Le stade larvaire de la mouche du chou (Delia radicum) peut infliger de graves dommages à toutes les cultures de la famille des brassicacées. La mouche du chou adulte est grise et sa taille est environ la moitié de celle d'une mouche domestique.

Au début du printemps, les mouches du chou adultes sortent du sol et les femelles pondent de petits œufs blancs, à environ 2 à 10 cm sous la surface du sol. Selon la température, les œufs éclosent 3 à 7 jours plus tard sous forme de larves qui commencent immédiatement à miner les racines pivotantes des cultures de brassicacées qui sont vulnérables. Les plants de repiquage de petite taille et les plantules sont le plus à risque et la destruction est habituellement pire au cours des printemps frais et humides.

La mouche du chou se nourrit des racines de brassicacées pendant environ 3 à 4 semaines avant la pupaison, qui a lieu dans le sol. Pendant ce temps, elle se nourrit des poils absorbants et forme de longues galeries à travers les racines, ce qui souvent tue ou rabougrit les plants. Même si le plant ne meurt pas, les racines demeurent exposées aux agents pathogènes secondaires qui pénètrent par les blessures, ainsi qu'aux dommages causés par l'alimentation des larves.

Image

Figure 1. Plant de brocoli flétri en raison de dommages causés par la mouche du chou.

La mouche du chou appartient au même genre que la mouche de l'oignon (Delia antiqua) qui s'attaque uniquement aux alliacées), la mouche des semis (Deli platura), la mouche granivore du haricot (Delia florilega) et la mouche du navet (Delia floralis), lesquelles sont toutes présentes en Ontario. Il faut utiliser un microscope et une bonne clé d'identification pour réussir à identifier avec exactitude les mouches adultes, les larves et les pupes. On ne peut pas distinguer les dommages causés par les larves des différentes espèces. Un projet d'AAC visant à surveiller les champs de brassicacées en Ontario et dans d'autres provinces a été réalisé au cours des dernières années en vue de trouver lesquelles de ces espèces causaient le plus de dommages. Le projet avait aussi pour but de vérifier la résistance des mouches du chou au chlorpyrifos (Lorsban, Pyrinex, Nufos, etc.), le principal produit de lutte utilisé depuis les 25 dernières années. Ce projet est en cours et on devrait connaître les résultats sous peu.

Il n'existe pas de seuils d'intervention établis pour la mouche du chou. En fait, lorsqu'on constate les dommages infligés par cet insecte, il est souvent trop tard. Toutes les stratégies de lutte sont préventives, étant donné que les méthodes réactives comme les pulvérisations foliaires sont habituellement inefficaces. La principale méthode de lutte consiste à appliquer de l'insecticide dans le sillon ou peu après la plantation. Récemment Verimark (cyantraniliprole), un insecticide du groupe 28, a été homologué pour utilisation sur les brassicacées. L'emploi en plein champ a été limité; il n'est donc pas certain que ce produit constitue une solution de rechange efficace au chlorpyrifos, mais cela pourrait être un bon choix surtout dans les régions où l'on a observé de la résistance.

L'utilisation de bâches dans d'autres provinces a été évaluée et certains résultats semblent prometteurs, mais cette technique n'a pas été adoptée par les producteurs ontariens, probablement en raison de contraintes de faisabilité. Il est également avantageux d'incorporer des résidus de culture (ainsi que de cultures de couverture) au moins 2 à 3 semaines avant les semis ou le repiquage. Éviter les épandages de fumier avant le repiquage, afin de ne pas attirer les mouches adultes.

Étant donné que la première génération de mouches du chou est celle qui entraîne le plus de dommages, il est préférable de faire les semis ou le repiquage après le pic d'éclosion des œufs au printemps. Un modèle de degrés-jours (débutant le 1er janvier) peut aider à prédire l'apparition de la première génération lorsque la somme de l'équation atteint 314 ([Temp. maximum + température min.)/2] - 6 °C.)

Le rutabaga est particulièrement vulnérable à la mouche du chou, en raison non seulement des réductions de peuplement causées par la 1re génération, mais aussi par les dommages infligés par les 2e et 3e générations sur la partie vendable des racines. Les larves grugent l'extérieur du rutabaga, en creusant de larges cavités (figure 2). Ces dommages qui surviennent tard en saison ont un effet majeur sur la portion de la récolte qui est entreposée, occasionnant plus de 40 % de pertes dans certains champs et obligeant parfois les producteurs à abandonner leur champ. La lutte contre les mouches des 2e et 3e générations est difficile en raison d'un manque de produits homologués, du peu d'efficacité de ces produits, du fait qu'il est nécessaire que le délai d'attente avant cueillette (DAAC) soit court et de la difficulté de planifier les traitements. Il serait souhaitable de réaliser des recherches sur la période de traitement optimale ainsi que sur les nouveaux produits; un de ces produits est d'ailleurs un moyen de lutte qui peut être utilisé contre beaucoup de ravageurs.

Image

Figure 2. Mouche du chou grugeant un rutabaga.

En effet, le recours à des nématodes auxiliaires pourrait devenir une future stratégie de lutte à utiliser au moment où les œufs des mouches du chou éclosent. Les nématodes (Steinernema feltiae), appliqués par bassinage ont la capacité de parasiter les larves de la mouche du chou et de limiter l'ampleur des dommages. Le moment du traitement, la méthode d'application et les coûts sont actuellement des barrières qui limitent l'utilisation commerciale de cette méthode de lutte. Des recherches sont actuellement menées par Mary Ruth McDonald à l'Université de Guelph, à la station de recherche Muck Crops en vue d'établir le moment optimal du traitement et les meilleures méthodes d'application afin que cette méthode de lutte devienne efficace pour les producteurs commerciaux.

On peut aussi avoir recours à une autre méthode de lutte particulière en libérant des mouches du chou mâles adultes stérilisées dans des champs de brassicacées, ce qui entraîne une ponte d'œufs non fertilisés par les femelles. Des projets menés au Québec sur la mouche de l'oignon ont montré que les coûts de dissémination de millions de mouches stériles compensent nettement les coûts de méthodes de lutte chimiques. Cette méthode a cependant ses limites en Ontario, car les cultures de brassicacées sont beaucoup moins concentrées que les cultures d'oignons au Québec. On observe aussi un effet marginal des champs voisins; plus la superficie traitée augmente, plus le traitement est efficace.

La mouche du chou est probablement l'insecte nuisible le plus difficile à combattre pour les producteurs de brassicacées en Ontario. Étant donné le choix limité dans les méthodes de lutte, il est important de prendre soin de mettre en place des stratégies appropriées afin d'éviter que la mouche du chou prenne le dessus. Suivre ONlegumes.com pour des renseignements à jour sur la mouche du chou et sur d'autres légumes.

Vous aimeriez identifier l'espèce de Delia dans des cultures de légumes?

Si vous disposez d'un peu de temps, beaucoup de patience et que vous avez accès à un bon microscope, il existe maintenant un excellent guide illustré pour vous faciliter la tâche :

On peut aussi trouver des renseignements intéressants sur les associations avec les hôtes dans ce groupe de mouches. La consultation de ce guide vous révélera aussi que les règles générales que nous avons utilisées pour identifier les mouches capturées dans les pièges collants étaient en fait inadéquates.