Cette année, les conditions météorologiques ont été idéales pour l'expansion de la brûlure bactérienne, car il a fait chaud et humide au cours de la floraison, générant de nombreuses périodes où le risque d'infection était élevé; de plus, depuis cette période, les événements pluvio-hydrologiques ont été nombreux un peu partout dans la province. Les symptômes de la brûlure bactérienne sont actuellement observables dans de nombreuses pommeraies (figures 1 et 2), même sur les variétés moins vulnérables et dans les vergers où cette maladie n'a jamais frappé auparavant.

Figure 1. Les fruits et feuilles infectés deviennent ratatinés, prennent une teinte brun foncé et demeurent attachés à la lambourde.

Figure 1. Les fruits et feuilles infectés deviennent ratatinés, prennent une teinte brun foncé et demeurent attachés à la lambourde.

Figure 2. Les arbres gravement infectés par la brûlure bactérienne donnent l'impression d'avoir été roussis par le feu.

Figure 2. Les arbres gravement infectés par la brûlure bactérienne donnent l'impression d'avoir été roussis par le feu.

Même si de nombreux pomiculteurs ont procédé à des épandages au cours de la floraison en se fondant sur les modèles prévisionnels (Cougar Blight ou MaryBlyt), l'ampleur et/ou la fréquence des périodes d'infection pourraient avoir fait en sorte qu'il reste des fleurs vulnérables aux attaques de la bactérie. Les symptômes de ces infections en début de saison pourraient maintenant apparaître dans les pommeraies. Toutefois, la brûlure bactérienne peut également frapper les arbres par les blessures provoquées par la grêle, les insectes, la taille estivale, les marques laissées par les cerfs qui se sont alimentés de leur feuillage ou des fruits, et même les orages. En fait, l'inoculat peut se répandre sur de vastes distances dans toute une région au cours des orages. De la sorte, les infections qui apparaissent dans certains secteurs peuvent être le résultat d'infections postérieures à la floraison.

Il est important de ne pas oublier que les arbres, surtout lorsqu'ils sont jeunes, peuvent être infectés sans manifester les symptômes de la maladie tant que les conditions idéales ne sont pas présentes au cours de la saison suivante. Lorsque les conditions sont idéales, la bactérie passe rapidement des nouvelles pousses aux plus anciennes. Les jeunes arbres, fructifères ou non, peuvent être tués par cette maladie, tandis que les arbres plus mûrs peuvent survivre, tout en présentant des dommages importants.

Ainsi, puisque la brûlure bactérienne est présente, une question se pose : tailler ou non, voilà la question que se posent tous les producteurs. Malheureusement, si la question est simple, la réponse ne l'est pas, puisque la gravité de l'infection et les conditions météorologiques propices à l'infection ont des répercussions sur la décision à prendre.

La taille des arbres à ce temps de l'année peut avoir deux résultats :

  • Réduire l'inoculat et empêcher la propagation de la maladie.
  • Accroître la croissance radiculaire, rendant les arbres encore plus vulnérables à la brûlure bactérienne.

Dans le cas d'arbres vigoureux plus âgés (>10 ans) portant de nombreuses marques de brûlure bactérienne, évitez d'élaguer les pousses et les fleurs atteintes au début de la saison de croissance. Un élagage hâtif prononcé stimule la production de pousses succulentes sur l'arbre, le rendant plus vulnérable aux infections. Dans le cas d'arbres très vigoureux qui n'ont que quelques atteintes par la brûlure bactérienne, l'élagage des parties atteintes peut aider à réprimer totalement la maladie.

Dans le cas des arbres peu vigoureux et à croissance lente ou s'il y a eu pulvérisation d'Apogee, la bactérie, généralement, ne migre pas dans les branches principales ou les troncs pendant la saison de croissance. Par conséquent, les lésions peuvent être élaguées lorsque l'arbre est en dormance. Ainsi, les producteurs peuvent gagner du temps et économiser.

À titre de comparaison, les arbres jeunes et vigoureux sont très vulnérables à la brûlure bactérienne et la bactérie peut se déplacer rapidement dans le tronc et jusqu'au porte-greffe, tuant l'arbre. Voilà pourquoi l'élagage est recommandé sur les jeunes arbres dès que l'infection apparaît, pour empêcher la propagation de la maladie aux arbres voisins.

N'oubliez pas que lorsque les bourgeons terminaux se sont formés sur les pommiers, la brûlure bactérienne cesse de se propager dans les arbres infectés. L'élagage d'été pour stimuler la croissance des rameaux fructifères dans les vergers à haute densité favorise la croissance de nouvelles pousses et prolonge la période de vulnérabilité des pousses à la brûlure. Toutefois, ne pas extirper la maladie du verger peut devenir une source d'inoculat et amplifier les infections en cas de dommages dus à la grêle, à des orages ou à des vents violents.

Si vous décidez d'élaguer le point d'infection de la brûlure bactérienne, n'oubliez pas d'effectuer la taille dans du bois d'au moins deux ans où la bactérie est moins susceptible de se multiplier. Il faut effectuer une taille à 30 cm (12 pouces ou plus) sous le symptôme visible. Toujours élaguer par temps plus frais et sec, car cela réduit le risque de propagation de la maladie. Ne pas élaguer si la température diurne est supérieure à 28° C. Durant la taille, il faut désinfecter les outils entre les coupes en les trempant dans une solution d'alcool éthylique dénaturé à 70 à 75 % (une partie d'alcool dénaturé pour trois parties d'eau) ou une solution à 6 % d'hypochlorure de sodium (une partie d'eau de Javel pour quatre parties d'eau).

Dans les secteurs où les arbres sont gravement touchés ou s'ils sont constamment affectés d'année en année, il pourrait être plus rentable de simplement élaguer plutôt que d'enlever l'arbre entier.

Autres points importants à ne pas oublier :

  • Si vous appliquez un traitement cuprique, réduisez le risque de phototoxicité en ne l'utilisant que sur les feuilles sèches, dans des conditions de séchage rapide et à un faible volume d'eau.
  • Si on ne prévoit pas de temps humide, les rognures d'élagage doivent être rassemblées au milieu des rangées et laissées à sécher avant d'être fauchées.
  • Évitez l'éclaircissage à la main, le pinçage des bourgeons et autres activités jusqu'à la formation des bourgeons terminaux, puisque cela peut faciliter la propagation de la maladie.
  • Poursuivre la surveillance et la répression des insectes dans les groupes infectés susceptibles de propager la bactérie de la brûlure bactérienne, par exemple les pucerons et les cicadelles.

Il existe une version actualisée du modèle Maryblyt pour Windows, qui intègre plusieurs modifications fonctionnelles et esthétiques. La mise à jour peut être téléchargée gratuitement du site Web de l'Université de la Virginie occidentale KTFREC (en anglais seulement).

Prenez le temps, cet automne et cet hiver, de vous familiariser avec le programme, afin d'être prêt à l'utiliser lorsque le temps sera venu l'an prochain.