Entreposage temporaire au champ de fumiers solides ou d'autres matières de source agricole
Apprenez à déterminer combien de temps les matières premières solides et agricoles peuvent être stockées dans un site de stockage temporaire spécifique. Cette information technique est destinée aux producteurs ontariens.
ISSN 1198-7138, Publié mai 2010
Introduction
Le Règlement de l'Ontario 267/03 (le « Règlement ») adopté en application de la Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs (LGEN) renferme de nombreuses dispositions qui s'appliquent aux fermes tenues de produire un plan de gestion des éléments nutritifs (PGEN) ou une stratégie de gestion des éléments nutritifs (SGEN). Les grosses exploitations qui produisent 300 unités nutritives (UN) ou plus et celles qui produisent plus de 5 UN et qui, depuis le 31 décembre 2005, ont besoin de lever un permis pour construire un bâtiment d'élevage ou une structure de stockage de fumier, sont tenues de se doter de l'un ou l'autre de ces documents.
À quelques exceptions près, ces exploitations doivent maintenant avoir une capacité d'entreposage de fumier égale à 240 jours de production. Pour atteindre cette capacité dans le cas du fumier solide, les exploitants peuvent additionner la durée d'entreposage offerte par tous les moyens d'entreposage qui sont à leur disposition, dont :
- capacité des installations permanentes (p. ex. structure d'entreposage du fumier en béton à 3 parois)
- capacité d'entreposage dans les bâtiments d'élevage (p. ex. litière accumulée sous les animaux)
- enlèvement périodique du fumier par un courtier
- entreposage temporaire au champ (figure 1)
Par exemple, un producteur de poulets à griller satisfait à l'exigence des 240 jours s'il :
- construit une structure d'entreposage permanente pouvant contenir le fumier solide de 180 jours de production
- entrepose temporairement le fumier solide d'au moins 60 autres jours de production à un endroit convenable d'un champ en attendant l'épandage
L'entreposage temporaire au champ donne aux producteurs une plus grande souplesse d'exploitation. En contrepartie, les producteurs qui ont recours à l'entreposage temporaire doivent respecter des règles strictes pour réduire le risque de contamination des eaux de surface ou souterraines.
Loi sur la gestion des éléments nutritifs de l'Ontario et autres lois
La LGEN et le Règlement régissent l'entreposage, la manutention et l'épandage des éléments nutritifs qui sont destinés à être épandus sur des terres agricoles cultivées. Le but est de protéger les ressources en eaux de surface et souterraines de l'Ontario. Les articles 82 à 86 de la partie VIII du Règlement énoncent les normes à respecter concernant les lieux d'entreposage temporaire au champ.
Définition des nutriments solides
Aux fins du Règlement, « solide », « relativement à des matières prescrites ou à des éléments nutritifs, s'entend des matières ou éléments dont la teneur en matière sèche est de 18 % ou plus ou dont l'affaissement est de 150 millimètres ou moins lors de l'essai d'affaissement au cône d'Abrams utilisé pour déterminer la consistance des déchets liquides, selon la description donnée à l'annexe 9 du Règlement 347 pris en application de la Loi sur la protection de l'environnement, 1990... »
Chez la majorité des producteurs, les « matières prescrites solides » sont des fumiers solides contenant un matériau de litière, par exemple, paille, tourbe, copeaux, sciure ou autre, qui y adhère, ce qui permet leur mise en tas et leur manutention par une fourche hydraulique.
Les exigences du Règlement liées à l'entreposage temporaire font la distinction entre trois catégories de matières prescrites en fonction de leur teneur en matière sèche. Le tableau 1 donne des exemples de ces catégories.
% de matière sèche | Régulation |
---|---|
Plus de 50 % de matière sèche |
|
Plus de 30 % mais moins de 50 % de matière sèche |
|
De 18 à 30 % de matière sèche |
|
Le tableau 2 examine les différences entre entreposage temporaire au champ et entreposage permanent.
Facteurs | Entreposage permanent | Entreposage temporaire au champ |
---|---|---|
Durée d'entreposage | Longue, généralement 240–400 jours ou plus | Courte, de 24 heures à 300 jours au maximum |
Proximité par rapport à l'élevage | En général à côté des installations d'élevage d'où provient le fumier | En général, loin des installations d'élevage, sur les champs d'épandage ou à côté |
Murs | Généralement en béton, mais pas toujours | Généralement sans murs, quoique le tas puisse être temporairement entouré de balles de paille ou de foin |
Sol | Généralement en béton, mais pas toujours | Tas déposé à même le sol laissé dans son état d'origine, dans un endroit sec |
Lieu | Toujours le même, à côté de l'élevage/chemin d'accès | Déplacé d'un champ à l'autre selon la rotation culturale |
Calcul de la durée maximale de l'entreposage temporaire en un lieu donné
Le Règlement s'applique dès que des matières nutritives sont laissées en tas sur un champ pendant plus de vingt-quatre heures. Le nombre de jours d'entreposage temporaire varie en fonction de dix critères liés aux caractéristiques du site et aux pratiques de gestion optimales. Les agriculteurs qui appliquent des méthodes propres à protéger les eaux de surface et souterraines sont récompensés en étant autorisés à prolonger la période d'entreposage temporaire au champ.
La section 3 du tableau présente dix critères et indique la façon d'utiliser chacun pour déterminer cumulativement la durée maximale de l'entreposage qui est permise en un lieu donné et les raisons qui la justifient. La durée d'entreposage permise dépend du risque relatif de contamination des eaux de surface ou souterraines.
Le nombre total de jours d'entreposage s'obtient par addition, mais il ne peut dépasser 300 jours. Cette règle s'applique au fumier solide et aux autres matières de source agricole.
Les règles visant l'entreposage temporaire au champ s'appliquent uniquement aux agriculteurs qui sont tenus de préparer une SGEN ou un PGEN. Cependant, il est à espérer que les agriculteurs qui ne sont pas encore tenus de préparer ces documents appliqueront de leur plein gré les critères de calcul de la durée d'entreposage, car ceux-ci font en sorte que l'entreposage temporaire au champ de fumier solide ou d'autres matières prescrites contribue le moins possible à la contamination des eaux de surface ou souterraines.
Tableau partie 3. Critères de calcul du nombre de jours pendant lesquels il est permis de stocker au champ des matières prescrites ou des fumiers solides
3.1 : % de matière sèche
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Les éléments nutritifs entreposés sur le site ont une teneur en matière sèche de 50 % ou plus | +60 |
Les éléments nutritifs entreposés sur le site ont une teneur en matière sèche de 30 % ou plus, mais de moins de 50 % | +30 |
Les éléments nutritifs entreposés sur le site ont une teneur en matière sèche de 18 % ou plus, mais de moins de 30 % (inclut les matières horticoles de rebut) | +0 |
Explications : Plus le fumier contient de la matière sèche, plus il absorbe la pluie. Les éleveurs de volaille, dont le fumier contient plus de 50 % de matière sèche, sont souvent à même de constater au moment de la reprise du tas que la pluie n'a réussi à imbiber la matière que sur une épaisseur de 125 mm (figure 2). Lorsque le fumier est humide, la pluie s'écoule sur les côtés du tas ou bien traverse le tas puis pénètre dans le sol. Pour réduire le ruissellement, il faut savoir que le tas absorbe d'autant plus de pluie que son dessus est plat.
3.2 : % de N plus % de P
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le pourcentage d'azote total ajouté au pourcentage de phosphore total, les deux tels quels, est de moins de 0,8 % | +60 |
Le pourcentage d'azote total ajouté au pourcentage de phosphore total, les deux tels quels, est de au moins 0,8 %, mais moins de 1,6 % | +30 |
Le pourcentage d'azote total ajouté au pourcentage de phosphore total, les deux tels quels, est de 1,6 % ou plus | +0 |
Explications : Plus le fumier est pauvre en azote et en phosphore, moins un éventuel ruissellement peut être nocif pour l'environnement. Ces deux éléments nutritifs sont en proportion très variable dans le fumier solide selon l'espèce animale et le régime alimentaire. Le tableau indique les teneurs moyennes par fourchettes de matière sèche utilisées dans le logiciel NMAN pour de nombreux animaux. Les teneurs en N et en P du fumier peuvent varier selon la litière qu'on y ajoute.
Fumier | 18–30 % de MS | 30–50 % de MS | > 50 % de MS |
---|---|---|---|
Volaille | 2,0 % | 2,8 % | 4,4 % |
Porcs | 1,4 % | 1,3 % | S.O. |
Bovins de boucherie | 0,8 % | 1,3 % | S.O. |
Ovins | 0,9 % | 1,0 % | 1,6 % |
Bovins laitiers | 0,8 % | 0,9 % | S.O. |
3.3 : Emplacement des drains souter-rains et de la roche-mère
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Aucun drain agricole souterrain ne se trouve à quelque profondeur que ce soit de la surface du sol et aucune roche-mère ne se trouve en deçà de 0,9 m de la surface du sol qui se trouve, selon le cas :
|
+0 |
Des drains agricoles souterrains se trouvent sous la surface du sol ou la roche-mère se trouve en deçà de 0,9 m de la surface du sol qui se trouve, selon le cas :
|
–60 |
Explications : Si un liquide s'écoule le long des côtés du tas ou percole à travers le tas stocké temporairement au champ, le risque pour l'environnement est moins grand si ce liquide contaminé ne trouve pas de conduit qui l'amène vers l'eau de surface ou souterraine (figure 3). Ces conduits peuvent être constitués par des tuyaux de drainage souterrains ou par la roche-mère qui se trouvent au-dessous ou près du tas ou le long de la première partie de la voie d'écoulement qui dirige les liquides à l'écart du tas. La plupart des fermes de l'Ontario sont drainées et, dans bon nombre, la roche-mère est à une faible profondeur. On serait porté à croire que de tels sols se prêtent bien à l'entreposage du fumier, parce qu'ils sont secs et supportent la circulation des machines. Or, le Règlement décourage l'entreposage à ces endroits en « déduisant » des jours d'entreposage sur les sites présentant ces caractéristiques.
3.4 : Type de sol sous le site
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le site est situé sur un sol appartenant aux groupes hydrologiques de sols suivants au sens du Guide de drainage de l'Ontario (publication 29F) : B, C, ou D | +30 |
Le site est situé sur un sol appartenant aux groupes hydrologiques de sols suivants au sens du Guide de drainage de l'Ontario (publication 29F) : A | +0 |
Explications : Plus le sol situé sous un lieu d'entreposage temporaire est lourd, moins il y a de possibilité pour le lixiviat de percoler à travers le sol pour atteindre l'eau souterraine. Les sols argileux sont relativement denses et s'opposent davantage à la percolation des liquides que les sols plus légers, à texture plus grossière, du genre de ceux que l'on trouverait dans le verger de pêchers (figure 4).
3.5 : Périmètre du site
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le bord extérieur du site, à la surface du sol, a un périmètre de moins de 100 m | +30 |
Le bord extérieur du site, à la surface du sol, a un périmètre de 100 m ou plus. | +0 |
Explications : À volume égal, un tas qui est de forme carrée et compacte absorbe davantage de pluie qu'un tas étroit et long, car son périmètre total est moins long, ce qui réduit d'autant le ruissellement. Le tableau ci-dessous montre le périmètre de trois tas (chacun contenant 100 tonnes de fumier solide de poulets à griller) qui ont été déposés par la remorque à fumier sur une épaisseur de 1,2 m (4 pi) : un andain long, deux andains de longueur moyenne et trois andains courts.
Type de tas (tous d'un seul tenant) | Long. × larg. (m) | Périmètre (m) |
---|---|---|
1 andain allongé | 84 × 4,25 | 175 |
2 andains de longueur moyenne | 43 × 8,5 | 102 |
3 andains courts | 29 × 12,8 | 84 |
3.6 : Couver-tures et bâches
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le site est recouvert d'une bâche imperméable qui remplit les conditions suivantes :
|
+120 |
Le site n'est recouvert d'aucune bâche imperméable de ce genre. | +0 |
Explications : En empêchant la pluie d'atteindre le fumier, les bâches réduisent la production de liquide contaminé. Pourtant, elles n'ont pas la faveur des producteurs parce qu'elles leur compliquent la tâche et sont difficiles à ancrer pour résister au vent. Il est recommandé d'utiliser des bâches imperméables mais respirantes (qui laissent passer l'air), comme celle, partielle, qui est employée dans un système de compostage avec retournement (figure 5) (les exemples 5 et 6).
3.7 : Distance jusqu'à l'eau de surface
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le site est pourvu d'une voie d'écoulement qui mesure, jusqu'à l'eau de surface ou l'entrée des drains agricoles souterrains la plus rapprochée 150 m ou plus | +30 |
Le site est pourvu d'une voie d'écoulement qui mesure, jusqu'à l'eau de surface ou l'entrée des drains agricoles souterrains la plus rapprochée au moins 50 m, mais moins de 150 m. | +0 |
Explications : Si des liquides devaient s'écouler du tas, ils présenteraient d'autant moins de risque pour l'environnement que la distance est plus longue jusqu'à l'eau de surface ou une bouche d'entrée du réseau de drainage souterrain. On trouve dans le Règlement la définition des eaux de surface. Bien que cette définition ne s'étende pas aux bouches d'entrée des réseaux de drainage souterrain, comme les collecteurs à sédiments ou les avaloirs qui évacuent les eaux d'inondation (figure 6), il ne faut pas stocker de matières nutritives près de ces installations.
3.8 : Utilisation du site
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le site est situé sur le même emplacement, ou dans les 125 m de celui-ci pas plus qu'une fois tous les trois ans | +60 |
Le site est situé sur le même emplacement, ou dans les 125 m de celui-ci plus qu'une fois tous les trois ans | +0 |
Explications : Quand on stocke temporairement des matières nutritives au même endroit plusieurs années de suite, le lieu d'entreposage est considéré comme étant permanent. La réutilisation du même endroit provoque une accumulation d'éléments nutritifs dans le sol qui peut rendre celui-ci impropre à la culture. Les tas doivent être de taille appropriée pour le champ où ils sont déposés et ils doivent être déposés dans les champs en fonction des cultures qui y sont prévues. Les tas de fumier constitués à l'arrière des bâtiments d'élevage, ne sont pas des lieux d'entreposage temporaire (figure 7).
3.9 : Date d'enlève-ment des matières
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le site n'est pas situé sur le même emplacement, ou dans les 125 m de celui-ci, plus d'une fois tous les trois ans et les matières qui y sont entreposées en sont enlevées et sont épandues sur un bien-fonds entre le 15 août et le 15 octobre de l'année. | +60 |
La situation visée à la case ci-dessus ne s'applique pas au site. | +0 |
Explications : Beaucoup d'agriculteurs veulent épandre le fumier durant la période relativement sèche de l'année qui correspond à la fin de l'été et au début de l'automne, par exemple, après le moissonnage du blé (figure 8). À cette époque de l'année, le fumier perd en général plus d'humidité par évaporation qu'il n'absorbe de pluie, ce qui fait baisser le risque de ruissellement. Le Règlement prévoit un incitatif à l'entreposage temporaire au champ du fumier qui sera épandu durant la période sèche de l'année, à condition que le fumier soit entassé à un endroit différent chaque année, selon la rotation culturale.
3.10 : Retournement du tas
Techniques de gestion et conditions agricoles pour les matières entreposées sur un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place | Jours |
---|---|
Le tas de matières entreposées sur le site satisfait aux conditions suivantes :
|
+120 |
La situation visée à la case ci-dessus ne s'applique pas au site. | +0 |
Explications : Un nombre croissant de fermes compostent leur fumier solide avant de l'épandre sur leurs terres cultivées (figure 9). De longs andains de fumiers contenant une bonne proportion de paille ou de copeaux sont placés dans le champ, puis sont retournés souvent pour bien mélanger les constituants et introduire de l'oxygène. Ce processus améliore le compostage. En outre, il accélère l'assèchement des tas et rompt leur croûte superficielle, ce qui permet aux tas de se comporter en éponges et de s'imbiber de la pluie.
Exigences minimales liées à la gestion aux termes du Règlement
Le Règlement énonce plusieurs exigences minimales s'appliquant à la gestion des lieux d'entreposage temporaire.
- L'agriculteur qui reçoit et entrepose temporairement au champ des matières nutritives ne peut pas recevoir et stocker une quantité de matières supérieure à celle qu'il projette d'épandre sur les terres arables de l'unité agricole au cours de l'année visée.
Explications : Le tas de fumier ou de matières nutritives doit être de taille appropriée pour le champ où il est stocké; il y a réellement entreposage temporaire quand la matière ou le fumier est destiné à être épandu sur le champ où il a été déposé. - Si des matières nutritives de types différents sont stockées à un même endroit, l'agriculteur est tenu de leur appliquer les méthodes de gestion dictées par celle des matières qui est visée par les exigences les plus rigoureuses.
Explications : Voir l'exemple 4 plus bas. - Si le lieu d'entreposage est dans une zone drainée par tuyaux souterrains, l'agriculteur est tenu de préparer un plan d'urgence décrivant la marche à suivre au cas où un liquide contaminé se retrouverait dans les drains.
Explications : Les agriculteurs doivent être prêts à intervenir au cas où le liquide ruisselant du fumier ou de la matière atteindrait les drains souterrains. Il peut être difficile de prouver qu'il y a ou non des drains en-dessous ou à proximité d'un lieu d'entreposage temporaire. Suggestions sur les façons de s'y prendre : examiner des photos aériennes du champ; essayer de localiser les sorties de drainage les plus proches; observer le champ au printemps pour voir quels endroits s'assèchent le plus rapidement; se renseigner auprès des propriétaires précédents et des entreprises locales de drainage. Pour localiser les drains, on peut sonder le sol en enfonçant une barre métallique jusqu'à au moins 1 m de profondeur dans les endroits où, à première vue, on a le plus de chance de les trouver, mais c'est une méthode qui peut être difficilement applicable dans un champ très étendu. - Il est interdit de stocker une matière nutritive au champ pendant une durée dépassant la durée maximale qui est permise pour celle-ci.
Explications : S'il y a plus d'un lieu d'entreposage temporaire sur la ferme, la durée d'entreposage admissible pourra varier de l'un à l'autre selon le résultat obtenu avec l'application des critères. - Il est permis de stocker du fumier ou une matière deux années de suite au même endroit si, après l'enlèvement de la matière ou du fumier, on établit une couverture végétale couvrant au moins 75 % de la surface qui était occupée par la matière ou le fumier.
Explications : On peut réutiliser plusieurs années de suite le même lieu seulement si l'on peut le remettre en végétation, ce qui devient difficile sur un lieu utilisé annuellement. - L'exploitant doit fournir un croquis qui situe le lieu d'entreposage et qui indique les distances de retrait dont il a été question plus haut. Il doit aussi tenir un registre où il consigne, pour chaque lieu d'entreposage temporaire au champ, les dates auxquelles :
- le tas de matière/fumier est déposé, puis enlevé
- le tas de matière/fumier est déplacé, mélangé ou retourné, le cas échéant
Exigences minimales liées à l'emplacement aux termes du Règlement
Le Règlement définit les exigences minimales qu'il faut respecter au moment de choisir l'emplacement.
- Sous le lieu d'entreposage et sur une largeur d'au moins 3 m autour de son périmètre, la profondeur de sol non consolidé
footnote 3 au-dessus de la roche-mère doit être au minimum de 0,3 m.
Explications : On réduit ainsi le risque que les jus s'infiltrent jusqu'à la roche-mère située au-dessous ou près du lieu d'entreposage temporaire. - Sous le lieu d'entreposage et sur une largeur d'au moins 3 m autour de son périmètre, la profondeur du sol au-dessus de la nappe phréatique
footnote 4 doit être au minimum de 0,9 m.
Explications : On réduit ainsi le risque que les jus s'infiltrent jusqu'à la nappe phréatique située au-dessous ou près du lieu d'entreposage temporaire. - Il est interdit de stocker des éléments nutritifs sur des sols du groupe hydrologique A, à moins que la profondeur du sol au-dessus de la roche-mère soit supérieure à 0,9 m.
Explications : Les sols classés A sont des sols ayant des taux d'infiltration élevés, selon la définition du « Guide de drainage de l'Ontario ». On trouve très peu de sols appartenant à ce groupe en Ontario, mais si un producteur soupçonne que sa ferme est située sur l'un d'eux, il peut vérifier la profondeur de la roche-mère en enfonçant une barre métallique dans le sol à au moins 1 m de profondeur. - Il est interdit de stocker des matières nutritives dans une zone pouvant être inondée une fois tous les cent ans ou plus souvent; ces zones sont indiquées sur les cartes des plaines inondables fournies par la municipalité ou l'Office de protection de la nature.
Explications : Les endroits qui sont sujets aux inondations sont à éviter. Vérifier auprès de l'Office de protection de la nature si des documents indiquent que le lieu d'entreposage envisagé se situe dans une zone de crue centennale. - Il est interdit de stocker des matières nutritives sur un terrain dont la pente est supérieure à 3 %.
Explications : Un terrain qui a une pente de 3 % descend de 3 m sur une distance de 100 m. Les eaux de ruissellement descendent rapidement sur les pentes relativement prononcées. - Le site d'entreposage doit être pourvu d'une voie d'écoulement qui, d'une part, se situe à au moins 50 m de l'eau de surface ou des entrées des drains les plus rapprochées, d'autre part, se situe à au moins 0,3 m au-dessus de la roche-mère.
Explications : Au sens du Règlement, une voie d'écoulement s'entend « d'un chenal de surface ou d'une dépression qui éloigne les liquides de l'installation, du site ou de la zone. » - Le lieu d'entreposage ne doit pas être situé :
- dans les 45 m d'un puits foré à la sondeuse d'une profondeur minimale de 15 m et doté d'un tubage étanche jusqu'à une profondeur minimale de 6 m sous le niveau du sol
- dans les 90 m de tout autre puits, sauf un puits municipal
- dans les 100 m d'un puits municipal
- dans les 125 m d'une habitation isolée ou dans les 250 m d'une zone résidentielle, si le site sert à l'entreposage de matières prescrites
Explications : Ces distances de retrait visent à réduire les risques de contamination de l'eau potable; un lieu d'entreposage temporaire demande à être placé plus loin des puits que les structures d'entreposage permanentes, puisqu'il présente un plus grand risque de ruissellement.
Exemples
Les 6 exemples suivants fournissent des caractéristiques de stockage temporaire sur le terrain pour différents types de fumier.
Exemple 1 - Fumier de cheval
Application des dix critères à un lieu d'entreposage temporaire de fumier de cheval destiné à être épandu sur un champ de maïs :
No | Critère | Exemple 1 | Jours |
---|---|---|---|
1 | % de matière sèche | 38 % | +30 |
2 | % de N plus % de P | 0,75 % | +60 |
3 | Drains/roche-mère au-dessous/à proximité | non | +0 |
4 | Type de sol | argile (D) | +30 |
5 | Périmètre du tas | 60 m | +30 |
6 | Couverture | non | +0 |
7 | Distance jusqu'à l'eau de surface | 200 m | +30 |
8 | Utilisation du site | chaque année | +0 |
9 | Date de l'enlèvement du tas | mai | +0 |
10 | Retournement du tas | non | +0 |
Durée maximale d'entreposage permise à cet endroit = +180 jours
Donc, le fumier de cheval peut être stocké à cet endroit pendant 180 jours au maximum. Pour bénéficier d'une durée d'entreposage accrue, il suffit de choisir un lieu qui n'a pas servi de lieu d'entreposage temporaire au cours des deux dernières années.
Exemple 2 – Fumier de poulet à griller
Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire de fumier de poulets à griller dans un vignoble :
No | Critère | Exemple 2 | Jours |
---|---|---|---|
1 | % de matière sèche | 62 % | +60 |
2 | % de N plus % de P | 3,4 % | +0 |
3 | Drains/roche-mère au-dessous/à proximité | drains | –60 |
4 | Type de sol | argile (D) | +30 |
5 | Périmètre du tas | 50 m | +30 |
6 | Couverture | non | +0 |
7 | Distance jusqu'à l'eau de surface | 300 m | +30 |
8 | Utilisation du site | chaque année | +0 |
9 | Date de l'enlèvement du tas | juin | +0 |
10 | Retournement du tas | non | +0 |
Durée maximale d'entreposage permise à cet endroit = +90 jours
Donc, le fumier de poulets peut demeurer à cet endroit pendant 90 jours au maximum. Il y a deux façons qui permettraient d'obtenir une durée accrue : choisir un endroit n'ayant pas servi de site d'entreposage temporaire au cours des deux dernières années et se trouvant dans une zone sans drainage souterrain.
Exemple 3 – Fumier de bœuf
Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire au champ de fumier de bovins d'engraissement situé dans un champ de maïs :
No | Critère | Exemple 3 | Jours |
---|---|---|---|
1 | % de matière sèche | 32 % | +30 |
2 | % de N plus % de P | 1,2 % | +30 |
3 | Drains/roche-mère au-dessous/à proximité | non | +0 |
4 | Type de sol | argile (D) | +30 |
5 | Périmètre du tas | 150 m | +0 |
6 | Couverture | non | +0 |
7 | Distance jusqu'à l'eau de surface | 500 m | +30 |
8 | Utilisation du site | une année sur trois | +60 |
9 | Date de l'enlèvement du tas | septembre | +60 |
10 | Retournement du tas | non | +0 |
Durée maximale d'entreposage permise à cet endroit = +240 jours
Donc, on peut laisser le fumier de bovins d'engraissement sur ce lieu d'entreposage temporaire au champ pendant une période maximale de 240 jours.
Exemple 4 – Fumier entreposé sur le terrain
Application des dix critères à un tas de fumier stocké temporairement au champ, composté en andain et retourné fréquemment :
No | Critère | Exemple 4 | Jours |
---|---|---|---|
1 | % de matière sèche | 25 % porcs 40 % bovins |
+0 |
2 | % de N plus % de P | 1,4 % porcs 1,2 % bovins |
+30 |
3 | Drains/roche-mère au-dessous/à proximité | drains | –60 |
4 | Type de sol | loam (B) | +30 |
5 | Périmètre du tas | 300 m | +0 |
6 | Couverture | non | +0 |
7 | Distance jusqu'à l'eau de surface | 500 m | +30 |
8 | Utilisation du site | une année sur cinq | +60 |
9 | Date de l'enlèvement du tas | mai | +0 |
10 | Retournement du tas | C:N = 30:1 | +120 |
Durée maximale d'entreposage permise à cet endroit = +210 jours
Afin de pouvoir stocker la matière pendant plus de 210 jours, il faudrait trouver un endroit qui ne soit pas situé au-dessus de tuyaux de drainage. On pourrait alors faire passer la durée d'entreposage permise à 270 jours, ce qui, dans la plupart des systèmes de compostage en andains, est plus que suffisant pour laisser au fumier le temps de se composter et de s'assécher convenablement avant d'être épandu.
Exemple 5 – Poulette reproductrice de de poulets à griller
Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire au champ de fumier de poulettes immédiatement recouvert d'une bâche imperméable mais respirante (la bâche a été fendue pour exposer le fumier solide) après l'évacuation du fumier à la sortie du lot de poulettes reproductrices de poulets à griller :
No | Critère | Exemple 5 | Jours |
---|---|---|---|
1 | % de matière sèche | 40 % | +30 |
2 | % de N plus % de P | 3,0 % | +0 |
3 | Drains/roche-mère au-dessous/à proximité | non | +0 |
4 | Type de sol | argile (B) | +30 |
5 | Périmètre du tas | 75 m | +30 |
6 | Couverture | oui | +120 |
7 | Distance jusqu'à l'eau de surface | 250 m | +30 |
8 | Utilisation du site | une année sur cinq | +60 |
9 | Date de l'enlèvement du tas | septembre | +60 |
10 | Retournement du tas | non | +0 |
Durée totale = +360 mais la durée maximale d'entreposage permise à cet endroit est de +300 jours
Lorsqu'on pratique l'élevage en bandes comme dans l'exemple précédent, l'utilisation de la bâche est plus commode, parce qu'une fois celle-ci fixée en place, il n'est plus nécessaire de la retirer jusqu'au moment de reprendre le tas pour l'épandre au champ. La présence d'une bâche compliquerait le travail s'il fallait rajouter plus fréquemment du fumier sur le tas.
Exemple 6 – Fumier de bœuf composté
Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire au champ de fumier de bovins de boucherie, composté en andains et recouvert d'une bâche imperméable pouvant être soulevée et remise en place durant le retournement du fumier :
No | Critère | Exemple 6 | Jours |
---|---|---|---|
1 | % de matière sèche | 40 % | +30 |
2 | % de N plus % de P | 1,3 % | +30 |
3 | Drains/roche-mère au-dessous/à proximité | drains | –60 |
4 | Type de sol | sable (A) | +0 |
5 | Périmètre du tas | 250 m | +0 |
6 | Couverture | oui | +120 |
7 | Distance jusqu'à l'eau de surface | 75 m | +0 |
8 | Utilisation du site | une année sur deux | +0 |
9 | Date de l'enlèvement du tas | mai | +0 |
10 | Retournement du tas | C:N = 30:1 | +120 |
Durée maximale d'entreposage permise à cet endroit = +240 jours
Donc, bien que ce lieu d'entreposage temporaire soit situé sur un sol léger et dans un champ qui est drainé par conduits souterrains, la présence de la bâche et le retournement du tas contribuent à réduire le risque de ruissellement de liquides contaminés. Cependant, il est toujours recommandé d'éviter autant que possible les zones drainées par conduits souterrains.
Avis de non-responsabilité
Les renseignements dans cette fiche technique sont fournis à titre d’information seulement et ne devraient pas être utilisés pour déterminer vos obligations légales. Pour ce faire, consultez la loi pertinente. Si vous avez besoin de conseils juridiques, consultez un avocat. En cas de contradiction entre l’information fournie dans la fiche technique et toute loi applicable, la loi a préséance.
Cette fiche d'information a été rédigée par Hugh Fraser (retraité), ing., ingénieur en protection des cultures horticoles et post-récolte, MAAARO et révisée par : Matt Wilson, spécialiste de l'environnement, MAAARO, Don Hilborn (retraité), ing., Ingénieur en sous-produits/fumier, MAAARO et Andrew Jamieson, ing., ingénieur en gestion de l'eau, MAAARO.
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe Comme on accroît la matière sèche d'un fumier quand on y ajoute de la litière, ce type de fumier pourrait raisonnablement passer dans une catégorie plus sèche.
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe Les matières de source agricole qui titrent moins de 18 % de matière sèche, mais qui passent l'« essai d'affaissement », devraient être rangées dans cette catégorie pour ce qui concerne l'application du Règlement.
- note de bas de page[3] Retour au paragraphe Sol non consolidé, c'est-à-dire sol qui n'a pas été tassé autrement que par les passages normaux des machines agricoles.
- note de bas de page[4] Retour au paragraphe Au sens du Règlement, « nappe phréatique », « relativement à un bien-fonds, s'entend du niveau d'eau le plus élevé constaté dans le sol, selon les dossiers des puits artésiens les plus rapprochés du bien-fonds ou selon les renseignements recueillis après le creusage d'un trou d'essai au moment où des matières contenant des éléments nutritifs sont placées dans un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place situé sur le bien-fonds, ou avant ce moment ».
- note de bas de page[5] Retour au paragraphe Remarque : Il est obligatoire de se baser sur le type de fumier visé par les exigences les plus sévères quand on détermine la cote en fonction du % de matière sèche et du % de N plus % de P et ce, quel que soit le volume relatif de chaque type de fumier.
- note de bas de page[6] Retour au paragraphe À noter que le rapport C:N est celui que présente le mélange au moment de son dépôt sur le lieu d'entreposage, car il diminue à mesure que le compostage avance.