Élaboré par Golder Associates Ltd.

L’esturgeon jaune (Acipenser fulvescens), aussi appelé Name (ojibwa), Namay Namaeu (cri) ou Nme (outaouais et ojibwa), est l’espèce de poisson la plus répandue et la plus ancienne en Ontario. Les origines de cette espèce remontent à plus de 200 millions d’années. Elle a conservé plusieurs des caractéristiques physiologiques de ses ancêtres. En moins de 200 ans, la surexploitation et la modification de l’habitat ont entraîné une chute vertigineuse des stocks d’esturgeons dans toute leur aire de répartition historique. Depuis toujours, cette espèce est importante pour les Autochtones en tant que source de nourriture et en tant que partie intégrante de leur spiritualité et de leur identité culturelle. L’esturgeon jaune occupe actuellement un total de 229 eaux (128 lacs et réservoirs et 101 rivières) en Ontario. Le Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO) a examiné l’état des populations de trois régions de l’Ontario. Les populations d’esturgeons jaunes du Nord-Ouest de l’Ontario et des Grands-Lacs et du haut Saint-Laurent ont été classées comme menacées. La population de la baie d’Hudson et de la baie James a été classée comme étant préoccupante.

Le but du programme de rétablissement de l’esturgeon jaune en Ontario est de maintenir les populations existantes dans toute leur aire de répartition et, lorsque c'est possible, de restaurer, réhabiliter et rétablir des populations autonomes, viables à long terme, dans leur habitat actuel ou dans des habitats qu'elles ont occupés dans le passé, tout en préservant l’intégrité et les fonctions de l’écosystème. Les principaux objectifs de protection et de rétablissement sont :

  1. protéger ou faire croître les populations existantes d’esturgeon jaune à des stocks proportionnels à la capacité de l’habitat de les soutenir et de soutenir la communauté de poissons actuelle;
  2. maintenir, améliorer et, si possible, restaurer l’habitat afin de venir en aide à l’esturgeon jaune;
  3. réintroduire, si possible, des populations d’esturgeons jaunes dans les lieux où ils ont disparu, si un habitat fonctionnel existe;
  4. élaborer des stratégies locales de gestion de l’esturgeon jaune;
  5. sensibiliser le public à l’importance culturelle et écologique de l’esturgeon jaune, à son caractère unique et à l’importance de maintenir, d’accroître et de restaurer les populations de cette espèce;
  6. combler les lacunes dans les connaissances afin de permettre ou d’améliorer les efforts de protection, de conservation et de rétablissement.

Il est recommandé que la zone réglementée en tant qu'habitat dans les Règlements sur l’habitat inclue les spécificités importantes d’habitat pour les populations d’esturgeons jaunes du Nord-Ouest de l’Ontario, des Grands-Lacs et du haut Saint-Laurent. Ces spécificités comprennent notamment les zones de frai, de croissance, d’hivernation, de halte migratoire, et les corridors de migration qui les relient. Ces recommandations ont été formulées en tenant compte de l’écologie de l’esturgeon jaune : leur long temps de génération, leur période de frai, leur habileté et leur tendance à migrer sur de longues distances et leurs exigences en matière d’habitats, distincts selon les différents stades de leur vie (œuf, larve, juvénile, immature, adulte).

Le caractère satisfaisant de l’habitat peut être limité par le niveau de l’eau, le débit fluvial, la sédimentation et la qualité de l’eau, éléments qui peuvent également avoir un effet sur la disponibilité de la nourriture pour les esturgeons jaunes. Ainsi, l’esturgeon jaune est vulnérable à la modification des conditions des rivières et à la fragmentation de l’habitat. Que ce soit du point de vue de la protection ou de la restauration, la gestion de l’habitat devrait viser à maintenir un habitat de qualité, dans les rivières comme dans les lacs, et faire en sorte que les liens entre les diverses spécificités d’habitat nécessaires aux différents stades de la vie de l’esturgeon jaune soient assurés. Une connaissance exhaustive des endroits où se trouvent ces importants habitats et des liens entre eux sont des facteurs clés dans la gestion de l’habitat. Ces spécificités d’habitats devraient être repérées dans les réseaux de lacs et de rivières qu'occupe actuellement l’esturgeon jaune et être protégées.

La zone à considérer lors de l’élaboration de Règlements sur l’habitat devrait comprendre les importantes spécificités d’habitat jusqu'aux laisses de crue des rivières. Il n'est pas réaliste de repérer des zones individuelles dans les réseaux lacustres qui constituent des spécificités importantes d’habitat (par exemple, les zones d’hivernation). En ce qui concerne les lacs, la zone à considérer dans l’élaboration de Règlements sur l’habitat devrait comprendre la laisse de crue jusqu'à une profondeur de 20 mètres. On pourrait avoir recours au savoir local si des mises au point sont nécessaires sur certains lacs.