Pose de moustiquaires pour exclure les insectes des serres
Apprenez comment la pose de moustiquaires peut être un moyen efficace pour empêcher les ravageurs venant de l’extérieur d’entrer dans la serre.
ISSN 1198-7138, Publié février 2000
Introduction
Dans le secteur de la serriculture, la lutte intégrée (LI) consiste en un ensemble de stratégies, telle la surveillance des parasites, et de mesures de lutte culturale, chimique et biologique. Elle suppose aussi des mesures de lutte physique comme la pose de moustiquaires pour empêcher les insectes ailés d’entrer dans la serre. Bien que les programmes de LI dans les cultures de serre recommandent l’utilisation des moustiquaires depuis de nombreuses années, cette mesure a été rarement mise en pratique jusque dans le milieu des années 1990 en Ontario. Aujourd’hui cependant, on voit des serriculteurs qui réaménagent certaines sections (petites en général) de leurs serres de façon à empêcher l’accès aux insectes ailés.
La pose de moustiquaires supprime une variable importante du programme de lutte antiparasitaire en serriculture – l’entrée dans la serre de parasites venant de l’extérieur. Les parasites visés sont des insectes communs des serres tels que les thrips, les pucerons et les aleurodes, mais aussi des insectes moins communs comme la punaise terne et la pyrale du maïs. Ils sont susceptibles de poser des problèmes importants dans les serres qui appliquent des programmes de lutte biologique dans le but de limiter l’emploi des pesticides. Les avantages apportés par la pose de moustiquaires ont été démontrés en Israël et en Californie. En Ontario, les producteurs qui ont installé des moustiquaires disent qu’ils ont réduit les taux d’infestation et le recours aux pesticides et qu'ils ont amélioré l’efficacité des mesures de lutte antiparasitaires (surtout dans le contexte de la lutte biologique).
Parasites ciblés
Pour commencer, on doit déterminer quels sont les parasites à qui on doit interdire l’entrée dans la serre. La taille des parasites déterminera la largeur des mailles du matériau utilisé pour confectionner la moustiquaire. Un matériau à grosses mailles ne sert pas à grand chose parce qu’il laissera passer la plupart des parasites qui causent le plus de dégâts dans les cultures de serres. Il peut cependant barrer le passage à des parasites occasionnels relativement gros comme la punaise terne et les papillons (lépidoptères). Pour lutter contre les parasites communs, il est nécessaire d’opter pour une fine ouverture de maille (tableau 1). Quand on doit lutter contre plusieurs parasites, on choisit la largeur de maille qui permet d’éliminer le plus petit d’entre eux.
Parasite | Largeur minimale des mailles |
---|---|
Mineuse du chrysanthème (Liriomyza trifolii) | 608 µ |
Puceron vert du pêcher (Myzus persicae) | 434 µ |
Puceron du melon (Aphis gossypii) | 355 µ |
Aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) | 288 µ |
Aleurode (Bemisia argentifolii) | 239 µ |
Thrips des petits fruits (Frankliniella occidentalis) | 215 µ |
Efficacité
Les données recueillies au cours d’essais réalisés dans des serres commerciales de la région du Niagara montrent que la pose de moustiquaires peut : a) retarder l’apparition d’une infestation de la serre par les thrips; b) réduire nettement les taux de thrips entrant dans les serres; c) favoriser une réduction soutenue des populations de thrips dans les cultures de serre. La figure 1 montre les résultats des observations faites dans une serre commerciale consacrée à la culture des roses à couper, en Ontario; elle souligne la relation entre le nombre de thrips qui entrent dans la serre et le nombre de thrips piégés à l’intérieur de la serre.
Ventilation
Le point qui préoccupe le plus les producteurs qui envisagent de poser des moustiquaires est le fait que celles-ci diminuent la circulation de l’air à l’intérieur de la serre. La diminution du débit d’air peut entraîner une élévation de la température à l’intérieur de la serre et, si celle-ci est ventilée mécaniquement, elle oblige les ventilateurs à travailler à un régime plus élevé pour aspirer la même quantité d’air à travers les prises d’air partiellement bouchées par la moustiquaire. La diminution du débit d’aération est une préoccupation légitime, mais on peut l’éviter en augmentant la surface des ouvertures. Dans bien des cas, il suffit d’installer autour de celles-ci un châssis sur lequel on tendra la moustiquaire. Le but est de faire en sorte que la superficie finale des ouvertures permette un échange d’air suffisant pour assurer le refroidissement voulu de la serre.
Il existe plusieurs méthodes pour déterminer de combien il faut augmenter la superficie des prises d'air pour maintenir le même niveau d’aération dans une serre donnée. Les facteurs importants sont la largeur des mailles de la moustiquaire, la capacité des ventilateurs et la pression statique différencielle (la différence entre la pression de l’air à l’intérieur de la serre et celle de l’extérieur quand les ventilateurs sont en marche). Ces calculs sont souvent compliqués et bien qu’il existe des logiciels qui en facilitent l’exécution, il est généralement préférable d’en laisser le soin aux fabricants de moutiquaires.
Structure des moustiquaires
Le type de structure à installer n’est pas le même :
- selon que l’on a besoin ou non d’augmenter la superficie des prises d’air pour maintenir un débit de ventilation suffisant,
- selon le type de ventilation – naturelle (statique) ou mécanique (ventilateurs), à pression positive ou négative; et selon le type de prises d’air – prises d’air dans les longs-pans (latérales), dans le toit (aération en faîtage) et aération sur chéneau.
En général, les serres à ventilation naturelle sont plus difficiles à munir de moustiquaires et le flux d’air qui passe à travers les moustiquaires peut ne pas être aussi efficace que dans les serres à ventilation mécanique. Les photographies suivantes illustrent certaines des options qui s’offrent aux producteurs.
Pose de moustiquaires sur les prises d’air latérales (ouvertes sur les côtés)
Pose de moustiquaires sur les ventilateurs
Pose de moustiquaires sur les bouches d’aération faîtières
Pose de moustiquaires dans une serre à aération en faîtage
Pose de moustiquaires sur les portes
Entretien et nettoyage des moustiquaires
Les moustiquaires utilisées dans les serres sont facilement obstruées par la poussière et d’autres substances qui s’y déposent, surtout en été. Il en résulte une réduction du débit d’air qui peut contribuer à une élévation excessive de la température. Il est donc important de nettoyer les moustiquaires régulièrement. Il est également important, au moment où on conçoit les moustiquaires, de s’assurer qu’on y aura facilement accès pour les nettoyer. On doit laver les moustiquaires de l’intérieur avec un jet d’eau sous pression. Ne pas passer les moustiquaires au jet quand les ventilateurs sont en marche, parce que l’eau bouchera les pores de la moustiquaire et empêchera l’air de passer, ce qui risque d’élever la température de la serre.
L’efficacité des moustiquaires est fonction de leur capacité à empêcher les insectes ailés d’entrer. Il faut donc réparer le plus rapidement possible les déchirures et les perforations. On peut réparer des petites perforations en collant simplement par-dessus un morceau de moustiquaire.
Durabilité du matériau
Quand on achète des moustiquaires, on doit penser à la résistance et à la longévité du produit. La longévité d’une moustiquaire dépend de la façon dont elle est fabriquée, du matériau avec lequel elle est fabriquée, et de la façon dont elle est installée.
Par exemple :
- Une moustiquaire installée à l’intérieur de la serre (figure 10) est moins exposée aux intempéries;
- une moustiquaire installée à l’extérieur et recouverte pendant l’hiver par une bâche en polyéthylène ajustable (figure 7) se détériore moins vite;
- il faut penser aux risques que la moustiquaire soit endommagée par le matériel, les débris projetés par la tondeuse à gazon, les rongeurs ou d’autres animaux.
La plupart des matériaux de moustiquaire qu’on trouve sur le marché sont censés, selon leurs fabricants, avoir une durée de vie de 3 à 5 ans.
Coûts
Les coûts associés à la pose de moustiquaires sont fonction de plusieurs facteurs :
- la forme finale des surfaces à recouvrir d’une moustiquair
- l’augmentation de la superficie des prises d’air qui est nécessaire pour maintenir un taux suffisant de ventilation
- le coût du matériau avec lequel les moustiquaires sont confectionnées
- la place des prises d’air, dans le toit ou sur les côtés
- la fréquence de remplacement; la fréquence du nettoyage.
La plus grande variable est la différence de coût entre l’installation de moustiquaires dans une serre à ventilation mécanique avec prises d’air latérales et dans une serre à ventilation statique avec prises d’air dans le toit. Néanmoins, des serriculteurs qui ont installé des moustiquaires sur des prises d’air latérales dans des serres à ventilation mécanique disent être rapidement rentrés dans leurs frais grâce à la réduction des coûts en pesticides et à la plus grande efficacité des mesures antiparasitaires.
Documentation utile
Baker J.R., Bell M.L. et Shearin E.A. (1997). Insect Screening. Information Note 104: Ornamentals and Turf, Integrated Pest Management. North Carolina Cooperative Extension Service. NCSU, 4 pp.
Bell M.L et Baker J.R. (1997). Choose a greenhouse screen based on its pest exclusion efficiency. North Carolina Flower Growers’; Bulletin. 42(2):7-13.
Bethke J. A. (1994). Considering Installing Screening? This is what you need to know. Greenhouse Manager, avril 1994, p. 34-36.
Hahn R.H. et Rosentreter E.E. (1989). Heating, Ventilating and Cooling Greenhouses. In: ASAE Standards, R.H.Hahn et E.E. Rosentreter (directeurs de publication), p. 452-455.
National Greenhouse Manufacturers Association. Insect Screening – Greenhouse Insect Screen Installation.
Considerations for Greenhouse Operators (Copyright Pending 1996).
Sase S. et Christianson L.L. (1990). Screening Greenhouses – Some Engineering Considerations. Actes de la conférence de 1990 sur l’agronomie et le génie biologique dans la région nord-est; p. 1-13.
Willits, D.H. (1993). Greenhouse Cooling. North Carolina Flower Growers’; Bulletin. 38(2): 15-18.
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe 1 millimètre = 1 000 microns (µ) (Tiré de Bethke, 1994)