Préparé par Robert Willson et Glenn M. Cunnington

Autrefois présente dans l’extrême Sud-Ouest de l’Ontario, la couleuvre agile bleue (Coluber constrictor foxii) est un serpent désormais confiné à l’île Pelée. La couleuvre agile bleue est répertoriée comme espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD 2007) de l’Ontario. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a décrété que la couleuvre agile bleue était une espèce en voie de disparition en 1991 et ce statut est demeuré inchangé lors des mises à jour effectuées en 2002 et 2012. La couleuvre agile bleue est également répertoriée comme espèce en voie de disparition aux termes de l’Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP).

La couleuvre agile bleue est l’un des plus grands serpents en Ontario. Par rapport à d’autres espèces de serpents observées sur l’île Pelée, la couleuvre agile bleue est peu commune. Les principales menaces pesant sur la survie et le rétablissement de cette espèce sur l’île Pelée sont la disparation et la dégradation de son habitat, sa mortalité provoquée par des véhicules et sa persécution intentionnelle.

L’objectif de rétablissement de la couleuvre agile bleue en Ontario consiste (1) à maintenir, ou si nécessaire, augmenter l’abondance de sa population pour garantir sa pérennité; (2) augmenter le nombre de ses habitats, leur qualité et leur connectivité sur l’île Pelée; et (3) continuer à évaluer la faisabilité du rapatriement de l’espèce vers des parties continentales de son ancienne aire de répartition dans le Sud de l’Ontario. Les objectifs de préservation ou de rétablissement sont les suivants.

  1. Protéger l’habitat et les interconnexions, et si possible, accroître la quantité et la qualité des habitats disponibles pour les couleuvres agiles bleues sur l’île Pelée.
  2. Promouvoir la protection de l’espèce et de son habitat grâce à des lois, des politiques, des initiatives de gérance et des plans d’occupation des sols.
  3. Réduire la mortalité en minimisant les menaces.
  4. Combler les lacunes et surveiller la population de couleuvres agiles bleues.
  5. Continuer à évaluer la faisabilité du rapatriement des couleuvres agiles bleues vers un endroit situé dans la partie continentale du Sud de l’Ontario.

Les trois plus importantes catégories d’habitat de la couleuvre agile bleue, par ordre d’importance, sont (1) les habitats d’hibernation, (2) les habitats de nidification et (3) les habitats de refuge. Bien que ces trois habitats soient les plus importants sur le plan du maintien d’une population pérenne, d’autres habitats servant à l’alimentation, à l’accouplement et à la migration sont nécessaires à la survie de la population. Toutes ces catégories d’habitat permettent aux individus de cette espèce d’achever leur cycle de croissance et devraient donc être visées par un règlement sur l’habitat de la couleuvre agile bleue.

Étant donné l’importance et la sensibilité aux perturbations occasionnées aux habitats d’hibernation et de nidification, il est recommandé de reconnaître le caractère très sensible de ces entités aux changements. De plus, les habitats de refuge qui sont utilisés par plus de deux couleuvres agiles bleues (à savoir, qui sont collectifs) doivent être considérés comme étant très sensibles aux changements. Les couleuvres agiles bleues sont fidèles à toutes ces catégories d’habitat, en particulier dans des endroits servant à l’hibernation.

Voici d’autres recommandations sur les habitats d’hibernation devant être examinés dans un règlement sur les habitats.

  • L’habitat d’hibernation doit être protégé jusqu’à ce qu’il soit prouvé que l’entité ne peut plus fonctionner de la sorte.
  • La zone située dans un rayon de 120 m d’une entité d’hibernation identifiée (site simple ou complexe) doit être visée par un règlement sur l’habitat et considérée comme étant très sensible aux changements.

Voici d’autres recommandations concernant les habitats de nidification et de refuge devant être étudiées dans le cadre d’un règlement sur les habitats.

  • Un habitat de nidification naturel ou un habitat de refuge collectif (à savoir, utilisé par plus de deux couleuvres agiles bleues) ayant servi à n’importe quel moment au cours des trois précédentes années doit être protégé.
  • Un habitat de nidification non naturel ou un habitat de refuge collectif (à savoir, utilisé par plus de deux couleuvres agiles bleues) doit être protégé à partir du moment où son utilisation est documentée et jusqu’au 30 novembre suivant.
  • La zone située à 30 m des délimitations d’un habitat de nidification doit être visée par un règlement sur l’habitat et considérée comme très sensible aux changements.

Les habitats d’alimentation et d’accouplement doivent être considérés comme étant moyennement sensibles aux changements. Comparativement aux habitats d’hibernation, de nidification et de refuge, l’espace occupé par les habitats d’alimentation, d’accouplement et de migration est nettement plus important. Les habitats d’alimentation et d’accouplement sont mieux définis au niveau de la communauté écologique (p. ex., la savane, les zones arborées) et s’étendent sur plusieurs hectares.

Il est recommandé que les catégories suivantes de communauté écologique situées sur l’île Pelée soient visées par des règlements sur les habitats d’alimentation et d’accouplement lorsqu’ils se trouvent à 2 300 m d’une observation avérée de couleuvre agile bleue :

  • alvars (de type arboré, arbustif et ouverts);
  • fourrés;
  • savane;
  • zones arborées; et
  • charnières (cela comprend les haies-clôtures et les bandes de végétation riveraine le long des canaux).

Il en ressort qu’il n’y a pas de couloir migratoire bien défini pour les couleuvres agiles bleues. Étant donné l’importance de l’espace occupé par ces zones qui serait réglementé comme étant des habitats d’hibernation, de nidification, de refuge, d’alimentation et d’accouplement conformément aux recommandations susmentionnées, il est recommandé qu’aucune autre zone ne soit visée par un règlement sur l’habitat de migration.