Une description de l’habitat général est un document technique fournissant une plus grande précision sur l’habitat protégé d’une espèce; cette description se fonde sur la définition d’habitat général prévu à la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. La protection générale de l’habitat ne comprend pas une aire où l’espèce se trouvait antérieurement ou qui a le potentiel afin de l’y réintroduire, à moins que les membres existants de l’espèce ne dépendent de l’aire pour mener à bien leurs processus de vie. La description d’habitat général décrit aussi comment la catégorie de l’habitat a été établie conformément à la « politique de catégorisation et de protection de l’habitat aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition » et est fondée sur la meilleure information scientifique disponible.

Catégorisation de l’habitat

  1. L’aire occupée par le ginseng à cinq folioles et la superficie de catégorie communautaire de la CET (forêt ou de marécage arborescent) à une distance d’un rayon 100 m de l’aire occupée
  2. L’aire de catégorie communautaire de la CET (forêt ou de marécage arborescent) entre 100 m et 150 m de l’aire occupée se trouvant de façon contiguë à la catégorie 1
  3. Ne s’applique pas à cette espèce

Catégorie 1

On juge que l’aire occupée par le ginseng à cinq folioles et la zone de catégorie communautaire « forêt ou de marécage arboricole » de la CET (Lee et coll. 1998) à l’intérieur d’un rayon de 100 m de l’aire occupée est la zone ayant le niveau le moins élevé de tolérance aux perturbations. Le ginseng à cinq folioles est une plante rare tolérante à l’ombre qui dépend de son aire environnante pour maintenir des conditions pour soutenir ses processus vitaux comme la reproduction et la dissémination (Charron et Gagnon 1991, Nault et coll. 1998). Cette espèce est physiologiquement adaptée des niveaux de faible luminosité. Chez cette plante, la saturation de la lumière est atteinte à un taux aussi faible que de 10 % de la pleine lumière du soleil (Protor 1980). Le ginseng à cinq folioles est sensible à la lumière et s’il est exposé à un ensoleillement trop intense, il peut souffrir de chlorose des feuilles, de sénescence précoce et de croissance affaiblie (Gagnon 1999).

En Ontario, l’habitat adéquat pour le ginseng à cinq folioles se trouve dans les forêts mûres de décidus relativement non perturbées dominées par l’érable à sucre et où il peut pousser dans des conditions de faible luminosité (Nault et White 1999). Les caractéristiques hydrologiques de cette zone, comme les mares de suintement et les cours d’eau temporaires, sont tout aussi importantes. Le ginseng à cinq folioles ne pousse que dans des sols humides, mais bien drainés; la plante dépend donc fortement des eaux souterraines ou de surface. Une fois qu’il a été perturbé, ce type d’habitat forestier mûr et intérieur exige de longues années pour retourner à son état original et il est sensible aux modifications de l’habitat. Des études ont démontré que la distance approximative de l’influence de la lisière sur la structure et la composition des forêts mûres de l’est de l’Amérique du Nord est d’environ 90 m (Harper et coll. 2005). La zone d’un rayon de 100 m autour de l’aire occupée comprend la distance approximative de l’influence sur la lisière sur la structure et la composition de la forêt. La zone de catégorie 1 appuie aussi la dissémination des graines sur de courtes distances, ce qui est le type le plus courant de d’expansion chez cette espèce (Cruse-Sanders et Hamrick 2004).

Catégorie 2

La zone de catégories de communautés de forêt ou de marécage arborescent de la CET entre 100 m et 150 m de l’aire occupée par le ginseng à cinq folioles qui est contiguë à la catégorie 1 est comprise dans la catégorie 2. On juge que cette zone a un niveau moyen de tolérance aux perturbations. Cette zone est adjacente à la zone de Catégorie 1 et elle contribue à maintenir ses fonctions, y compris les conditions d’humidité. Elle aide aussi à réduire les répercussions des effets de lisière et la probabilité d’envahissement de la zone de Catégorie 1 par des espèces non indigènes (Harper et coll. 2005).

Cette zone soutient aussi la dissémination sur une plus longue distance, ce qui contribue à maintenir la connectivité génétique importante pour l’espèce. Bien que la dissémination sur une longue distance ne soit pas aussi courante que la dissémination à court terme, même la dissémination occasionnelle sur une longue distance entre des populations établies pourrait avoir une répercussion importante sur les taux d’exogamie, accroître la diversité génétique et la capacité d’adaptation de l’espèce (Anderson et coll. 2002, Cruse-Sanders et Hamrick 2004, Hill et Frise 2011).

Catégorie 3

Ne s’applique pas à cette espèce.

Activités dans l’habitat du ginseng à cinq folioles

Les activités dans la zone d’habitat général peuvent se poursuivre pourvu que la fonction de cette zone en ce qui concerne l’espèce soit maintenue et qu’on ne tue ni ne harcèle les individus de l’espèce et qu’on n’y nuise pas.

Généralement compatibles :

  • La randonnée et l’utilisation de véhicules non motorisés sur les sentiers récréatifs existants
  • L’entretien ou la réparation d’une résidence ou d’une structure en place
  • L’enlèvement d’espèces végétales envahissantes conformément aux pratiques de gestion optimales

Généralement non compatiblesfootnote * :

  • Activités qui réduisent le couvert forestier ou la végétation de sous-bois et qui se traduisent par la perturbation de l’ensoleillement ou de l’humidité du sol, ou par le compactage du sol
  • Modification du drainage qui se traduit par une modification à long terme ou permanente de l’humidité du sol dans l’habitat

Termes clés

  • Catégorie de communauté : Les catégories de communautés du système de Classification écologique des terres sont des groupes d’ensembles communautaires semblables qui partagent des modèles et processus écologiques. Ces catégories sont décrites dans le document Ecological Land Classification for Southern Ontario : First Approximation and its Application, publié en septembre 1998 par le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario

Exemple d’application de la protection de l’habitat general du ginseng à cinq folioles

Diagramme servant d’exemple d’application des mesures générales de protection de l’habitat du ginseng à cinq folioles. Il illustre la catégorisation d’habitat décrite dans ce document.

Agrandir Exemple d’application de la protection de l’habitat general du ginseng à cinq folioles

Bibliographie

Anderson, R. C. et coll., « Wild American ginseng », Native Plants Journal, vol. 3, 2002, pp. 93 à 105.

Charron, D. et D. Gagnon, « The demography of northern populations of Panax quinquefolium (American ginseng) », Journal of Ecology, vol. 79, pp. 431 à 445.

Cruse-Sanders, J. M. et J. L. Hamrick, « Spatial and genetic structure within populations of wild American ginseng (Panax quinqufolius L., Araliaceae) », Journal of Heredity, vol. 95, no. 4, 2004, pp. 309 à 321.

Gagnon, D., An analysis of the sustainability of American ginseng harvesting from the wild : the problem and possible solutions, US Fish and Wildlife Service, Office of Scientific Authority, 1999, p. 24.

Harper, K. A. et coll., « Edge influence on forest structure and composition in fragmented landscapes », Conservation Biology, vol.19, no 3, 2005, pp. 768 à 782.

Hill, S. B. et W. L. Frise, Rapport du COSEPAC sur la situation du ginseng à cinq folioles (Panax quinquefolius) au Canada, rapport provisoire préparé pour le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, 2011.

Lee, H. T. et coll., Ecological Land Classification for Southern Ontario : First Approximation and Its Application, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Section des sciences du Centre-Sud, Direction du développement et du transfert scientifiques, SCSS Field Guide FG-02, 1998.

Nault, A. et D. J. White., COSEPAC sur la situation du ginseng à cinq folioles (Panax quinquefolius) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, 1999, 17 p.

Nault, A. et coll., Conservation of ginseng in Ontario, Report 1997/1998, ministère des Richesses naturelles, Sciences et technologie, Section des sciences de l’Est, rapport non publié,1998, 89 p.

Proctor R., « Some aspects of the Canadian culture of ginseng (Panax quinquefolius L.) particularly the growing environment », Proceedings of the third national ginseng symposium, Korean Ginseng Institute, Séoul, Corée du Sud, 1980, pp. 39 à 48.