étendues à environ 25 % des pousses de l'année en cours. Dans un second essai, AC Harrow Gold a montré la même précocité que Bartlett. Il est protégé par la Loi sur la protection des obtentions végétales (numéro de demande 00-2185).
Harrow Delight
Plus petite que la Bartlett, la poire Harrow Delight est jaune-vert lavé de rouge. Elle mûrit deux semaines plus tôt que la Bartlett. Il faut cueillir les fruits encore verts, sinon ils tombent en grands nombres. Le cultivar est résistant à la brûlure bactérienne. Il est interfertile avec Bartlett, Bosc, Anjou et Harvest Queen.
Harvest Queen
Le fruit ressemble à la Bartlett par la forme, la couleur, la texture et le goût, mais est plus petit. Il mûrit une semaine avant la Bartlett. L'éclaircissage permet d'améliorer le calibre du fruit et de réduire la tendance de l'arbre à l'alternance. Le cultivar est aussi résistant à la brûlure bactérienne que Kieffer. Le fruit tient bien à la branche et son calibre s'améliore lorsqu'on retarde un peu la cueillette. Harvest Queen est interfertile avec Bosc, Anjou et Harrow Delight, mais non avec Bartlett.
Harrow SweetMD (PBR #0572)
De même calibre que la Bartlett, la poire Harrow Sweet est jaune rehaussé de rouge à maturité, de saveur douce, de chair juteuse et excellente. Elle mûrit 3½ semaines après la Bartlett. L'arbre fait preuve d'une bonne résistance à la brûlure bactérienne. Harrow Sweet et Bartlett se pollinisent mutuellement.
Kieffer
Poire de médiocre qualité, convenant uniquement à la conserve. Le cultivar pollinise mal la plupart des poiriers cultivés dans la province. Malgré une très grande résistance à la brûlure bactérienne, la plupart des plantations de Kieffer ont été arrachées et on ne conseille pas de planter ce cultivar en Ontario.
Seckel
Cultivar produisant en abondance en fin de saison de jolies petites poires de très grande qualité. Il a une tendance au blettissement interne à l'approche de la cueillette. En Ontario, on le destine uniquement à la conserve en sirop épicé. Ce cultivar ne devrait être planté que dans le jardin familial et pour desservir des marchés bien définis en Ontario.
E. Descriptions des porte-greffes de poiriers et recommandations
Les porte-greffes de poiriers appartiennent à plusieurs espèces de poirier (Pyrus) et quelques-uns appartiennent même à différents genres (Cydonia, cognassier; Crataegus, aubépine; Sorbus, sorbier). Il fut un temps en Ontario où on utilisait exclusivement les semis de Bartlett (Pyrus communis) comme porte-greffes francs dans les vergers de poiriers.
Les porte-greffes de poiriers sont choisis principalement en fonction de 3 facteurs :
- l'adaptation aux conditions pédologiques et climatiques
- l'affinité, ou compatibilité, avec les cultivars de poires commerciales
- la sensibilité à certaines maladies et insectes.
1. Porte-greffes francs (multiplés par semis)
Bartlett franc
À l'heure actuelle, la plupart des poiriers cultivés en Amérique du Nord sont greffés sur des semis de Bartlett. Ces porte-greffes produisent des arbres vigoureux et peuvent s'accommoder d'une large gamme de conditions pédologiques et climatiques, mais ils sont tous sensibles à la brûlure bactérienne en pépinière et au verger. Les poiriers Bartlett élevés sur Bartlett francs sont modérément vigoureux et robustes. Leurs nombreuses racines bien réparties assurent un bon ancrage. Le fruit tend à être de calibre moyen, relativement bien galbé et riche en solides solubles.
Le semis de Bartlett demeure le principal porte-greffe de poirier recommandé en Ontario.
2. Porte-grefes de faible vigueur et de vigueur moyenne
Old Home x Farmingdale
Les sélections clonales OHxF 40, 69, 87 et 97 ont été classées comme porte-greffes de faible vigueur, en comparaison avec la vigueur des arbres sur franc. Elles sont actuellement évaluées dans le cadre d'un essai de démonstration CanAdapt se déroulant dans divers lieux climatiques en Ontario. Les arbres élevés sur ces clones OHxF sont productifs et ne drageonnent pas excessivement. Ces clones se multiplient facilement à partir de boutures ligneuses et sont très résistants à la brûlure bactérienne et aux rigueurs de l'hiver. Ils ont été mis à l'essai au Mid-Columbia Agriculture Research and Extension Center de Hood River, en Oregon.
Dans des essais effectués il y a un certain temps par AAC à Harrow avec Harvest Queen, les porte-greffes OHxF 69 et 87 sont apparus prometteurs tandis que les OHxF 333 réduisent davantage la taille de l'arbre, mais produisent aussi des fruits plus petits.
Les clones OHxF ci-dessous sont actuellement à l'essai et ont notamment fait partie des essais de poiriers de CanAdapt.
OHxF 40
Bien qu'il ait fait l'objet d'essais limités, il semble d'après les premières observations que ce clone permet une réduction du développement de l'arbre et une mise à fruit précoce.
OHxF 69
Les arbres greffés sur ce porte-greffe peuvent atteindre approximativement 70-80 % de la taille du poirier franc de pied. D'après des observations faites sur la côte ouest, le système racinaire d'OHxF 69 serait porté à se développer de façon unilatérale.|
OHxF 87
Ce porte-greffe est le plus fort producteur de la série des Old Home. Il a manifesté son aptitude à mettre à fruit à un âge précoce et à produire abondamment. Si on le laisse produire abondamment, il donne au fruiticulteur un arbre plus petit que le Bartlett franc.
OHxF 97
Est approximativement de la même taille que les porte-greffes francs Bartlett, mais il est très précoce. Il est résistant à la brûlure bactérienne et au flétrissement du poirier. Il tolère bien les rigueurs de l'hiver et est compatible avec la plupart des cultivars.
3. Porte-greffes nanifiants
Depuis quelques années, on s'applique à créer des porte-greffe nanifiants plus précoces qui sont adaptés aux vergers intensifs. Quand on utilise des porte-greffes nanifiants, on doit modifier les techniques de formation et de taille pour permettre à l'effet de réduction du développement de s'exprimer.
Jusqu'ici, les producteurs de poires qui recherchaient des porte-greffes nanifiants n'avaient à leur disposition que des sélections de cognassier (Cydonia oblonga). Le tableau 3, "Affinité des cultivars de poires avec les porte-greffes de cognassier", donne la liste des cultivars de poires qui sont compatibles, et incompatibles, quand on les greffe directement sur cognassier (Quince).
Tableau 3. Affinité des cultivars de poires avec les porte-greffes de cognassier
Compatible |
---|
Anjou |
Bartlett (seule la lignée suisse est compatible) |
Comice |
Duchess |
Flemish Beauty |
Hardy |
Howell |
Old Home |
Incompatible |
Bartlett |
Bosc |
Clapp's Favourite |
Seckel |
Quince A (Cognassier A)
Ce porte-greffe est relativement résistant à l'hiver (jusqu'à -26 ° C) et il tolère l'excès d'humidité dans le sol, mais non l'eau stagnante. Il réduit la croissance végétative du cultivar de poire qui lui est greffé et induit une mise à fruit précoce. Il n'est pas rare de voir des fruits sur des arbres de 2 ans dans la pépinière ou le verger.
Étant donné l'incompatibilité du poirier Bartlett franc avec le cognassier, la Swiss Bartlett, qui est compatible avec Quince A, est greffée directement sur les racines du cognassier.
Le poirier Bosc est également incompatible avec le porte-greffe Quince A. On recommande l'utilisation des cultivars Anjou, Duchess et Hardy comme greffon intermédiaire compatible sur lequel on surgreffe Bosc. Dans les essais de recherches, le surgreffage de Bosc sur un greffon intermédiaire Old Home a produit des arbres à rendement plus faible et à fruits plus petits. Les poiriers Bosc élevés sur cognassier sont à peu près de la même taille avec tous les greffons intermédiaires mentionnés ci-dessus.
Quince C (Cognassier C)
Cette autre sélection clonale n'a pas montré une aussi bonne résistance à l'hiver que Quince A. Il est plus nanifiant que Quince A et très sensible aux champignons qui causent les taches foliaires dans la pépinière. Quince C est actuellement en cours d'évaluation à Vineland.
Autres porte-greffes de cognassier
Le principal défaut des porte-greffes de cognassier est leur manque de résistance à l'hiver dans certaines régions de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Plusieurs clones réputés posséder une plus forte résistance au froid que Quince A ont été élaborés et mis à l'essai ailleurs.
Lignes directrices relatives à la plantation et à la conduite des poiriers greffés sur Quince (cognassier) :
- Quince A ayant un système racinaire superficiel, les poiriers greffés sur ce porte-greffe penchent souvent fortement lorsque la production commence. Pour réduire cet inconvénient, on doit greffer ces arbres en pépinière à 20 cm de hauteur, ce qui laisse une bonne longueur de tronc au porte-greffe. Au moment de la plantation, installer l'arbre de façon que seulement 2-3 cm du tronc du porte-greffe dépasse du sol pour empêcher le greffon d'émettre des racines. Chaque automne, retirer la terre et les débris accumulés contre le tronc de l'arbre pour que le point de greffe soit à nu. Cette méthode améliore l'ancrage de l'arbre et diminue le risque de drageonnage du porte-greffe.
- Doter les poiriers élevés sur Quince A d'un tuteur ou d'un palissage pour leur donner du soutien supplémentaire.
- En Ontario, il est déconseillé de planter en automne des poiriers élevés sur Quince. Si on le fait cependant, on doit placer la terre avec soin autour des racines de façon à éliminer toutes les poches d'air. On étale du paillis sur la zone du collet de l'arbre. Sans ces précautions, le froid risque de causer des lésions importantes au collet et/ou au système racinaire.
- Durant les deux premières années qui suivent la plantation au verger, on doit protéger le collet du porte-greffe Quince avec un paillis pour empêcher le froid de blesser les racines. Le paillis sera retiré au printemps. On doit également appliquer de bonnes pratiques de lutte contre les rongeurs pour mettre les arbres à l'abri de leurs déprédations.
- Ne pas laisser produire les poiriers pendant les 3-4 premières années dans le verger. Éliminer les fruits dès que possible après la nouaison. Cela favorise un bon développement des charpentières et la production de rameaux fructifères en nombre suffisant sur l'arbre. À défaut de ces précautions, les arbres risquent d'avoir un développement compact (de type spur), et leur potentiel de rendement et de longévité sera réduit.
- Comme Bosc n'est pas compatible directement sur Quince A, utiliser un greffon intermédiaire compatible (Anjou, Duchess ou Hardy). Les résultats de recherches menées à Vineland montrent que lorsqu'on utilise un greffon intermédiaire (Anjou ou Hardy) avec Bosc, le rendement et la grosseur du fruit sont satisfaisants.
- Le poirier Bartlett franc n'est pas directement compatible sur Quince A. Si l'on achète des poiriers Bartlett qui sont greffés directement sur Quince A, on doit s'assurer que c'est bien la lignée compatible Swiss Bartlett qui a été utilisée.
- Selon les résultats d'expériences menées à Vineland, les distances de plantation souhaitables pour les poiriers nains sont de 3,5 m entre les rangs et de 2,5 m sur le rang (1 143 arbres/hectare ou 453 arbres/acre). De nombreux facteurs comme le cultivar greffé, le sol et l'emplacement, l'équipement de verger, la conduite du verger et les considérations économiques influeront sur le choix des distances de plantation.
F. Cultivars de poiriers et porte-greffes
Les tableaux suivants donnent la liste des cultivars de poires qui sont cultivés dans les vergers expérimentaux de l'Université de Guelph, Département de phytotechnie, à Vineland.
Liste I - Cultivars nommés |
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Anjou Arvida Aurora Bartlett Bartlett, French (Dr Jules Guyot) Bartlett, lignée suisse compatible avec Quince, Williams Bon Chrétien M.207 Bartlett, Max-Red Bosc Bosc (OP-5) Brush Butirra Précoce California Catillac Clairgeau Clapp's Favorite Clara Frijs Coldchester Cornice (LA) Conference Deuble Fiorenza Flemish Beauty Giffard |
Gorham ACMD Harrow Crisp Harrow Delight ACMD Harrow Gold Harvest Queen Highland Howell Iler LusciousMD Mac Magness Mainstreet Merton Pride (LA) Moonglow Mori Santa Maria Seckel Sierra Sirrine SpartletMD Starkâ Jumbo Thornless Seckel Vermont Beauty Winter Nelis |
Liste II - Collections de porte-greffes de poires et d'espèces de poiriers |
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Farmingdale |
Angers 85-1, 129, 131, 132, 144-3 |
English Hardy |
Cydonia oblonga, Pigwa (Pologne) : |
Old Home |
S-1 |
Quince A (EMLA) |
S-2 |
Quince C (Harrow) |
S-3 |
Pour plus de renseignements:
Pour voir la photographie de certains cultivars évoqués dans la présente fiche technique, on peut visiter la « galerie de photos des fruits tendres » dans le site Web du MAA
La présente série de fiches techniques remplace la publication 430F intitulée Cultivars de fruits. Autres fiches de la série :
Commande no 07-042, Cultivars de pêches et de nectarines
Commande no 02-036, Cultivars d'abricots
Commande no 02-038, Cultivars de cerises douces et acides
Commande no 07-040, Cultivars de prunes européennes et japonaises.
Nous remercions le Secrétariat d'État pour sa contribution financière à la réalisation de la présente fiche technique.
L'auteur tient à exprimer sa gratitude aux personnes et aux organismes suivants pour leurs contributions écrites et/ou leur aide pour la relecture de la fiche technique :
Karl Evans, société Nabisco Brands Ltd.; les pépinières Mori Nurseries; Adrian Huisman, Commission ontarienne de commercialisation des fruits tendres.