La nervation noire est une infection bactérienne grave dans la culture du chou, dans toutes les régions du monde. Compte tenu du temps chaud et humide qu'a connu l'Ontario récemment, les producteurs de choux doivent faire preuve de vigilance cet été et dépister la présence de la nervation noire dans leurs champs. Le temps chaud (25 à 30° C) et humide favorise la multiplication de la bactérie pathogène. Par contre, pour que la maladie se propage et qu'il y ait infection et développement, il faut une dissémination par l'eau. La maladie est plus grave et plus répandue dans les champs qui reçoivent une douche fréquente tôt le matin, des pluies intenses et fréquentes ou qui sont trop irrigués par temps chaud. En fait, la numération de la bactérie de la nervation noire dans l'atmosphère autour des cultures infectées est à son maximum au cours des périodes de pluie. Des mesures hâtives de prévention devraient aider à protéger la récolte des infections subséquentes. De plus, la nervation noire crée un point d'entrée pour d'autres pathogènes et entraîne donc ultérieurement des problèmes de pourriture à l'entreposage. La bactérie pathogène qui cause la nervation noire (Xanthomonas campestris) est souvent introduite dans un champ de choux par des transplants infectés, mais peut aussi survivre sur les mauvaises herbes crucifères pendant l'été et dans les résidus culturaux contaminés laissés sur le sol les années précédentes. À la transplantation, les plants n'affichent peut-être pas de symptômes de la nervation noire en raison de conditions environnementales non propices.

La bactérie pathogène est facilement propagée par les giclures de la pluie. La bactérie pénètre les feuilles par les blessures infligées par le vent, la grêle ou les insectes, ainsi que par les pores spéciaux de la bordure des feuilles appelés « hydathodes ». La maladie se propage très rapidement si les gouttelettes d'eau contaminées par la bactérie sont exsudées des hydathodes des plants infectés et la pluie les disperse vers les plantes saines voisines. De plus, la maladie peut être propagée par l'équipement, les personnes et les animaux et entraîner des pertes importantes.

Sur les plants plus âgés, les symptômes de la nervation noire prennent souvent la forme de tissu jaune ou mort à la frange des feuilles, comparable à la brûlure apicale, sauf que la lésion se propage souvent en forme de U ou de V, à la base habituellement dirigée le long d'une veine (Figures 1 et 2). À l'inspection minutieuse des feuilles et tiges infectées, on peut observer des nervures noires parcourant le tissu infecté et dont la maladie tire son nom (Figure 3). Les lésions sur les feuilles peuvent descendre vers la base de la feuille, provoquant son flétrissement et sa mort.

Image

Figure 1. Lésion en forme de U avec nervation noire sur le pourtour d'une feuille : symptôme type de la nervation noire dans le chou-fleur, les choux de bruxelles et le brocoli.

Image

Figure 2. Lésions types en forme de V contenant des nervures noires s'étendant du pourtour de la feuille de chou le long d'une veine principale.

Image

Figure 3. Gros plan d'une lésion par la nervation noire, avec veines noircies sur les feuilles de chou de bruxelles.

Par temps chaud et humide, la bactérie peut passer de la feuille à la tige. Une fois dans la tige, la bactérie peut monter ou descendre vers d'autres parties de la plante, notamment les racines. Les cultures fortement infectées, par exemple le chou frisé et le chou-fleur, tendent à perdre leurs feuilles à partir du bas, ne conservant qu'une touffe de feuilles tordues séparées du système radiculaire par une tige nue et balafrée. Sur le chou-fleur, les symptômes se présentent souvent comme des mouchetures noires ou des écorchures sur le pourtour des feuilles. Les inflorescences des pousses de chou fleur infectées deviennent souvent noires.

Il n'y a pas de solution parfaite pour lutter contre la nervation noire dans la culture du chou et la répression de la maladie repose surtout sur l'assainissement. Voici quelques conseils pour aider à réduire le risque, la propagation et le développement de la nervation noire.

  • Plantez des semences exemptes de maladies (trois semences infectées par 10 000 ou 0,03 % de semences infectées peut entraîner une épidémie de nervation noire);
  • Faites une rotation de trois ans par des cultures non crucifères (les résidus de la culture du chou prennent environ deux à trois ans pour se dégrader totalement);
  • Réduisez la densité de plantation pour favoriser une bonne circulation de l'air et faciliter un assèchement rapide des plantes, si possible;
  • Restreignez les activités dans les champs jusqu'à plus tard dans la journée, lorsque les champs seront complètement secs;
  • Travaillez dans les champs atteints par la maladie à la fin de la journée (cela réduit le risque de propagation de la maladie dans les champs non infectés par du matériel contaminé);
  • Réprimez la propagation des mauvaises herbes crucifères qui peuvent abriter le pathogène dans le champ et les environs (le pathogène peut être porté par les éclaboussures d'eau jusqu'à 30 mètres (~100 pi) à partir des mauvaises herbes infectées);
  • La répression des insectes aidera à réduire la maladie (les blessures causées par les insectes offrent un point d'entrée au pathogène);
  • Préparez les cultures de crucifères pour la commercialisation loin des champs et coupez et enfouissez immédiatement les tissus maladies ainsi retranchés;
  • Cultivez des variétés de chou tolérantes à la nervation noire dans la mesure du possible, particulièrement dans les champs voisins de ceux où ont été plantées des cultures infectées l'année précédente;
  • Évitez d'épandre trop d'azote, car cela encourage une croissance végétative luxuriante et peut rendre les plantes plus vulnérables à la maladie;
  • Inspectez régulièrement les champs et retirez en si possible toutes les plantes infectées;
  • L'assainissement des serres est essentiel pour produire des semis exempts de la nervation noire. Désinfectez soigneusement toutes les surfaces. Si la nervation noire a été présente dans la serre, jeter ou désinfecter soigneusement les plateaux utilisés.