Introduction

Voici le 5e article d’une série dont l’objectif est d’aider les producteurs de pommes et de fruits tendres de l’Ontario à évaluer les risques climatiques qui peuvent être une source de dommages pour leurs arbres et leurs cultures.Il est important de reconnaitre les risques climatiques propres à chaque situation géographique et de mettre en place des stratégies pour réduire ou éliminer les effets de ces derniers sur l’exploitation.

De quoi s'agit-il ?

Les vents peuvent briser des branches (surtout la flèche de l’arbre), soulever le sol et causer de la roussissure sur les fruits ainsi que des meurtrissures et les faire tomber de l’arbre. Les vents peuvent aussi briser les points de greffe, ce qui tue l’arbre et fragilise le système de soutien des arbres, surtout lorsque la charge fruitière est à son maximum et si le sol est saturé. Des conditions venteuses peuvent nuire aux pulvérisations, freiner l’activité des abeilles et la pollinisation, rendre la montée dans les échelles dangereuse, et distraire les travailleurs affectés à la cueillette. Par ailleurs, les organismes responsables du feu bactérien, des chancres et des pourritures aux fruits peuvent pénétrer plus facilement dans l’arbre à la suite des dommages causés par le vent.

Quand cela se produit-il ?

Les dégâts causés par le vent se produisent souvent lorsque les systèmes climatiques subissent des changements soudains en passant d’une basse pression à une pression élevée, ou que le temps humide devient frais et plus sec. Les orages se forment dans de l’air instable et l’extrémité avant de la cellule orageuse transporte des vents forts et des rafales. Les conditions climatiques printanières sont souvent accompagnées de vents forts qui restreignent le temps disponible pour les pulvérisations, et peuvent réduire aussi l’activité des abeilles et la nouaison. La récolte d’automne coïncide parfois avec des ouragans en provenance du sud, accompagnés de vents forts et de précipitations abondantes qui ameublissent le sol autour des racines des arbres rendus plus lourds en raison de leur abondante charge fruitière.

Où cela se produit-il ?

Les dégâts causés par le vent représentent un risque climatique courant pour les producteurs d’arbres fruitiers, en raison des violentes tempêtes qui se produisent fréquemment durant toute l’année et qui sont souvent accompagnées de vents forts. Les tornades sont plus rares, mais elles causent des dommages beaucoup plus importants à des endroits précis.

Stratégies possibles d’atténuation des risques

Certaines des stratégies présentées ci-dessous peuvent contribuer à réduire ou à éliminer les dommages dus au vent.

  1. Assurance-production : L’assurance-production peut couvrir les pertes de rendement attribuables aux fruits qui tombent des arbres en raison du vent, ainsi qu'aux fruits non vendables en raison des frottements des rameaux. Il se peut que l’assurance-production couvre les futures pertes de rendement attribuables aux rameaux ou points de greffe brisés. Dans le cas des pommiers, l’assurance sur les arbres peut aussi couvrir les arbres cassés au point de greffe si plus de 7 % des arbres sont atteints. On se procure l’assurance-production longtemps avant le début de la saison. L’exploitant est ainsi assuré qu'au moins une partie du coût de ses intrants sera couvert. La prime à payer va dépendre de la protection ou couverture choisie, des antécédents de réclamation de l’exploitation, et du potentiel de rendement des vergers. Avec le temps, les primes peuvent être réduites si l’exploitant n'a pas présenté de réclamations. Certains producteurs ont de la difficulté à verser la prime (surtout les premières années d’établissement et lorsqu'ils ont des réclamations), et aussi parce que l’assurance-production n'est pas conçue pour couvrir entièrement les pertes, de rendement ou de prix. D’autre part, les niveaux de protection diminuent au cours des années suivant une réduction de rendement, en raison des répercussions de la perte sur les rendements moyens à long terme. De plus, les pertes locales attribuables au gel ne sont pas couvertes. Les producteurs qui possèdent de nombreux vergers risquent donc d’être pénalisés lorsqu'ils obtiennent de bons rendements dans les sites non touchés par les dommages dus au vent.
  2. Brise-vent : Des brise-vent situés en amont du verger vont protéger les arbres et les fruits sur une distance équivalant à 10 fois leur hauteur. La réduction de l’intensité du vent dans cette zone peut améliorer les conditions de pulvérisation, l’activité des abeilles pour la pollinisation et la qualité des fruits en réduisant la roussissure causée par les particules de sol emportées par le vent, et en diminuant les bris aux points de greffe. Toutefois, il faut du temps pour établir des brise-vent et leur présence diminue une partie de la superficie normalement réservée à la production.
  3. Orientation des rangées d’arbres : L’orientation des rangées d’arbres selon la direction des vents dominants permettra à l’air de circuler dans le verger sans endommager les arbres ni les fruits. Selon la topographie et l’aménagement de l’exploitation, cet alignement peut ne pas être toujours possible ni souhaitable. On préfère habituellement une orientation nord-sud des rangées pour intercepter le maximum de soleil. Toutefois, sur les sites plus venteux, il peut être prudent de se doter d’un moyen pour se protéger du vent.
  4. Tuteurs : Les arbres qui ne sont pas tuteurés immédiatement après la plantation vont être secoués par le vent, ce qui peut nuire à leur croissance et réduire leur charge fruitière ultérieure. Tout soutien devra permettre d’éviter le bris des points de greffe ou des branches, surtout la flèche centrale. S'il est impossible de mettre en place un treillis plein, utiliser un piquet temporaire pour soutenir la flèche centrale et prévenir les bris.
  5. Ancrage solide : L’expérience récente avec les vents forts, notamment les tornades, a montré que lorsque les poteaux d’ancrage aux extrémités tiennent bon, le treillis tient bon aussi. En renforçant au maximum la résistance des treillis, surtout celle des poteaux d’ancrage aux extrémités, on évite de beaucoup les dégâts dus au vent. Ne pas hésiter à investir dans des matériaux et une conception appropriés qui conviennent à la culture et qui permettent de faire face aux pires vents, afin de réduire les bris et les dommages causés par le frottement des rameaux.
  6. Espacement entre les branches : Un espacement adéquat entre les branches maîtresses contribuera à réduire les dommages aux fruits causés par le frottement des rameaux. Cette méthode a l’avantage additionnel de favoriser une meilleure captation de la lumière et d’améliorer la qualité des fruits. Par contre, un éclaircissage plus prononcé comporte des coûts additionnels de main-d’œuvre.
  7. Taille estivale : L’élimination des branches de la première année autour des fruits avant la récolte va réduire les frottements des rameaux par temps venteux. La taille estivale peut également améliorer la pénétration des pulvérisations ainsi que la couleur et la qualité des fruits. Toutefois, la taille estivale s'accompagne de coûts plus élevés de main-d’œuvre.

Résumé

L’élimination ou la réduction des dégâts causés par le vent est toujours un défi de taille pour bon nombre de producteurs d’arbres fruitiers. Les dommages importants causés par des vents forts et de courte durée sont décourageants pour les producteurs, et les pertes subséquentes associées aux maladies qui s'ensuivent peuvent être dévastatrices. Puisque les changements climatiques sont associés à un plus grand nombre d’épisodes de vent, il est important que les producteurs se penchent sur les solutions qui se présentent à eux pour éviter ces dommages. L’investissement requis pour mettre en place des vergers à haute densité avec des variétés de grande valeur devrait inciter les producteurs à investir davantage également dans les stratégies de lutte contre le vent.