Le virus Y de la pomme de terre (PVY) est, estime-t-on, une des maladies virales les plus graves qui affecte partout dans le monde les cultures de solanacées comme la pomme de terre, le tabac, les poivrons et les tomates. La maladie a gagné en prévalence dans certaines régions ces dernières années. Les symptômes varient de faibles à sévères selon la culture hôte, et sa variété, la souche du virus et les conditions environnementales. On l'appelle parfois « mosaïque commune » en raison des motifs vert pâle et vert foncé marbrés en forme de mosaïque sur les feuilles des hôtes sensibles. Certaines souches peuvent causer la nécrose foliaire, le jaunissement et la déformation de certaines variétés de plants pomme de terre et de tabac.

On connaît quatre souches de PVY. Les recherches sur les souches ont été menées en majeure partie sur la pomme de terre et le tabac. Certaines variétés de pomme de terre sont tolérantes à certaines souches du virus, tandis que d'autres cultivars sont durement affectés.

  • Le PVYO est la souche « originelle » qui provoque divers symptômes dans la majorité des plantes hôtes, selon les cultivars et les conditions climatiques. Il ne cause aucun symptôme de nécrose des tubercules de la pomme de terre.
  • Le PVYN provoque des taches « nécrotiques » ou nécrosées sur les veines des feuilles de tabac (Figure 1), mais pas sur les feuilles des plants de pomme de terre.
  • Le PVYNTN est une nouvelle souche. On pense que c'est une variante ou une souche secondaire de PVYN, qui cause des lésions et veines nécrotiques sur les feuilles de tabac et des mouchetures et taches annulaires nécrotiques sur les tubercules des variétés de pomme de terre qui y sont sensibles. Souvent, les souches de PVY qui causent des mouchetures et taches annulaires des tubercules qui entraînent une perte de qualité du rendement sont liées aux atteintes foliaires.
  • Le PVYN:O est une nouvelle souche qui possède des caractéristiques à la fois de PVYO et de PVYN. On pense que c'est un croisement des deux souches.
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Figure 1. Symptômes du PVY sur des feuilles de tabac.

Les symptômes sont variables, sur les plants de poivron infectés et apparaissent souvent sous forme de bandes vert foncé systémiques le long des veines des feuilles, qui prennent une décoloration marbrée sombre et vert pâle. Fréquemment, les plants gravement infectés présenteront des lésions nécrotiques le long des veines des feuilles, des pétioles et des tiges. Le fruit des plantes infectées peut présenter des marbrures et des taches brunes nécrotiques. À l'occasion, certaines plantes gravement infectées semblent chétives, aux feuilles distordues, produisant éventuellement des fruits de petite taille.

Les feuilles de plants de tomate infectés présentent des bandes vert foncé le long des veines, avec une légère marbrure et, occasionnellement, une déformation des feuilles. Toutefois, selon les conditions, l'âge et les cultivars de tomate, ainsi que la souche du virus, des symptômes plus sévères peuvent se développer en grande culture, y compris des lésions nécrotiques brun foncé entre les veines sur les feuilles. Les folioles terminales peuvent également prendre une teinte brune et mourir. Les plantes infectées depuis un certain temps semblent souvent pendantes en raison de l'enroulement des feuilles et des pétioles vers le bas. Aucun symptôme n'a été signalé sur la tomate elle même.

Le virus peut être introduit dans une région par du matériel de propagation infecté, par exemple des tubercules de pomme de terre ou des semis de transplantation pour la culture de solanacées. Une fois le virus introduit dans la région, les pucerons, notamment ceux des céréales et du soya et le puceron vert du pêcher acquièrent le virus lorsqu'ils se nourrissent et le transmettent aux plantes saines voisines. L'acquisition et la transmission du virus par les pucerons peut se dérouler très rapidement. Lorsque le puceron a transmis le virus, il ne le transporte plus jusqu'à ce qu'il se nourrisse sur une autre plante infectée et, alors, il l'acquiert encore.

Plantez des transplants et tubercules certifiés, soumis à un contrôle virologique et exempts de virus

Les producteurs ne doivent planter que des transplants de légumes et de tabac exempts de virus ou des tubercules de pommes de terre certifiés sans virus.

Faites une reconnaissance et inspectez les champs pour dépister les plants symptomatiques

Il faut faire une inspection visuelle fréquente des cultures sensibles pendant la saison.

Faire une reconnaissance tôt dans les champs, en enlevant les plantes symptomatiques infectées, si possible, permettra de réduire la propagation du virus aux autres plants et autres champs de la région.

Répression des moucherons vecteurs

Lorsque le PVY s'est établi dans une région, il est propagé par les moucherons qui se déplacent dans les cultures sensibles et d'une culture à une autre. L'épandage d'insecticides foudroyants n'a pas remporté beaucoup de succès pour contrer la propagation de virus non persistants comme le PVY. Les insecticides foudroyants peuvent tuer les pucerons qui ont formé des colonies dans une culture, mais ne tueront pas les pucerons migrants qui se posent dans la culture entre les épandages d'insecticide. Les pucerons qui entrent après l'épandage deviennent souvent agités en raison des résidus d'insecticide et percent les plants plus fréquemment et se dispersent vers les plantes adjacentes, ce qui, en retour, peut favoriser la propagation du virus. Toutefois, il est important de gérer les colonies de ce ravageur dans les cultures sensibles, si les populations approchent ou dépassent les seuils économiques établis.

Les nouveaux insecticides anorexigènes peuvent réduire la prédation des pucerons sur les plantes infectées et on a constaté qu'ils réduisent le taux de transmission du PVY. L'épandage de certaines huiles raffinées sur les cultures a permis de supprimer le virus du stylet des moucherons, réduisant la propagation des virus non persistants comme le PVY.

Répression des mauvaises herbes hôtes

Il faut se soucier des mauvaises herbes hôtes comme les solanacées, le pourpier potager, les amarantacées, le pissenlit officinal, la céraiste, le chénopode blanc et autres, dans les champs et aux environs des cultures sensibles.

Plantez les cultures sensibles loin les unes des autres

Plus les cultures sensibles sont espacées les unes des autres, moins il y a risque de transmission du PVY par les pucerons d'une culture à une autre s'il est introduit dans une région. Les producteurs doivent également éviter de planter des hôtes sensibles près des jardins de ville.

Plantez des variétés résistantes, si elles sont disponibles

Planter des variétés résistantes au PVY lorsqu'il y en a et qu'elles sont disponibles est la meilleure façon de lutter contre le PVY. N'oubliez pas que les variétés tolérantes peuvent quand même être infectées et transporter le virus, que les pucerons y contracteront pour le propager ensuite aux variétés sensibles voisines ou à d'autres cultures de solanacées. Si vous plantez des variétés tolérantes, évitez de les planter près de cultures sensibles.