Effets des manipulations précédant l’abattage et du transport des petits ruminants sur la qualité et le rendement des carcasses
Renseignez-vous sur des recommandations visant à améliorer les manipulations des petits ruminants ainsi que leurs conditions de transport. Ces renseignements techniques sont destinés aux exploitants de fermes caprines et ovines de l’Ontario.
ISSN 1198-7138, publié 2021.
Introduction
De nombreux facteurs allant de la nutrition à la génétique contribuent à la qualité et au rendement des carcasses de petits ruminants. L’importance des manipulations des animaux demeure toutefois souvent négligée. Du triage à l’abattage, les petits ruminants sont exposés à un ensemble de conditions difficiles, y compris des manipulations et des contacts plus nombreux, avec les humains, le transport et des environnements auxquels ils ne sont pas habitués.
Le stress et les ecchymoses réduisent la qualité et le rendement des carcasses
Le stress et les ecchymoses subis au cours de la manipulation des bêtes avant l’abattage et durant le transport représentent deux causes fréquentes de la réduction de la qualité et du rendement des carcasses de petits ruminants.
Le stress
Le stress correspond à un ensemble de réactions physiques causées par des facteurs externes (comme des environnements nouveaux ou peu familiers, des contacts avec les humains, des changements dans l’organisation sociale du troupeau) qui perturbent l’état physiologique naturel de l’animal.
- pH plus élevé
- couleur plus foncée
- durée de conservation plus courte
- plus grande perte de liquide durant la décongélation et la cuisson
- tendreté réduite
- qualité gustative inférieure
Les ecchymoses
Les ecchymoses correspondent à une blessure causée par un choc brutal qui rompt les petits vaisseaux sanguins sans couper ou perforer la peau.
Les ecchymoses ne sont pas visibles avant que la peau ne soit retirée, mais on doit se rappeler qu’elles peuvent se produire. La figure 1 montre les dommages attribuables aux ecchymoses sur une carcasse d’agneau causées par une personne qui a manipulé l’animal en tirant sur sa laine avant l’abattage. On peut voir sur cette photo des ecchymoses à l’arrière du coup et sur la longe à la hauteur des reins. Leur couleur rouge indique que les ecchymoses sont récentes et ont été causées au cours d’une manipulation avant l’abattage, puisqu’elles prennent une couleur jaunâtre ou verdâtre en guérissant.
Les répercussions économiques des ecchymoses dépendent de l’endroit où elles se trouvent sur la carcasse et de leur gravité.
Facteurs de risques liés au stress et aux ecchymoses
En vue d’améliorer le rendement et la qualité de l’ensemble de la carcasse, il est important de comprendre les facteurs responsables du stress et des ecchymoses au cours des manipulations et du transport.
Facteurs liés à l’animal. Les risques d’ecchymoses sont plus prononcés chez les animaux plus jeunes, plus lourds, ou chez ceux qui sont plus minces et ont moins de gras pour se protéger des blessures. La capacité à se remettre des manipulations et du stress varie également selon les animaux.
Installations utilisées pour les manipulations. Des parties qui font saillie dans ces installations, les enclos ou les camions peuvent contribuer à causer des ecchymoses. Les charnières, verrous et barrières à déplacement vertical sont de fréquentes causes d’ecchymoses.
Préposés à la manipulation des animaux. L’impatience et de brusques manipulations sont des sources de stress et peuvent diminuer la qualité de la viande même si les agneaux se reposent pendant plus de 24 heures avant l’abattage.
Mauvaise adaptation aux manipulations. Les animaux qui sont peu habitués aux interactions avec des humains seront davantage stressés et les risques de blessures seront plus élevés lorsqu’ils tenteront de fuir les manipulations.
Saisie des moutons par la laine. On ne doit en aucun cas tirer sur la laine ou la queue des petits ruminants pour les contenir ou les diriger dans une autre direction, car il s’agit là de la principale cause d’ecchymoses. Les méthodes de manipulation qui consistent à tirer les premiers animaux pour les faire avancer ou à agripper les petits agneaux par la laine ne sont jamais acceptables.
Densité et groupage des animaux durant le transport. L’entassement d’un trop grand nombre d’animaux durant le transport peut augmenter le nombre d’ecchymoses, accroître le stress ainsi que le nombre de bêtes non ambulatoires ou décédées à l’arrivée.
Durée du transport. Des durées de transport supérieures à quatre heures ont été associées à la présence d’ecchymoses, de stress et à une diminution du rendement des carcasses, les agneaux lourds étant ceux qui sont le plus affectés par la durée du transport.
Système de commercialisation. Les petits ruminants vendus dans les encans risquent de subir plus de stress, d’ecchymoses, de blessures et même de mourir que ceux qui sont vendus et expédiés directement à l’abattoir, car ils sont manipulés de nombreuses fois par des personnes différentes.
Stratégies pour améliorer le rendement et la qualité des carcasses
Les stratégies suivantes contribuent à réduire le stress et les ecchymoses au cours des manipulations précédant l’abattage, et durant le transport.
- Inspecter et réparer les installations utilisées pour les manipulations, qui sont susceptibles de causer des ecchymoses ou d’autres blessures.
- Vérifier si les animaux sont aptes à être manipulés et transportés. Faire preuve de beaucoup d’attention en manipulant les animaux plus jeunes, plus lourds et plus maigres, lesquels risquent davantage de subir des ecchymoses.
- Former tous les employés à déplacer les petits ruminants en douceur et dans le calme, en respectant leurs zones de fuite et faciliter ainsi leur déplacement vers l’avant. Adapter l’intensité de l’exercice ainsi que la durée de la manipulation en vue de réduire le stress imposé aux animaux.
- Éviter d’agripper les animaux par la laine pour les inciter à se déplacer durant les manipulations ou le chargement.
- Marcher régulièrement dans les enclos et déplacer les bêtes dans le cas des élevages intensifs afin de les familiariser à ces activités.
- Planifier de réduire au minimum la durée du transport vers les sites de vente ou l’abattoir et tenter d’expédier les animaux selon des densités appropriées avec des congénères avec lesquels ils sont familiers.
- Commercialiser directement les animaux à l’abattoir, plutôt que dans les encans, si possible.
Conclusions
Les manipulations précédant l’abattage et les conditions de transport ne représentent qu’un volet mineur de l’élevage des moutons et des chèvres destinés à la consommation humaine, mais leurs répercussions peuvent être importantes. Plusieurs facteurs contribuent au stress et à la présence d’ecchymoses chez les petits ruminants, notamment l’animal comme tel (comme sa génétique, son âge, son poids, son état de chair), les installations utilisées pour leur manipulation, les préposés à l’élevage, l’adaptation aux manipulations, la durée du transport, la densité des animaux dans le camion et le choix du mode de commercialisation. La compréhension de ces facteurs de risques et l’utilisation de stratégies visant à minimiser le stress et les ecchymoses chez les animaux contribueront à améliorer le rendement et la qualité des carcasses. Une manipulation attentive des bêtes avant l’abattage et de bonnes conditions de transport permettront d’assurer la réussite des programmes de reproduction et de gestion du troupeau à l’étable et dans l’assiette des consommateurs.
Ressources additionnelles
Le présent article contient des extraits des fiches suivantes du MAAARO :
- Moyens d’éviter le stress causé par la chaleur ou le froid pendant le transport des moutons
- Conception des installations de manipulation ovines : tirer parti du comportement naturel des bêtes
- Réduction du stress des chèvres durant le transport
Cette fiche technique remplace la fiche intitulée Saisir les moutons par la laine leur cause des ecchymoses par Craig Richardson, spécialiste des soins des animaux, ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO). La fiche a été révisée par Erin Massender, spécialiste des petits ruminants, et Delma Kennedy, spécialiste des moutons, MAAARO.
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe Ferguson, D.M. et Warner, R.D, « Have we underestimated the impact of pre‑slaughter stress on meat quality in ruminants?», Meat Science, 80(1), 12-19. 10.1016/j.meatsci.2008.05.004, (2008).
- note de bas de page[3] Retour au paragraphe Grandin, T., « Welfare problems in cattle, pigs, and sheep that persist even though scientific research clearly shows how to prevent them », Animals, 8 (124), 1-8. 10.3390/ani8070124, (2018).
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe Grandin, T. et Cockram, M., « The slaughter of farmed animals: practical ways of enhancing animal welfare », Wallingford, Oxfordshire. CAB International, 2020.
- note de bas de page[4] Retour au paragraphe Cockram, M.S. et Lee, R.A., « Some preslaughter factors affecting the occurrence of bruising in sheep », British Veterinary Journal, 147(2), 120‑125. 10.1016/0007-1935(91)90101-R, (1991).
- note de bas de page[5] Retour au paragraphe Jarvis, A.M. et Cockram, M.S., « Effects of handling and transport on bruising of sheep sent directly from farms to slaughter », Veterinary Record,135(22), 523-527. 10.1136/vr.135.22.523, (1994).
- note de bas de page[6] Retour au paragraphe 6. Jarvis, A.M. et Cockram, M.S., « Handling of sheep at markets and the incidence of bruising », Veterinary Record,136(23), 582‑585. 10.1136/vr.136.23.582, (1995).
- note de bas de page[7] Retour au paragraphe 7. Miranda-de la lama, G.C., Villarroel, M., Olleta, J.L., Alierta, S., Sañudo, C. et Maria, G.A., « Effect of pre-slaughter logistic chain on meat quality of lambs », Meat Science, 83(4), 604‑609. 10.1016/j.meatsci.2009.07.009, (2009).
- note de bas de page[8] Retour au paragraphe Tarumán, J.A., Smulders, J.P. et Gallo, C.B., « Risk factors for bruises and high muscle pH in lamb carcasses of Tierra Del Fuego, Chilean Patagonia », Open Access Library Journal, 5, 1-11. e4291. 10.4236/oalib.1104291, (2018).
- note de bas de page[9] Retour au paragraphe Dwyer, C.M., « Welfare of sheep: providing for welfare in an extensive environment ». Small Ruminant Research, 86, 14‑21, (2009).
- note de bas de page[10] Retour au paragraphe Grandin, T., « On-farm conditions that compromise animal welfare can be monitored at the slaughter plant », Meat Science, 132, 52‑58. 10.1016/j.meatsci.2017.05.004, (2017).
- note de bas de page[11] Retour au paragraphe Dwyer, C.M. et Bornett, H.L.I., « Chronic stress in sheep: assessment tools and their use in different management conditions », Animal Welfare. 13(3), 293-304, (2004).
- note de bas de page[13] Retour au paragraphe Knowles, T.G., Brown, S.N., Warriss, P.D., Phillips, A.J., Dolan, S.K., Hunt, P., Ford, J.E., Edwards, J.E., Watkins, P.E., « Effects of sheep transported by road for up to 24 hours ». Veterinary Record. 136(17), 431-438. 10.1136/vr.136.17.431, (1995).
- note de bas de page[12] Retour au paragraphe Knowles, T.G., « A review of road transport of slaughter sheep », Veterinary Record. 143(8), 212-219. 10.1136/vr.143.8.212, (1998).