Introduction

Il est important que les producteurs reconnaissent les risques climatiques propres à chaque situation géographique et mettent en place des stratégies pour réduire ou éliminer les effets de ces derniers sur l'exploitation.

Le manque d'humidité est l'un des principaux risques liés aux conditions climatiques auxquelles sont confrontés les producteurs d'arbres fruitiers. L'accès à l'eau durant les stades physiologiques importants de la croissance de l'arbre et des fruits est nécessaire pour obtenir un rendement optimal. La pénurie d'eau durant des périodes critiques de la croissance de la culture et du développement du fruit a un effet à la fois sur les rendements et la taille des fruits, ce qui influe sur le volume de production et le prix moyen des fruits. La tendance à planter des vergers à haute densité a intensifié ce phénomène puisque les producteurs choisissent des porte-greffes nanisants aux racines peu profondes. Avec les conditions climatiques de plus en plus instables, l'approvisionnement en eau devient de plus en plus essentiel à l'obtention de fruits de qualité.

Incidence du temps sec sur les arbres fruitiers

Les arbres fruitiers ont besoin d'eau pour se développer, se garder en santé et produire des fruits de qualité. Le manque d'eau a plusieurs conséquences : réduction de la croissance, dépérissement des pousses, diminution de la taille et du poids des fruits (année en cours et année suivante), réduction de la survie et de la croissance des arbres (jeunes arbres), répercussions négatives sur la qualité des fruits, réduction de la production de boutons à fruit (et des rendements des cultures subséquentes), carences nutritionnelles, augmentation des dommages hivernaux, augmentation de la production en alternance et accroissement des troubles physiologiques (taches amères). Le fait d'avoir accès à de l'eau peut aider les arbres à continuer à se développer au cours des périodes de sécheresse et à accroître leur résistance aux facteurs de stress.

Quand cela se produit-il?

Le manque d'eau peut survenir en tout temps au cours de la saison de croissance lorsque les arbres sont besoin d'humidité. Les périodes critiques à cet égard sont la floraison, la formation des pépins, le développement des fruits (surtout pendant la division des cellules dans les premières semaines suivant la floraison), la formation du bourgeon à fruit, le mûrissement du fruit et l'aoûtement de l'arbre. Les Cartes agroclimatiques, un outil en ligne d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, permettent de faire le suivi de la quantité de précipitations que reçoit une région. Pour plus d'information sur la façon d'évaluer les besoins d'irrigation pour les cultures fruitières en Ontario, voir la fiche technique du MAAARO intitulée Surveiller l'humidité du sol pour améliorer les décisions d'irrigation. Pour plus d'information sur l'utilisation de l'irrigation en agriculture, voir Information d'irrigation dans le site Web du MAAARO. Il y a également dans ONFruit (en anglais seulement) deux billets de blogue de Rebecca Shortt, ingénieure, qualité de l'eau, MAAARO, intitulés Irrigation Update (Le point sur l'irrigation) et How Long Do I Run My Drip Lines (Quelle longueur doivent avoir les conduites goutte à goutte) qui ont été diffusés pendant la sécheresse de 2016.

Où cela se produit-il?

Les vergers de tout l'Ontario peuvent connaître des conditions sèches, mais les effets de la sécheresse sont pires en sols sableux, lesquels présentent une faible capacité de rétention d'eau (p. ex. les sols pauvres en matière organique). Les températures chaudes vont exacerber le problème en raison de l'augmentation des pertes due à l'évapotranspiration des arbres. Les pêchers et les nectariniers sont plus vulnérables au manque d'humidité, tout comme les arbres sur porte-greffes nanifiants dont la zone racinaire est limitée (p. ex. les pommes sur le porte-greffes de taille M9, les cerises douces sur Gisela). La compétition entre les arbres dans les systèmes de verger intensif en haute densité est importante, et les arbres ont besoin d'eau supplémentaire.

Stratégies possibles d'atténuation des risques

Certaines des stratégies présentées ci-dessous peuvent contribuer à réduire ou à éliminer les dommages associés au manque d'humidité.

  1. Assurance-production : Cette assurance couvre les baisses de rendement et les pertes de qualité qui sont attribuables aux conditions météorologiques défavorables, aux maladies, aux dommages causés par la faune et aux infestations d'insectes. Il existe des régimes pour plus de 100 produits agricoles. Pour la plupart de ces régimes, il est possible d'obtenir une couverture fondée sur le rendement. Dans ce cas, le producteur reçoit un paiement après la récolte lorsque, en raison d'un risque assuré, le rendement de ses cultures est inférieur à sa production garantie.
    L'Assurance-protection est financée par les gouvernements fédéral et provincial. Ceux-ci versent une contribution pouvant atteindre 60 % du coût des primes et 100 % du coût de prestation du programme.
    Pour en savoir davantage sur l'Assurance-production et d'autres programmes de gestion des risques des entreprises, comme Agri-stabilité et le Programme d'autogestion des risques, et connaître la marche à suivre pour s'inscrire, consulter le site Agricorp.com/programmes.
  2. Irrigation supplémentaire : Des systèmes efficaces d'irrigation goutte à goutte et par aspersion vont réduire le stress auquel sont soumis les arbres, donner des fruits plus gros et accroître la qualité des fruits et les rendements. L'irrigation goutte à goutte est plus coûteuse à l'installation, et il est préférable de mettre le système en place au moment de la plantation; ce système est toutefois plus facile à utiliser et peut également être utilisé pour la fertigation. En outre, l'irrigation goutte à goutte réduit au minimum le risque de maladie d'origine alimentaire attribuable à l'eau d'irrigation contaminée, puisque l'eau n'entre pas en contact avec la culture. Les systèmes sur frondaison exigent plus de main-d'œuvre pour déplacer le matériel et sont plus efficaces si on installe des collecteurs permanents pour avoir facilement accès à l'eau. L'irrigation goutte à goutte est également plus efficace en matière de consommation d'eau que les systèmes d'irrigation sur frondaison, où les pertes d'eau par évaporation sont plus importantes. Il faut un permis de prélèvement d'eau pour les utilisations supérieures à 50 000 litres par jour ainsi qu'une source d'eau fiable dont la qualité doit être surveillée. Les coûts d'entretien et les coûts de l'eau pour ce système doivent être pris en compte.
  3. Paillis sous les arbres : Ces paillis peuvent donner le même résultat que l'irrigation, parce qu'ils permettent de conserver l'humidité du sol, de rafraîchir la zone racinaire ainsi que d'améliorer la taille des fruits, leur qualité et le rendement de la récolte. Les paillis peuvent également enrichir le sol d'éléments nutritifs et de matière organique et loger des insectes utiles, mais ils attirent également les rongeurs. Les matières utilisées comme paillis peuvent être coûteuses, difficiles à se procurer et devront probablement être renouvelées avec le temps. Dans certains cas, les paillis peuvent favoriser une croissance tardive des arbres, qui peut être attribuable aux dommages hivernaux découlant de l'endurcissement tardif.
  4. Ajout de matière organique au sol avant la plantation : L'apport de fumier, de compost, de cultures de couverture, de paille, de paillis ou de toute matière organique avant la plantation augmentera la capacité de rétention d'eau du sol. Cet apport de matière organique est évidemment associé à des coûts, soit pour l'achat de matière ou les cultures de couverture. La matière organique peut cependant améliorer la croissance des arbres, apporter les éléments nutritifs nécessaires et améliorer la tolérance des arbres à la sécheresse.
  5. Construction de structures additionnelles pour stocker l'eau : Les structures servant à emmagasiner l'eau en dehors de la saison de croissance soit peut être coûteuses, mais elles en valent vraiment la peine lorsque les étés sont très secs. Il est important d'avoir une structure bien conçue, et l'accès à cette structure pour les animaux et le public doit être restreint afin d'en assurer la salubrité. S'assurer que la compagnie d'assurance connaît l'existence de la structure de stockage.
  6. Réduction de la concurrence exercée par les mauvaises herbes et les cultures de couverture : Le maintien d'une bande exempte de végétation le long du rang ou autour de la base de chaque arbre fruitier aidera à conserver l'humidité du sol. Les mauvaises herbes feront concurrence aux arbres pour s'approprier l'humidité du sol; il est donc particulièrement important d'éliminer les mauvaises herbes en période de sécheresse.
  7. Gestion de la charge de la récolte : Selon des études, la gravité du stress hydrique dépend de la charge de la récolte. Les pêchers ayant une charge fruitière importante sont plus vulnérables au stress hydrique que ceux portant moins de fruits. Par conséquent, dans les vergers où la tension causée par la sécheresse est élevée et où on n'a pas accès à de l'eau, l'éclaircissage des fruits peut aider à atténuer les effets néfastes à long terme du stress hydrique sur la croissance des fruits et favoriser celle-ci.
  8. Taille en vert : La taille en vert peut contribuer à réduire le stress hydrique que subissent les arbres, mais elle a peu d'incidence sur la taille des fruits.
  9. Engrais foliaires : Il y a eu très peu de recherches démontrant que les éléments nutritifs foliaires étaient un moyen efficace d'atténuer les symptômes attribuables au temps sec sur les arbres fruitiers. L'humidité relative influe considérablement sur la perméabilité de la cuticule foliaire aux éléments minéraux. Lorsque l'humidité relative est peu élevée, moins de 80 %, la perméabilité de la cuticule est faible, ce qui a pour effet de réduire l'absorption des éléments nutritifs foliaires. À mesure que l'humidité relative augmente pour dépasser 80 %, la perméabilité augmente aussi. Cependant, lorsque l'humidité relative est élevée, le produit foliaire appliqué peut sécher trop rapidement; son absorption par la cuticule est alors réduite. Pendant les périodes de stress thermique prolongé, la cuticule s'épaissit et les éléments nutritifs ont plus de difficulté à circuler. Par ailleurs, les arbres touchés par la sécheresse peuvent fermer leurs stomates, ce qui diminue la capacité de pénétration des éléments nutritifs foliaires. En conséquence, la sécheresse peut réduire la capacité des arbres d'absorber les éléments nutritifs foliaires, ce qui en atténue les bienfaits. Il faut éviter d'appliquer des éléments nutritifs foliaires par temps très chaud, car cela peut causer des dommages aux feuilles (les sels se concentrent trop rapidement). Il est donc peu probable que les éléments nutritifs foliaires atténuent le stress thermique; seule une pluie abondante le peut.

Résumé

Faire pousser des fruits de qualité dans les vergers à haute densité actuels est de plus en plus difficile en raison des changements climatiques, de l'accroissement de l'évapotranspiration durant les journées chaudes de l'été et de la diminution des précipitations. Les producteurs doivent s'assurer d'avoir accès à de l'eau durant les périodes critiques de la croissance de l'arbre et du développement des fruits. L'approvisionnement en eau est important de nos jours pour la production de volumes élevés de fruits de qualité supérieure qui répondent aux besoins des marchés actuels.