L'eau d'irrigation peut contenir des pathogènes, c.-à-d. des microorganismes qui causent des maladies ou des décès chez les êtres humains. Chaque fois que de l'eau contaminée entre directement en contact avec des fruits ou des légumes, il y a un risque que des pathogènes y soient transférés.

En vertu de l'article 4 du Règlement de l'Ontario 119/11, il est interdit de récolter, d'emballer, de vendre ou de transporter des produits agricoles qui sont contaminés. Afin d'assurer la sécurité des consommateurs, il faut tout mettre en œuvre pour éviter que des produits agricoles soient contaminés par des pathogènes.

L'eau utilisée pour l'irrigation doit être conforme aux Recommandations pour la qualité des eaux au Canada :

  • coliformes fécaux (E. coli) - moins de 100 bactéries par 100 ml d'eau
  • coliformes totaux - moins de 1 000 bactéries par 100 ml d'eau

Source : Conseil canadien des ministres de l'environnement, novembre 2008

Il peut y avoir une concentration élevée d'E. coli générique dans n'importe quelle source d'eau, notamment les ruisseaux, les canaux, les étangs et les lacs. On a observé que cette bactérie pouvait survivre pendant une période allant de quelques jours à près d'un an dans le sol, le fumier et l'eau. Les précipitations peuvent faire augmenter considérablement les niveaux d'E. coli. Il y a lieu de s'inquiéter lorsqu'on détecte une forte concentration d'E. coli dans l'eau d'irrigation parce que cela indique une contamination fécale et peut être un signe de la présence de pathogènes. Voici des exemples de pathogènes : Salmonella spp., E. coli productrices de shigatoxines (STEC) comme l'E. coli 0157:H7, Campylobacter et parasites tels que Cryptosporidium parvum.

Depuis 2012, les offices de protection de la nature surveillent la qualité de l'eau et produisent des rapports sur l'état des bassins versants. À de nombreux sites de surveillance, la concentration moyenne d'E. coli était supérieure à celle recommandée. Communiquez avec votre office de protection de la nature pour obtenir les données concernant votre région.

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Les programmes de salubrité des aliments exigent souvent que la qualité de l'eau d'irrigation soit évaluée. Le prélèvement d'échantillons d'eau au lieu de pompage en vue d'une analyse microbienne est un bon moyen d'avoir une idée précise de ce que contient l'eau.

Les fruits et légumes frais prêts à manger, qui ne sont pas cuits avant la consommation, présentent un risque élevé pour la salubrité des aliments et exigent que des précautions supplémentaires soient prises pendant la production. Si l'eau d'irrigation est d'une qualité variable ou présente un risque plus élevé en raison de la présence de l'E. coli, il faut envisager des stratégies d'atténuation des risques.

Quelles sont les options qui s'offrent aux producteurs si leur eau est de qualité variable ou présente un risque élevé à cause de la présence de l'E. coli?

  • Utiliser une méthode d'irrigation qui permet d'arroser les fruits sans que ceux-ci soient directement en contact avec l'eau, p. ex. irrigation goutte à goutte ou micro-asperseurs (sous les arbres).
  • Choisir une autre source d'eau qui respecte les recommandations, p. ex. puits ou réseau municipal.
  • Traiter l'eau pour en améliorer la qualité et respecter les recommandations.

Selon la règle sur la salubrité des fruits et légumes (Produce Safety Rule) de la loi américaine intitulée Food Safety Modernization Act (loi sur la modernisation de la salubrité des aliments), il est possible de réduire les risques liés à la salubrité des aliments que présente une eau d'irrigation de mauvaise qualité en établissant un délai d'attente entre l'irrigation et la récolte, qu'on appelle le délai d'attente avant récolte. Aux États Unis, la ligne directrice est que les bactéries E. coli meurent au rythme de 1 log tous les 2 jours; 1 log correspond à une réduction de 10 % par rapport à la valeur initiale. Un délai d'attente avant récolte de 2 jours réduira la charge bactérienne à 10 % de sa valeur initiale et un délai de 4 jours la réduira à 1 %.

La ligne directrice se base sur une réduction maximale du nombre d'E. coli de 1 % par rapport à la valeur initiale. Cependant, le rythme auquel les bactéries meurent n'est pas garanti. En outre, les autres pathogènes ne meurent pas nécessairement au même rythme que l' E. coli; par exemple, des oocystes de Cryptosporidium peuvent également être présents dans l'eau contaminée et survivre plus longtemps. En conséquence, il est impossible de prédire combien de temps les producteurs doivent attendre après une irrigation faite avec de l'eau contaminée pour avoir l'assurance que les cultures ne sont pas contaminées.

D'après des études, l'E. coli peut survivre plus de 25 jours sur la laitue. Il y a eu récemment une éclosion d'infections à l'E. coli associée à la laitue romaine, et on a établi que l'eau contaminée d'un canal d'irrigation en Arizona en était la cause. Cette éclosion (en anglais seulement) a entraîné un décès et l'hospitalisation de 75 personnes en plus de rendre 172 personnes malades dans 30 États différents. En outre, elle a eu des répercussions économiques importantes sur l'industrie de la laitue romaine puisque les ventes ont diminué de 45 % en mai et les prix des pommes de laitue romaine entières ont chuté de 60 %.

La contamination d'un produit alimentaire peut avoir diverses conséquences négatives sur l'ensemble de l'industrie. Le meilleur moyen d'assurer la salubrité des aliments est d'empêcher les pathogènes d'entrer en contact avec les cultures.

On peut consulter le site Web du MAAARO pour obtenir des renseignements sur la façon de prélever des échantillons d'eau d'irrigation pour assurer la salubrité des aliments et sur l'interprétation des résultats.