Introduction

Protéger les arbres fruitiers contre les insectes nuisibles tout en réduisant l'emploi de pesticides est une stratégie à deux volets: surveiller l'activité et l'abondance des populations d'insectes nuisibles et sélectionner le pesticide le plus efficace contre l'ennemi visé mais le moins nocif pour la faune auxiliaire, c'est-à-dire les insectes utiles. Dès que l'on remarque une résistance aux pesticides chez une ou plusieurs espèces nuisibles importantes, des méthodes de rechange doivent être appliquées. De fait, le succès des programmes de lutte contre les insectes nuisibles est fonction non seulement de la mesure dans laquelle on a réduit la population indésirable, mais aussi de la mesure dans laquelle une stratégie particulière réduit le niveau de risque pour le producteur qui l'utilise, c'est-à-dire l'incidence sur la rentabilité de son verger.

En général, toute culture fruitière est la proie d'élection de plusieurs espèces nuisibles qui peuvent être la cause de pertes économiques importantes tout au long de la période de végétation. Par exemple, bien que la plupart des années on dénombre une soixantaine d'espèces nuisibles dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario, seulement huit à dix de ces espèces sont susceptibles d'infliger des dégâts d'importance économique au cours d'une année donnée. Pour leur faire échec, au moins quatre à six traitements insecticides sont nécessaires en cours de végétation, et parfois davantage si les insectes manifestent de la résistance aux insecticides utilisés ordinairement. Il faut alors parfois envisager d'augmenter les doses et d'utiliser d'autres pesticides pour limiter les dégâts à un niveau qui soit supportable du point de vue économique. Or, dans ces conditions, on risque de réduire et même d'éliminer la faune auxiliaire et, du même coup, de favoriser les pullulations d'insectes nuisibles. En outre, des espèces jusque-là inoffensives peuvent devenir nuisibles. On voit donc l'importance cruciale de mettre au point des programmes de lutte véritablement intégrée qui obéissent à ce double impératif : lutter contre les espèces nuisibles tout en assurant la survie des insectes utiles qui sont leurs prédateurs naturels.

Les interactions entre les espèces indésirables et leurs ennemis naturels (parasites, prédateurs, agents pathogènes) sont extrêmement complexes, aussi a-t-on encore des difficultés à les expliquer, et dans bien des cas, à les comprendre tout à fait. Ceci est particulièrement le cas du rôle joué par les prédateurs polyphages (ceux qui s'attaquent à un grand nombre d'hôtes différents) dans la limitation des populations de ravageurs. Le fait que l'on n'ait pas totalement élucidé et évalué le rôle de ces prédateurs rend difficile leur utilisation et leur mise à contribution dans l'écosystème des vergers. L'action des prédateurs polyphages est efficace lorsque la densité de leurs hôtes est peu élevée car ils sont alors capables d'enrayer leur multiplication rapide dès les premiers stades de l'infestation. De nombreuses espèces de prédateurs, en particulier ceux qui appartiennent à l'ordre des hémiptères, se nourrissent également de la sève des plantes, ce qui leur permet de survivre pendant les périodes où leurs proies sont peu abondantes ou inaccessibles.

Pour intégrer l'action utile des prédateurs naturels dans les stratégies de lutte antiparasitaire, il faut d'abord comprendre clairement les interactions entre ceux-ci et leurs proies, et donc entreprendre des études biologiques intensives sur ces espèces et une évaluation de l'action de chacune d'elles sur un ou plusieurs de leurs ennemis. C'est à cette condition que l'on peut établir des relations quantitatives. Ce genre d'études doit porter plus particulièrement sur les facteurs qui conditionnent l'abondance, la dispersion et l'efficacité des prédateurs naturels. Il est en outre nécessaire d'élaborer des méthodes économiques de production de masse de ces prédateurs de manière à pouvoir suppléer au besoin des populations naturelles. L'application de la biotechnologie permettra peut-être de créer des prédateurs possédant certaines caractéristiques voulues et donc d'en améliorer l'efficacité, par exemple, la résistance aux pesticides.

Les vergers du sud de l'Ontario sont fréquentés par plusieurs espèces de prédateurs arthropodes polyphages. Par exemple, dans les vergers de pommiers non traités chimiquement, on a répertorié plus de 109 espèces d'insectes prédateurs appartenant à six ordres et à 21 familles. La conservation et la manipulation de ces prédateurs sont d'importance cruciale dans l'élaboration de stratégies antiparasitaires qui ne portent pas atteinte à l'environnement. La présente série de fiches techniques vous aidera à identifier certaines des espèces utiles les plus importantes et vous informera sur leur présence et leur activité, ainsi que sur les possibilités qu'elles présentent en tant qu'agents de lutte biologique contre les insectes nuisibles.

Diptères

Famille des Dolichopodidae : Mouches à longues pattes

Les dolichopodidés sont des petites mouches (4-9 mm) fines, dont la couleur métallique est généralement verte, bleue, cuivre, or ou argent. Certaines espèces sont de couleur grise ou noire. Elles se caractérisent par la nervation simple de leurs ailes et leurs longues pattes grêles. Les dolichopodidés se rencontrent dans des habitats variés; les larves se cachent généralement dans la terre humide et sous l'écorce des troncs; les adultes, que l'on retrouve en plus grand nombre à proximité des cours d'eau, vivent sur le feuillage, l'écorce des arbres et les fleurs de diverses plantes. Tant les larves que les adultes sont prédateurs et s'attaquent à de nombreux autres insectes et petits arthropodes, dont les acariens; les larves de plusieurs espèces sont en outre phytophages. Les dolichopodidés hivernent à l'état de larves et les adultes entrent en activité dans les vergers de pommiers en été. Ce sont en général les espèces de Condylostylus (figure 1) que l'on retrouve en plus grand nombre. Il y a habituellement une génération par an, mais il arrive qu'on observe un début de deuxième génération chez certaines espèces.

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Condylostylus adulte.
Figure 1. Condylostylus adulte.

Névroptères

Famille des Chrysopidae : Chrysopes

Les chrysopes adultes sont des insectes de taille moyenne (7-15 mm), dont le corps vert jaunâtre ou gris est tacheté de rouge, de jaune ou de brun. De distribution cosmopolite, elles se rencontrent dans une large gamme d'habitats. Les chrysopes possèdent de gros yeux composés et de grandes ailes qui, au repos, forment un toit sur leur corps. Incapables de voler longtemps, elles se dispersent habituellement après le coucher du soleil en se laissant porter par le vent. La présence de miellat de pucerons est de nature à interrompre ou à mettre fin à leur vol de dispersion. L'activité des adultes, à la fois prédateurs et phytophages, est maximale par temps ensoleillé et chaud quand l'air est presque immobile. Les adultes parvenus à la maturité sexuelle se détectent mutuellement grâce à des signaux, ou * appels +, envoyés par leurs sécrétions. Après l'accouplement, les femelles pondent leurs oeufs sur des tiges longues et fines, un à un ou par groupes de 20 à 30. Chaque femelle pond plusieurs centaines d'oeufs qui éclosent au bout de quatre à douze jours. Le développement larvaire, qui comporte trois stades, dure environ onze à douze jours. Les larves cheminent sur le feuillage des plantes à la recherche de leurs proies, en majorité des pucerons et autres insectes à corps mou. Pour se protéger, les larves de certaines espèces recouvrent leurs propres corps de débris ou de déchets. La nymphose, d'une durée de 19 jours, a lieu dans des cocons soyeux cachés dans diverses anfractuosités et dans le sol. Plusieurs générations se succèdent par an. Plusieurs espèces de chrysopidés se manifestent dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario (figure 2).

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Apparition saisonnière des oeufs, des larves et des adultes de chrysopidés dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.
Figure 2. Apparition saisonnière des oeufs, des larves et des adultes de chrysopidés dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.

Chrysoperla carnea Stephens

Les adultes de Chrysoperla carnea (7-10 mm) sont des insectes vert jaunâtre, dont le dos est barré longitudinalement d'un trait soutenu de couleur crème et dont les ailes sont parcourues d'un réseau de nervures vert pâle (figure 3). Une bande rougeâtre sombre s'étend de la bouche à la base de chaque oeil, près duquel se remarque également une tache rougeâtre. Les adultes hivernent et redeviennent actifs du début de mai jusqu'à la mi-septembre. Leur nourriture se compose surtout de miellat de pucerons, ainsi que de nectar et d'autres sucs des plantes. L'accouplement et l'oviposition ne se produisent généralement pas tant qu'il fait moins de 8 °C. En conditions de laboratoire, chaque femelle a pondu environ 200 oeufs (la fécondité est très variable : de 26 à 506) à 24 °C et 75 % d'H.R., et la période d'oviposition a duré en moyenne 46 jours. Les oeufs (figure 4) commencent à apparaître dans les vergers de pommiers fin mai-début juin et les larves, quatre à douze jours plus tard (figure 5 et figure 6). Celles-ci se nourrissent de pucerons, surtout du puceron vert du pommier, Aphis pomi DeGeer, d'autres insectes à corps mou et d'acariens phytophages. Ils perforent occasionnellement les tissus végétaux pour y trouver leur eau ou leur nourriture. En laboratoire, le développement larvaire a duré de 6 à 17 jours. À la fin de leur développement, les larves tissent des cocons soyeux (figure 7) dans des fissures d'écorce, au revers des feuilles ou sur des brindilles; la nymphose dure 19 jours environ. Il y a probablement trois ou quatre générations par an. C. carnea est l'espèce de chrysopidé la plus abondante dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario.

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Chrysoperla carnea adulte.
Figure 3. Chrysoperla carnea adulte.
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Oeufs de Chrysoperla carnea.
Figure 4. Oeufs de Chrysoperla carnea.
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Chrysoperla carnea, au deuxième stade larvaire.
Figure 5. Chrysoperla carnea, au deuxième stade larvaire.
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Larve mature de Chrysoperla carnea.
Figure 6. Larve mature de Chrysoperla carnea.
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Chrysoperla carnea, dans son cocon.
Figure 7. Chrysoperla carnea, dans son cocon.

Chrysopa nigricornis Burmeister

Les adultes de Chrysopa nigricornis sont les plus gros chrysopidés (12-15 mm) qui fréquentent les vergers du sud de l'Ontario. On les reconnaît à leurs antennes dont l'article basal est brun foncé ou noir (figure 8(a) et figure 8(b)), au trait brun foncé qui barre chaque côté de leur face et aux deux taches noires qui ornent les côtés antérieurs de leur corps. Les populations d'adultes de C. nigricornis sont plus nombreuses dans les vergers de poiriers que dans les vergers de pommiers, car le psylle du poirier est leur principale proie. Les larves, également prédatrices, présentent une paire de tubercules latéraux sur le premier segment abdominal. C. nigricornis hiverne à l'état de nymphe dans un cocon soyeux et les adultes entrent en activité à la fin du printemps. Au laboratoire, chaque femelle a pondu en moyenne 682 oeufs (la fécondité est très variable : 47 à 1 617 oeufs) à 24 °C et 75 % d'H.R.

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Figure 8a. Article basal de l'antenne de l'adulte de Chrysoperla carnea.
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Article basal de l'antenne de l'adulte de Chrysopa nigricornis.
Figure 8b. Article basal de l'antenne de l'adulte de Chrysopa nigricornis.

Chrysopa oculata Say

L'adulte de Chrysopa oculata est de même taille que celui de C. carnea, mais sa tête, ponctuée de noir, porte une tache triangulaire rougeâtre entre les antennes. La base de ces dernières est soulignée d'une bande noire. Le deuxième article des antennes porte un cerne noir. Adultes et nymphes sont prédateurs, leur proie de prédilection étant le puceron vert du pommier. C. oculata hiverne à l'état de nymphe dans un cocon soyeux enfoui dans le sol et les adultes entrent en activité à la fin du printemps. Au laboratoire, chaque femelle a pondu en moyenne 732 oeufs (la fécondité est très variable : 40 à 1 240 oeufs) à 24 °C et 75 % d'H.R.

Famille des Hemerobiidae : Hémérobes

Les adultes des hémérobidés (figure 9), de couleur brun clair ou foncé, sont plus petits que ceux des chrysopidés ou des chrysopes. Ils hivernent à plusieurs stades - adulte, larve développée ou prépupe - à l'intérieur d'un gros nid soyeux aux mailles lâches. Adultes et larves sont prédateurs, se nourrissant de pucerons, d'acariens et de divers arthropodes à corps mou. Les adultes sont actifs dans les vergers de pommiers de la fin de mai à la fin d'août (figure 10), leur population étant la plus forte à la fin d'août quand il y a abondance de pucerons. Les oeufs (figure 11) de couleur crème, dépourvus de pédoncule, montrent à leur pôle antérieur un bourrelet du micropyle. Ils sont déposés isolément sur les bourgeons floraux, sur les feuilles et dans des crevasses de l'écorce. Chaque femelle pond plusieurs centaines d'oeufs qui éclosent au bout de cinq jours environ. Les larves (figure 12) beige brun portent des stries et des points rouge brun foncé. Elles se déplacent en oscillant la tête et ne possèdent pas de pulvilles contrairement aux larves de chrysopes. Le développement larvaire comporte trois stades et dure 11 à 22 jours. Les larves ne peuvent pas se développer à moins de 4 °C. À maturité, elles tissent des gros nids soyeux à tissage lâche (figure 13) à l'intérieur de feuilles enroulées, au creux de bouquets floraux, de verticilles et autres cachettes. La période de nymphose dure de 10 à 16 jours. Plusieurs générations se succèdent chaque année. L'espèce d'hémérobidé qui prédomine dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario est Hemerobius humilinus (L.). L'espèce Sympherobius amiculus (Fitch) a été observée occasionnellement.

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Larve d'Hemerobius.
Figure 9. Larve d'Hemerobius.
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Apparition saisonnière de l'adulte d'Hemerobius dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.
Figure 10. Apparition saisonnière de l'adulte d'Hemerobius dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.
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Oeuf d'Hemerobius.
Figure 11. Oeuf d'Hemerobius.
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Larve d'Hemerobius.
Figure 12. Larve d'Hemerobius.
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Cocon d'Hemerobius.
Figure 13. Cocon d'Hemerobius.

Coléoptères

Famille des Carabidae : Carabes

Les carabidés adultes sont des insectes allongés, généralement aplatis, de couleur et de taille très variables (3-85 mm). Ils sont habituellement brun foncé ou noir, mais de nombreuses espèces sont jaunâtres ou brun rougeâtre avec des reflets métalliques bleus, verts ou cuivre. Ce sont des insectes terricoles qui trouvent refuge dans une large gamme d'habitats, par exemple sous des pierres et des débris à la surface du sol ou dans des galeries creusées dans la terre. Tant les larves que les adultes sont des prédateurs aux moeurs nocturnes, mais de nombreuses espèces sont phytophages et dévorent les graines, les pousses tendres, les fruits et le pollen de diverses plantes. Elles se nourrissent aux dépens d'une large gamme d'arthropodes à corps mou, y compris des insectes, des vers de terre et des escargots. Les oeufs sont déposés dans des loges terreuses ou dans des cocons enfouis à quelques centimètres de la surface du sol ou fixés à la face inférieure des pierres. La période d'incubation dure de 14 à 21 jours et il y a d'ordinaire trois stades larvaires. La nymphose a lieu également sous terre. Certaines espèces se reproduisent au printemps et hivernent d'ordinaire à l'état d'adulte, tandis que d'autres se reproduisent à l'automne et peuvent hiverner à l'état d'oeufs, de larves ou d'adultes. Les adultes vivent d'un à trois ans et sécrètent dans leurs glandes abdominales une substance défensive qui agit probablement aussi comme phéromone de rassemblement. Cinquante-neuf espèces de carabes ont été dénombrées dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario, les plus importantes par le nombre étant Amara aenea DeGeer, Harpalus affinis Shrank et Pterostichus melanarius Ill (figure 14).

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Apparition saisonnière d'adultes de Carabidae dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.
Figure 14. Apparition saisonnière d'adultes de Carabidae dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.

Amara

Les carabes appartenant au genre Amara sont généralement de couleur brune, de taille petite ou moyenne (4-6 mm), dotés d'un large prothorax et de petites pattes; ils cherchent leur nourriture dans les endroits dégagés où la végétation est clairsemée mais haute. Les adultes, prédateurs et herbivores à la fois, escaladent souvent les plantes pour y trouver leur nourriture. Les larves sont essentiellement carnivores. Les espèces d'Amara hivernent à l'état de larves et d'adultes. Outre A. aenea, on a découvert trois autres espèces d'Amara dans les vergers du sud de l'Ontario, en l'occurrence : A. familiaris Dft., A. patruelis DeGeer et A. torrida Pnz.

Amara aenea DeGeer

Il s'agit d'une espèce d'origine européenne qui s'est largement répandue en Amérique du Nord. Les adultes (figure 15) sont doués pour le vol et affectionnent les terrains secs, dégagés et sablonneux. Ce sont de petits carabes brun foncé dont le prothorax présente des angles frontaux saillants. Dans les vergers de pommiers, les adultes A. aenea se nourrissent des graines de nombreuses mauvaises herbes et se rencontrent souvent dans le voisinage de la stellaire moyenne Stellaria media (L.) Agrill. Les adultes, de même que les larves, sont également carnivores et se nourrissent de petits insectes à corps mou. Amara aenea hiverne surtout à l'état d'adulte.

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Amara aenea adulte.
Figure 15. Amara aenea adulte.

Harpalus

Les espèces d'Harpalus connaissent une distribution cosmopolite et forment l'un des genres de carabidés les plus importants. Les adultes sont brun foncé ou noirs, avec un reflet métallique généralement verdâtre, mais quelquefois bleuâtre et cuivré. Les espèces d'Harpalus sont généralement plus abondantes dans les endroits secs et dégagés, et préfèrent les sols sablonneux dans lesquels elles se terrent durant le jour. Elles hivernent à l'état d'adultes ou de larves. Outre H. affinis, cinq autres espèces d'Harpalus ont été découvertes dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario, en l'occurrence : H. caliginosus Fabr., H. erraticus Say, H. herbivagus Say, H. pennsylvanicus DeGeer, et H. pleuriticus Kirby.

Harpalus affinis Schrank

Il s'agit d'une espèce européenne qui est aujourd'hui disséminée partout au Canada. Harpalus affinis est un carabe brun foncé, qui arbore souvent des reflets métalliques verts ou cuivrés sur ses élytres et sur la face dorsale de son prothorax. Il hiverne tant sous forme de larves (principalement au troisième stade larvaire) que d'adultes sous des touffes d'herbes, à quelques centimètres dans le sol. Les adultes (figure 16), doués pour le vol, sont actifs du mois de mai à la deuxième quinzaine de septembre. On les repère parfois sur le feuillage d'arbustes et de petits arbres. On peut aussi les attirer par la lumière. Après l'accouplement, les femelles enfouissent leurs oeufs blanc nacré (2 mm) un à un dans le sol. La période d'incubation dure de 14 à 21 jours et les larves sont actives dans le sol du mois d'août jusqu'en décembre environ. Les nymphes commencent à apparaître en juillet, puis les adultes, sitôt sortis, se nourrissent et se mettent à la recherche de leurs quartiers d'hiver.

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Harpalus affinis adulte.
Figure 16. Harpalus affinis adulte.

Les adultes sont à la fois prédateurs et phytophages, et les larves sont carnivores. Au laboratoire, les adultes se nourrissent des graines de plusieurs mauvaises herbes et d'animaux plus petits qu'eux tels que les nymphes de la mouche des pommes, Rhagoletis pomonella Walsh, les larves de premier stade du carpocapse, Cydia pomonella L., et du puceron du pommier.

Pterostichus

Les espèces de Pterostichus sont de grands carabes (28 à 30 mm) noirs, de distribution cosmopolite, qui vivent dans plusieurs habitats différents. Très actifs, ils se dispersent en courant rapidement sur le sol. Outre P. melanarius, cinq autres espèces ont été découvertes dans les vergers du sud de l'Ontario, en l'occurrence P. lucublandus Say, P. chalcites Say, P. pennsylvanicus Le C., P. mutus Say et P. patruelis Dej.

Pterostichus melanarius Ill.

Pterostichus melanarius Ill., originaire d'Europe, est maintenant largement répandu sur le continent nord-américain. Il se plaît dans les terrains incultes, dégagés, dont le sol est profond et meuble, à la surface duquel il se disperse en courant rapidement. D'après certains observateurs, il pourrait parcourir de 18 à 20 mètres en une nuit. Le mâle est généralement plus actif que la femelle. Pterostichus melanarius se reproduit à l'automne et hiverne principalement sous forme larvaire. Certains adultes non encore parvenus au stade de la reproduction hivernent aussi sous cette forme et atteignent la maturité sexuelle au début du printemps. Les adultes (figure 17) commencent à être actifs fin mai-début juin et sont généralement plus abondants de la mi-juillet à la mi-août. Ils connaissent d'ordinaire une pointe d'activité par année, puis deviennent inactifs fin septembre-début octobre. Les oeufs, blanc nacré, de 2-3 mm sur 1-2 mm, sont bien développés dès l'été dans les ovaires de la femelle qui les enfouit un par un dans le sol. L'incubation dure environ 14 jours. Tant les adultes que les larves sont carnivores et, en conditions de laboratoire, les adultes se nourrissent des graines de plusieurs espèces de mauvaises herbes. Ils semblent préférer les proies de grande taille, comme les vers de terre et les larves d'autres coléoptères et lépidoptères, aux proies plus petites. Les adultes se nourrissent voracement des larves matures du carpocapse, Cydia pomonella L., quand celles-ci sont à la recherche de leurs quartiers d'hiver à la fin de juillet et en août.

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Pterostichus melanarius adulte.
Figure 17. Pterostichus melanarius adulte.

Arachnides

Famille des Lycosidae : Lycoses ou araignées-loups

Les lycoses, ou araignées-loups, sont de grosses araignées (6-13 mm), principalement terrestres, qui se plaisent dans les lieux sombres et humides, par ex. sous les pierres, les morceaux de bois, les feuilles mortes et autres déchets couvrant le sol. Elles ne tissent pas de toiles mais creusent des nids peu profonds, des terriers ou des loges de ponte, qu'elles tapissent de soie. Les lycosidés, de moeurs tant diurnes que nocturnes, repèrent leurs proies, surtout des insectes, par la vue et le mouvement. Les mâles tout comme les femelles vivent de deux à trois ans et s'accouplent probablement au printemps et à la fin de l'été ou au début de l'automne. Les oeufs sont enfouis dans la terre et surveillés par la femelle, laquelle protège aussi les jeunes araignées après l'éclosion. Ces dernières creusent des nids dans la terre et subissent plusieurs mues avant d'atteindre la maturité. Les lycoses sont largement répandues au Canada et aux États-Unis; on en trouve plusieurs espèces, en petits nombres, dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario.

Trochosa terricola Thorell

Trochosa terricola est une grosse araignée (8-11 mm) brunâtre ou rouge brunâtre, dont le dos porte des marques latérales et médianes (figure 18). On remarque aussi, sur le dos, les deux bandes sombres qui sont caractéristiques du genre. De moeurs nocturnes, Trochosa terricola ne vit pas dans le sol, mais sous des morceaux de bois, des pierres et des débris situés à la surface du sol. L'accouplement a lieu au printemps et les groupes d'oeufs apparaissent dès le début de juillet. On distingue huit et neuf stades larvaires, respectivement, chez le mâle et la femelle. T. terricola est un insecte plutôt sédentaire qui doit se fier à la vue, aux mouvements et aux vibrations des substrats pour détecter ses proies, principalement des insectes et autres arthropodes. Il est actif dans les vergers de pommiers de la mi-avril à la mi-septembre environ et, au printemps, se nourrit des nymphes vivantes, dépouillées de leur cocon, de la mineuse marbrée du pommier, Phyllonorycter blancardella (Fabr.).

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Trochosa terricola adulte.
Figure 18. Trochosa terricola adulte.

Hémiptères

Famille des Anthocoridae : Punaises anthocorides

Les anthocoridés, ou punaises anthocorides, sont répandues sur toute la planète et se rencontrent dans des habitats très divers. On en a répertorié quarante-et-une espèces au Canada et en Alaska, dont quatre espèces d'Orius et sept espèces d'Anthocoris. Ce sont de petits insectes (2-4 mm) brillants, de forme ovale, généralement brun foncé ou noir, avec des hémélytres ou couvertures ailaires de couleur jaunâtre clair. Ils vivent généralement sur les fleurs de composées et de nombreuses espèces herbacées, sous les fissures de l'écorce et sur le feuillage des arbres à feuilles caduques, par ex. les bouleaux (Betula spp.), les frênes (Fraxinus spp.) et les saules (Salix spp.). Les anthocoridés passent l'hiver à l'état d'adulte dans des troncs d'arbres creux, sous l'écorce, sous les feuilles et les débris végétaux jonchant le sol. C'est en arrière-saison que l'on retrouve les anthocoridés en général en plus grand nombre dans les vergers (figure 19), tant sur les feuilles des arbres que sur les plantes qui poussent en dessous. Ils sont à la fois prédateurs et phytophages, se nourrissant d'oeufs et de larves de lépidoptères, de pucerons, d'acariens, de psylles, de thrips, de cochenilles, d'altises, ainsi que du pollen et du nectar de plusieurs espèces végétales. Plusieurs générations d'anthocoridés se succèdent chaque année.

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Apparition saisonnière des Anthocoridae dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.
Figure 19. Apparition saisonnière des Anthocoridae dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.

Dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario, les espèces prédominantes sont Orius insidious (Say) et O. tristicolor (White), et dans les vergers de poiriers Anthocoris nemoralis (Fabr.).

Anthocoris

Les adultes du genre Anthocoris sont des insectes brillants, allongés, de 3-4 mm de long (figure 20), que l'on rencontre principalement sur les arbres à feuilles caduques et les plantes herbacées. La nourriture des adultes et des nymphes (figure 21) se compose principalement de psylles, mais aussi de pucerons et de divers petits insectes et acariens phytophages.

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Anthocoris adulte.
Figure 20. Anthocoris adulte.
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Nymphe d'Anthocoris.
Figure 21. Nymphe d'Anthocoris.

Anthocoris nemoralis (Fabr.) fut importé d'Europe et lâché en Colombie-Britannique dans le but de lutter contre le psylle du poirier, Cacopsylla pyricola Foerster. Dans les vergers de l'Ontario, les adultes entrent en activité fin avril-début mai et sont surtout abondants fin juillet-début d'août. On les trouve le plus souvent au revers des feuilles, cherchant leurs proies le long de la nervure médiane. Chaque femelle pond entre 100 et 200 oeufs qui éclosent au bout de 7 jours environ. Au cours du premier stade larvaire, les nymphes, de couleur jaune, ont la tête, la pointe des antennes et l'abdomen tachetés d'orange. Vers la fin de leur développement larvaire, qui dure environ 16-18 jours, les nymphes sont de couleur brun jaunâtre. Les petits pucerons forment en général l'essentiel de leur nourriture au cours des premiers stades larvaires.

Orius insidiosus (Say)

Les adultes (1,5-2 mm) (figure 22) et les nymphes du genre Orius sont essentiellement prédateurs des pucerons phytophages et d'autres petits insectes, en particulier des thrips, lesquels sont la principale source alimentaire des nymphes.

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Orius adulte.
Figure 22. Orius adulte.

On a trouvé Orius insidiosus sur du tournesol et du sarrazin servant de cultures de couverture dans les vergers, sur plusieurs mauvaises herbes et le feuillage des pommiers et des poiriers. Les adultes s'accouplent dès l'entrée en activité et l'oviposition (la ponte des oeufs) commence deux à trois jours plus tard. Les femelles pondent en moyenne de 115 à 140 oeufs et l'incubation dure environ cinq jours à 24 °C. À cette température, le développement des nymphes dure 15-17 jours.

Orius tristicolor (White)

Orius tristicolor se rencontre aux mêmes endroits qu'O. insidiosus, mais en nombre généralement moins élevé.

Famille des Miridae : Punaises mirides

Les miridés forment la plus grande famille d'hémiptères; on en a répertorié 81 espèces dans les cultures fruitières du Canada, dont 57 sont prédatrices. Tant les nymphes que les adultes se nourrissent principalement de pucerons et d'acariens et, dans une moindre mesure, de lépidoptères immatures. Certaines espèces sont également phytophages et aspirent la sève des plantes dont elles perforent les tissus succulents. Les miridés hivernent soit à l'état d'oeufs, que les femelles déposent dans les jeunes pousses ou tiges, ou les nervures des feuilles, ou à l'état d'adultes dans divers abris. L'incubation dure de dix à quatorze jours et les nymphes entrent en activité à la fin du printemps. Le développement larvaire, qui comporte cinq stades, dure de 25 à 35 jours. Les ailes s'ébauchent dès le troisième stade larvaire. Les adultes s'accouplent moins de deux à trois jours après leur sortie et les femelles commencent à pondre au bout de sept à dix jours. Les mâles meurent peu après l'accouplement et les femelles, peu après l'oviposition. C'est de la mi-juillet à août que le nombre d'adultes est maximal dans les vergers du sud de l'Ontario (figure 23). Il peut y avoir plus d'une génération par an. Au cours de la plupart des années, les miridés sont probablement le groupe le plus important d'insectes prédateurs qui fréquentent les vergers du sud de l'Ontario durant la deuxième moitié de l'été.

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Apparition saisonnière d'espèces de Miridae dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.
Figure 23. Apparition saisonnière d'espèces de Miridae dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.

Campylomma verbasci (Meyer) (Punaise de la molène)

Campylomma verbasci est une espèce européenne qui s'est largement répandue dans tout l'est du Canada, en Colombie-Britannique et dans de nombreux États du nord-est des États-Unis. Les adultes sont de petits insectes (3 mm) brun grisâtre dont les pattes portent des taches noires caractéristiques (figure 24). Campylomma verbasci hiverne à l'état d'oeufs cylindriques, jaune pâle, posés sur le bois de l'année des arbres à fruits à pépins et autres rosacées. Au premier stade larvaire, les nymphes sont jaune pâle avec des yeux rougeâtres; au troisième stade (figure 25), elles sont verdâtre pâle et leurs pattes arborent les taches noires caractéristiques de l'espèce. Les nymphes entrent en activité au début de mai et s'observent en plus grand nombre fin mai-début juin. Les adultes sont prédominants sur les feuilles de pommiers à partir de la mi-juin environ, et la plupart migrent des vergers dans le courant de l'été vers d'autres hôtes comme la molène, la pomme de terre, le maïs sucré et d'autres plantes. Ils se nourrissent et se reproduisent sur ces hôtes pendant l'été, puis retournent dans les vergers de pommiers et de poiriers à la fin de l'été ou au début de l'automne pour y pondre leurs oeufs. Il y a probablement deux ou trois générations par an. Les adultes et les nymphes sont prédateurs et se nourrissent surtout du tétranyque rouge du pommier, Panonychus ulmi (Koch), et du puceron vert du pommier, Aphis pomi DeGeer, dont ils sont capables d'enrayer l'infestation s'ils s'y attaquent dès les premiers stades. Ils se nourrissent aussi de plusieurs espèces de lépidoptères immatures, d'altises et autres insectes à corps mou. En revanche, cette espèce est également phytophage et peut causer de graves dommages aux fruits de certains cultivars de pommiers, par ex. * Red Delicious +, * Spartan + et * Northern Spy +.

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Campylomma verbasci adulte.
Figure 24. Campylomma verbasci adulte.
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Campylomma verbasci, au troisième stade larvaire.
Figure 25. Campylomma verbasci, au troisième stade larvaire.

Deraeocoris

Les adultes des espèces Deraecoris (figure 26) sont de grands insectes (4-7 mm) trapus, brun rougeâtre clair à foncé ou noir, qui sont largement répandus au Canada et aux États-Unis. Outre sur les pommiers, ils vivent sur l'aubépine, le cerisier, le poirier, le pêcher, le mûrier, le framboisier et le chêne. Les proies principales des adultes et des nymphes (figure 27) sont les pucerons et autres homoptères, les acariens phytophages et les lépidoptères immatures. Les espèces de Deraecoris s'observent souvent en grand nombre sur le feuillage des pommiers qui sont infestés par P. ulmi, car ils en font leur proie. Ils vivent rarement sur les plantes qui poussent sous le couvert des arbres. Ils sucent aussi le miellat des pucerons. Deraecoris fasciolus Knight et Deraecoris nebulosus (Uhler) sont deux espèces que l'on trouve occasionnellement dans les vergers de pommiers.

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Deraecoris adulte.
Figure 26. Deraecoris adulte.
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Deraecoris nymphe.
Figure 27. Deraecoris nymphe.

L'adulte Deraecoris fasciolus (6-7 mm) dépose ses oeufs allongés, couleur blanc crème, à l'aisselle des brindilles où ils passent l'hiver. Les nymphes entrent en activité au début du printemps et les adultes sont présents de la fin de juin jusqu'à la fin de septembre.

Deraeocoris nebulosus (3-4 mm) passe l'hiver à l'état d'adulte et s'active au printemps pendant la période de l'accouplement et de l'oviposition. Il pond ses oeufs dans la nervure médiane des feuilles et les nymphes entrent en activité en juin. Leur corps est couleur blanc crème, mais leur tête porte des plaques rougeâtres et, leurs yeux et leurs antennes sont rouges. Le troisième article des antennes est pâle, comme les pattes, lesquelles présentent des stries, des taches et des bandes rougeâtres. Les adultes sont actifs du début juillet à la fin de septembre. Il y a probablement une génération par année.

Hyaliodes vitripennis (Say)

Les adultes d'Hyaliodes vitripennis sont des insectes allongés (4-5 mm), d'aspect vitreux ou hyalin, dotés de longues pattes grêles et de gros yeux rougeâtres (figure 28). L'espèce est largement répandue dans toute l'Amérique du Nord et a été observée sur les pommiers, les poiriers, les pruniers, les vignes, les ormes et les chênes. Sa présence, dans les vergers de pommiers, varie considérablement selon les années. H. vitripennis hiverne à l'état d'oeufs déposés un à un seulement sous l'écorce des petites brindilles. On trouve parfois de deux à six oeufs au même endroit. Les nymphes entrent en activité au début de juin et on les rencontre en plus grand nombre à la fin de juillet. Les adultes s'observent d'abord fin juillet-début août. Il y a probablement une génération par an. Les adultes et les nymphes se nourrissent des acariens phytophages à tous les stades de leur cycle évolutif, mais ils sont probablement plus efficaces en tant que prédateurs des oeufs de P. ulmi. Les adultes sont également phytophages et on en observe fréquemment en train de perforer les nervures des feuilles pour en sucer la sève.

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Hyaliodes vitripennis adulte.
Figure 28. Hyaliodes vitripennis adulte.

Phytocoris

Les espèces de Phytocoris sont de gros insectes (6-8 mm), gris foncé ou brun clair, tachetés de jaune, de blanc ou de brun foncé (figure 29). Elles sont largement répandues au Canada et aux États-Unis et se rencontrent sur les pommiers, mais aussi sur les poiriers, les pêchers et les cerisiers à fruits sucrés. On a observé ces prédateurs surtout sur les feuilles des pommiers, mais en petit nombre généralement. Leurs proies sont surtout les pucerons et les acariens phytophages, mais aussi les formes immatures de lépidoptères. Adultes, elles sont également capables de dévorer les larves matures de la mineuse marbrée du pommier en perçant la paroi de la galerie qui les abrite avec leurs pièces buccales. Phytocoris hiverne à l'état d'oeufs, et les nymphes, qui ressemblent aux adultes, commencent à apparaître fin mai-début juin et atteignent leur nombre maximal fin juillet-début août. Les adultes sont plus nombreux au début d'août et meurent dès la première quinzaine de septembre. Il y a probablement une seule génération par an. Les espèces qui ont été observées principalement sur les feuillages de pommiers sont P. conspurcatus Knight, gris marbré de brun, et P. neglectus Knight, gris marbré de noir.

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Phytocoris adulte.
Figure 29. Phytocoris adulte.

Pilophorus perplexus Douglas et Scott

Pilophorus perplexus est un insecte allongé (4-6 mm), ressemblant à une fourmi, brun foncé rougeâtre, avec une bande caractéristique de poils jaunâtres sur les élytres (figure 30). Cette espèce vit dans l'est de l'Amérique du Nord et se rencontre, en général en petits nombres, sur les pommiers, les poiriers et les pruniers. On l'a observée sur le feuillage des pommiers (à la surface desquelles elle court très rapidement), et ses proies consistent essentiellement en P. ulmi (tétranyque rouge du pommier), surtout à l'état d'oeufs. Pilophorus perplexus hiverne sous forme d'oeufs déposés dans le bois des brindilles et des branches. Les nymphes, qui ressemblent aux adultes, sont actives dès la mi-juin et les adultes, de la mi-juillet au mois d'août. Pilophorus clavatus (Linn.) a été occasionnellement observée dans les vergers de pommiers.

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Pilophorus perplexus adulte.
Figure 30. Pilophorus perplexus adulte.

Plagiognathus

Les Plagiognathus sont de petits insectes (3-5 mm), brun foncé ou noirs, brillants (figure 31), qui s'observent dans plusieurs provinces du Canada, et qui sont répandus aux États-Unis. On les rencontre dans de nombreux habitats sur une large gamme de plantes-hôtes, notamment les arbres fruitiers, le mûrier, le bouleau, le saule, le chêne et le robinier faux-acacia. Les Plagiognathus s'observent rarement sur les pommiers, mais on en a découvert sur les cultures de couverture et les mauvaises herbes qui poussent sous le couvert des pommiers. Ils hivernent à l'état d'oeufs posés sur des brindilles d'un an. Les nymphes sont actives vers la mi-mai et les adultes, de la mi-juin à la fin de septembre. Deux espèces sont observées dans les vergers de pommiers, à savoir P. obscurus Uhler, qui est brun foncé ou noire avec des taches jaune crème et des fémurs vert pâle, et P. politus Knight, généralement plus sombre, dont les fémurs sont noirs. Ceux que l'on repère sur les pommiers se trouvent fréquemment sur les pousses terminales où ils se nourrissent de A. pomi et autres pucerons, mais ils s'attaquent aussi aux acariens phytophages. Les nymphes sont elles aussi phytophages.

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Plagiognathus adulte.
Figure 31. Plagiognathus adulte.

Famille des Reduviidae : Punaises réduves

Les réduves sont de taille, de forme et de couleur très variables. Ils sont reconnaissables au sillon longitudinal, creusé dans le bas de la surface dorsale, dans lequel se loge le rostre. Les adultes et les nymphes de nombreuses espèces de réduves sont prédateurs vis-à-vis d'autres arthropodes et certains attaquent les vertébrés, y compris l'homme. De nombreuses espèces sont arboricoles et élisent domicile dans les arbres fruitiers et autres espèces forestières telles que le chêne et le noyer. Dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario, l'espèce la plus nombreuse est Acholla multispinosa DeGeer (figure 32).

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Apparition saisonnière de nymphes et d'adultes d'Acholla multispinosa dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.
Figure 32. Apparition saisonnière de nymphes et d'adultes d'Acholla multispinosa dans un verger de pommiers non traité (chimiquement) de la station de Jordan en Ontario.

Acholla multispinosa (DeGeer)

Les adultes d'Acholla multispinosa (figure 33) sont de gros insectes (10-12 mm), de couleur brun foncé ou brun grisâtre, qui vivent dans les parties supérieures et extérieures des frondaisons des pommiers. On découvre souvent les nymphes et les adultes dans des feuilles enroulées, mais rarement sur les plantes qui poussent sous le couvert des arbres. Les grappes d'oeufs (environ 24 oeufs chacune) sont nichées à l'aisselle des bourgeons (figure 34(a)), ou sur des rameaux et des branches (figure 34(b)) où elles passent l'hiver.

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Acholla multispinosa adulte.
Figure 33. Acholla multispinosa adulte.
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Grappe d'oeufs d'Acholla multispinosa à l'aisselle d'un bourgeon.
Figure 34a. Grappe d'oeufs d'Acholla multispinosa à l'aisselle d'un bourgeon.
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Grappe d'oeufs d'Acholla multispinosa sur l'écorce d'une branche.
Figure 34b. Grappe d'oeufs d'Acholla multispinosa sur l'écorce d'une branche.

Les nymphes (figure 35) commencent à être actives au début de juin et les adultes vers la fin juillet-début août. Au laboratoire, l'oviposition commence environ 21 jours après la sortie de l'adulte. Chaque femelle pond en moyenne 150 oeufs répartis en quatre à huit paquets. Le développement larvaire dure 54 jours à 24 °C et 75 % d'H.R, et comporte cinq stades. Au verger, il y a une génération par an. Tant les nymphes que les adultes sont prédateurs et se nourrissent du puceron vert du pommier, Aphis pomi DeGeer, à tous les stades de son cycle évolutif, d'altises adultes et d'autres hémiptères, d'espèces indéterminées de diptères et de lépidoptères immatures, et du tétranyque rouge du pommier, Panonychus ulmi (Koch). Ils sont également capables de dévorer les larves matures de la mineuse marbrée du pommier, Phyllonorycter blancardella Fabr., en enfonçant leurs pièces buccales à travers la paroi de la galerie foliaire qui les abrite. Au cours de nombreuses années, A. multispinosa est abondant sur le feuillage des pommiers en arrière-saison.

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Acholla multispinosa, au dernier stade larvaire.
Figure 35. Acholla multispinosa, au dernier stade larvaire.

Zelus luridus Stal

Zelus luridus Stal est un insecte allongé (12-15 mm) qui est largement répandu en Amérique du Nord. On le rencontre en petits nombres dans les vergers de pommiers du sud de l'Ontario. L'adulte (figure 36) est jaunâtre ou brun rougeâtre, aux yeux rouges, au thorax nettement hérissé de rangées d'épines dorso-latérales. Le mâle est plus petit et plus sombre que la femelle et ses épines sont moins grosses. La femelle pond ses oeufs par grappes sur les feuilles (figure 37). Les nymphes (figure 38) et les adultes se nourrissent de pucerons et d=autres arthropodes à corps mou. Zelus luridus hiverne à l'état larvaire et, l'adulte est actif dans les vergers de pommiers de la mi-juin à la fin de juillet. Il y a généralement une génération par an.

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Zelus luridus adulte.
Figure 36. Zelus luridus adulte.
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Masse d'oeufs de Zelus luridus sur une feuille de pommier.
Figure 37. Masse d'oeufs de Zelus luridus sur une feuille de pommier.
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Zelus luridus nymphe.
Figure 38. Zelus luridus nymphe.

Remerciements

D. Barber, E. Barszcz (collecte et traitement des données); D. Brown, Y. Bousquest, C.D. Dondale, L.A. Kelton, J.E. H. Martin, A. deRuette, M.D. Schwartz, A. Smetana (identification des espèces); E. Barszcz, W. Lukey, D. Nesbitt, J.G. Van Schagen (photographie). B. Solymar, H.M.A. Thistlewood (révision).

La photo de l'adulte d'Hyaliodes vitripennis (Say) est une gracieuseté de G. Laplante et G. Chouinard, Service d'avertissements phytosanitaires pour les producteurs de pommes, C.P. 480, Saint-Hyacinthe (Québec).

Nous remercions le Secrétariat d'État pour sa contribution financière à la réalisation de la présente fiche technique.