Une description de l’habitat général est un document technique fournissant une plus grande précision sur l’habitat protégé d’une espèce; cette description se fonde sur la définition d’habitat général prévu à la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. La protection générale de l’habitat ne comprend pas une aire où l’espèce se trouvait antérieurement ou qui a le potentiel afin de l’y réintroduire, à moins que les membres existants de l’espèce ne dépendent de l’aire pour mener à bien leurs processus de vie. La description d’habitat général décrit aussi comment la catégorie de l’habitat a été établie conformément à la « politique de catégorisation et de protection de l’habitat aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition » et est fondée sur la meilleure information scientifique disponible.

Catégorisation de l’habitat

  1. Le mûrier rouge et une zone d’un rayon de 25 m autour de l’arbre
  2. Une zone de forêt adéquate entre 25 et 125 m à partir de l’arbre, contiguë à l’habitat de catégorie 1
  3. Ne s'applique pas à cette espèce

Catégorie 1

Le mûrier rouge et une zone d’un rayon de 25 m autour de l’arbre seront considérés comme avoir le niveau de tolérance le moins élevé à la perturbation. Les mûriers rouges dépendent de l’aire qui les entoure de façon immédiate pour accomplir ses processus vitaux (Équipe de rétablissement du mûrier, 1998). Les aires végétalisées situées à proximité immédiates du mûrier rouge lui sont nécessaires pour maintenir les conditions qui soutiennent les processus de vie sensibles de l’espèce, dont sa croissance, son homéostasie et sa reproduction. La zone à une distance de 25 m du mûrier rouge est importante pour maintenir la zone radiculaire essentielle de l’arbre et pour empêcher la pollinisation croisée avec le mûrier blanc non indigène.

Une approche d’arboriculture établie en matière de protection individuelle des arbres consiste à multiplier le diamètre de l’arbre par un certain quotient pour déterminer une « zone de protection de l’arbre » ou de « zone racinaire essentielle autour de l’arbre » (Matheny et Clark 1998, Dicke 2004, Johnson 2012). Le quotient utilisé dépend des susceptibilités connues de l’espèce à la perturbation et l’âge de l’arbre. On définit la zone racinaire essentielle comme étant 36 fois le diamètre de l’arbre à hauteur d’homme (Johnson 2012). Comme le mûrier rouge peut atteindre jusqu'à 75 cm de diamètre (Farrar 1995), sa zone racinaire critique maximale est donc de 27 m.

Une grave menace qui pèse sur le mûrier rouge est son hybridation avec le mûrier blanc, une espèce non indigène, et la perte d’intégrité génétique que cela implique. Le mûrier rouge pousse généralement dans des milieux ombragés de sous-étage, alors que le mûrier blanc pousse dans des milieux ou le couvert forestier est plus ouvert. La perturbation de l’habitat forestier adjacent aux peuplements de mûrier rouge peut constituer une menace en améliorant les conditions propices au mûrier blanc ou la colonisation par des hybrides (Burgess and Husband 2006). On a démontré qu'une zone d’un rayon de 25 m captait l’aire dans laquelle le flux de gènes entre le mûrier blanc et les hybrides de mûrier blanc et de mûrier rouge était le plus fréquent (Burgess et coll., 2005).

Catégorie 2

La zone d’habitat forestier adéquat entre 25 et 125 m d’un mûrier rouge contiguë à l’habitat de catégorie 1 fait partie de l’habitat de catégorie deux; on juge que cette zone a une tolérance moyenne à la perturbation. Le maintien de forêts adéquates dans cette zone est important pour maintenir la fonction de l’habitat de catégorie 1 en réduisant la répercussion des effets de lisière sur l’espèce. Le mûrier rouge dépend de cette zone pour ses processus vitaux, dont la pollinisation et l’expansion, le maintien du régime d’humidité et pour réduire la probabilité d’invasion par des espèces non indigène dans l’habitat de catégorie 1.

L’habitat typique adéquat du mûrier rouge est un site ombragé, humide et bien drainé (Ambrose comm. pers. 2012), y compris les pentes, les plaines inondables, les bas-fonds, les vallées, les ravins, les langues de sables et les baissières (Ambrose 1987; Ambrose 1998). Il semble que l’habitat adéquat pour l’espèce se fasse de plus en plus rare et restreint en Ontario (Ambrose 1987). La répartition du mûrier rouge en Ontario se trouve très près des Grands Lacs dans les forêts les plus décidues et les lisières de forêt dans son domaine vital. Ici, les températures et les saisons sont modérées, l’humidité atmosphérique est abondante et les précipitations sont assez uniformes (Ambrose 1993). Il se peut que cette espèce soit sensible au manque d’humidité (Burton et Bazzaz 1991). Le mûrier rouge se trouve surtout dans les sols ayant un contenu de matière organique d’intermédiaire à élevé et une grande rétention d’humidité (Burton et Bazzaz 1991).

Le maintien de communautés forestières non fragmentées et des sources d’humidité en amont fournissent un habitat d’expansion supplémentaire au mûrier rouge et décourage l’établissement d’hybrides. Les perturbations qui donnent lieu à des habitats plus ouverts et plus secs encouragent l’hybridation entre le mûrier rouge et le mûrier blanc, ce qui a comme effet de menacer le mûrier rouge par l'« essaimage d’hybrides » (Burgess et Husband 2006). Des études ont démontré que la distance approximative de l’influence de la lisière sur la structure et la composition des forêts mûres de l’est de l’Amérique du Nord est d’environ 90 m (Harper et coll. 2005). Une zone de 100 m (c.-à-d. la zone entre 25 et 125 m d’un mûrier rouge) comprend la distance approximative de l’influence de la lisière sur la structure et la composition de la forêt.

Catégorie 3

Ne s'applique pas à cette espèce.

Activités dans l’habitat du mûrier rouge

Les activités dans la zone d’habitat général peuvent se poursuivre pourvu que la fonction de cette zone en ce qui concerne l’espèce soit maintenue et qu'on ne tue ni ne harcèle les individus de l’espèce et qu'on n'y nuise pas.

Généralement compatibles :

  • Des travaux d’entretien de la cour comme la tonte du gazon et le jardinage.
  • La randonnée et l’utilisation de véhicules non motorisés sur les sentiers récréatifs existants.
  • L’enlèvement d’espèces végétales envahissantes conformément aux pratiques de gestion optimales.

Généralement non compatibles footnote 1 :

  • L’aménagement à grande échelle ou d’autres activités qui perturbent l’habitat de façon importante ou la coupe de végétation.
  • Modification du drainage qui se traduit par une modification à long terme ou permanente de l’humidité du sol dans l’habitat.

Exemple d’application de la protection de l’habitat général du mûrier rouge

Diagramme servant d’exemple d’application des mesures générales de protection de l’habitat du mûrier rouge. Il illustre la catégorisation d’habitat décrite dans ce document.

Agrandir Exemple d’application de la protection de l’habitat général du mûrier rouge

Bibliographie

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Ambrose, J. D., Status Report on Red Mulberry, Morus rubra L. : A Threatened Species in Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, 1993, 19 p. [révision du rapport original, le 5 novembre 1993]

Ambrose, J. D., mise à jour, Status Report for Red Mulberry, Morus rubra L., Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), Ottawa, Ontario, 1998, 7 p.

Ambrose, J. D., expert-conseil en botanique, communication person nelle, correspondence avec Eric Snyder, Guelph, Ontario, mai 2012.

Burgess, K. S. et coll., « Asymmetrical introgression between two Morus species (M. alba, M. rubra) that differ in abundance », Molecular Ecology, vol. 14, 2005, pp. 3471 à 3483.

Burgess, K. S. et B. C. Husband, « Habitat differentiation and the ecological costs of hybridization : the effects of introduced mulberry (Morus alba) on a native congener (M. rubra) », Journal of Ecology, vol. 94, 2006, pp. 1061 à 1069.

Burton, P. J. et F. A. Bazzaz, « Tree seedling emergence on interactive temperature and moisture gradients and in patches of old-field vegetation », American Journal of Botany, vol. 78, no. 1, 1991, pp. 131 à 149.

Dicke, S. G., Preserving trees in construction sites, Mississippi State University Extension Service, 2004.

Farrar, J. L., Trees in Canada, Fitzhenry & Whiteside Limited et Forêts Canada, Ressources naturelles Canada, 1995, 502 p.

Harper, K. A. et coll., « Edge Influence on Forest Structure and Composition in Fragmented Landscapes », Conservation Biology, vol. 19, no. 3, 2005, pp. 768 à 782.

Johnson, G. R., Protecting Trees from Construction Damage : A Homeowner's Guide, University of Minnesota Extension Service, St. Paul, Minnesota, 2012.

Matheny, Nelda et James R. Clark, Trees and Development – A Technical Guide to Preservation of Trees During Land Development, International Society of Arboriculture, Champaign, Illinois, 61826-3129, 1998, 184 p.

Red Mulberry Recovery Team, Programme de rétablissement du mûrier rouge (Morus rubra) au Canada, Rétablissement des espèces canadiennes en péril (Rescapé), Ottawa, Ontario, 1998, 28 p.