L’ensilage de trèfle rouge préfané
Renseignez-vous sur le trèfle rouge qui peut remplacer avantageusement la luzerne, ses variétés, son implantation et la qualité de la récolte.
Introduction
Le trèfle rouge peut remplacer avantageusement la luzerne. Dans des conditions idéales, le rendement des cultures de luzerne est plus élevé que celui des cultures de trèfle rouge. Cependant, dans les régions où la luzerne est sujette à la destruction par l'hiver, on peut planter le trèfle rouge des prés dans des sols trop humides ou acides pour la luzerne, puisqu'il tolère bien les sols mal drainés et à faible pH. Comme fourrage, le trèfle rouge est de qualité semblable à la luzerne. On peut donc le substituer à la luzerne dans les rations alimentaires du bétail. Le trèfle rouge sert aussi comme culture de pâture et culture couvre-sol.
Le trèfle rouge est une plante fourragère vivace à courte rotation. Il s'implante facilement et croît rapidement au printemps, mais résiste mal à la sécheresse. Le trèfle rouge a une croissance vigoureuse pendant les deux premières années de production et, souvent, décline rapidement dès la troisième année. Trois maladies expliques cette courte vie : l'anthracnose, l'oïdium du trèfle et la pourriture des racines et du collet. Le trèfle rouge a une racine pivotante faible et de nombreuses radicelles fibreuses.
Variétés
Il existe deux variétés de trèfle rouge : à coupe double et à coupe simple. Le trèfle rouge à coupe double fleurit durant l'année d'implantation et, après la première coupe, il repousse vigoureusement et produit davantage de fourrage. Le trèfle rouge à coupe simple croît plus lentement et n'arrive à maturité qu'environ deux semaines après le trèfle rouge à coupe double. Il ne fleurit pas durant l'année d'ensemencement, ni après la première coupe les années suivantes. On l'utilise plutôt comme culture abri et culture d'enfouissement.
Les anciennes variétés de trèfle rouge ne vivent, en général, que deux ans. Ce sont donc des plantes bisannuelles. Les nouvelles variétés, résistantes aux maladies, peuvent durer plus longtemps et donnent souvent un bon rendement durant la troisième année. Ainsi, il ne faut pas semer du « trèfle rouge à coupe simple » ou du « trèfle rouge à coupe double ordinaire » si l'on cherche une plante fourragère à rendement élevé et à persistance accrue. Les données sur le rendement du trèfle rouge à coupe double en Ontario figurent au Goforages.ca.
Implantation
Il importe de semer le trèfle rouge tôt au printemps alors qu'il y a suffisamment d'humidité dans le sol pour que la plante s'établisse. Les semences de trèfle rouge sont moins coûteuses que celles de luzerne. Le trèfle rouge s'implante facilement et rapidement et entrave la croissance d'autres plantes. On peut le semer seul ou mélangé à d'autres graminées; lorsqu'on le mélange à des semences de phléole, par exemple, cette graminée favorisera l'assèchement et remplacera le trèfle rouge à mesure qu'il disparaîtra. On peut aussi le combiner à de l'alpiste, une graminée très persistante à implantation lente, qui remplacera le trèfle rouge à mesure qu'il disparaîtra. Il est déconseillé toutefois, de mélanger luzerne et trèfle rouge. Ce dernier étouffera la luzerne durant la période d'implantation.
L'implantation de la luzerne et du trèfle rouge est semblable. Comme le trèfle rouge tolère bien l'ombre, on peut le semer sous une autre plante fourragère, une céréale par exemple. Il faut couper celle-ci dès le boutonnement et l'ensiler si l'on veut assurer l'implantation optimale du trèfle rouge et avoir une récolte hâtive. Il faudra peut-être procéder à un désherbage chimique des semis en sol nu.
On doit semer 10 livres de trèfle rouge par acre, ou 8 livres par acre avec 3–4 livres de phléole. Le trèfle rouge se prête très bien à la culture sans labour. Et, même en sol gelé, il s'implantera bien si on le mêle au blé d'hiver.
En Ontario, le taux de Rhizobium trifolii présent naturellement dans le sol est généralement suffisant pour qu'il y ait nodulation. En cas de doute, il faut inoculer les semences de trèfle rouge, mais pas avec l'inoculum de la luzerne, qui sera inefficace.
Gestion des récoltes
Les recommandations sur la gestion des récoltes sont les mêmes pour la luzerne et le trèfle rouge. La qualité de cette plante fourragère à maturité ne décline pas, toutefois, aussi rapidement que celle de la luzerne. La récolte du trèfle rouge se fait en deux temps. La première coupe a lieu durant la floraison (20 % et plus), c'est-à-dire durant la période de rendement élevé. Mais, la récolte du fourrage pour les vaches laitières grandes productrices devrait avoir lieu au stade de fin des boutons floraux ou au début (20 %) de la floraison. On risque d'étouffer les plants si on ne récolte pas la repousse d'automne avant l'hiver (en raison de la grosseur des tiges et des feuilles du trèfle rouge). On peut donc envisager d'effectuer une troisième coupe après les premières gelées. Signalons que la période de préfanage du trèfle rouge (l'étape préalable à la mise en silo) est plus longue que celle de la luzerne.
Qualité de la récolte
Il est préférable d'ensiler le trèfle rouge, plutôt que de le faire sécher comme du foin fané. Il tend, en effet, à devenir « poudreux » ou à moisir. Bien que les quantités de protéines brutes, d'ADF, de NDF et de minéraux du trèfle rouge et de la luzerne soient comparables, il existe néanmoins certaines différences entre ces deux types de fourrage. Le trèfle rouge contient, en effet, des enzymes (polyphénol-oxidase) qui ralentissent la protéolyse à l'intérieur du silo. Étant donné que les protéines du trèfle rouge se décomposent moins que celles de la luzerne durant la fermentation, la concentration de protéines non dégradables est plus élevée dans le trèfle rouge. La teneur en protéines absorbables du trèfle rouge fourrager est d'entre 25 % et 35 %, tandis que celle de la luzerne est d'entre 15 % et 25 %. En outre, la digestibilité des fibres (dNDF) du trèfle rouge est plus élevée.
Résultats d'essais d'alimentation menés par l'USDA Forage Research Station dans le Wisconsin, comparant la luzerne et le trèfle rouge :
- les vaches laitières nourries de fourrage à base de trèfle rouge consommaient de plus petites rations alimentaires, mais produisaient autant de lait et moins de fumier;
- une moins grande quantité de protéines brutes était transformée en NPN, ce qui a amélioré l'efficacité protéique et réduit la teneur en azote du fumier.
Une forte consommation de trèfle rouge fourrager produit souvent un fumier noir et liquide, mais ceci n'est pas problématique généralement. Pour augmenter la consommation de fourrage, mêler de la luzerne fourragère ou du maïs fourrager au trèfle rouge.
La culture du trèfle rouge convient particulièrement dans les régions qui se prêtent mal à la culture de la luzerne (destruction par l'hiver ou sols mal drainés ou à faible pH). Il est conseillé de consulter un spécialiste en nutrition animale afin de s'assurer que l'on tienne compte des caractéristiques du trèfle rouge dans le calcul des rations alimentaires.