Introduction

Voici le 8e article d'une série dont l'objectif est d'aider les producteurs de pommes et fruits tendres de l'Ontario à évaluer les risques climatiques qui peuvent causer des dommages à leurs arbres et à leurs récoltes. Il est important de reconnaître les risques climatiques propres à chaque situation géographique et de mettre en place des stratégies pour réduire ou éliminer les effets de ces derniers sur l'exploitation.

De quoi s'agit-il?

La grêle est une forme de précipitation solide. Des grêlons se forment lorsque des gouttelettes d'eau se déplacent vers le haut à travers les nuages, à des températures sous le point de congélation, ce qui cause un refroidissement extrême de l'eau, qui gèle au contact des noyaux de condensation comme les particules de poussière. La grêle est souvent associée à une activité orageuse et à des fluctuations dans les fronts météorologiques. Les tempêtes de grêle qui traversent une région suivent souvent la même trajectoire, bien que de récents épisodes aient pris par surprise certains producteurs alors que la grêle se déplaçait dans une direction imprévue. Les grêlons sont habituellement superposés, et présentent parfois des extrémités tranchantes; leur taille se situe entre celle d'un plomb et d'une balle de golf, ou même plus grosse. L'ampleur des dommages dépendra de l'intensité et de la durée de la tempête de grêle.

Quand cela se produit-il?

Les tempêtes de grêle surviennent souvent quand il fait chaud et humide et que le temps est instable durant l'été, bien qu'il puisse y avoir des tempêtes qui causent des dommages n'importe quel mois de l'année. En général, ces tempêtes surviennent en fin d'après-midi ou en début de soirée lorsqu'un orage menace, mais les grêlons qui causent des dommages sont parfois tombés durant la nuit ou tôt le matin également. Les producteurs qui font appel à des dispositifs anti-grêle doivent se tenir au courant de ce qui favorise la formation de grêle à tout moment de la journée ou de la saison.

Où cela se produit-il?

Les dommages dus à la grêle représentent des risques climatiques très fréquents pour les producteurs d'arbres fruitiers; en effet, chaque année en Ontario, durant la saison de croissance, la grêle fait des dommages. Malheureusement, même un bref épisode de grêle peut causer de graves blessures aux fruits et aux arbres. Ces dernières contribuent à diminuer la qualité du produit et entraînent l'apparition de maladies, comme le feu bactérien, les chancres et les pourritures sur les fruits.

Stratégies possibles d'atténuation des risques

Certaines des stratégies présentées ci-dessous peuvent contribuer à réduire ou à éliminer les dommages dus à la grêle :

  1. Assurance-production. On peut adhérer à l'assurance-production bien avant la saison de la grêle. L'exploitant est ainsi assuré qu'au moins une partie du coût de ses intrants sera couvert en cas de grêle. La prime à payer va dépendre de la protection ou couverture choisie, des antécédents de réclamation de l'exploitation, et du potentiel de rendement des vergers. Avec le temps, les primes peuvent être réduites si l'exploitant n'a pas présenté de réclamations. Certains producteurs ont de la difficulté à verser la prime (surtout les premières années d'établissement et lorsqu'ils ont des réclamations), et aussi parce que l'assurance-production n'est pas conçue pour couvrir entièrement les pertes, de rendement ou de prix. D'autre part, les niveaux de protection diminuent au cours des années suivant une réduction de rendement, en raison des répercussions de la perte sur les rendements moyens à long terme. De plus, les pertes locales attribuables au gel ne sont pas couvertes. Les producteurs qui possèdent de nombreux vergers risquent donc d'être pénalisés lorsqu'ils obtiennent de bons rendements dans les sites non touchés par la grêle.
  2. Filets paragrêle. Dans bon nombre de régions du monde, toutes les superficies cultivées sont recouvertes de filets, surtout aux endroits où la grêle survient chaque année, et parfois même plusieurs fois par saison. Quelques producteurs ontariens ont installé des filets paragrêle, comportant une série de piquets assez hauts soutenant des fils auxquels est accroché un filet léger qui recouvre chaque rangée d'arbres. Les producteurs qui utilisent des treillis n'ont qu'à utiliser des piquets plus hauts. Les filets sont attachés entre chaque rangée pour permettre aux grêlons accumulés de tomber de façon sécuritaire sur le terrain du verger, évitant ainsi les dommages aux fruits. Les filets paragrêle doivent être retirés des arbres avant la nouaison, et remis après la récolte afin d'éviter que le filet soit en dommagé durant l'hiver. Les filets paragrêle peuvent être tout à fait efficaces, mais le coût d'installation et de mise en place en restreint l'usage aux variétés très rentables. Les producteurs ont remarqué que les températures sont moins élevées sous les filets et que les vents sont moins forts, ce qui permet de poursuivre plus longtemps les activités dans les vergers, notamment la pulvérisation de pesticides.
  3. Canons à grêle. Ces dispositifs déclenchent des explosions d'ondes sonores dans les couches supérieures de l'air situées au-dessus du verger. Ces machines doivent être démarrées longtemps avant les épisodes de grêles. Les canons fonctionnent selon le principe que les ondes sonores déclenchées dans l'air interrompent la formation de grêle, qui tombe plutôt sous forme de neige fondue inoffensive; cette théorie est cependant difficile à prouver scientifiquement. Les canons à grêle sont coûteux, et doivent être mis en place bien avant l'épisode de grêle; ils nécessitent en outre une surveillance constante de la situation météorologique et des prévisions. De plus, ils sont bruyants et irritants pour les voisins, et les personnes qui travaillent à proximité doivent se protéger les oreilles. Un bon approvisionnement d'acétylène est également requis au cours des saisons où les tempêtes sont fréquentes.
  4. Répartition des vergers à plusieurs endroits. Étant donné que les épisodes de grêle ont tendance à être localisés, il pourrait être avantageux d'avoir des vergers à l'écart les uns des autres, afin qu'au moins une partie de la récolte ne soit pas endommagée. Bien que cette mesure ne prévienne pas les dommages dus à la grêle, elle est utilisée par certains producteurs qui souhaitent s'assurer ainsi de rendements constants pour répondre aux marchés et se garantir ainsi des revenus pour recouvrir les frais d'intrants.

Résumé

L'élimination ou la réduction des dommages dus à la grêle est un défi constant pour bon nombre de producteurs d'arbres fruitiers. Les dommages importants causés par une courte période de grêle sont décourageants, et les maladies qui s'en suivent comme le feu bactérien, les chancres et autres peuvent être dévastatrices. Comme les conditions climatiques ont tendance à devenir de plus en plus instables, et que les épisodes de grêle risquent d'être plus nombreux, les producteurs ne devraient pas se fier uniquement à leur chance pour se prémunir contre les dommages dus à la grêle. L'investissement requis pour les vergers intensifs et la culture de variétés à valeur élevée étant important, il est justifié de mettre en place des stratégies visant à contrer les dommages dus à la grêle.

Pour plus des reseignements :