Cette publication hautement spécialisée Quetico Provincial Park Management Plan n’est disponible qu’en Anglais en vertu du Règlement 671/92 qui en exempte l’application de la Loi sur les services en français. Pour obtenir de l’aide en français, veuillez communiquer avec Michele Proulx au ministère des Richesses naturelles et des forêts au 807 475-1477 ou michele.proulx@ontario.ca.

ISBN 978-1-4868-1139-7 Version imprimée (en français)
ISBN 978-1-4868-1141-0 PDF (en français)
ISBN 978-1-4868-1140-3 HTML (en français)

Contexte

Contexte de la planification

Le présent plan de gestion du parc a été préparé conformément aux orientations énoncées dans le document Strategic Directions for MRNF Aboriginal Relations (2010) (orientation stratégique pour les relations autochtones du MRNF – disponible en anglais seulement); le plan stratégique du ministère Horizons 2020 (2015); La biodiversité, c’est dans notre nature (MRNO, 2012) et le document intitulé Ontario Provincial Parks : Planning and Management Policies (MRNO, 1992) (politiques de planification et de gestion des parcs provinciaux de l’Ontario – disponible en anglais seulement). En outre, le parc provincial Quetico sera géré de manière à protéger toute espèce en péril et son habitat dans le respect de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) et des règlements.

La Loi oblige l’Ontario, qui est la Couronne, à consulter les peuples autochtones quand elle envisage de prendre des décisions ou des mesures qui peuvent avoir des effets indésirables sur l’existence des droits ancestraux ou issus de traités, établis ou vérifiés de façon tangible. L’Ontario se fait un devoir de consulter les collectivités des Premières Nations et des Métis. L’obligation de consulter, et au besoin de faire des arrangements, est enracinée dans :

  • l’honneur de Sa Majesté (un principe juridique qui engage le gouvernement à agir avec intégrité);
  • la protection des droits de la Première Nation du lac La Croix et des droits issus de traités, en vertu de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982.

Toutes les activités entreprises dans le parc provincial Quetico doivent être conformes à l’Évaluation environnementale de portée générale relative aux parcs provinciaux et aux réserves de conservation (ÉE-PPRC; MRNO 2005b), le cas échéant.

Les peuples anishinaabe

Ce plan de gestion n’a pas d’incidence sur les droits ancestraux, ou issus de traités, et les usages traditionnels qui y sont liés.

Le parc provincial Quetico est situé à l’intérieur des limites des terres visées par le Traité no 3. Toutes les collectivités incluses dans le Traité no 3, y compris celles de la Première Nation du lac La Croix, de la Première Nation de Seine River, de la Première Nation du lac des Mille Lacs et d’autres encore, peuvent revendiquer des droits inhérents, comme il a été établi dans les traités et en raison du fait qu’elles sont à proximité du parc provincial Quetico.

Les peuples métis

Le parc provincial Quetico est situé à proximité de trois territoires de cueillette revendiqués par Métis Nation of Ontario (MNO). Parmi les conseils communautaires modernes les plus près qui pourraient manifester un intérêt figurent Northwest (Dryden), Kenora et Sunset Country (Fort Frances), y compris le conseil métis d’Atikokan et des environs.

Compte tenu des caractéristiques archéologiques de la culture anishinaabe et autres que présente la région, Parcs Ontario apportera une attention spéciale aux intérêts particuliers des Premières Nations locales. Le respect et la protection des valeurs font partie intégrante de ce plan de gestion du parc. Les collectivités anishinaabe et métisses seront consultées sur des points qui les concernent pendant la mise en œuvre de ce plan.

La Première Nation du lac La Croix et l’Accord de coexistence

Une modification majeure à apporter au plan de gestion du parc a été proposée par la Première Nation du lac La Croix en 1992 visant à augmenter temporairement le nombre de lacs où l’accès motorisé est accordé aux membres de l’association des guides du lac La Croix (Lac La Croix Guides AssociationLLCGA), ce qui a conduit à l’Accord de coexistence (1994) et à la politique relative au parc révisée (1995). Cet accord conclu entre la Première Nation du lac La Croix et la province de l’Ontario, représentée par le ministre des Richesses naturelles et le ministre délégué aux Affaires autochtones, était conçu comme mesure réparatoire à l’égard de la Première Nation faisant suite à l’obligation de quitter ses terres ancestrales et la perte de possibilités économiques, et pour les efforts consacrés à la prestation d’offres d’emploi et de diversification économique.

L’Accord de coexistence a établi un cadre de cibles d’emplois à long terme, d’utilisations spirituelles et culturelles du parc Quetico, de gestion et d’interprétation des ressources anishinaabe, de cogestion des visites en véhicules motorisés, et de l’accès routier toute l’année pour la collectivité de la Première Nation. Parmi les éléments clés de l’Accord, on compte la création d’une zone de visites en véhicules motorisés pour les membres de l’association des guides du lac La Croix (Lac La Croix Guides AssociationLLCGA) (zone sauvage 2) devant être gérée conjointement avec la Première Nation du lac La Croix; la réinstallation du poste d’entrée de la collectivité du lac La Croix, et un engagement à ouvrir une voie de communication entre la Première Nation du lac La Croix et le parc provincial Quetico.

Depuis 1995, cet accord a facilité la création d’un centre d’activités et d’un poste d’entrée dans la collectivité du lac La Croix. Il a aussi permis à la bande de soutenir financièrement sur une base annuelle les emplois du personnel au centre d’activités, au poste d’entrée du village et au poste d’accueil de Beaverhouse, ainsi que les emplois de l’équipe d’entretien du portage intérieur. Les postes de gardien/gardienne du parc et ceux relatifs au programme éducatif du patrimoine naturel ont aussi été financés. Veuillez consulter l’annexe A pour connaître les principes directeurs de l’Accord de coexistence.

La Première Nation du lac La Croix et Quetico

Dans un message adressé aux visiteurs du parc provincial Quetico, les chefs de la Première Nation du lac La Croix expliquent l’origine du nom du parc.

« Le nom Quetico vient du mot ojibwé « gwe taa maang », un mot qui désigne la façon dont nous percevons ces terres sacrées ». On retrouve dans le parc un lieu dénommé lac Quetico. C’est un lac sacré, car il est occupé par des esprits vivants depuis des temps immémoriaux. Nos anciens racontent des histoires d’événements mystérieux qui se déroulent à ce lac, des histoires qu’on ne peut expliquer que par nos principes spirituels. Le Lac est un lieu très important pour notre spiritualité, un lieu sacré. Nous devons faire preuve de respect face aux pouvoirs qu’il renferme. « Gwe taa maang » signifie que nous respectons saintement cette zone pour les esprits qui y vivent. »

Ce sont dans les terres de Quetico qu’une grande partie de la riche histoire de la Première Nation du lac La Croix s’est déroulée, bien avant la création du parc. Pendant plusieurs siècles, les Anishinaabe y ont vécu, fondé des familles, tenu des cérémonies et voyagé, en plus de les cultiver. Ce n’est que relativement récemment que la Première Nation du lac La Croix et Quetico ont commencé à forger leur histoire commune, une histoire qui s’étend sur toute la durée d’existence du parc. Quetico se trouve dans le territoire traditionnel et les terres natales de la Première Nation du lac La Croix. En 1887, la réserve du lac Sturgeon 24C a fait l’objet d’un relevé, mené à l’est de ce que l’on connaît aujourd’hui comme Quetico. La bande du lac Sturgeon s’est établie dans la réserve jusqu’à ce que la province y mette fin, en 1915, deux ans après la création du parc. La réserve étant annulée, de nombreuses familles ont été expulsées de 24C par le gouvernement, mais ni la bande du lac Sturgeon ni le souvenir de ses terres n’ont été complètement oubliés. De nos jours, on retrouve dans les Premières Nations du lac La Croix, de Seine River et du lac de Mille Lacs des descendants des bandes du lac La Croix et du lac Sturgeon. Ainsi, aujourd’hui encore, les liens avec 24C demeurent solides. La Première Nation du lac La Croix continue de prendre soin du tambour communautaire et du médaillon du traité de la bande du lac Sturgeon, qui avait jadis vécu à la réserve 24C. Le transfert du territoire traditionnel de la Première Nation du lac La Croix et de la Première Nation du lac Sturgeon, qui est passé des mains du Canada à celles de l’Ontario, s’est fait sans jamais que l’une ou l’autre des Premières Nations ait été consultée. Quand le gouvernement de l’Ontario a commencé à réglementer le parc provincial Quetico, en 1913, encore une fois, aucune consultation des Premières Nations du lac La Croix et du lac Sturgeon n’a eu lieu. Pendant les années qui ont suivi la création du parc, les membres de la Première Nation du lac La Croix ont également dû subir de nombreuses injustices : ils n’avaient plus la possibilité d’accéder à leurs lieux sacrés, leurs sentiers de piégeage ont été perturbés et on leur a refusé la possibilité d’aller chasser, pêcher et poser des pièges dans le parc. L’interdiction d’utiliser les terres de ces manières et de plusieurs autres interdictions imposées a empiré les difficultés économiques auxquelles la collectivité isolée devait faire face.

Le lundi 3 juin 1991, le ministre des Richesses naturelles a présenté publiquement ses excuses à la Première Nation du lac La Croix, mettant en branle la transformation du plan de gestion du parc de l’époque, notamment en ce qui a trait à la reconnaissance des lacs mis de côté pour les véhicules motorisés des guides de pêche du lac La Croix. Plus tard, en 1994, un Accord de coexistence a pu être signé par la Première Nation du lac La Croix et la Province. Grâce à cet accord et à l’ouverture de la Première Nation du lac La Croix à l’idée de collaborer avec Quetico, plusieurs développements ont permis d’améliorer encore davantage la relation depuis 1994. La Première Nation du lac La Croix a accepté la responsabilité de la gestion et de l’exploitation d’une grande partie du parc dans le cadre de l’Accord. Le nombre de lacs où les véhicules motorisés des guides du lac La Croix étaient autorisés a augmenté et plusieurs autres initiatives ont été entreprises conjointement dans le but de rapprocher les parties et d’améliorer les conditions socioéconomiques de la Première Nation du lac La Croix.

Loi sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation

La Loi de 2006 sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation est la législation qui oriente la planification et la gestion du réseau d’aires protégées. La Loi repose sur deux principes précis qui encadrent tous les aspects de la planification et de la gestion du réseau ontarien de parcs provinciaux et de réserves de conservation :

  • la préservation de l’intégrité écologique est la priorité principale, et le rétablissement de l’intégrité écologique est pris en considération;
  • des possibilités de consultation sont offertes. 2006, chap. 12, art. 3

La Loi de 2006 sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation exige du ministère qu’il prépare une orientation de la gestion pour chaque aire protégée en Ontario. Le présent plan répond à cette exigence et fournit l’orientation à long terme pour la gestion de l’aire protégée, y compris le but et la vision, les objectifs, le zonage, les politiques régissant l’aire protégée et les priorités en matière d’implantation. Le plan de gestion a été préparé en visant un horizon de 20 ans.

Intégrité écologique

La Loi de 2006 définit l’intégrité écologique de la façon suivante :

« L’intégrité écologique s’entend d’une condition où les composantes biotiques et abiotiques des écosystèmes et la composition et l’abondance des espèces indigènes et des communautés biologiques sont caractéristiques de leurs régions naturelles, et où le rythme des changements et les processus des écosystèmes sont laissés intacts. »

L’intégrité écologique aborde trois attributs de l’écosystème, soit la composition, la structure et la fonction. L’intégrité écologique est fondée sur l’idée que la composition et la structure de l’aire protégée doivent être caractéristiques de la région naturelle et que les fonctions de l’écosystème doivent se poursuivre normalement. En d’autres mots, les écosystèmes possèdent l’intégrité lorsqu’ils présentent des composantes de la vie indigène (plantes, animaux et autres organismes), des composantes non vivantes (comme les roches, l’eau et le sol), et des processus (comme la reproduction et la croissance de la population), et que les interactions entre ces éléments ne sont pas perturbées (par l’activité humaine).

L’orientation de la gestion décrit la ou les contributions d’une aire protégée, qui permettent de réaliser les objectifs et les principes établis dans la Loi de 2006 sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation, et définit les politiques de gestion propres à un site visant à préserver l’intégrité écologique ou à la rétablir là où c’est possible.

1.0 Introduction

Le parc provincial Quetico est situé dans le district judiciaire de Rainy River et à l’intérieur du district de Fort Frances du ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) de l’Ontario. Le parc provincial Quetico couvre une superficie de 4 718 km2 (471 878 hectares) de terrain accidenté dans le Bouclier canadien qui compte de nombreux lacs et cours d’eau. Le parc Quetico se trouve dans le nord-ouest de l’Ontario, au sud du village d’Atikokan, à environ 160 km à l’ouest de Thunder Bay et est contigu à la frontière canado-américaine (voir la figure 1 pour connaître le contexte régional). Le parc occupe une aire de transition entre la forêt boréale au nord, la forêt mixte au sud et les forêts des prairies à l’ouest et au sud-ouest. La limite sud de Quetico se trouve sur la frontière canado-américaine, la Boundary Waters Canoe Area Wilderness (BWCAW) est de l’autre côté de la frontière et à l’intérieur de la Superior National Forest, alors que le Voyageurs National Park jouxte la frontière internationale juste à l’ouest de Quetico. Ces aires protégées américaines et le parc Quetico ont une même vocation, soit la récréation et l’interprétation (figure 1). En 1996, les gouvernements ontarien et canadien ont aussi désigné les eaux navigables du côté canadien, le long de la frontière internationale, comme faisant partie de la route frontalière des voyageurs, une rivière du patrimoine canadien.

La Première Nation de Seine River est située à environ 30 kilomètres à l’ouest de la limite ouest du parc Quetico. En novembre 2017, la Première Nation réunissait 780 résidents inscrits, dont 351 habitant la réserve. Les terres de la réserve comptent trois parcelles : Seine River 23A, Seine River 23B et Sturgeon Falls 23. La Première Nation de Seine River abrite le Grey Raven Ranch, un organisme sans but lucratif dont la mission est d’aider les jeunes de la communauté à accroître leur confiance et leurs compétences en leadership en s’en remettant à eux pour soigner le troupeau de poneys Lac La Croix Indian ou Ojibway.

La Première Nation du lac des Mille Lacs est une signataire du Traité no 3 conformément à l’Adhésion de Shebandowan en 1873. La Première Nation est la collectivité la plus à l’est parmi les communautés établies sur le territoire du Traité no 3. La population actuelle réunit 603 membres de bande inscrits. La Première Nation compte deux parcelles de terre séparées et distinctes, l’une étant la Réserve 22A1 de la Première Nation du lac des Mille Lacs (terres agricoles) située sur le site du lac des Mille Lacs à environ 135 km à l’ouest de Thunder Bay, et l’autre étant la Réserve 22A2 de la Première Nation du lac des Mille Lacs (terres sauvages) située sur les rives des rivières Firesteel et Seine à environ 20 km à l’ouest d’Upsala. Le nom en ojibwé est Nezaadiikaang, ce qui signifie la place des peupliers. La Réserve 221A est située à environ 50 kilomètres à l’est de la limite est du parc Quetico.

La collectivité de la Première Nation du lac La Croix, connue sous le nom de Zhingwaako Zaaga’iganing (« le lac des pins ») jouxte la limite sud-ouest du parc, où elle s’étend sur 62,1 km2 le long de la rive nord du lac La Croix (AINC 2005). Cette collectivité qui compte environ 350 personnes abrite la Première Nation du lac La Croix et sert de zone administrative pour l’ouest du parc.

Le canton d’Atikokan, qui compte 3 000 personnes, est situé immédiatement au nord de Quetico et sert de base pour l’administration du parc.

En 1909, la réserve forestière Quetico (Quetico Forest and Game Reserve) a été fondée pour protéger les valeurs du patrimoine naturel. Plus tôt cette même année, le parc adjacent dans l’État américain du Minnesota, le Superior National Forest, était créé pour améliorer la gestion des forêts. Le parc provincial Quetico a été reconnu comme un parc provincial en 1913 et classé comme parc sauvage en 1977. Il n’y a aucune installation pour le tourisme commercial dans le parc, sauf une exception sur des terres privées pour le tourisme visant le lac Batchewaung. Quetico s’est doté d’un plan de gestion principal en 1977, lequel a été révisé et mis à jour régulièrement (en 1982, en 1988 et en 1995). Grâce à l’abondance de ses voies navigables, sa riche histoire culturelle, son paysage sauvage resté à l’état naturel et le peu de routes pour les véhicules, Quetico jouit d’une grande réputation comme un endroit unique pour la pratique du canot dans une aire sauvage.

La Loi de 2006 sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation, qui gouverne les activités dans les parcs provinciaux, s’applique seulement aux terrains et aux plans d’eau se trouvant à l’intérieur des limites réglementées des parcs et des réserves de conservation. Parcs Ontario s’est engagé à utiliser une approche axée sur la protection des écosystèmes dans la gestion et la planification des parcs. Cette approche permet aux gestionnaires des parcs d’examiner la relation entre le parc et l’environnement immédiat. Les gestionnaires des parcs peuvent examiner les répercussions possibles des activités se déroulant sur des terrains adjacents sur les valeurs et les caractéristiques du parc, de même que les répercussions potentielles des activités du parc sur les utilisations des terrains dans les zones adjacentes.

Les politiques du plan de gestion du parc s’appliquent seulement à la zone se trouvant à l’intérieur des limites réglementées du parc. À l’intérieur des limites du parc, la protection des valeurs et des caractéristiques du parc se fera par l’intermédiaire du zonage, du contrôle de l’aménagement du territoire et des activités, de l’éducation et de la surveillance des incidences écologiques.

Le parc provincial Quetico est régi par la Loi de 2006 sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation de l’Ontario, par les politiques de planification et de gestion des parcs provinciaux de l’Ontario (MRNO 1992a) et par Ontario’s Living Legacy - Land Use Strategy (OLL-LUS; MRNO 1999).

2.0 Classification

Les parcs provinciaux de l’Ontario sont classés dans de grandes catégories qui ont chacune des raisons d’être et des caractéristiques particulières.

Le parc provincial Quetico est classé comme un parc sauvage. L’objectif de la province est de faire en sorte qu’il y ait au moins un parc sauvage dans chacune des 13 écorégions de l’Ontario. Ainsi, le parc provincial Quetico permet d’atteindre l’objectif de représentation de la catégorie des parcs sauvages dans l’écorégion 4W. Comme Quetico appartient à la catégorie des parcs sauvages, sa priorité sera la protection. La classification n’a pas d’incidence sur les collectivités du Traité no 3, y compris sur les droits ancestraux et issus de traités de la Première Nation du lac La Croix. La classification de parc sauvage honorera également le profond lien spirituel et sacro-saint qui existe avec les terres, patrimoine culturel de la Première Nation du lac La Croix.

Le parc provincial Quetico est actuellement exploité. Un plan de fonctionnement du parc a été conçu pour offrir au personnel les directives nécessaires permettant de l’exploiter sur une base quotidienne. En plus de tenir compte des politiques de fonctionnement qui suivent, le plan englobe des aspects comme le budget, la dotation en personnel, le calendrier d’entretien, l’application, la formation et les services d’urgence. Les dispositions du plan respecteront les normes minimales de fonctionnement de Parcs Ontario qui ont été approuvées; elles seront révisées annuellement et mises à jour au besoin.

Le type d’exploitation des parcs provinciaux est déterminé par Parcs Ontario en fonction des visiteurs et de l’utilisation, de l’analyse des revenus et dépenses, ainsi que des besoins en matière d’infrastructure. Des changements au type d’exploitation d’un parc peuvent être apportés par Parcs Ontario sans faire appel à des intervenants externes.

3.0 Vision

Le parc provincial Quetico est fondé sur la vision suivante :

3.1 La Première Nation du lac La Croix et sa relation avec le parc Quetico

Un Accord de coexistence négocié en 1994 entre le gouvernement de l’Ontario et la Première Nation du lac La Croix encadre cette relation. Les grandes lignes dudit accord ont servi de base aux modifications apportées au plan de 1995 et continuent de donner une orientation à ce plan. En date de 2015, l’Accord de coexistence est en cours d’examen conjoint. Si un accord renouvelé voit le jour, il donnera lui aussi une orientation à ce plan et, au besoin, le plan sera modifié pour répondre à toute nouvelle direction.

4.0 Objectifs

Le parc Quetico sera planifié, géré et exploité en tant que parc sauvage conformément à la Loi de 2006 sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation : « Les parcs sauvages ont pour objectif de protéger les grands espaces où les forces de la nature peuvent exister librement, et où les visiteurs se déplacent par des moyens non mécanisés, sauf selon ce que permettent les règlements, tout en pratiquant des loisirs écologiques dans le but de faire l’expérience de la solitude, relever des défis et communier avec la nature. » 2006, chap. 12, par. 8 (2).

Les parcs provinciaux de l’Ontario ont quatre objectifs : protection, activités récréatives, interprétation du patrimoine et recherche scientifique. Chaque parc dans le réseau peut contribuer d’une certaine façon à chacun de ces objectifs, selon ses ressources de base. Le parc provincial Quetico contribue à la réalisation des quatre objectifs.

4.1 Protection

Les zones protégées de l’Ontario jouent un important rôle de représentation et de conservation de la diversité des caractéristiques naturelles et des écosystèmes dans l’ensemble du paysage de la province. Les zones protégées comprennent des exemples représentatifs des caractéristiques des sciences de la vie et des sciences de la terre, ainsi que des caractéristiques associées au patrimoine culturel dans des régions définies écologiquement ou géologiquement. Le système de classification écologique de l’Ontario fournit les outils de base pour évaluer les caractéristiques associées aux sciences de la vie alors que les thèmes géologiques servent de base pour l’évaluation liée aux sciences de la terre.

L’objectif de protection sera atteint au moyen du zonage, de politiques de gestion des ressources, de recherche et de surveillance qui sont pertinents.

4.1.2 Sciences de la terre

Géologie du socle rocheux

Le parc provincial Quetico repose sur la partie sud-ouest d’une vaste région de roches anciennes appelée bouclier canadien précambrien (le bouclier). Le bouclier forme la fondation du continent nord-américain et est constitué de roches qui comptent parmi les plus anciennes de la terre. Il est divisé en provinces et sous-provinces en fonction des différences générales dans les tendances structurelles internes, de l’âge, de la lithologie (types de roches), du degré de métamorphisme (modification) et du style de plissement (Thurston, 1991). Le parc provincial Quetico se trouve dans la province du lac Supérieur du bouclier et comprend des parties de deux sous-provinces : la sous-province Wawa dans le sud-est du parc et la sous-province Quetico dans le reste du parc. Toutes les roches se trouvant à l’intérieur des limites du parc sont de l’Archéen; la dernière fois qu’elles ont été touchées par une période majeure de formation de montagne, était durant la phase tectonique kénoréenne, il y a de cela 2 700 à 2 500 millions d’années.

Une séquence sédimentaire et volcanique appelée le complexe de Poohbah Lake est située au lac Poohbah. Il s’agit d’une séquence d’intrusions alcalines comprenant de la syénite et de la syénite néphélinique associées à des couches de leucogranite. Le complexe est d’importance parce qu’il s’agit d’une des plus anciennes intrusions alcalines que l’on connaît dans le bouclier; son âge est évalué à environ 2 700 millions d’années (Williams, 1991). La localité typefootnote ide la malignite, une syénite potassique, se trouve le long des rives de la rivière Maligne faisant partie du complexe de Poohbah Lake dans le parc (détermination par Lawson en 1896).

Les deux tiers du parc reposent sur un sous-sol rocheux acide et granitique qui produit une faible diversité d’espèces végétales et des lacs plus clairs et moins productifs. Deux zones plus étendues de sous-sol rocheux métasédimentaire, l’un dans la partie est et l’autre dans la partie ouest, donnent des sols qui sont plus profonds et plus riches soutenant une diversité supérieure d’espèces végétales. Dans le coin sud-est de Quetico se trouve une zone de sous-sol rocheux métavolcanique, aussi connu sous le nom de roche verte. Contrairement aux sols acides de la zone granitique, les sols et les lacs dans cette région ont tendance à être basiques en raison des niveaux plus élevés de calcium. À cet endroit, la diversité des espèces végétales est beaucoup plus grande comparativement au reste du parc.

Géologie de surface

Dans la région du parc Quetico, le Wisconsinien a été témoin de nombreuses expansions et récessions des glaciers continentaux bien que seules demeurent les caractéristiques associées à la dernière, le Wisconsinien supérieur. La glace s’est retirée de la région du parc il y a environ 11 000 ans alors que le front glaciaire se stabilisait brièvement le long de la moraine Steep Rock et de la moraine Eagle-Finlayson qui s’est formée ultérieurement. Le lac glaciaire Agassiz était en contact avec la marge glaciaire sur sa rive nord et couvrait presque toutes les terres basses dans la vallée de Rainy River (Barnett, 1992).

Les caractéristiques glaciaires et postglaciaires et les formes de relief qu’a laissées le dernier recul glaciaire dans le parc comprennent : deux séries de stries glaciaires, témoignant des variations locales du mouvement des glaciers; des segments de deux moraines de retrait (un type de moraine frontale) associées à des haltes dans le recul de la dernière nappe glaciaire; le littoral soulevé et les dépôts lacustres du lac glaciaire Agassiz; et un substratum, de dénudé à sporadiquement recouvert, résultant des vagues des eaux du lac glaciaire Agassiz qui se sont échouées sur le bouclier. Les dépôts de surface qui prédominent dans la plus grande partie du parc sont constitués d’un mince placage non continu de till sablonneux déposé comme une moraine de fond.

4.1.3 Sciences de la vie

Le parc provincial Quetico possède bon nombre de caractéristiques liées aux sciences de la vie, qui revêtent une importance sur les plans de l’écologie, de l’interprétation et de l’éducation. On trouve plusieurs communautés importantes dans le parc Quetico qui sont intéressantes pour un certain nombre de raisons. Certaines des communautés sont diversifiées sur le plan biologique, contiennent de hauts niveaux d’espèces rares, ou encore, présentent un intérêt particulier pour le Programme éducatif du patrimoine naturel.

Le parc provincial Quetico est situé dans l’écodistrict 4W-1, à l’intérieur de la région forestière des Grands Lacs et du Saint-Laurent, et en bordure des forêts boréales au nord et des forêts des prairies à l’ouest et au sud-ouest. En conséquence, le parc Quetico se caractérise par un mélange d’éléments qui sont pour la plupart nordiques et de quelques autres qui sont du sud et de l’ouest; il en résulte une diversité d’espèces végétales typiques des différentes régions. À ce jour, 666 espèces végétales ont été identifiées dans le parc, la majorité étant terrestres. Comme la communauté des plantes aquatiques n’a pas pu être répertoriée de la même manière, il reste probablement un grand nombre d’espèces végétales à recenser.

Des efforts seront investis pour mieux protéger les espèces en péril et pour prévenir et/ou limiter l’introduction d’espèces envahissantesfootnote ii.

Communautés de pin rouge et de pin blanc

Même si les pins rouges et les pins blancs sont largement répandus dans le parc, les peuplements étendus où ils sont l’espèce dominante sont relativement rares, représentant environ 10 % de la forêt de Quetico. Les peuplements de pin rouge et de pin blanc s’observent le plus fréquemment dans une région allant du lac McAree au lac Kahshahpiwi dans la partie sud du parc, et du lac Sturgeon au lac Pickerel dans la partie nord. On observe une zone étendue de vieux pins rouges et blancs dans le voisinage des lacs McNiece et Shan Walshe. Ces communautés forestières sont également importantes pour la recherche sur les feux de forêt et leurs valeurs d’interprétation du patrimoine naturel.

Communautés de thuya occidental

Même si les peuplements étendus de thuya occidental sont assez rares dans la majeure partie du parc, on les observe sur le substratum de roche verte dans le coin sud-est du parc. Bon nombre de ces communautés importantes présentent des caractéristiques de peuplement ancien. On peut observer en bordure du lac Emerald l’une de ces communautés importantes de thuya occidental, qui comporte des caractéristiques de peuplement ancien. Les espèces de flore au sol comprennent la smilacine à grappes, la prêle faux-scirpe et l’habénaire à feuille obtuse. Une autre communauté importante de thuya occidental est située près du lac Belaire. Cette communauté est un peuplement pur de thuya situé dans une dépression du sous-sol rocheux métamorphique. Deux espèces méridionales observées à cet endroit sont l’ariséma triphylle et l’habénaire à feuille obtuse, les deux étant abondantes ici, mais rares à l’échelle locale.

Communautés forestières de feuillus

Une riche communauté de peuplier faux-tremble sur sol argileux se trouve en bordure du lac Wolseley. Étant donné que les poches profondes d’argile sont rares dans le parc Quetico, la diversité floristique à cet endroit est importante localement. L’amélanchier à feuilles d’aulne, la cimicaire à grappes, la prenante blanche et le schizachné pourpré sont des composantes de la communauté.

Deux communautés forestières qui abritent de grands érables rouges ont aussi été repérées. Dans la région entre les lacs Poohbah et Berniece, la communauté forestière est dominée par le bouleau gris et le peuplier faux-tremble avec une abondance de grands érables rouges. Des peuplements purs d’érable rouge sont observés dans le voisinage du lac Glacier où les peuplements de cette espèce forment des inclusions plus petites dans une forêt de peupliers faux-trembles. Ces forêts de feuillus sont rares en Ontario. En plus de leur valeur écologique, elles sont précieuses aux fins d’éducation et de recherche.

Communautés forestières mixtes

On a repéré une communauté forestière importante de pin blanc et de bouleau jaune le long du portage entre les lacs Lindsay et Cache. Il s’agit du meilleur et du plus important exemple de ce type de communauté découvert dans le parc jusqu’à ce jour. Le bouleau jaune, qui est une espèce rare localement dans le parc, ne forme que des inclusions mineures dans d’autres types de forêt.

Le chêne rouge est une espèce de feuillu qui est importante à l’échelle locale. À l’intérieur du parc, on observe l’espèce dans des communautés forestières mixtes, généralement en association avec le pin rouge. Le chêne rouge est assez abondant le long de la rivière Maligne et au sein de peuplements de pin rouge dans la région du lac Shan Walshe.

Communautés de terres humides ouvertes

Un certain nombre de communautés de tourbières dans le parc Quetico soutiennent des espèces d’orchidées rares à l’échelle locale. L’aréthuse et la pogonie langue-de-serpent ont été observées dans deux tourbières près des lacs Bearpelt et Star. Walshe (1980) a noté que la tourbière du lac Bearpelt est importante étant donné que chaque étape de la formation d’une tourbière est représentée à cet endroit.

Les riches communautés marécageuses sont rares dans le parc Quetico. Le marais du ruisseau Bearpelt est un milieu extrêmement riche et abrite la seule occurrence locale de pontédérie cordée. Les riches communautés des terres humides ont une grande valeur en raison de la présence d’un niveau élevé de biodiversité et d’importantes aires d’alimentation de l’orignal en milieu aquatique. En outre, ces communautés constituent un habitat important pour la sauvagine.

Communautés riveraines

Il existe des communautés riveraines ouvertes importantes qui soutiennent des espèces des prairies le long du lac La Croix dans les baies Martin et Rice, et dans le lac Iron. À l’échelle locale, la spartine d’eau douce rare est généralement observée près de la rive, et un grand barbon pousse plus haut sur la rive dans les sols plus secs.

Communautés de la plaine inondable

La géographie physique des plaines inondables des rivières Wawiag et Cache est très rare dans le parc Quetico et le nord-ouest de l’Ontario. D’épais dépôts alluviaux et d’épandage fluvioglaciaire constitués de sable et de gravier ont été laissés à cet endroit lorsque le lac Agassiz occupait la région. Plus tard, lors de périodes d’eaux lacustres calmes, du limon et de l’argile ont été déposés périodiquement en association avec les sédiments littoraux et d’épandage, générant un dépôt alluvial extrêmement fertile.

La diversité florale de la plaine inondable de la rivière Wawiag est peut-être supérieure à celle de n’importe quel autre secteur dans le parc Quetico, de nombreuses espèces du sud et de l’ouest étant présentes. Près de l’embouchure de la Wawiag dans la baie Kawa, une communauté d’érable argenté abritant des ormes blancs occupe une levée étroite. La lysimaque ciliée et l’uvulaire à feuilles sessiles sont abondantes dans la strate herbacée. Les espèces d’aubépine et le cerisier sont codominants, l’alisier et la viorne trilobée étant souvent associés. Le houblon est aussi présent à cet endroit, poussant sur l’espèce d’arbuste dressé. Les espèces herbacées rares à l’échelle locale, qui ont été découvertes dans cette communauté forestière, comprennent le smilax herbacé, la matteucie fougère-à-l’autruche et la berce laineuse.

Le nénuphar à disque rouge, rare dans la province, est abondant dans la baie Kawa, et il pousse en association avec le scirpe à tige souple, le scirpe de rivière et le rubanier flottant à feuilles étroites.

En amont de cet endroit, à la jonction du ruisseau Mack, se trouve une communauté d’ormes blancs et de frênes rouges abritant des érables à Giguère qui forment une composante mineure. On trouve du gingembre sauvage dans cette communauté, et il s’agit de l’un des deux seuls endroits connus où cette espèce est présente dans le parc.

Un certain nombre de communautés importantes associées aux plaines inondables est observé le long de la rivière Namakan. Un peuplement de frêne rouge et d’érable argenté abritant des chênes à gros fruits est observé le long du rivage. La flore herbacée associée à cette communauté comprend l’herbe à puce, l’osmonde royale, l’onagre vivace de petite taille et le cerisier noir des sables. Derrière la communauté de frêne rouge et d’érable argenté se trouve une communauté de peuplier faux-tremble et d’orme blanc abritant une composante étendue de tilleul d’Amérique, de chêne à gros fruits et d’érable rouge. De nombreuses plantes herbacées du sud sont associées à cette communauté, y compris les suivantes : uvulaire à feuilles sessiles, matteucie fougère-à-l’autruche, smilacine à grappes, ariséma triphylle, violette pubescente et cornouiller à feuilles alternes.

Communautés des falaises

Les communautés des falaises principales, qui sont rares à l’échelle provinciale, se trouvent le long de la chaîne des lacs Man, des lacs Emerald et Ottertrack et d’un tributaire de la rivière Wawiag. D’autres pourraient exister dans le parc, mais n’ont pas été indiqués jusqu’à présent. Le type principal ouvert de falaise est rare à l’échelle provinciale et classé S3S4 (Bakowsky, 2002).

La plupart des types de falaise principaux dans le parc sont couverts de lichen orangé qui aime le calcium, facilitant leur identification. La communauté de falaise du lac Emerald faisant face au nord présente un microsite plus frais que la normale, soutenant bon nombre d’espèces arctiques isolées, y compris la woodsie glabre et la saxifrage incrustée ainsi que deux espèces rares à l’échelle provinciale, soit le gymnocarpe de Robert et la potentille des neiges. On trouve aussi à cet endroit la doradille chevelue, qui est l’un des deux seuls sites connus où l’espèce est observée dans le parc. L’autre site est sur une falaise dans le passage au niveau du lac Agnes où l’on observe aussi le gymnocarpe de Robert qui est rare dans la province. Les espèces végétales isolées du nord et du sud ont aussi persisté sur ces falaises pendant des milliers d’années.

Mammifères

Jusqu’à ce jour, on a consigné dans le parc la présence de quarante-trois espèces de mammifères, représentant 61 % des espèces inscrites sur la liste de mammifères de l’Ontario (excluant les mammifères non indigènes et marins). Étant donné la superficie relativement étendue du parc provincial Quetico et le fait qu’il soit adjacent à la BWCAW, l’aire protégée combinée peut soutenir des populations d’espèces qui requièrent un territoire assez grand et/ou de vastes secteurs d’habitat contigu. De telles espèces observées dans le parc Quetico comprennent l’ours noir, la martre et l’orignal. D’autres grands mammifères que l’on retrouve dans le parc incluent le loup gris, le lynx, le coyote et le cerf de Virginie.

Le parc provincial Quetico abrite aussi des petits mammifères que l’on retrouve habituellement dans une telle région. On peut observer un certain nombre de musaraignes, de taupes, de chauve-souris, d’écureuils, de campagnols, de souris et de belettes dans le parc, dont la grande musaraigne, la taupe à nez étoilé, la petite chauve-souris brune, le tamia mineur, la marmotte commune, la souris sauteuse des bois, la souris sylvestre, le campagnol des prés, le campagnol-lemming de Cooper, le campagnol à dos roux, la loutre de rivière et la martre. D’autres espèces comprennent le pékan, le porc-épic d’Amérique, le vison, le renard roux et le lièvre d’Amérique.

Oiseaux

Étant donné le caractère de transition du parc Quetico, un chevauchement d’espèces d’oiseaux du nord, du sud, de l’est et de l’ouest est observé. Certaines espèces représentatives incluent les suivantes : grand corbeau, mésangeai du Canada, pic à dos noir, mésange à tête noire, chouette lapone, tétras du Canada, et bon nombre d’espèces de pouillot siffleur, la paruline à joues grises, la paruline à tête cendrée et la paruline triste étant parmi les plus communes. Le durbec des sapins et le gros-bec errant, le sizerin flammé, le bec-croisé bifascié et le bec-croisé des sapins, le tarin des pins et le roselin pourpré figurent parmi le tout petit nombre d’espèces d’oiseaux que l’on peut observer dans le parc Quetico durant les mois d’hiver.

Les oiseaux à la limite nord de leur aire de répartition incluent le coulicou à bec noir et le passerin indigo, et des oiseaux communs dans la partie ouest des prairies, comme le carouge à tête jaune et la sturnelle de l’Ouest, ont été observés. Le parc Quetico est reconnu pour ses populations de pygargue à tête blanche et de balbuzard pêcheur. Les trois espèces d’épervier en Ontario habitent le parc Quetico, y compris l’épervier de Cooper, l’autour des palombes et l’épervier brun.

Le parc n’abrite pas des populations importantes de sauvagine. Le grand harle, le garrot à œil d’or, le canard noir, le canard colvert et le plongeon huard représentent les espèces reproductrices les plus communes. Le nombre des cygnes trompettes a augmenté dans le parc Quetico au cours de la dernière décennie à la suite des efforts pour le réintroduire au Minnesota.

Reptiles et amphibiens

On a consigné la présence à l’intérieur du parc de huit espèces de grenouilles (y compris la grenouille léopard, grenouille des bois, la rainette faux-grillon de l’ouest et la rainette crucifère), d’une espèce de crapaud (le crapaud d’Amérique), de deux espèces de salamandres (la salamandre cendrée et la salamandre à points bleus), de serpents (la couleuvre rayée et, probablement, la couleuvre à ventre rouge, telle que consignée dans la zone d’Atikokan) ainsi que de tortues (la chélydre serpentine et la tortue peinte de l’Ouest). La tortue peinte de l’Ouest est une sous-espèce de la tortue peinte et, en Ontario, cette sous-espèce n’est présente que dans une étroite bande de terre du nord-ouest de la province, qui longe la frontière entre le Canada et l’État du Minnesota. La chélydre serpentine est classée parmi les espèces préoccupantes.

Communautés halieutiques

On a signalé la présence d’un total de 48 espèces halieutiques dans le parc Quetico. Les lacs du parc abritent des communautés halieutiques qui varient selon les caractéristiques lacustres locales. Les habitats d’eau froide et d’eau chaude déterminent la classification la plus générale de ces communautés. Les communautés qui vivent en eau froide peuvent inclure le touladi, le grand corégone, le cisco (cisco de lac) et la lotte. Les communautés qui vivent en eau chaude peuvent inclure le doré jaune, le grand brochet, l’achigan à petite bouche et à grande bouche, la perchaude, la marigane noire, le crapet de roche, l’esturgeon jaunefootnote iiiainsi que des espèces de malachigan (Crossman, 1976).

Invertébrés

Jusqu’à présent, 49 espèces de papillon de nuit et 31 espèces de papillon ont été identifiées dans le parc Quetico. Une seule espèce a été reconnue comme espèce en péril : le monarque est considéré comme une espèce préoccupante.

Les libellules et les demoiselles figurent parmi les invertébrés les plus visibles dans le parc. L’aeshne du Canada, le gomphe pointu et la libellule julienne comptent parmi certaines des plus de 50 espèces de libellule les plus fréquemment observées dans le parc, tandis que le caloptéryx à taches apicales et diverses espèces connues sous le nom « d’agrion » représentent les demoiselles les plus souvent repérées. L’ophiogomphe de Howe est une libellule de la famille des gomphidés, qui est rare à l’échelle mondiale. Elle est classée parmi les espèces préoccupantes. Cette libellule n’est présente qu’à un seul endroit connu en Ontario, soit aux rapides Lady sur la rivière Namakan près de la limite ouest du parc Quetico, où une seule exuvie a été découverte en juin 2007.

4.1.4 Caractéristiques culturelles

Le parc provincial Quetico possède nombre de caractéristiques culturelles qui revêtent une importance sur le plan de l’histoire et de l’éducation.

Le respect et la protection des caractéristiques archéologiques et culturelles sont importants pour la Première Nation du lac La Croix ainsi que pour les autres collectivités du Traité no 3. La Première Nation du lac La Croix et d’autres collectivités peuvent revendiquer des droits inhérents comme il a été établi dans les traités, en vertu des engagements pris dans le cadre du Traité no 3 et en raison du fait qu’elles sont à proximité du parc provincial Quetico; elles prendront part à la mise en œuvre du plan.

Les ressources liées au patrimoine culturel du parc provincial sont à la fois nombreuses et importantes; elles sont marquées par l’empreinte du peuple anishinaabe de la forêt boréale et du Bouclier canadien et de leurs descendants, ainsi que par le rôle et l’importance de Quetico relativement à l’époque du commerce des fourrures et à l’exploration du Canada. On peut retracer les origines du riche passé archéologique de Quetico puisqu’il fait partie du corridor entre les lacs glaciaires Agassiz et Minong que les premiers habitants ont emprunté pour aller vers le nord-est à mesure que les glaciers reculaient. Depuis les tout premiers temps, le corridor des eaux limitrophes de Quetico a été une importante voie de transport. La période de coopération et de partenariat entre les commerçants de fourrures britanniques, les voyageurs et la population autochtone, y compris le peuple anishinaabe, a été critique dans le développement du Canada actuel, et la coopération internationale a fait partie intégrante du développement et de la préservation de cette extraordinaire région.

D’après le nombre de sites archéologiques et sites de pictogrammes que l’on trouve dans le parc, on peut déduire que les Anishinaabe et d’autres peuples plus anciens encore (p. ex., culture paléo-indienne, Bouclériens moyens, Sylvicole, Laurelliens et Blackduck) étaient très actifs sur le territoire. En raison du mode de vie saisonnier des premiers habitants, du terrain accidenté et des sols acides, on a localisé relativement peu de sites archéologiques, lesquels sont petits et dispersés (Dawson 1983, Wright 1995). Les sites ont souvent été détruits par la montée des eaux, l’expansion des forêts et les sols acides (Dawson 1983, Wright 1995). En conséquence, il est probable qu’il y ait eu beaucoup plus d’artefacts que ce qui a été trouvé à ce jour, mais qu’ils n’ont pas pu survivre aux ravages du temps. Beaucoup de parties du parc n’ont pas fait l’objet de fouilles archéologiques et en ce qui concerne celles qui ont été explorées, le travail a été superficiel; à de rares occasions, il y a eu excavation limitée. L’information disponible sur la longue période d’occupation par le peuple anishinaabe est donc incomplète. En consultation avec la Première Nation du lac La Croix et les autres collectivités du Traité no 3, le directeur du parc peut interdire le camping dans certaines zones dans le but de protéger des valeurs culturelles, y compris des sites sacrés, cérémoniels et funéraires.

Une race de cheval rare et indigène, le poney Lac La Croix Indian ou Ojibway, est associé depuis longtemps déjà à la région de Quetico. Il s’agit là d’une race extrêmement robuste et intelligente que les peuples du lac La Croix et de Bois Forte, au Minnesota, utilisaient pour tirer des charges, couper du bois, établir des sentiers de piégeage, se déplacer et faire plusieurs autres tâches pendant l’hiver. Les quatre derniers poneys de cette race ont été retirés de la collectivité du lac La Croix pendant les années 1970 et, au cours des années 1990, un programme d’élevage a été mis en place dans l’espoir de sauver la race. La Première Nation de Seine River possède plusieurs de ces poneys au Grey Raven Ranch, une exploitation à but non lucratif qui donne aux jeunes de la collectivité l’occasion de travailler avec les chevaux.

4.2 Activités récréatives de plein air

Au cours des dernières années, environ 26 300 personnes visitent le parc Quetico chaque année, pour 118 000 nuits-campeurs (nombre de visiteurs X durée du séjour) passées dans le parc. Environ 8 200 personnes visitent le terrain de camping chaque année, ce qui se traduit par 15 000 nuits-campeurs sur le terrain de camping. Environ 18 000 personnes visitent l’intérieur du parc chaque année, ce qui se solde par 103 000 nuits-campeurs. Depuis le dernier examen du plan de gestion, en 1995, il y a eu une baisse graduelle, mais stable, du nombre de visiteurs à l’intérieur du parc. En 2014, on a compté 11 333 visiteurs entrant à l’intérieur du parc et 2 786 visiteurs du terrain de camping, ainsi que 1 581 utilisateurs de jour.

Le sondage de 2011 sur les visiteurs a indiqué que, cette année-là, 83 % des visiteurs provenaient des É.-U. et que 60 % des visiteurs étaient entrés dans le parc par sa limite sud. Dans le sondage de 2011 sur les visiteurs entrant à l’intérieur du parc provincial Quetico (Quetico Provincial Park Interior Visitor Survey), on a demandé aux répondants d’indiquer leur point d’entrée : 38 % des visiteurs sont entrés par Prairie Portage et un autre 20 % a utilisé le poste d’accueil de Cache Bay. Ces chiffres représentent 58 % des entrées par les deux postes d’accueil et huit points d’entrée au sud. Dawson Trail et Atikokan représentaient 31 % de toutes les entrées dans le parc par le nord : 16 % par Pickerel, 8 % par Batchewaung et 7 % par Cirrus Lake/Sue Falls/Baptism Creek. Le poste d’accueil de Beaverhouse représentait 9 % des entrées et celui du lac La Croix, 6 %.

Les activités de plein air seront encouragées le plus possible sans nuire à l’environnement ou à l’expérience des visiteurs.

4.2.1 Intérieur du parc Quetico

Offrir une expérience en nature de haute qualité et de basse intensité par des activités de plein air écologiquement durables pour des séjours longs sans déplacement motorisé et loisirs connexes à l’intérieur du parc.

L’intérieur du parc provincial Quetico offre une variété d’activités récréatives dans une diversité de milieux naturels. Ces activités se limitent à des moyens de déplacement primitifs ainsi qu’à celles qui sont associées et compatibles avec ce type de déplacement. Les moyens de déplacement non motorisés offerts ont été seulement ceux qui respectent le contexte historique du parc. Les activités permises comprennent :

  • Canot / kayak
  • Camping (arrière-pays)
  • Pêche sportive
  • Visite guidée à bord d’un véhicule motorisé sur les lacs désignés avec les membres de l’association des guides du lac La Croix
  • Interprétation de la nature
  • Photographie / peinture
  • Randonnée
  • Raquette
  • Ski de fond

4.2.2 Le lac French et le terrain de camping de Dawson Trail

Offrir une expérience en nature de haute qualité et d’intensité moyenne par des activités de plein air écologiquement durables ou des déplacements non motorisés et loisirs connexes ayant pour point de départ le terrain de camping ouvert aux véhicules motorisés de Dawson Trail et ses installations d’utilisation diurne.

On atteindra l’objectif en matière d’activités récréatives en mettant en place un zonage approprié dans le parc; en établissant des politiques de gestion pour éviter de compromettre tout élément important du patrimoine naturel ou culturel, ou l’intégrité écologique du parc; en réalisant une étude de marché et en faisant de la surveillance, ainsi qu’en atténuant les répercussions des activités récréatives. Les activités permises comprennent :

  • Canot / kayak
  • Camping (véhicules motorisés)
  • Hébergement avec toiture
  • Pêche sportive
  • Interprétation de la nature
  • Photographie / peinture
  • Randonnée
  • Raquette
  • Ski de fond sur sentiers entretenus
  • Vélo (y compris le vélo de montagne) sur les routes du parc
  • Activités diurnes
  • Programmes éducatifs

4.3 Interprétation du patrimoine 

L’objectif sera atteint par l’intermédiaire du programme d’éducation du parc, de l’exploration individuelle structurée et non structurée du parc et grâce aux efforts d’autres groupes comme les Amis du parc Quetico, la Quetico Foundation, la Première Nation du lac La Croix, la Première Nation du lac des Mille Lacs et la Première Nation de Seine River. L’éducation est abordée à la section 8.4.

4.4 Recherche scientifique

Les parcs provinciaux de l’Ontario jouent un rôle important en offrant des endroits où entreprendre des activités de recherche afin de : mieux comprendre les milieux que sont les parcs; contribuer à mettre en œuvre des pratiques et des mesures appropriées de gestion des parcs; contribuer à l’acquisition de connaissances culturelles et historiques et fournir des données de base écologiques, qui peuvent être utilisées pour soutenir la surveillance écologique dans l’ensemble du territoire.

Le parc provincial Quetico offre de nombreuses possibilités de recherche au personnel de Parcs Ontario et du MRNF, à la Première Nation du lac La Croix, aux chercheurs universitaires et à la Quetico Foundation. La recherche est abordée à la section 8.7.