Introduction

Des dates de semis tardives, de faibles accumulations de degrés jours de croissance et des épisodes de gel précoces peuvent faire que le maïs meure avant d'avoir atteint le niveau de maturité et d'humidité normal pour l'ensilage. Des cultures de maïs grain peuvent ne pas atteindre un degré de maturité suffisant pour fournir un rendement maximal ni une qualité et une humidité optimales. Les producteurs peuvent alors envisager de récolter ou de vendre une partie de ce maïs pour l'ensilage. La clé pour tirer le maximum du maïs à ensilage endommagé par le gel est de le récolter lorsqu'il contient une teneur en eau adéquate.

Qualité des nutriments

Du maïs qui n'est pas tout à fait à maturité et qui est endommagé par le gel après le stade de l'apparition de la dent peut faire du bon maïs à ensilage. Le profil énergétique du maïs à ensilage non parvenu à maturité est différent de celui du maïs normal. Le maïs non parvenu à maturité a des grains moins riches en amidon, mais contient davantage de sucres non encore diffusés à partir de la tige. La texture des grains est plus douce et l'amidon plus digestible que chez des plants parvenus à maturité non conditionnés. Dans le maïs à ensilage immature, la teneur en fibres est plus élevée, mais les fibres sont moins lignifiées et plus digestibles que dans le maïs davantage à maturité. En général, le maïs à ensilage qui n'est pas tout à fait à maturité a des teneurs en fibres et en protéines brutes légèrement plus élevées et des teneurs en énergie un peu moindres que le maïs à ensilage normal.

Pour obtenir un ensilage de maïs de haute qualité, le maïs doit avoir dépassé le stade pâteux dur ou celui du début de la formation de la dent. Du maïs très peu avancé, au stade laiteux ou au début du stade pâteux, contiendra moins d'amidon et plus de fibres. Des études montrent que, par rapport au maïs à ensilage normal, le maïs à ensilage au stade pâteux peut présenter une digestibilité inférieure de 3 % et des teneurs en fibres au détergent neutre (NDF) supérieures de 8 %. Des recherches indiquent que la récolte d'ensilage avant le stade pâteux dur ou le début de la formation de la dent procure moins de " lait par tonne ". L'ensilage obtenu à partir de maïs très peu avancé et d'une qualité inférieure peut être servi aux animaux ayant de moins grands besoins nutritifs. L'entreposage de maïs de moins bonne qualité dans un silo distinct, comme un silo boudin, est une solution à envisager. Le maïs non parvenu à maturité risque de donner moins d'ensilage. Une plus grande superficie cultivée sera donc nécessaire pour remplir le silo et répondre aux besoins en fourrage. Le maïs au stade pâteux donne un rendement à l'ensilage représentant entre 65 et 85 % environ du rendement à l'ensilage normal.

Analyse des nutriments en laboratoire

Une analyse précise du maïs à ensilage en laboratoire est importante pour bien prédire les valeurs énergétiques et équilibrer les rations. La chimie humide, plutôt que l'analyse par spectroscopie de réflectance dans le proche infrarouge (NIRS), est recommandée pour le maïs à ensilage endommagé par le gel ou immature parce que cette méthode est très différente des étalonnages par NIRS. L'énergie digestible du maïs à ensilage dépend d'abord des quantités relatives d'amidon et de fibres (NDF), et de leur digestibilité. Le maïs à ensilage non parvenu à maturité contient moins d'amidon, mais plus de sucres fermentescibles. Par le passé, la FDA servait à l'estimation de l'énergie et la NDF, à l'estimation de la consommation, mais ces mesures seules ne tiennent pas compte de la digestibilité. De nouvelles méthodes permettent d'estimer plus précisément l'énergie digestible du maïs à ensilage par les protéines brutes, la NDF, la digestibilité des fibres (DFDN), l'amidon, les cendres et les lipides. La digestibilité de l'amidon peut aussi être estimée par la teneur en eau, les cotes de conditionnement du grain et d'autres tests de digestibilité de l'amidon effectués en laboratoire.

Importance de la teneur en eau de la plante entière

Pour obtenir de l'ensilage de maïs de bonne qualité, la récolte doit absolument se faire au moment où la plante entière a atteint la bonne teneur en eau. Mais si le maïs a été endommagé par le gel, il est difficile de savoir quand le récolter, car la " ligne de maturité " ne peut pas servir d'indicateur.

La récolte de maïs à ensilage avec une teneur en eau excessive est la première source de problèmes. Voir la fiche technique du MAAARO Récolte du maïs à ensilage à la bonne teneur en eau. À une teneur en eau de plus de 70 %, la fermentation clostridiale produit de l'acide butyrique, qui occasionne des pertes de fermentation élevées et donne à l'ensilage une odeur rance de poisson. L'ensilage qui contient de l'acide butyrique est source d'acétose, est moins consommé par les vaches et en réduit la productivité. Une analyse de fermentation peut servir d'outil diagnostique dans des cas présumés de fermentation ou de problèmes d'alimentation. Voir Problèmes de fermentation de l'ensilage. Le suintement entraîne une perte d'éléments hautement nutritifs et est dommageable pour l'environnement. Par ailleurs, de l'ensilage très mouillé peut être difficile à décharger l'hiver lorsqu'il est gelé.

Assèchement après le gel

Même si le feuillage mort ou gelé semble s'assécher rapidement, la plus grande partie de l'humidité demeure dans la tige et le grain. Le maïs ayant été exposé au gel paraît souvent plus sec qu'il ne l'est en réalité, et le récolter à un taux d'humidité trop élevé est une erreur fréquente.

Le maïs soumis au gel avant d'être parvenu à maturité ne s'assèche pas beaucoup plus vite que le maïs qui n'a pas gelé (en général, environ 0,5 % par jour), et peut devoir sécher durant des jours pour atteindre la teneur en eau adéquate. En séchant, les plants morts perdent des feuilles et les sucres s'échappent des feuilles gelées. Les pertes de rendement et les moisissures augmentent avec le temps. Mais les producteurs doivent aussi prendre en considération les pertes par fermentation et les problèmes causés par l'acide butyrique associés à un ensilage à trop forte teneur en humidité. Il arrive souvent que quelques jours après un gel meurtrier, tout le monde veuille récolter en même temps.

En cas de doute quant à la teneur en eau de la plante entière, hachez un échantillon et déterminez-en le pourcentage de matière sèche. Surveillez la variabilité de l'humidité dans le champ. Il faut noter que les testeurs Koster et les fours à micro-ondes tendent à surestimer la teneur en eau d'environ 3 %, car il est très difficile d'enlever le résidu. Une lecture d'échantillon de 68 % est en réalité d'environ 71 %. Pour une année type, cet écart de 3 % équivaut à près d'une semaine de temps de récolte. Avec un testeur Koster ou un four à micro-ondes, il importe de prendre le temps de bien assécher l'échantillon. Plus l'échantillon est haché fin, plus il sèchera facilement et plus le résultat sera précis. Une solution plus précise consiste à envoyer un échantillon par livraison express à un laboratoire d'analyse des fourrages, où la teneur en eau sera établie par séchage au four.

Inoculant pour le maïs à ensilage

Le gel peut tuer une partie des bactéries de fermentation produites naturellement par l'ensilage sur les plants de maïs. L'utilisation d'un inoculant éprouvé pour le maïs à ensilage après un gel meurtrier devrait garantir une fermentation bactérienne efficace. Voir Problèmes de fermentation de l'ensilage.

Hauteur de coupe - Nitrates et teneur en eau

Après le gel, si le feuillage est mort, mais que les tiges et les racines sont vivantes, les nitrates risquent de s'accumuler à la base des tiges, ce qui augmente les risques de toxicité par les nitrates et de formation de gaz des silos. Une hausse de la hauteur de coupe de 30 cm (12 pouces) améliorera légèrement la qualité, puisque la portion inférieure de la tige est la partie qui affiche la digestibilité la plus faible et la plus forte teneur en nitrates. Toutefois, cette pratique peut aussi réduire le rendement d'environ 15 %. Augmenter la hauteur de coupe peut réduire la teneur en eau de l'ensilage d'environ 3 %. Ne pas ajouter d'azote non protéique (ANP) à du maïs à ensilage très peu avancé, car l'ANP se concentrera par suintement dans la partie basse du silo. Voir Risque d’intoxication au nitrate et de formation de gaz d’ensilage associée à l’utilisation de maïs affecté par la sécheresse.