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La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l'engagement juridique du gouvernement de l'Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l'égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d'une espèce.

Dans les neuf mois qui suivent l'élaboration d'un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l'Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l'Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de la stratégie, la déclaration du gouvernement a pris en compte (s'il y a lieu) les commentaires formulés par les parties intéressées, les autres autorités, les collectivités et organismes autochtones, et les membres du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances locales et scientifiques, y compris le Savoir écologique traditionnel, auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Le programme de rétablissement pour le carcajou (Gulo gulo) a été achevé le 22 novembre 2013. Afin d'examiner de façon complète et de bien cerner les complexités inhérentes à la protection du carcajou, le MRNF a pris plus de temps pour préparer sa déclaration. Le ministère a invité les organismes communautaires et les communautés autochtones à participer au programme de rétablissement du gouvernement pendant son élaboration et a reçu des commentaires de plusieurs groupes. Il a également produit et distribué de la documentation visant à sensibiliser les communautés qui se trouvent dans l'aire de répartition du carcajou au cours du processus de développement. L'ensemble des recommandations énoncées dans la stratégie de rétablissement, des conseils offerts par les intervenants et des renseignements territoriaux, scientifiques et économiques supplémentaires ont été pris en considération et cette déclaration du gouvernement souligne les mesures qui sont jugées appropriées et nécessaires à la protection et au rétablissement de cette espèce.

Le carcajou (Gulo gulo) est le plus gros membre de la famille de la belette (Mustelidae). C'est un animal puissant à la queue touffue, aux courtes jambes munies de grosses pattes aux griffes semirétractables. Il a une grosse tête et son visage est brun foncé, parfois avec un masque facial argenté pâle, et il a de petites oreilles rondes. Son pelage est brun foncé et il a des bandes pâles brun doré le long de ses flancs. Adulte, le carcajou mesure de 65 à 87 centimètres de long. La longueur de sa queue atteint entre 17 et 26 cm.

La protection et le rétablissement du carcajou

Le carcajou figure sur la Liste des espèces en péril en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition, qui vise à protéger l'animal et son habitat. Aux termes de la LEVD, il est interdit d'endommager ou de perturber cette espèce, et d'endommager ou de détruire son habitat, à moins d'y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

Le carcajou est présent dans toutes les régions de l'Arctique et du subarctique, et dans les forêts boréales de l'hémisphère Nord en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Par le passé, les carcajous étaient dispersés dans la vaste majorité du Canada, mais son aire de répartition a rapidement diminué lors de la colonisation européenne et de l'utilisation des terres qui lui est associée durant le 19e siècle. Aujourd'hui, on le trouve dans toutes les provinces, de la Colombie-Britannique jusqu'en Ontario, et dans les trois territoires où il habite les forêts, la toundra alpine des montagnes de l'Ouest et la toundra arctique. Le carcajou aurait été aperçu dans la province de Québec et au Labrador, mais sa présence n'a pu être confirmée dans ces provinces depuis le piégeage d'un individu à la fin des années 1970. Autrefois, on pensait qu'au Canada, les carcajous formaient deux populations distinctes et que l'Ontario était à la jonction entre la population de l'est et celle de l'ouest. Mais une nouvelle évaluation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2014 conclut que le carcajou du Canada forme une seule population. Une recherche récente a révélé des similarités entre les carcajous de l'Ontario et ceux du Manitoba.

Avant la colonisation européenne, le carcajou se trouvait presque partout en Ontario, y compris dans le sud de la province, mais l'espèce a été extirpée dans une grande partie de son aire de répartition historique au 19e siècle et au début du 20e siècle. Aujourd'hui, il se trouve principalement dans le nord-ouest de la province. Toutefois, selon de récentes données obtenues au moyen d'une surveillance aérienne et de piégeurs, il se pourrait que le carcajou regagne du territoire dans le nord-est de l'Ontario, en direction de la baie James et du Québec.

De faibles densités de population, des domaines vitaux étendus et la dispersion d'individus sur de grandes distances font en sorte qu'il est extrêmement difficile de déterminer la population provinciale actuelle. Selon une analyse des données sur le carcajou en 2013, la population ontarienne compte entre 458 et 645 individus. Compte tenu de la nature de l'espèce et de l'expansion potentielle de son aire de répartition vers l'est, la population peut être dispersée, maintenant ou à l'avenir, entre l'Ontario et le Manitoba et l'Ontario et le Québec.

Carte modifiée de l'aire de répartition nord-américaine du carcajou présentée dans l'évaluation et le rapport de situation du COSEPAC sur le carcajou en 2014. Données fournies par Joanna Wilson, biologiste des espèces en péril, ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest, Yellowknife.

Carte modifiée de l'aire de répartition nord-américaine du carcajou présentée dans l'évaluation et le rapport de situation du COSEPAC sur le carcajou en 2014. Données fournies par Joanna Wilson, biologiste des espèces en péril, ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest, Yellowknife. 

Cliquez ici pour voir une plus grande version de la carte de distribution du carcajou en Ontario

Le carcajou est un carnivore compact de taille moyenne. Le carcajou est une créature solitaire qui a besoin de domaines vitaux relativement importants et qui se déplace tout au long de l'année dans des environnements extrêmes et sur de longues distances. Le carcajou est à la fois un prédateur et un charognard; il mange une variété de nourriture, selon la disponibilité. Le carcajou se nourrit principalement de la charogne d'orignal et de caribou qui est abandonnée par d'autres carnivores ainsi que d'animaux morts par suite de maladie ou de blessures. Le carcajou n'hiberne pas et est très bien adapté pour survivre l'hiver. Comparativement à d'autres gros carnivores, le carcajou a une faible capacité de reproduction. Par conséquent, les populations sont plus vulnérables à la perte d'individus.

Le carcajou occupe de nombreux habitats : forestiers et ouverts. En Ontario, il vit dans les forêts boréales et la toundra. Il a besoin d'être éloigné des établissements humains et nécessite un couvert de neige adéquat qui persistera durant toute la période de mise bas, de grandes parcelles d'habitat et une source de nourriture constante. On a observé que ses liteaux comprenaient des tas de pierre et arbres déracinés recouverts de neige, et des tunnels dans la neige. Dans le choix de liteau, les mères ont tendance à occuper des lieux qui offrent une protection contre les prédateurs et la perturbation anthropique, une isolation pour atténuer les températures froides de l'hiver et assez de proies pour l'élevage des petits. En raison de la nature évasive du carcajou et des endroits éloignés qu'il habite, les connaissances quant à ses besoins précis en matière d'habitat et de son utilisation ou de son choix du lieu de mise bas en Ontario demeurent très limitées.

Mythologie du carcajou

En raison de la nature solitaire du carcajou et du manque de connaissances générales sur cette espèce, des mythologies et des légendes ont été créées au fil des ans. Le carcajou est à l'origine de contes mythiques pour sa force, sa ruse, sa férocité et ses capacités destructives, qui contribuent parfois à sa mauvaise réputation. Considéré par bon nombre de personnes comme un symbole de région sauvage éloignée, le carcajou est surnommé « l'ours du diable », « l'ours-moufette » et « glouton ».

La fourrure du carcajou est épaisse et huileuse, ce qui la rend résistante au gel et à l'emmêlement. La beauté esthétique et la durabilité de sa fourrure sont à l'origine de sa popularité historique parmi les chasseurs et les piégeurs qui l'utilisaient pour la fabrication de chapeaux et de vêtements, et de sa chasse dans toute la province. Le carcajou est classé comme un animal à fourrure en vertu de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune. Les périodes de chasse et de piégeage du carcajou ont pris fin en 2009 après plusieurs années à quota nul et la chasse de l'espèce est interdite. Malgré la fermeture des périodes de chasse et de piégeage, le carcajou est toujours vulnérable aux activités de piégeage d'autres mammifères dans son aire de répartition en Ontario. Le carcajou est souvent attiré par les appâts, ce qui le rend susceptible d'être pris dans des pièges tendus pour d'autres espèces. En vertu de l'article 23.19 du Règl, de l'Ont. 242/08 pris en application de la LEVD, il faut signaler tout piégeage accidentel d'une espèce en voie de disparition, y compris du carcajou, et prendre des mesures visant à atténuer les incidences sur l'espèce.

Le carcajou est d'une valeur importante dans certaines cultures et communautés autochtones. L'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 du Canada reconnaît l'existence des droits ancestraux et des droits issus des traités du peuple autochtone, y compris les Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada. Selon les modalités de traités en particulier et des éléments probants historiques, ces droits peuvent comprendre la chasse du carcajou à des fins alimentaires, sociales et rituelles.

La réduction de l'aire de répartition et du nombre de carcajous a été attribuée à certains facteurs interdépendants, notamment à la colonisation européenne, au défrichage, à la fragmentation de l'habitat, à l'exploitation des ressources, à la diminution des prédateurs, à la chasse au carcajou et au changement climatique. Malgré la perte d'aire de répartition et la fragmentation en Amérique du Nord au cours des 150 dernières années, on n'a que très peu de détails et de connaissances approfondies sur les facteurs précis se rapportant au déclin du carcajou sur tout le territoire. On a réussi à recueillir des renseignements écologiques de base sur cette espèce pendant les dernières décennies. La difficulté de recueillir des données sur le carcajou présente toujours des défis de taille pour ce qui est de comprendre les besoins de cette espèce mystérieuse et l'ampleur des menaces particulières à sa protection et son rétablissement en Ontario.

Le carcajou dépend de grands territoires d'habitat dans le nord de l'Ontario et il est, par conséquent, sensible à la modification du paysage entraînée par le changement climatique et la détérioration de l'altération de l'habitat. On ne comprend pas bien les effets particuliers de la présence humaine accrue et de l'étendue des travaux d'aménagement dans ces régions, notamment les travaux d'infrastructure et la mise en valeur des ressources (p. ex. exploitation minière, forestière, énergétique), sur le carcajou. D'autre part, étant donné que le carcajou nécessite un couvert de neige, en particulier en ce qui a trait aux liteaux, on prévoit que le changement climatique aura des répercussions sur son aire de répartition et son abondance. On ne connaît pas les effets précis du changement climatique sur l'espèce et son habitat, et il n'existe aucune modélisation à ce sujet.

Compte tenu de l'expansion vers l'est de l'aire de répartition du carcajou dans le nord de l'Ontario, des lacunes dans les connaissances sur l'espèce et de la volonté de s'assurer que les mesures de rétablissement actuelles et futures ne se limitent pas à des zones géographiques précises, l'approche fondée sur une base géographique reconnue dans le programme de rétablissement n'a pas été adoptée. L'objectif du gouvernement concernant le rétablissement vise plutôt l'accroissement naturel de l'aire de répartition et de l'abondance de l'espèce, sans se limiter à des lieux donnés.

La combinaison des éléments qui risquent de menacer l'espèce et les facteurs biologiques intrinsèques (p. ex., faible potentiel de reproduction) aura probablement un impact cumulatif sur le carcajou. Les approches pour le rétablissement du carcajou en Ontario viseront à combler les lacunes dans les connaissances au moyen de la recherche et du suivi, à atténuer les menaces sur le paysage grâce à des mesures concertées et à renforcer la sensibilisation des particuliers et des organismes ontariens à l'espèce et leurs connaissances sur celle-ci.

Objectif du programme de rétablissement du gouvernement

L'objectif du gouvernement concernant le rétablissement du carcajou consiste à favoriser l'accroissement naturel de l'abondance et de l'aire de répartition de la population.

Mesures

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n'a toutes les connaissances, l'autorité, ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l'Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités. En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu'il pourrait entreprendre directement et de celles qu'il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du carcajou. L'appui de la mise œuvre de ces mesures peut être obtenu au moyen de financements, d'ententes, de permis (assortis de conditions) et des services consultatifs.

On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années. Les mesures prioritaires annuelles pour l'appui gouvernemental en ce qui concerne toutes les espèces seront établies et communiquées pour encourager la collaboration et réduire le chevauchement des efforts.

Secteurs d'intervention : Suivi et recherche

Objectif : Combler les lacunes dans les connaissances sur la biologie, l'écologie, la répartition, la dynamique des populations, les menaces et l'utilisation de l'habitat du carcajou en Ontario.

La répartition dispersée du carcajou, souvent dans de vastes régions éloignées comme des forêts de conifères persistants, et ses déplacements constants font en sorte qu'il est très difficile d'étudier l'espèce. Il existe des connaissances générales sur le carcajou en Ontario et la recherche se poursuit, mais il y a un manque de connaissances approfondies sur une variété de facteurs concernant la protection et le rétablissement de l'espèce. Des renseignements sur les effets particuliers des menaces et sur la sensibilité de l'espèce aux divers types de perturbations sont essentiels pour atténuer les répercussions potentielles des activités. Il faut entreprendre d'autres recherches, suivis et modélisations afin de mieux comprendre la répartition, la dynamique des populations, l'utilisation de l'habitat et les besoins biologiques du carcajou d'aujourd'hui et de demain. De telles informations sont nécessaires pour évaluer efficacement la population actuelle, établir des paramètres pour mesurer les progrès, permettre de prendre des décisions fondées sur des données fiables et mettre en œuvre des mesures de protection et de rétablissement de l'espèce.

Le carcajou a une dimension culturelle chez certaines communautés autochtones de l'Ontario. Par conséquent, il est important de continuer d'intégrer les connaissances écologiques traditionnelles, les perspectives et les pratiques afin de mieux connaître le carcajou et sa répartition en Ontario. Le carcajou qui vit en Ontario peut aussi se déplacer entre le Manitoba et le Québec. L'échange d'informations et de connaissances entre les autorités, y compris le Manitoba et le Québec, et les communautés et organismes autochtones, établira une collaboration qui permettra de recueillir des renseignements et de mieux comprendre le carcajou en Ontario.

Mesures :

  1. (Élevée) Faire l'inventaire et le suivi du carcajou, y compris intégrer sa surveillance à des programmes permanents d'inventaire et de surveillance à grande échelle (p. ex., inventaires aériens de l'orignal) et aux initiatives prises pour les espèces boréales en péril, ce qui comprend :
    • évaluer la répartition, l'abondance et les tendances des populations de l'espèce;
    • suivre les mouvements de l'espèce;
    • suivre les causes de mortalité naturelle et d'origine humaine (p. ex. animaux tués sur les routes ou les voies ferrées, famine, prédation, maladie, piégeage accidentel). (dirigée et soutenue par le gouvernement)
  2. (Élevée) Mener des recherches sur les besoins en matière d'habitat de l'espèce et son utilisation en Ontario, ce qui comprend :
    • évaluer les facteurs de choix de l'emplacement des liteaux, y compris le degré de sensibilité de l'espèce aux différents types de perturbations dans le cadre de ce choix (p. ex. feu, activité forestière, exploitation de ressources, aménagement);
    • calculer la taille de l'aire de répartition où vit le carcajou;
    • évaluer et suivre la qualité de l'habitat du carcajou en Ontario (p. ex. taille, couvert de conifères, profondeur et couverture de neige, présence de proies). (soutenue par le gouvernement)
  3. Encourager l'enregistrement, l'échange et le transfert des connaissances écologiques traditionnelles sur le carcajou, notamment les renseignements sur la répartition actuelle et historique de l'espèce et l'utilisation de son habitat. Coordonner ces mesures avec celles d'autres espèces qui vivent dans la même aire. (soutenue par le gouvernement)
  4. Développer, essayer et mettre à jour des modèles de paysage pour le carcajou en Ontario afin de mieux comprendre et prévoir les changements de mouvements et de répartition de l'espèce, y compris des modèles visant à :
    • explorer les impacts potentiels du changement climatique (p. ex. changement de couverture et profondeur de neige, de couvert de conifères, de température) sur le carcajou et son habitat;
    • examiner l'utilisation de l'habitat dans le cadre du paysage et de la dynamique potentielle de la population future du carcajou, notamment les interactions avec les activités naturelles (p. ex., feu) et anthropiques (p. ex.  aménagement routier, exploitation de ressources, activités forestières). (soutenue par le gouvernement)
  5. Coordonner les mesures et échanger les renseignements entre les communautés et organismes autochtones, et d'autres autorités, comme le gouvernement fédéral, le Manitoba et le Québec, dans le but de combler les lacunes dans les connaissances en Ontario. (dirigée par le gouvernement)
  6. Encourager la communication des données sur le carcajou au répertoire central du ministère du Centre d'information sur le patrimoine naturel. (dirigée par le gouvernement)

Secteurs d'intervention : Gestion de l'habitat

Objectif : Maintenir la disponibilité d'habitat propice au carcajou en Ontario en collaboration avec les communautés et organismes autochtones et les intervenants.

Le carcajou dépend d'une grande qualité d'habitat. Par conséquent, la perte, la dégradation et la fragmentation de l'habitat, en conjonction avec les activités d'aménagement et l'utilisation changeante des terres, menacent le rétablissement de l'espèce. La collaboration dans la mise en œuvre de pratiques de gestion exemplaires appropriées pour ces activités, y compris les activités minières, le développement des infrastructures et de l'énergie, et l'adaptation de ces stratégies aux nouvelles connaissances réduiront efficacement les menaces qui pèsent sur le carcajou en Ontario.

Il existe des lacunes dans les connaissances sur les besoins en habitat du carcajou et sur son utilisation en Ontario. Cependant, les besoins en peuplements de conifères et les degrés minimaux de perturbations représentent généralement les besoins en habitat du caribou (population boréale). Le guide sur la gestion forestière des paysages de la forêt boréale (Forest Management Guide for Boreal Landscapes) pour le caribou présente les directives en matière de gestion de l'habitat du caribou (population boréale) prévues à la Loi de 1994 sur la durabilité des forêts de la Couronne à l'échelle du paysage. L'application de ces directives facilitera probablement le maintien de la durabilité permanente de l'habitat du carcajou à l'échelle du paysage. Le guide de gestion forestière pour la conservation de la biodiversité à l'échelle du peuplement et du site (Forest Management Guide for Conserving Biodiversity at the Stand and Site Scales) donne des renseignements sur les filtres grossiers et fins à appliquer pour l'espèce dans le cadre de la planification de la gestion forestière. On y trouve des renseignements sur les liteaux du carcajou, sur la réduction des perturbations et sur le maintien de la durabilité de l'habitat entourant les liteaux. 

Le gouvernement de l'Ontario s'est également engagé à remédier aux impacts potentiels sur l'habitat du carcajou en planifiant l'utilisation des terres et à travailler en collaboration avec les Premières Nations pour élaborer des plans communautaires d'occupation des terres dans le Grand Nord de l'Ontario. Une stratégie d'aménagement du Grand Nord est en cours d'achèvement. Elle facilitera la préparation des plans d'occupation des terres et fournira des directives sur l'intégration des questions qui concernent une zone géographique qui n'est pas comprise dans les plans individuels. Elle offrira des conseils aux équipes de planification sur la façon de tenir compte des besoins des espèces en péril au moment de préparer un plan. Dans le cadre de l'élaboration de ces plans, les Premières Nations et le gouvernement de l'Ontario décideront d'un commun accord des zones qui pourront être aménagées dans le Grand Nord et de celles qui devront être protégées. Les animaux sauvages, notamment le carcajou, ainsi que le changement climatique et les effets cumulatifs seront les thèmes à prendre en compte dans la planification.

En ce qui concerne le changement climatique, le gouvernement a fait preuve de leadership en adoptant la Stratégie de l'Ontario en matière de changement climatique en 2015 qu'il a renforcé par un Plan d'action contre le changement climatique, publié au printemps 2016, et en mettant sur pied un programme de plafonnement et d'échange provincial. La Stratégie de l'Ontario en matière de changement climatique définit le changement nécessaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s'appuie sur le fondement déjà établi en Ontario qu'il faut innover et investir dans une économie à production élevée, misant sur notre capital naturel. Seule une action collective peut nous aider à réduire les impacts du changement climatique. En prenant des mesures visant à atténuer ces impacts, nous maintiendrons les caractéristiques de l'habitat, notamment les liteaux couverts de neige, dont dépend la vie du carcajou.

Mesures :

  1. (Élevée) Développer, adopter et mettre à jour, au besoin, des pratiques de gestion exemplaires qui réduiront les effets des activités telles que l'exploitation minière, la construction d'infrastructures et le développement énergétique sur les liteaux du carcajou et leurs environs. (soutenue par le gouvernement)
  2. Continuer de suivre les directives présentées dans le guide de gestion forestière pour la conservation de la biodiversité à l'échelle du peuplement et du site (Forest Management Guide for Conserving Biodiversity at the Stand and Site Scales). Ces directives peuvent être révisées en fonction de l'arrivée de nouvelles informations. (dirigée par le gouvernement
  3. Travailler avec les communautés et tous les secteurs à la réalisation, au suivi et à l'établissement de rapports des progrès effectués dans le cadre de la Stratégie de l'Ontario en matière de changement climatique et du Plan d'action contre le changement climatique en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre. (dirigée par le gouvernement)
  4. Travailler de concert avec les Premières Nations du Grand Nord en élaborant un plan d'occupation des terres communautaires afin de prendre en considération les animaux sauvages comme le carcajou et les intérêts aussi bien communautaires que généraux qui représentent la nature complexe de l'écologie, de la culture et de l'économie du Grand Nord. (dirigée et soutenue par le gouvernement)
  5. Protéger le carcajou et son habitat conformément à la LEVD. (soutenue par le gouvernement)
  6. Informer les autres organismes et autorités qui participent à la planification et à l'évaluation environnementale des exigences imposées par la LEVD en matière de protection. (dirigée par le gouvernement)

Secteurs d'intervention : Intendance et sensibilisation  

Objectif : Travailler en collaboration pour mieux faire connaître le carcajou au public et réduire les préjugés et les menaces auxquels l'espèce fait face. 

Le secteur de l'industrie, les organismes et communautés autochtones, les organisations de trappeurs et les membres du public ont tous un rôle essentiel à jouer dans le rétablissement du carcajou. En effet, certains milieux ont donné autrefois au carcajou la mauvaise réputation d'être un prédateur destructif, agressif et féroce. Cette perception n'a guère évolué aujourd'hui. Si les membres du public connaissaient mieux l'espèce et son habitat, ils seraient plus enclins à prendre des mesures visant à prévenir et à réduire les menaces auxquelles se heurte l'espèce dans le paysage et à échanger les observations sur le carcajou.

Travailler en partenariat avec les trappeurs et leurs organisations faciliterait la promotion et l'adoption de pratiques de gestion exemplaires, la mise à jour du matériel pédagogique et le signalement des carcajous pris accidentellement au piège, comme le prévoit l'article 23.19 du Règlement de l'Ontario 242/08 pris en application de la LEVD. Aux termes de la Loi sur la conservation du poisson et de la faune, il est interdit de chasser et de piéger le carcajou. Les dispositifs utilisés pour piéger l'espèce quand la saison est ouverte sont réglementés en partie d'après les spécifications du manufacturier. Pour être utilisés légalement par les trappeurs titulaires d'un permis en Ontario, ces dispositifs ne doivent pas être modifiés. Le carcajou a un faible potentiel de reproduction en raison de sa courte espérance de vie, de sa maturité sexuelle relativement tardive, de l'intervalle considérable entre les naissances, de la petite taille de ses portées et du faible taux de survie des jeunes. C'est pour ces raisons et aussi pour leur faible densité que les populations de carcajou sont particulièrement vulnérables au piégeage accidentel qui peut entraîner leur mort. Le travail en collaboration avec les trappeurs et leurs organisations permettra de poursuivre la mise en œuvre et le peaufinage de techniques efficaces pour réduire le nombre de carcajous piégés et les dommages causés aux lignes de piégeage.

Le cri, l'ojibwé et l'oji-cri sont les langues les plus souvent parlées dans le nord de l'Ontario où se trouve le carcajou. La traduction des communications pertinentes dans ces langues soutiendra les mesures d'intendance et de rétablissement dans cette région.

Mesures :

  1. (Élevée) Travailler avec les trappeurs de fourrure et leurs organisations en Ontario dans le but de promouvoir les méthodes de piégeage qui réduisent la prise accidentelle de carcajous et les dommages associés aux lignes de piégeage :
    • développer, adopter, promouvoir, évaluer et mettre à jour, au besoin, des pratiques de gestion exemplaires spécifiques au piégeage afin de minimiser les prises accidentelles de carcajous et les dommages associés aux lignes de piégeage;
    • mettre à jour les pratiques de gestion exemplaires et le matériel pédagogique au moyen de la meilleure information disponible sur l'espèce;
    • promouvoir le signalement de tous les cas de piégeage accidentel de l'espèce;
    • surveiller les avis d'exercice d'une activité ou autres avis aux termes du Règlement de l'Ontario 242/08 pris en application de la Loi de 1997 sur les espèces en voie de disparition concernant le piégeage accidentel des carcajous afin de mieux connaître les tendances du nombre d'animaux piégés accidentellement et du lieu où cela s'est produit. (dirigée et soutenue par le gouvernement)
  2. Élaborer et publier des produits de communication qui permettront au public de mieux connaître l'espèce et de combattre les préjugés. S'il y a lieu, traduire les documents en cri, en ojibwé et en oji-cri. (soutenue par le gouvernement)

Mise en œuvre des mesures

Un soutien financier pour la mise en œuvre de mesures peut être offert par le Programme d'intendance des espèces en péril. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l'égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d'entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l'ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l'exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l'efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l'espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l'élaboration du Programme de rétablissement pour le carcajou (Gulo gulo) en pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements supplémentaires

Le déclaration du gouvernement de l'Ontario en réponse au programme de rétablissement pour le carcajou est disponible en format PDF sur demande. Veuillez faire parvenir vos demandes de PDF par courriel à recovery.planning@ontario.ca.