Préparé par Holly Bickerton

La violette pédalée (Viola pedata) est une violette vivace caractéristique et voyante. Son aire de répartition couvre la majorité de l'est des États-Unis et on a appris que 14 populations étaient réparties sur une vaste zone du Sud-Ouest de l'Ontario. Cette espèce est considérée comme non en péril (G5) dans le monde, mais en danger critique d'extinction (N1) au Canada. La violette pédalée est désignée comme une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en péril de l'Ontario.

Sur les 14 populations documentées, on ne recense que cinq populations considérées comme étant existantes au Canada, et occupant une aire de répartition bien moins importante dans les comtés de Brant et de Norfolk. Seule une de ces cinq populations est présente sur des terres de la Couronne gérées à des fins de conservation. Bien que nous manquions d'information récente, on pense que cette importante population est stable ou en augmentation en raison de la gestion et de la protection permanentes de son habitat. Les quatre autres populations sont présentes dans leur intégralité sur des terres privées, et elles font face à de nombreuses menaces. À trois de ces quatre sites, moins de 10 plants demeuraient lors de leur dernière observation.

La violette pédalée préfère les milieux secs, libres et sablonneux dans toute son aire de répartition. À ses cinq autres sites en Ontario, elle pousse essentiellement dans des savanes de chênes (ou dans des savanes encaissées) sur des sols sablonneux et bien drainés. Cette espèce préfère largement les endroits avec un couvert clair, un sol nu et une fine couche organique ou de mousse. Au départ, un tel habitat ouvert avait été maintenu grâce au feu. Dans le paysage constitué du Sud de l'Ontario, le maintien à long terme des savanes de chênes exige une gestion fréquente, comme le débroussaillage ou le brûlage dirigé.

La principale menace pesant sur cette espèce en Ontario est la suppression des incendies qui donne lieu à des conditions dégradées et inadaptées qui constituent une menace pour les plants se trouvant essentiellement sur des terres privées. Parmi les autres menaces, mentionnons la disparition de l'habitat lors de la transformation en maisons et en jardins, les dommages dûs au piétinement et la pression récréative, l'érosion, et la concurrence des espèces envahissantes. La petite taille et l'espace restreint occupé par la plupart des populations aggravent davantage les risques que ces menaces posent à la violette pédalée.

L'objectif de rétablissement de la violette pédalée vise à maintenir ou à accroître son abondance actuelle, sa zone d'occupation et l'étendue de son aire de répartition en Ontario, en gérant l'habitat et en rétablissant ou en réintroduisant l'espèce dans un habitat adapté dans son aire de répartition connue. Les objectifs de protection et de rétablissement consistent à :

  • protéger les populations existantes en collaborant étroitement avec les propriétaires fonciers;
  • gérer les populations existantes afin de conserver des conditions d'habitat convenables;
  • surveiller fréquemment les populations et les habitats, surtout à la suite de mesures de gestion; et
  • s'il faut pour atteindre l'objectif de rétablissement, rétablir et/ou introduire des populations dans des habitats adaptés au sein de l'ancienne aire de répartition de l'espèce.

Il est recommandé que la zone visée par un règlement sur l'habitat pour la violette pédalée englobe l'étendue du ou des polygones de l'écosite de la classification écologique des terres (CET) (Lee et coll. 1998) dans lesquels se trouve l'espèce. Si des plants sont en bordure d'un polygone, une distance minimale de 50 mètres à partir de la limite extérieure de l'endroit où se trouve l'espèce est recommandée dans le cadre de la réglementation. Les zones entourant des plants cultivés de violette pédalée et ceux provenant de l'extérieur du Canada doivent être exclues du règlement. La représentation cartographique de l'habitat de toutes les populations et des sous-populations de cette espèce contribuerait au processus de réglementation.