Introduction

Le dépérissement du genévrier est préoccupant dans les pépinières et les aménagements paysagers. Le dépérissement peut être causé par des facteurs biotiques, insectes ou maladies, ou par des facteurs abiotiques, problèmes physiologiques et agressions. Deux champignons, Phomopsis juniperovira et Kabatina juniperi peuvent causer le dépérissement chez différentes espèces de genévrier. Afin de bien gérer ces maladies, il faut absolument savoir les identifier correctement.

Brûlure phomopsienne

Plantes hôtes :

  • Abies spp., sapin;
  • Chamaecyparis spp., faux-cyprès;
  • Cupressus spp., cyprès;
  • Juniperus spp., genévrier;
  • Larix spp., mélèze;
  • Metasequoia spp., séquoia;
  • Taxus, spp., if;
  • Thuja spp., thuya; et
  • Tsuga spp. , pruche.

Cycle biologique

Les organes de fructification, appelés pycnides, apparaissent dans les chancres gris qui se développent à la base des pousses et des rameaux déjà morts. Ils y apparaissent environ trois à quatre semaines après l'infection. Les pycnides sont incrustés dans le tissu de la plante. Cependant, par temps pluvieux, il en exsude des masses de conidies, ou spores, de couleur vert pâle à crème, qui sont dispersées par le vent et l'eau et infectent de nouveaux tissus. Des spores sont libérées continuellement pendant la saison de croissance, propageant l'infection lorsque les conditions environnementales sont optimales. Les infections sont plus courantes à l'automne.

Les jeunes tissus sont très vulnérables au champignon. L'infection peut survenir tard dans la saison, si la croissance se prolonge. Elle est encouragée par un élagage important, une fertilisation abondante et une humidité excessive. Lorsque les températures se situent entre 20 et 24 C, l'infection peut se déclarer en moins de sept heures sur une surface mouillée. Les périodes de pluie prolongées favorisent l'infection et l'aggravent. Suivant le déclenchement de la maladie, des températures élevées intensifient les symptômes.

Symptômes

Les nouvelles pousses, les écailles et les aiguilles qui ne sont pas à maturité sont les plus vulnérables à l'infection. Les feuilles matures semblent plus résistantes. La maladie se manifeste d'abord par de petites lésions qui prennent la forme de minuscules taches jaunâtres. Au fur et à mesure que le champignon progresse dans les tissus qui transportent l'eau, les pousses malades flétrissent, prennent une coloration vert pâle, puis brun-rouge. On peut alors observer une bande grisâtre, le chancre, à la base des pousses infectées. Les pousses malades restent sur la plante pendant un certain temps, puis deviennent grises.

Cette décoloration survient plus tard dans la saison de croissance. Un anneau peut se former autour des rameaux de moins de 1 cm de diamètre.

Les rameaux de 5 ans ou moins peuvent être infectés par Phosmopsis.

Brûlure causée par Kabatina

Variété d'hôtes — en partie les mêmes plantes­hôtes, soit :

  • Cupressus spp., cyprès;
  • Juniperus spp., genévrier; et
  • Thuja spp., thuya.

Bon nombre des mêmes plantes qui sont vulnérables à Phomopsis juniperovira.

Cycle biologique

Le cycle biologique de Kabatina juniperi est semblable à celui de Phomopsis juniperovora. Kabatina ne pénètre pas dans les tissus sains, mais envahit les blessures causées entre autres par des insectes. ôes spores, souvent libérées à l'automne, sont disséminées par l'eau. Les températures les plus propices à l'infection se situent entre 16 et 21°C.

Symptômes

Les rameaux de la saison précédente qui ont été infectés par Kabatina peuvent présenter des symptômes le printemps suivant lorsque le feuillage commence à perdre sa couleur hivernale et que la croissance reprend. Les extrémités atteintes jaunissent, puis brunissent au lieu de verdir. Comme dans le cas de Phomopsis, des lésions grisâtres se forment à la base des rameaux.

Diagnostic

Afin de diagnostiquer le champignon en cause dans le dépérissement des rameaux, il faut prélever des échantillons, les mettre dans un milieu de culture et examiner les spores. Un outil diagnostic relativement simple consiste à peler l'enveloppe externe de l'écorce. Si les tissus présentent un dégradé uniforme du brun au vert, la sécheresse est probablement la cause du dépérissement. Par contre, une séparation très nette entre les tissus sains et les tissus nécrosés sont révélateurs de la présence d'un chancre. Cette méthode ne permet toutefois pas de déterminer lequel des champignons est en cause. Elle permet simplement de savoir si la blessure originale est associée à une maladie ou non.

Lutte

Ces maladies frappent essentiellement les jeunes plants de semis, dans les pépinières et les aménagements paysagers. Les mesures de lutte doivent reposer à la fois sur des méthodes culturales et des méthodes chimiques.

Voici certaines espèces et certains cultivars qui seraient résistants à Phomopsis :

  • Juniperus chinensis
  • J. horizontalis
    • cv. Foemina
    • cv. Procumbens
    • cv. Iowa
  • J. sabina
    • cv. Keteleeri
    • cv. Broadmoor
    • cv. Pfitzeriana Aurea
    • cv. Knap Hill
    • cv. Robusta
    • cv. Skandia
    • var. sargentii
  • J. scopulorum
    • var. sargentii
    • cv. Glauca
    • cv. Silver King
    • cv. Shoosmith
  • J. squamata
    • cv. Campbellii
  • J. communis
    • cv. Ashfordii
    • var. fargesii
    • cv. Aureospica*
    • cv. Prostrata
    • var. depressa
    • cv. Pumila
    • cv. Depressa Aurea
  • J. virginiana
    • cv. Hulkjaerhus
    • cv. Tripartita
    • cv. Prostrata Aurea
    • cv. Repanda
    • var. saxatilis
    • cv. Suecica

Un bon moyen de lutter contre la maladie consiste à veiller à la santé des plantes en maintenant le sol fertile et à un pH convenable, en atténuant les épisodes de sécheresse et en évitant le compactage du sol. On doit cependant éviter les situations qui amènent une croissance excessive, car les jeunes tissus sont plus vulnérables à la brûlure phomopsienne.

Dans la mesure du possible, élaguer et détruire les branches infectées pendant les périodes de sécheresse et stériliser les instruments entre chaque coupe. Le maintien d'une bonne circulation d'air et un bon espacement des plants contribuent à accélérer le séchage du feuillage, ce qui réduit du coup les risques de déclenchement de la maladie.

Éviter l'irrigation par aspersion tard dans la journée. Arracher et détruire les plants fortement infestés. Dans les périodes de temps pluvieux, prévenir l'infection en protégeant les nouvelles pousses par des pulvérisations de fongicide.

Aucun fongicide ne semble totalement efficace. Pour connaître les antiparasitaires homologués contre ces champignons, consulter la publication 383F du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario, intitulée Recommandations pour la culture du matériel de pépinière et des plantes paysagères.