Survol

Une population saine et pérenne d’orignaux est importante pour l’Ontario.

Ce sont là quelques-uns des facteurs qui ont une incidence sur l’orignal en Ontario.

Chasse

Dans la plus grande partie de la province, la chasse a un effet important sur la population d’orignaux.
L’Ontario compte plus de chasseurs d’orignaux que d’orignaux, avec environ :

  • 91 000 chasseur(se)s à l’orignal détenteurs d’un permis provincial
  • 78 000 orignaux dans les régions on l’on chasse (13 200 autres dans les régions où on ne chasse pas)

Système de gestion de la récolte

L’Ontario a introduit en 1983 le système de récolte sélective pour gérer la récolte d’orignaux. Les possibilités de récolte concernent surtout les petits, puis les mâles, tandis que les femelles sont généralement davantage protégées en vue de la reproduction.

La récolte d’orignaux est également gérée par :

  • l’ajustement du moment et de la durée de la saison
  • le secteur (p. ex., les unités de gestion de la faune de l’Ontario)
  • la régulation du type d’armes à feu utilisées
  • la répartition des possibilités de chasse
  • la mise en œuvre de stratégies de communication et d’éducation

Ces mesures sont utilisées pour influencer les niveaux de récolte en réaction à l’évolution de la population et au nombre de mâles, de femelles et de petits observé lors des relevés aériens. La composition adéquate de la population d’orignaux influence la survie globale et les taux de reproduction, et favorise la santé de la population d’orignaux.

Les éléments clés pour l’application du système sont :

  • l’élaboration de plans de récolte durable, ce qui inclut :
    • prendre en compte la situation de la population relativement aux objectifs
    • établir des niveaux et proportions appropriés pour la récolte de mâles, de femelles et de petits en tenant compte des facteurs biologiques
  • l’attribution de vignettes aux chasseurs résidents et aux pourvoiries

Lire les Lignes directrices pour la gestion de la récolte d’orignaux

Nouveaux problèmes

Le système de récolte sélective a été couronné de succès, mais de nouveaux problèmes sont apparus et notre compréhension a évolué.

La population d’orignaux de l’Ontario est passée de plus de 80 000 orignaux au début des années 1980 à environ 115 000 au début des années 2000. Mais au cours de la dernière décennie, la population, après avoir atteint un sommet, a diminué et ne compte plus que 91 200 orignaux, selon les estimations. La demande demeure élevée pour la chasse à l’orignal.

Des facteurs tels que le changement climatique et les parasites peuvent imposer un stress supplémentaire à l’orignal. En outre, de récentes études scientifiques donnent à penser qu’il nous faut réévaluer comment la chasse influence le recrutement de jeunes orignaux dans la population adulte.

Tendances de la chasse à l’orignal en Ontario

La chasse à l’orignal a beaucoup changé depuis le début des années 1980, où a été introduit le système de récolte sélective. Les taux de réussite à la chasse à l’orignal sont plus élevés aujourd’hui. En conséquence, on ne peut pas émettre aujourd’hui autant de vignettes de validation pour les orignaux adultes pour atteindre le même niveau de récolte d’orignaux.

 Début des années 1980Aujourd’hui
Population d’orignaux80 00091 200 (115 000 maximum)
Chasseurs100 00091 000
Durée de la saison2-4 semaines2-3 mois
Accès par la routeAccès par route moindre dans beaucoup d’UGFAccès accru par route
Véhicules tout terrainUsage limitéUsage très courant
Communication sans filUsage limitéUsage très courant
Chasse en groupePas de chasse en groupe (pas de récolte en groupe)Chasse en groupe
Taux de réussite20-30 % fusil; 5-10 % arc40-50 % fusil; 20-30 % arc
Récolte de jeunesTrès limitéeSubstantielle dans beaucoup d’UGF
VignettesNombre de vignettes de validation pour orignaux adultes estimé à 47 000 (1984)10 757 vignettes de validation pour orignaux adultes pour des chasseurs résidents (2018)

Ces dernières années, l’Ontario a connu une diminution de la population provinciale d’orignaux et une diminution correspondante du nombre de vignettes de validation disponibles pour la chasse à l’orignal adulte et de la récolte d’orignaux.

Graphique montrant un déclin de la récolte d’orignaux adultes mâles, d’orignaux adultes femelles et de veaux en Ontario depuis l’an 2000.

Ce que nous faisons

Les populations d’orignaux peuvent bénéficier de changements à la gestion de la récolte dans certains secteurs.
Au cours de la dernière décennie, la population d’orignaux de l’Ontario, tout en étant dans l’ensemble saine :

  • a diminué dans certaines parties du Nord
  • a généralement connu un meilleur sort dans la partie méridionale de l’aire

La réduction du nombre de vignettes et les récents changements apportés aux règlements de la chasse ont répondu aux préoccupations concernant les populations d’orignaux en Ontario.

Ces préoccupations portent sur :

  • la faiblesse, et dans certains cas, la diminution du recrutement de jeunes orignaux dans la population en âge de reproduction
  • le moment du rut, ou de la reproduction pour l’orignal, relativement à celui des saisons de chasse

Dans le sud de l’Ontario, où les saisons de chasse sont très limitées et où l’orignal a connu un meilleur sort, on peut envisager de modestes augmentations des possibilités de chasse au cours des années à venir.

Droits des peuples autochtones et issus de traités

Il est important de prendre en compte les droits des peuples autochtones et les droits issus de traités pour la gestion de l’orignal en Ontario.

L’orignal a une importance culturelle pour de nombreux peuples autochtones et continue également d’être une importante source d’alimentation traditionnelle. Beaucoup de communautés autochtones de l’Ontario possèdent des droits autochtones et des droits issus de traités pour récolter l’orignal à des fins alimentaires, sociales et cérémonielles. Ces droits de récolte s’appliquent généralement à l’intérieur de l’aire spécifique couverte par un traité ou de la zone de récolte traditionnelle reconnue d’une communauté autochtone.

Les droits autochtones et les droits issus de traités sont reconnus à l’article 35 de la Loi de 1982 sur le Canada. Les tribunaux ont précisé que, quand on a satisfait aux besoins en matière de conservation, les droits autochtones et issus de traités existants sont prioritaires dans l’affectation et la gestion des ressources.

Le ministère travaille avec des groupes et des communautés autochtones à mieux comprendre la récolte d’orignaux chez les Autochtones, et à définir des moyens de collaborer en vue de réaliser des objectifs communs relativement à l’orignal.

Habitat

L’orignal a besoin d’un habitat lui assurant suffisamment d’aliments et d’abris. Il doit pouvoir se protéger des prédateurs et s’abriter des conditions météorologiques extrêmes en été et en hiver. L’orignal se déplace entre différents types d’habitat tout au long des saisons, pour mieux satisfaire à ces besoins.

Le nombre d’orignaux est souvent le plus élevé dans des parties de la forêt perturbées par des incendies ou par l’exploitation forestière. Le feu et l’exploitation forestière favorisent la croissance de jeunes arbres et arbustes, ce qui fournit à l’orignal des aliments nutritifs.

L’orignal a également besoin d’une végétation plus mûre. Celle-ci lui fournit l’abri dont il a besoin l’été et l’hiver.

L’orignal a aussi besoin de blocs à lécher, de sites de mise bas et d’aires d’alimentation aquatiques. Ces habitats localisés sont très importants pour l’orignal.

Le nombre d’orignaux diminuera si un ou plusieurs éléments d’habitat manquent. Les forêts de 5 à 30 ans sont l’habitat idéal pour que l’orignal puisse brouter. Il est constitué d’un mélange de secteurs jeunes et de secteurs mûrs.

Gestion de l’habitat

L’habitat de l’orignal est surtout géré par le biais de la gestion forestière sur les terres de la Couronne en Ontario.

Les buts de la gestion forestière sont :

  • veiller à ce que la quantité et la qualité globales de l’habitat de l’orignal reflètent la gamme de variations naturelles en Ontario
  • protéger les habitats spécifiques qui bénéficient à l’orignal

Les gestionnaires forestiers suivent des guides qui donnent des orientations sur la création et l’entretien de l’habitat de l’orignal :

En vertu de cette approche :

  • les exploitants de la forêt cherchent à préserver la variation naturelle en ce qui a trait aux types de forêts (jeunes, d’âge moyen, anciennes, feuillus, conifères et forêt mixte)
  • des secteurs perturbés produits par la récolte forestière et d’autres activités humaines sont planifiés pour reproduire des parcelles créées par des perturbations naturelles telles que des incendies

Cela se fait pour garantir qu’un habitat convenable soit disponible pour un éventail d’espèces, dont l’orignal, dans l’ensemble d’un grand paysage.

Ce que nous faisons

En général, l’habitat n’est vraisemblablement pas un facteur limitant pour l’orignal en Ontario aux niveaux de population qui ont existé au cours de la période historique. Toutefois, il peut influencer la réussite et la santé de populations d’orignaux à de plus petites échelles dans l’ensemble de la province. L’approche de l’Ontario pour la gestion de l’habitat de l’orignal :

  • reconnaît les pressions à grande échelle qui influencent la faune, comme le changement climatique
  • prévoit une approche écosystémique de la gestion des espèces en interaction
  • veille à ce qu’on réponde localement aux besoins des différentes espèces, dont l’orignal

Parasites et maladies

Aucune maladie connue n’a une incidence majeure sur l’abondance de l’orignal en Ontario, mais plusieurs parasites peuvent contribuer à la diminution du nombre d’orignaux. Le ver des méninges et la tique d’hiver sont ceux qui inquiètent le plus. D’autres parasites tels que la douve du foie sont également présents en Ontario, mais ils ne semblent pas influencer le nombre d’orignaux.

Ver des méninges

Le ver des méninges est un nématode que l’on trouve normalement dans le cerveau du cerf de Virginie. Il est commun dans tout l’est de l’Amérique du Nord. Des animaux tels que le cerf et l’orignal sont infectés lorsqu’ils mangent accidentellement des escargots ou des limaces infectés par des larves de ver des méninges en se nourrissant de végétaux.

Le cerf n’est pas infecté par le ver des méninges, mais chez l’orignal ces infections sont habituellement mortelles. Des diminutions des populations d’orignaux peut-être liées au ver des méninges ont été observées dans le nord-ouest de l’Ontario, le sud-est du Manitoba, le nord-ouest du Minnesota, le Dakota du Nord, le Michigan et la Nouvelle-Écosse.

Les symptômes d’une infection de l’orignal par le ver des méninges sont variables, mais peuvent inclure :

  • l’animal traîne les pieds ou trébuche, comportement désorienté, marche en cercles
  • faiblesse extrême
  • perte de la peur des humains
  • perte de poids
  • l’animal reste longtemps dans un secteur réduit
  • incapacité de se lever

Les orignaux de tout âge peuvent être infectés, mais les plus jeunes sont généralement touchés davantage. Chez les adultes, les femelles sont plus couramment infectées par le ver des méninges.

Tique d’hiver

La tique d’hiver pose des problèmes aux orignaux dans plusieurs parties de leur aire dans l’est de l’Amérique du Nord. L’orignal ainsi que le wapiti et le cerf de Virginie sont les principaux hôtes des tiques d’hiver. En Ontario, le nombre le plus élevé de tiques trouvé sur un orignal a été de 83 000, mais la moyenne est plus près de 3 800.

La tique d’hiver affecte la population d’orignaux parce qu’elle :

  • se nourrit d’orignaux pendant l’hiver (les orignaux très infectés doivent reconstituer une quantité importante de sang)
  • cause une perte de poils modérée ou grave pendant l’hiver et au début du printemps

Cela peut tuer les orignaux, particulièrement en mars et avril, parce que les réserves d’énergie s’amenuisent à la fin de l’hiver et que le potentiel d’hypothermie augmente au printemps.

Douve du foie

La douve du foie est un grand ver plat (platode) dont l’hôte principal est le cerf de Virginie, mais l’orignal peut aussi être infecté. En Ontario, on trouve la douve du foie surtout autour des Grands Lacs supérieurs. Elle se limite aux secteurs où certains types d’escargots peuvent servir d’hôtes intermédiaires.

La douve du foie est transmise lorsque l’orignal consomme accidentellement des escargots d’eau douce avec des végétaux. La douve du foie infecte rarement les jeunes orignaux et on la trouve surtout chez les animaux d’âge moyen.

Nous ne disposons d’aucun témoignage direct que la douve du foie tue des orignaux, mais certains biologistes croient qu’un orignal gravement infecté peut être plus sensible à d’autres causes de mortalité.

Autres parasites et maladies

D’autres parasites et maladies susceptibles d’infecter l’orignal ne semblent pas causer de diminution des populations d’orignaux. Ce sont notamment les tumeurs cutanées ou verrues, ainsi que les kystes hydatiques et la ladrerie de l’orignal (tous deux des ténias, ou vers solitaires, au stade larvaire). Les tumeurs cutanées ou verrues sont causées par un virus de la peau qui n’affecte pas les humains ou n’empêche pas de manger de la viande d’orignal. Les kystes hydatiques, le stade larvaire des ténias, se retrouvent couramment chez les loups. Les œufs de ténia (déposés avec les matières fécales du loup) sont accidentellement ingérés par les orignaux avec des végétaux. Ces ténias n’ont aucun effet direct sur l’orignal. L’orignal ne semble pas avoir de parasites ou de maladies qui puissent être directement transmises aux humains. Les chasseurs ne doivent pas oublier qu’une manipulation et une préparation correctes de la viande de gibier contribuent à assurer la sécurité et la qualité des aliments.

Loup

Les loups et les coyote et des hybrides de ces espèces, sont présents en Ontario. Le loup gris et ses hybrides sont présents tant dans le nord-ouest que dans le nord-est de l’Ontario et sont d’efficaces prédateurs de l’orignal. Le nombre de loups gris et d’hybrides varie entre les régions de la province, mais il est relativement stable dans l’ensemble depuis quelque temps.

Relation entre les populations d’orignaux, de cerfs et de loups

Des populations plus élevées d’espèces proies telles que l’orignal et le cerf peuvent assurer la survie de populations plus élevées de loups. Le taux de prédation dont font l’objet les orignaux de la part des loups tend à s’accroître en même temps que le nombre d’orignaux. Cela régule naturellement la densité de la population d’orignaux et est en fin de compte bénéfique à l’orignal et aux écosystèmes dont il dépend.

Lorsque les densités sont très élevées, les populations d’orignaux peuvent dégrader leur propre habitat et subir la présence accrue de parasites tels que la tique d’hiver. Les orignaux infectés de vers des méninges ou d’un grand nombre de tiques d’hiver peuvent être plus facilement la proie de loups à la fin de l’hiver.

Différences dans la prédation par le loup dans les différentes régions de l’Ontario

Le ministère a étudié la prédation de l’orignal dans le nord-ouest et le centre de l’Ontario en mettant des colliers émetteurs et GPS sur des orignaux. Les résultats indiquent d’importantes variations du taux de prédation par le loup par région et par dimension de la meute.

On estime que le loup est à l’origine de la moitié de la mortalité d’orignaux adultes enregistrée au cours de l’étude dans le nord-ouest de l’Ontario. Par comparaison, le loup a tué relativement peu d’orignaux dans le secteur du parc provincial Algonquin, dans le centre de l’Ontario. Hors de ce parc, où les populations de loups étaient moins nombreuses, la chasse et d’autres facteurs naturels ont tué davantage d’orignaux.

Le régime alimentaire des loups a également été étudié dans le nord-ouest et le nord-est de l’Ontario en recueillant leurs fèces (excréments) et en analysant leur contenu. Dans le nord-est de l’Ontario, là où le nombre d’orignaux et de petits était bas, l’orignal était la principale proie des loups pendant l’hiver, mais c’est le castor qui était le plus communément consommé pendant le reste de l’année. Au contraire, les études effectuées dans le nord-ouest de l’Ontario et le sud-ouest du Québec ont démontré que l’orignal demeure un élément important du régime alimentaire des loups pendant toute l’année dans ces régions.

Prédation par le loup et taille des meutes

Les meutes de loups en Ontario sont habituellement assez petites même si des meutes pouvant compter jusqu’à 19 individus ont été répertoriées. La taille et le nombre des meutes dans un secteur est variable dans l’ensemble de l’Ontario et dépend du nombre de proies disponibles. Plus au nord, là où elles sont moins abondantes, le territoire des loups ne couvre pas la totalité du paysage et certains orignaux peuvent vivre dans des secteurs comportant peu ou pas de loups.

En général, le nombre d’orignaux tués par les loups augmente avec la densité de la population d’orignaux habitant les territoires des loups. Les plus grandes meutes tuent plus d’orignaux que les plus petites. Mais l’augmentation du nombre d’orignaux tués au fil du temps n’est pas proportionnelle à celle de la taille des meutes. Par conséquent, les plus grandes meutes tuent en réalité moins d’orignaux par loup que les meutes plus petites.

Prédation par le loup et chasse

Les loups s’attaquent généralement aux jeunes orignaux ou à ceux qui ne sont plus de première jeunesse, et consomment peu d’orignaux à l’âge optimal pour la reproduction. Cependant, les populations d’orignaux dans les secteurs où ils sont le plus chassés comportement généralement moins de jeunes ou d’orignaux plus âgés. Toutefois, les loups chassent davantage d’orignaux à l’âge optimal de la reproduction pendant l’hiver dans ces secteurs. Il s’ensuit une mortalité plus importante chez les orignaux ce qui pourrait nuire à la croissance de leur population.

La prédation par le loup et les routes

Les recherches effectuées par l’Ontario ont démontré que les loups se déplacent plus rapidement sur les routes. Ces déplacements plus rapides résultent en de plus nombreuses rencontres avec les orignaux. Par conséquent, davantage d’orignaux sont tués par des loups dans des secteurs qui sont plus proches des routes.

Conséquences de l’élimination de loups

Le nombre d’orignaux tués par meute de loups ne diminuera pas substantiellement si on en réduit la taille, par conséquent  se contenter d’éliminer quelques loups dans chaque meute ne diminuera pas le nombre d’orignaux tués. Seule l’élimination de la totalité d’une meute peut réduire de façon significative la prédation, mais cela peut ne pas être souhaitable d’un point de vue écologique ou social. Il est peu probable que la modification des règlements régissant la chasse et la trappe afin de permettre de récolter un plus grand nombre de loups suffise à éliminer la totalité d’une meute. L’élimination des meutes exige souvent de recourir à des techniques radicales comme les tirs à partir d’un avion ou l’application de poison pendant plusieurs années. Dans de rares cas, de petites réductions de la taille d’une meute ont permis des réductions mineures de la prédation, qui ont profité aux populations d’orignaux dans certaines zones localisées.

Certains États et provinces ont mis en place des mesures pour contrôler les loups. Une fois ces mesures abandonnées, les populations de loups en Alaska, en Colombie-Britannique, au Québec et au Yukon ont rapidement retrouvé leur niveau antérieur. Par exemple, dans la réserve faunique de Papineau-Labelle, au Québec, la population de loups avait retrouvé son niveau précédent moins d’un an après une réduction de 71 %  du nombre de loups. Une fois les populations de loups reconstituées, le nombre d’orignaux retrouve son niveau d’avant les mesures de contrôle.

La Stratégie pour la conservation des loups en Ontario oriente la gestion du loup dans la province. L’objectif de la gestion du loup est de veiller à la pérennité des populations de loups dans la province, et des écosystèmes dont ils dépendent, afin que les Ontariens puissent bénéficier de leur présence  pour des raisons écologiques, sociales, culturelles et économiques.

Ours

L’ours noir, un prédateur de l’orignal, est répandu dans la plus grande partie des régions forestières de l’Ontario. Son habitat couvre près de 90 % de la province, du lac Ontario vers le nord jusqu’à certaines parties des basses-terres de la baie d’Hudson.

En 2010, on avait estimé qu’il y avait entre 85 000 et 105 000 ours noirs dans la province.

Étude sur la région du parc Algonquin

Des chercheurs ont comparé le taux de survie des petits des orignaux dans le parc provincial Algonquin et dans l’Unité de gestion de la faune 49 voisine. Cette recherche portait sur l’importance de la prédation, entre autres facteurs, sur la mortalité des petits. La densité des populations d’ours était similaire à l’intérieur et à l’extérieur du parc. Mais parce que la chasse à l’ours n’est permise qu’à l’extérieur du parc, la composition de la population d’ours peut être différente dans les deux zones. La prédation à la fois par l’ours et le loup était une des causes les plus importantes de décès chez les jeunes orignaux à l’intérieur du parc. À l’extérieur du parc, la chasse et d’autres causes naturelles étaient des facteurs ayant une incidence beaucoup plus forte sur la mortalité des petits. Le plus grand nombre d’ours adultes mâles dans le parc peut expliquer les taux de prédation des petits plus élevés, les mâles étant peut-être des prédateurs des petits de l’orignal plus efficaces que les femelles.

Études au Québec et en Alaska

Des recherches ont été effectuées sur l’interaction entre l’orignal et l’ours dans plusieurs autres États ou provinces. Ces études nous donnent un aperçu de l’interaction entre l’orignal et l’ours qui est valable pour l’Ontario.

Au Québec, les ours noirs étaient essentiellement des prédateurs opportunistes des petits des orignaux,  les rencontre se faisant souvent au hasard de leurs déplacements dans leur habitat de prédilection. Lorsque les ours se déplacent davantage, ils sont plus susceptibles de rencontrer de jeunes orignaux. Les études effectuées en Alaska ont démontré que les ours noirs pourraient être une cause importante de décès chez les petits des orignaux au printemps et en été.

Incidence sur l’orignal

La plupart des études ont établi que certains ours noirs s’attaquent à de jeunes orignaux de moins de deux mois. À l’opposé, les loups s’attaquent aux orignaux pendant toute l’année, ciblant principalement les jeunes orignaux et ceux qui ont dépassé l’âge optimal de la reproduction. Ces études démontrent en outre que le taux de prédation des ours noirs sur les petits des orignaux est très variable, et fonction de l’écosystème, de l’habitat et de la nature du paysage. Dans une population d’orignaux robustes, même un taux élevé de prédation des jeunes par les ours noirs peut n’avoir aucune incidence sur la croissance de la population d’orignaux. Mais une population affectée par d’autres facteurs peut être plus sensible à l’incidence de la prédation des jeunes par les ours.

Résultats de l’élimination des ours

Plusieurs études se sont penchées sur l’incidence de l’élimination des ours sur les populations d’orignaux. Les résultats de ces études peuvent être malaisées à interpréter à cause des rapports écologiques complexes qui existent dans des paysages où vivent de multiples espèces de prédateurs et de proies. Il peut également s’avérer difficile d’exclure d’autres facteurs qui peuvent avoir un impact sur les orignaux, notamment les modifications de l’habitat.

Les recherches sur l’élimination des ours ont démontré de manière générale que :

  • elle pourrait être profitable pour des populations d’orignaux  de faible densité dans une région donnée pendant une courte période
  • elle pourrait ne pas être profitable à des populations d’orignaux de densité faible à modérée
  • les avantages pour les orignaux seraient de courte durée, car la population d’ours augmente rapidement une fois la période d’élimination terminée (les ours des secteurs avoisinants venant occuper les secteurs où les éliminations ont eu lieu)

L’approche adoptée par l’Ontario pour la gestion de l’ours noir est décrite dans le Framework for Enhanced Black Bear Management in Ontario. L’objectif de la gestion de l’ours noir est d’assurer la pérennité des populations d’ours noir dans les paysages et les écosystèmes dont ils dépendent, afin que les Ontariens puissent bénéficier de leur présence  pour des raisons écologiques, sociales, culturelles et économiques.

Changement climatique

Le changement climatique pourrait bouleverser profondément les écosystèmes en Ontario en modifiant la température et les niveaux de précipitation. Les orignaux sont susceptibles d’être affectés par ce changement de diverses façons décrites ci-dessous.

Stress thermique

Les orignaux sont des animaux adaptés aux froids extrêmes et à la neige profonde. Mais ils deviennent  perturbés si les températures estivales ou hivernales sont supérieures à un certain seuil.

Depuis 1997, dans la forêt boréale du nord-est du Canada :

  • au moins 10 hivers ont été plus chauds que la normale
  • au moins 10 hivers ont connu des précipitations inférieures à la normale

Diminution de l’adaptation du système de reproduction

Les orignaux s’alimentent moins pendant les longues périodes où la température est élevée. Cela diminue les réserves de graisse dont ils ont besoin pendant l’hiver. Cette réduction des réserves de graisse pourrait réduire la qualité ou la quantité du lait pour les petits. Les jeunes orignaux qui consomment du lait de piètre qualité ou en quantité insuffisante ne seront pas en bonne condition physique lorsque viendra l’hiver, ce qui augmentera les risques de mortalité.

Des températures plus élevées ou plus variables au début de l’automne pourraient réduire  la reproduction  en entraînant :

  • un retard de la reproduction qui pourrait avoir pour résultat un plus grand nombre d’orignaux tués par les chasseurs ou un excès de récolte
  • un décalage dans la période de reproduction des mâles et des femelles qui pourrait réduire le nombre de femelles inséminées

Parasites

Des températures plus élevées, particulièrement au milieu de l’automne et au début du printemps peuvent occasionner une augmentation des infestations de tiques chez l’orignal.

Nombre croissant de cerfs de Virginie

Le cerf de Virginie survit plus facilement à l’hiver lorsqu’il tombe moins de neige. L’augmentation des populations de cerfs de Virginie pourrait avoir les conséquences suivantes :

  • augmentation du nombre de loups qui se nourrissent à la fois de cerfs et d’orignaux
  • transmission accélérée du vers des méninges et de la douve du foie aux orignaux

Modifications à la qualité de l’habitat des orignaux

Les changements climatiques peuvent avoir un impact sur la qualité de l’habitat des orignaux. Ils peuvent modifier la répartition géographique des orignaux, leur habitat leur permettant moins de satisfaire à leurs besoins.

Des températures plus élevées et des précipitations réduites en été peuvent également augmenter les risques d’incendie, ce qui peut accroître considérablement l’habitat des orignaux dans certains secteurs.

Une augmentation de la fréquence des incendies devrait être bénéfique à l’orignal en créant un habitat forestier à succession précoce et une nouvelle végétation fournissant une nourriture abondante à l’orignal. C’est là un des habitats importants pour l’orignal.

Effets potentiels futurs

L’Ontario a examiné de quelle façon les changements climatiques pourraient avoir une incidence sur l’habitat et les espèces dans l’avenir. Ces études utilisent des prévisions de températures saisonnières et de précipitations. Elles aident à prévoir la santé des espèces, notamment des orignaux. Ces prévisions sont utiles pour planifier la gestion de l’orignal.

Les prévisions varient en fonction de l’échelle de temps et du scénario de changement climatique utilisés.

Une de ces prévisions estime que d’ici 2040 le nombre d’orignaux commencera à décliner dans le sud de l’Ontario, mais augmentera dans certaines parties du nord-ouest et du nord-est.

Ce que nous faisons

Le Cadre de gestion écologique des cervidés et la Politique de gestion de l’orignal de l’Ontario reconnaissent qu’il est essentiel de se fonder sur les meilleures connaissances disponibles afin de relever les défis posés notamment par le changement climatique.

Des recherches continues :

  • nous aideront à mieux comprendre l’incidence du changement climatique sur l’orignal
  • nous permettront de déterminer quels sont les facteurs clés ayant un impact sur la taille de la population d’orignaux en Ontario
  • orientera la gestion de l’orignal dans la province

Une surveillance continue nous permettra :

  • d’assurer le suivi des tendances concernant les populations d’orignaux
  • de renforcer notre approche évolutive et adaptée à la gestion de l’orignal