L’irrigation en cas de pénurie d’eau
Apprenez à élaborer des plans d'irrigation et d'urgence pour vous préparer aux pénuries d'eau. Ces informations techniques sont destinées aux agriculteurs qui irriguent leurs cultures.
ISSN 1198-7138, Publié avril 2025
Introduction
Des pratiques d’irrigation efficaces favorisent un approvisionnement en eau durable, à long terme, et aident à atténuer les effets négatifs d’une pénurie d’eau sur les exploitations agricoles. La présente fiche technique fournit de l’information sur l’élaboration de plans d’irrigation et d’urgence pour se préparer à une pénurie d’eau.
Il faut être titulaire d’un permis de prélèvement d’eau du ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs (MEPP) pour prélever à des fins d’irrigation plus de 50 000 litres d’eau par jour d’une source souterraine ou de surface.
Élaborer un plan d’irrigation
Un plan d’irrigation permet de suivre les activités d’irrigation et de cerner des moyens d’améliorer un système d’irrigation. Mettre en place un tel plan avant de manquer d’eau peut réduire les effets négatifs d’une pénurie sur les exploitations agricoles. Il faut régulièrement revoir ce plan pour s’assurer qu’il correspond toujours aux activités d’une exploitation agricole.
Éléments à inclure dans un plan d’irrigation :
- Une évaluation du volume d’eau en stock ou auquel on a accès – comparer la disponibilité de l’eau à la consommation d’eau pour déterminer si l’approvisionnement en eau correspond aux besoins.
- Un calendrier d’irrigation – tenir compte des besoins prévus des cultures, du type de sol, de l’évaporation et de la transpiration, de la profondeur d’enracinement et des périodes critiques de croissance.
- Une analyse des différents types d’équipement et procédés d’irrigation – déterminer ce qui est le plus efficace et le plus approprié pour l’exploitation.
- Les modalités du permis de prélèvement d’eau – examiner et comprendre les modalités du permis, en veillant à ne pas dépasser les limites qui y sont établies et, ainsi que l’exige le permis, à préciser ce qu’on prévoit faire pour conserver l’eau.
Élaborer un plan d’urgence
Le plan d’irrigation doit comprendre des mesures ou un plan d’urgence indiquant ce qui sera fait s’il n’y a pas assez d’eau pour répondre à la demande.
Questions à prendre en compte lors de l’élaboration d’un plan d’urgence :
- Quelles cultures souffriront le plus d’une réduction de l’irrigation?
- Quelles cultures sont à un stade critique de leur croissance?
- Peut-on réduire davantage le taux d’irrigation?
- Quelles sont les solutions de rechange à court et à long terme?
Il faut préparer un tel plan avant toute urgence ou pénurie d’eau. Le fait d’en avoir mis un en place à l’avance aidera à prendre des décisions et à réduire les effets négatifs d’une pénurie d’eau sur une exploitation.
Améliorer les pratiques d’irrigation
Il est conseillé de revoir de temps à autre l’ensemble du système d’irrigation et des pratiques connexes afin de cerner des moyens de réduire la consommation d’eau et de fonctionner plus efficacement.
Lors de l’examen du système et des pratiques :
- Procéder à l’inspection lorsque le système est en marche et veiller à ce qu’il n’y ait aucune fuite – en cas de fuite, réparer rapidement. Vérifier souvent le système.
- Adapter le calendrier d’irrigation et, si possible, irriguer en fin de journée ou en soirée, car il fait moins chaud et il y aura moins de perte d’humidité due à l’évaporation. Cependant, l’irrigation nocturne à des températures plus fraîches crée un environnement favorable aux pathogènes fongiques et bactériens dans les cultures à couvert dense ou très sensibles aux maladies foliaires.
- Vérifier les conditions météorologiques et les prévisions pour éviter l’irrigation par temps venteux. Non seulement la perte d’eau due à l’évaporation est beaucoup plus rapide lorsqu’il vente, mais il est alors difficile de répartir l’eau uniformément, surtout si on utilise des canons d’arrosage à débit élevé.
- Utiliser des pluviomètres pour mesurer combien de pluie a été reçue et combien d’eau doit être appliquée pour obtenir la quantité requise – penser à utiliser suffisamment de pluviomètres pour vérifier l’uniformité de l’irrigation.
- Envisager le recours à d’autres instruments de surveillance de l’humidité du sol pour déterminer la quantité d’eau nécessaire (figure 1).
- Surveiller le système pour que l’apport d’eau ne dépasse pas la capacité d’absorption du sol (infiltration), car il pourrait y avoir un ruissellement. Outre un gaspillage de l’eau, les cultures ne profiteraient pas pleinement de l’application.
- Si le champ est drainé au moyen de tuyaux, envisager d’installer des dispositifs de contrôle de la nappe phréatique pour optimiser les niveaux d’eau.
- Si le système nécessite le déplacement des conduites entre les irrigations, faire en sorte que celles-ci se vident dans le réservoir d’eau.
- Consulter la page Programme d’intervention en matière de ressources en eau de l’Ontario pour connaître les conditions actuelles en cas de bas niveau d’eau.
Gérer le prélèvement d’eau à partir d’une source de surface partagée
Il arrive que plusieurs utilisateurs d’eau dépendent d’un même cours d’eau ou d’une même source de surface. Il est important de connaître et de respecter les droits de toutes les personnes qui ont un intérêt à l’égard de l’eau. Il faut aussi saisir l’incidence d’un prélèvement d’eau sur autrui, surtout pendant les périodes de pénurie. En ce qui a trait à la gestion d’une source d’eau de surface partagée :
- Tenter de s’entendre avec ses voisins sur un calendrier d’irrigation échelonné, de sorte que tous n’irriguent pas en même temps (figure 2).
- Dans le cas de systèmes nécessitant l’utilisation d’une grosse pompe pendant une brève période, suivre un procédé qui a moins d’impact sur le cours d’eau et est plus facile à gérer.
- Creuser près d’un cours d’eau un bassin qui servira au stockage temporaire de l’eau, ce qui peut nécessiter des permis supplémentaires de l’office de protection de la nature local ou de la municipalité.
- Situer et construire le bassin de manière à ce que le projet de prélèvement d’eau soit classé dans la catégorie 1 – il est peu probable que le captage d’eau aurait un effet sur l’environnement.
- Pomper l’eau du cours d’eau vers le bassin, en utilisant une pompe plus petite pendant une plus longue période. Pour irriguer, pomper l’eau du bassin avec de grosses pompes. Ce procédé est plus facile à gérer et permet un partage plus équitable des ressources en eau.
- Comprendre que le fait d’avoir un permis de prélèvement d’eau du MEPP n’autorise pas à capter toute l’eau d’un cours d’eau.
- Ne pas oublier que l’eau est utilisée à bien d’autres fins pour combler divers besoins. On ne peut en aucun cas capter toute l’eau d’un cours d’eau ou en bloquer entièrement l’écoulement. Connaître les modalités du permis de prélèvement d’eau ainsi que les obligations qu’il impose.
Le permis de prélèvement d’eau prévoit, pour une source de surface, l’interdiction de bloquer complètement le cours d’eau ou d’en réduire le débit de façon à nuire aux utilisateurs en aval ou aux fonctions naturelles du cours d’eau.
Gérer le prélèvement d’eau à partir d’une source souterraine
Si la source de l’approvisionnement est une nappe phréatique (par exemple, un puits), il peut être plus difficile de mesurer et de surveiller les niveaux d’eau, car l’eau est souterraine. Il est important de comprendre ce qu’est la source d’eau et les effets d’une utilisation pendant les périodes de pénurie. Voici quelques mesures supplémentaires à prendre pour surveiller une source d’eau souterraine :
- Consigner les activités de pompage (une exigence du permis de prélèvement d’eau, quels que soient la source et les niveaux de l’eau statique dans le puits et dans ceux à proximité). Surveiller les niveaux de l’eau statique peu avant et après le pompage, et consigner :
- à quel point le niveau de l’eau a été abaissé
- le taux de récupération du puits
- Embaucher un hydrogéologue afin de déterminer l’effet que le captage d’eau pourrait avoir sur l’eau souterraine et les puits environnants.
Résumé
Une planification axée sur l’efficacité du système d’irrigation et l’élaboration d’un plan d’urgence peuvent avoir des retombées positives à la fois pour l’exploitation agricole et pour l’environnement lorsque les ressources en eau sont faibles. L’optimisation des procédés d’irrigation contribue à améliorer la rentabilité.
Rédaction
La version anglaise de la présente fiche technique a été révisée par Amber Langmuir, ing., spécialiste de la gestion de l’eau, Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAAO). Cette fiche technique a été originalement préparée par Rebecca Shortt, ing., quantité d’eau, MAAAO.