La hernie, causée par l'agent pathogène terricole Plasmodiophora brassicae, peut provoquer le jaunissement, le rabougrissement et le flétrissement des plants ainsi qu'une excroissance des racines sur les espèces vulnérables de la famille des Brassicacées (crucifères), dont le brocoli, le chou, le canola et le chou-fleur. La hernie entraîne des pertes de l'ordre de 10 à 15 % dans les cultures de cette famille à l'échelle mondiale et qui peuvent atteindre de 30 à 100 % dans les champs gravement infestés. Il existe différentes sources de hernie appelées pathotypes et la résistance à de nombreux cultivars dépend du pathotype en cause.

La hernie n'est pas considérée comme un champignon ni comme une bactérie, mais partage des attributs de ces deux types d'organismes. Les spores de conservation de la hernie sont très résistantes et ont la capacité de demeurer dormantes jusqu'à 18 ans dans le sol. Ces spores sont activées quand les conditions d'humidité dans le sol sont appropriées, que les températures sont supérieures à 12 °C et que les exsudats sécrétés par les racines d'un hôte potentiel stimulent la germination des spores et la libération de zoospores primaires. Ces zoospores possèdent deux queues en forme de fouet qui leur permettent de nager sur de courtes distances dans des films aqueux jusqu'aux poils absorbants des plants de la famille des Brassicacées. Lorsqu'une zoospore entre en contact avec un poil absorbant, elle infecte la cellule, se divise et provoque une infection secondaire dans le cortex de la racine.

Les spores responsables des infections secondaires dans le cortex racinaire perturbent le métabolisme de la cellule hôte. Ces spores font grossir les cellules hôtes et accroissent la division cellulaire, ce qui entraîne la formation d'excroissances. Bien que cela ne prenne qu'une spore pour causer une infection, de nombreuses spores sont responsables des infections secondaires et de la formation d'excroissances. L'excroissance des racines chez les hôtes vulnérables se produit normalement quand les concentrations dépassent 1000 spores par gramme de sol. À la fin de la saison, les racines atteintes se décomposent dans le sol et libèrent des millions de nouvelles spores susceptibles d'infecter la culture de l'année suivante.

Les spores de la hernie sont extrêmement difficiles à éradiquer, car on peut les trouver jusqu'à un mètre de profondeur dans les horizons du sol. Il existe peu de stratégies économiques offertes actuellement pour lutter contre la hernie. On a observé qu'un chaulage permettant d'atteindre un pH minimal de 7,2 était efficace dans certaines situations, mais pas dans tous les cas. Certains cultivars résistants de brocoli, chou de Bruxelles, canola et chou sont offerts, mais la plupart des lignées de Brassicacées sont vulnérables. La meilleure stratégie de lutte consiste à éviter de planter ces cultures dans les sols contenant l'inoculum.

Pour limiter la propagation de l'agent pathogène, ne pas partager de matériel déjà utilisé dans des champs où l'on soupçonne la présence de hernie et éviter tous les types de déplacement de sol. On a constaté que le lavage sous pression était efficace pour éliminer les spores du matériel, mais ce procédé prend du temps et exige de la main-d'œuvre. Lorsqu'on travaille dans des champs contenant de l'inoculum, toujours se rendre d'abord dans les champs les moins infestés avant de travailler dans ceux qui le sont.

La distribution de la hernie en Ontario est inconnue et on connaît encore moins les pathotypes précis qui y sont présents. Nous organisons un sondage sur la hernie dans le but de connaître la distribution de cet agent pathogène dans le Sud-ouest ontarien. Si vous soupçonnez la présence de hernie dans votre champ, nous vous demandons de prélever des échantillons de sol ou de racines présentant des excroissances afin d'établir si la hernie est présente dans votre champ et si c'est le cas, d'identifier le ou les pathotype (s) en cause.

Votre contribution serait très appréciée et cela nous permettra de rendre des décisions plus éclairées en ce qui a trait à la résistance des différents cultivars et de restreindre éventuellement la propagation de l'agent pathogène vers d'autres régions de l'Ontario. Des études antérieures ont montré que la prise d'échantillons à l'entrée du champ donne les meilleurs résultats, puisque c'est là que se trouve normalement la plus grande quantité de spores de conservation. Cinq litres de sol ou de racines présentant des excroissances et provenant de trois plants sont demandés pour l'identification des pathotypes. Pour toute question concernant la prise d'échantillons de sol ou si vous préférez que nous prélevions les échantillons, veuillez communiquer avec Travis Cranmer à travis.cranmer@ontario.ca ou composez les 519 826-4963.

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Figure 1. Pak-choï présentant d'importantes excroissances racinaires, six semaines après les semis.

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Figure 2. Plant de chou rabougri, présentant une importante excroissance racinaire, dix semaines après les semis.