Poids de chargement à respecter pour assurer votre sécurité sur la route pendant le transport des grains
Renseignez-vous sur le poids des wagons de transport des grains et sur les éléments à prendre en considération pour veiller à ce que le chargement soit livré en toute sécurité.
Alors qu'en ce moment les agriculteurs travaillent d'arrache-pied pour terminer les récoltes, la pression s'intensifie pour sortir les cultures du champ afin de les entreposer au plus vite. Mais la récolte pourrait perdre tout son sens, si le producteur ou un travailleur y laisse sa peau! Rien de plus difficile à surmonter pour une exploitation agricole qu'une blessure grave ou pire un décès.
Jetons d'abord un coup d'œil à l'image ci-dessous, soit quatre wagons à décharge par gravité attachés ensemble qui attendent d'être remplis et tirés sur la route jusqu'à la ferme. Il se peut que chacun des wagons vides ait été conduit au champ une à la fois, mais ils devront être détachés, car seulement un ou deux wagons pleins peuvent être attachés pour la route. Mais il arrive souvent que les agriculteurs prennent des risques dangereux et remorquent la charge entière jusqu'à la ferme.
Réfléchissons un peu à ce qui est en jeu ici. Faisons le calcul en utilisant le soya (parce qu'il est trop difficile de le faire avec du maïs humide) :
- 4 wagons à décharge par gravité et train roulant - environ 3 000 lb chacune vide = 12 000 lb
- 400 boisseaux par wagon @ 16 % d'humidité et 60 lb/boisseau à 24 000 lb chaque = 96 000 lb
- Poids total remorqué : 12 000 + 96 000 = 108 000 lb (49 tonnes)
Un seul pivot d'attelage de 1 po de diamètre (ou peut-être 1 po et 1/8 si on est chanceux) fixé au tracteur supporte tout le poids derrière avec trois autres pivots (un sur chaque wagon) qui servent à transporter des charges graduellement plus faibles. Quelle est la force de ce pivot? Comme les boulons, les pivots d'attelage sont gradués. Un pivot de 1 po de diamètre de grade 5 va se cisailler sous une charge de 38 500 lb, ce qui signifie que si on accroche 38 500 lb à partir de ce pivot, il se brisera. Au moment du remorquage, on ne transporte pas la totalité du poids sur le pivot, mais il s'agit tout de même d'un bon gabarit pour calculer la charge limite. On doit aussi tenir compte du stress additionnel sur les pivots d'attelage au cours des déplacements brusques au départ ou si l'on freine rapidement en urgence. Pour cette charge, un pivot mesurant au minimum 1,5 po, de grade 8, devrait être utilisé au niveau du tracteur (résistance au cisaillement de 122 000 lb) en admettant qu'on puisse l'ajuster au train roulant de ces wagons de 400 boisseaux. Et là encore, on parle de grades de pivot certifiés. Quant aux pivots maison, n'y pensez même pas!
Le stress auquel est soumis ce pivot d'attelage dépend du poids de la charge, de la vitesse de déplacement, du stress de la force de freinage qui est appliquée, et de l'ampleur du contact entre le pivot et le triangle et le timon d'attelage. Le poids du wagon attaché au tracteur est distribué sur deux points de contact étroits (le triangle d'attelage) et un point de contact épais (le timon du tracteur). Les wagons à l'arrière ont trois points de contact étroits, deux sur le triangle du wagon suivant et une plaque d'attache sur le wagon avant. Il est vrai que le poids tiré est moindre, mais l'acier mince de la plaque d'attache des wagons qui sont tirés a plus de chance de se rompre ou de tordre sous la charge.
Qu'en est-il des chaînes de sécurité ? La chaîne d'un tracteur doit avoir la capacité de transporter toute la charge. Les chaînes installées sur les wagons par le fabricant sont prévues pour la capacité d'un simple wagon (peut-être deux si l'on est chanceux). Il est important que la taille des chaînes pour chaque wagon corresponde à la capacité de ce wagon et des autres qui lui sont attachés. Il est fort probable que ce point ait été négligé. Mais, en fait, on ne devrait même pas avoir à poser cette question, puisque personne ne devrait même songer à tirer un tel poids, n'est-ce-pas?
Si le pivot brise sur l'un de ces wagons, est-ce que le wagon détaché suivra en étant tiré uniquement par la chaîne, ou il y aura un tête-à-queue (mise en portefeuille)?
La grande majorité des wagons n'ont pas de freins. Les plus gros peuvent être dotés d'un système de freinage par inertie. Mais on ne maîtrise pas de tels freins jusqu'à ce que le poids soit projeté vers l'avant durant le freinage. Il est impossible d'engager les freins du wagon pour commencer à freiner la charge en vue de corriger un éventuel tête-à-queue ou de commencer à freiner la charge totale. Le risque de tête-à-queue des wagons est élevé lorsqu'ils seront projetés vers l'avant au cours d'un freinage en panique. Il se peut aussi que le tracteur ne soit pas assez puissant pour tirer la charge. Si le tracteur manque de puissance en montant une côte et que le moteur cale, il est peu probable que les freins du tracteur soient en mesure de retenir la charge. Tous les wagons vont alors glisser sur le côté et se mettre en portefeuille avec toutes les conséquences désastreuses que l'on peut imaginer.
Les fabricants de wagons signalent que les seuls freins qu'ils recommandent sont des freins hydrauliques fixés au système du tracteur, ou mieux encore ceux qui sont reliés à un réceptacle sur les plus récents tracteurs, ce qui permet de connecter les freins des wagons aux pédales de frein du tracteur, et de les engager lorsque le conducteur commence à freiner. Plusieurs personnes refusent cette option de freinage pour une raison de coût en présumant que leur gros tracteur pourra maintenir la charge. Pensez-y deux fois!
Qu'est-ce qu'une vitesse de remorquage prudente ? Si l'on arrive au champ avec les wagons vides en bonne vitesse, il est évident qu'on ne repartira pas avec les wagons pleins à la même vitesse. Consulter l'information contenue dans le manuel du propriétaire pour connaître les vitesses de sécurité et les limitations en matière de poids.
Le manuel du propriétaire donne aussi les limites de vitesse de sécurité des tracteurs et des autres blocs-moteurs pour le remorquage. De manière générale, le poids de ce qui est remorqué ne doit pas dépasser 1,5 fois le poids du tracteur. Pour l'exemple mentionné ci-dessus, avec un tracteur de 200 hp qui tire cette charge, si le tracteur pèse environ 26 000 lb, le poids maximum qu'il peut remorquer ne devrait pas dépasser 39 000 lb, ce qui correspond en fait à presque trois fois le poids limite de remorquage suggéré.
Le choix des pneus et leur pression peuvent aussi avoir un effet sur la dynamique de la charge en déplacement. Ici encore, on recommande de consulter le manuel du propriétaire ou un professionnel pour connaître les limites de sécurité en matière de charge et de configuration.
Lorsque nous avons demandé à certaines personnes qui vendent de la machinerie ce qu'il faudrait ajouter à un tracteur pour arrêter cette charge en situation d'urgence, ils ont presque tous dit que rien ne peut être fait, car il y se produira très probablement un tête-à-queue, ce qui serait catastrophique. Ils ont affirmé qu'ils refuseraient de relier cette charge à n'importe quel tracteur.
Les dispositifs de signalisation de véhicules lents sont également courants durant cette saison. Le but de cette signalisation est d'informer le public de la présence d'un véhicule lent à l'avant. Il est important de les utiliser judicieusement. Ces panneaux servent à informer les gens qu'il y a en avant d'eux un véhicule qui se déplace plus lentement que la normale. Si on utilise ces affiches sur des barrières, des remorques de camping, devant des allées ou pour d'autres usages, le public n'y prêtera plus attention. Il ne faut pas oublier non plus que les voitures approchent souvent à une vitesse d'environ 100 km/h alors que la machinerie agricole se déplace à 40 km/h. Les conducteurs doivent réagir instantanément d'où l'importance de prévoir un temps de réaction suffisant en utilisant et en affichant adéquatement la signalisation de véhicules lents!
Le même principe s'applique aux voyants de signalisation sur de la machinerie agricole. Ces voyants sont à utiliser sur la route en guise d'avertissement de sécurité et non dans les champs.
On peut utiliser une analogie avec les panneaux d'avertissement. Tout conducteur de véhicule sur une route se doit d'être vigilant et défensif, et toujours prudent. Toutefois si ces panneaux étaient posés un peu partout pour rappeler cette directive aux conducteurs, ils seraient beaucoup moins efficaces dans les zones où on doit réellement se montrer prudent, comme dans les zones de travaux de construction.
Il faut réfléchir davantage aux questions de sécurité dans le cadre des activités agricoles régulières. On devient parfois complaisant à ce sujet parce que l'on n'a pas encore eu d'accidents et qu'on ne peut pas s'imaginer en avoir. Mais il suffit de parler avec une personne qui a déjà vécu une tragédie pour découvrir qu'elle aussi se sentait comme ça. De simples mesures de prévention comme remplacer un panneau vieillissant, une ampoule brûlée ou de prendre le temps de faire deux voyages au lieu d'un seul plus risqué ne sont rien comparativement aux conséquences possibles de la négligence.
Penser et agir en fonction de la sécurité devrait être quelque chose d'instinctif et de continu. Il faut s'entraîner à rendre la pensée et les actes instinctifs. On doit penser, former et agir en toute sécurité pour soi-même et ceux qui nous entourent. L'objectif devrait toujours être que soi-même ainsi que ceux avec qui on entre en contact chaque jour (y compris les gens qui sont dans les véhicules qui nous dépassent sur la route) retournent chez eux en toute sécurité et profitent de la vie.