À cette époque de l'année où, partout en Ontario, on récolte la lavande, la présence de taches sur les feuilles et tiges de lavande peut affecter considérablement la qualité des produits ou l'aspect de la lavande pour les foires et tournées agricoles. Ces taches ne sont pas toutes de même nature, par contre, et il est important de reconnaître les symptômes, pour pouvoir intervenir ultérieurement. En Ontario, deux facteurs principaux sont à l'origine de taches sur la lavande : la punaise quadrilignée (PQ) et la tache septorienne.

La PQ est un insecte suceur qui se nourrit des feuilles nouvelles et des pousses en développement, de la fin de mai au début de juillet. Les nymphes sont rouges et noires et se colorent et se déplacent rapidement sur la plante, sa cachant souvent lorsque quelqu'un s'approche (Figure 1). Les adultes font de 7 à 10 mm de longueur et sont verts ou jaunes avec quatre lignes noires le long du dos (Figure 2). L'espèce ne produit qu'une génération par année et les adultes meurent rapidement après maturité. Par conséquent, les dommages cessent de s'étendre vers la mi-juillet.

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Nymphe de punaise quadrilignée.
Figure 1. Nymphe de punaise quadrilignée.
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Punaise quadrilignée adulte.
Figure 2. Punaise quadrilignée adulte.

Les PQ adultes et les nymphes s'alimentent en suçant la sève des feuilles nouvelles et des tiges en développement. À l'endroit où elles se nourrissent, un petit cercle de la feuille meurt. Finalement, les feuilles et les tiges sont couvertes de taches uniformes d'aspect blanc ou brun clair/gris (Figure 3). Les dommages causés par l'insecte sont minimes en ce qui a trait au rendement des fleurs de lavande, mais peuvent avoir un effet considérable sur la qualité des grappes florales.

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Dommages de la punaise quadrilignée sur les feuilles et les tiges. Les lésions sur les tiges sont souvent allongées.
Figure 3. Dommages de la punaise quadrilignée sur les feuilles et les tiges. Les lésions sur les tiges sont souvent allongées.

La tache septorienne est causée par un champignon, Septoria lavandulae. La maladie apparaît habituellement sur les végétaux affaiblis, à la fin de l'été et à l'automne, lorsque les périodes de rosée sont plus longues et que les feuilles demeurent humides plus longtemps. En raison des temps humides récents, on a observé la maladie sur les plants de lavande beaucoup plus tôt que normalement. De plus, la maladie provoque sur les feuilles des taches rondes d'une taille analogue à celle causée par la PQ (Figure 4). La maladie se propage au moyen de spores emportés par le vent, qui infectent les nouvelles feuilles de lavande si le temps reste humide suffisamment longtemps. On connaît peu de choses sur les répercussions de la tache septorienne sur la lavande, mais il est probable qu'elle aura une incidence sur la croissance de la plante et le rendement floral subséquent si elle survient tôt en saison, en raison de la moindre capacité de photosynthèse.

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Lésions provoquées par la tache septorienne.
Figure 4. Lésions provoquées par la tache septorienne.

Puisque les deux ravageurs sont à l'œuvre à la même époque de l'année, il peut être difficile de les distinguer. Toutefois, il existe plusieurs différences (Figure 5). La tache septorienne est plutôt rare sur les tiges. Puisque les champignons du genre Septoria vivent sur les feuilles, les lésions grandissent au fil du temps, en dimensions irrégulières, tandis que les lésions provoquées par la PQ sont généralement de taille uniforme. Les lésions septoriennes sont souvent entourées par un halo jaune ou vert pâle et les feuilles affectées commencent à jaunir et finissent par mourir. Par contre, les feuilles endommagées par la PQ demeurent habituellement vertes. Les deux lésions peuvent également se distinguer par leur couleur. Les lésions provoquées par la tache septorienne sont brun foncé/grises, parfois avec un cercle intérieur gris. Les dommages causés par la PQ sont uniformes, blanches ou gris pâle, et parfois tombent partiellement ou totalement, laissant un trou dans la feuille.

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Comparaison des lésions : en haut : punaise quadrilinéaire; en bas : tache septorienne. Contrairement à la PQ, les lésions septoriennes sont de couleur foncée, de dimensions variables et entourées souvent par un halo jaunâtre.
Figure 5. Comparaison des lésions : en haut : punaise quadrilinéaire; en bas : tache septorienne. Contrairement à la PQ, les lésions septoriennes sont de couleur foncée, de dimensions variables et entourées souvent par un halo jaunâtre.

Aucun produit n'est homologué par la répression de la PQ ou de la tache septorienne sur la lavande. Toutefois, on peut réduire la gravité de la maladie, dans le cas de la tache septorienne, à l'aide de pratiques de gestion culturale. Puisque la maladie affecte surtout les plantes affaiblies, il est important, pour réduire la propagation de la maladie, de veiller à ce que les plantes soient en santé. À cette époque de l'année, les plantes sont naturellement affaiblies, car elles consacrent leur énergie à fleurir. Pour éviter d'imposer à la plante un stress supplémentaire, il faut une fertilisation adéquate et éviter l'accumulation de flaques d'eau dans le champ ou la saturation du sol, qui risque de restreindre le système radiculaire. L'humidité des feuilles et un taux d'humidité élevé sont également propices à la propagation de la maladie. Les plantations de lavande doivent être situées dans des zones ouvertes où l'air circule bien. Les plants doivent être espacés adéquatement pour garantir une bonne circulation de l'air dans le couvert. La plantation en rangs est-ouest permettra également d'améliorer la circulation de l'air dans les rangs. Toutefois, il faut équilibrer cela avec la nécessité d'une bonne protection éolienne pendant l'hiver et d'un bon drainage du champ. Pour ces deux ravageurs, il est possible que les dommages soient plus élevés pour certains cultivars. Les producteurs doivent contrôler les dommages des deux ravageurs sur différents cultivars et utiliser des cultivars moins vulnérables pour les nouvelles plantations. Nous établirons un classement dans les essais de cultivars de lavande menés par la province afin d'identifier ceux qui sont les moins vulnérables.