On compte trois régions viticoles en Ontario : la péninsule du Niagara, la rive nord du lac Érié et le comté de Prince Edward. La péninsule du Niagara est située au sud du lac Ontario et à l'ouest de la rivière Niagara. Son climat est tempéré grâce à l'escarpement du Niagara. Située au nord du lac, la rive nord du lac Érié accumule chaque été le plus grand nombre d'unités thermiques de l'Ontario. Région viticole la plus froide de l'Ontario, le comté de Prince Edward bénéficie néanmoins d'un climat tempéré en raison de sa proximité avec le lac Ontario. Bien qu'il existe des différences entre les régions viticoles de l'Ontario, il est nécessaire d'avoir une compréhension globale du climat et du sol pour pouvoir planter un vignoble dans une de ces régions et obtenir de bons résultats (Grape Growers of Ontario, 2010).

Préoccupations climatiques et météorologiques

En Ontario, l'aspect le plus important de la sélection d'un emplacement viticole est le climat. Dans ces régions au climat frais, on se préoccupe de la résistance au froid du raisin, mais également de sa capacité à mûrir correctement à chacune des saisons de croissance.

Pour qu'il mûrisse, le raisin à mûrissement hâtif a besoin d'au moins 155 jours sans gel, tandis que les variétés à mûrissement tardif ont besoin d'au moins 180 jours sans gel. Un autre indicateur du potentiel de mûrissement du raisin est celui des températures cumulées exprimées en degrés-jours de croissance (DJC). Les DJC sont calculés à partir des températures journalières moyennes minimum et maximum entre les mois d'avril et d'octobre, en soustrayant 50 °F à chacune de ces valeurs, puis en les additionnant. Un minimum situé entre 2 500 et 3 500 DJC est nécessaire au mûrissement de la plupart des variétés vinifera, tandis que 1 800 à 2 500 DJC peuvent être suffisants pour le mûrissement de certaines variétés hybrides et variétés vinifera à mûrissement hâtif (Wolf, 2008).

D'autres facteurs, comme les températures hivernales très froides, les gelées printanières et les gelées automnales, constituent également des sources de préoccupation pour la viticulture en Ontario. Bien que les effets des températures très froides diffèrent d'une variété à l'autre et au sein de chaque variété, les températures inférieures à -22 °C sont souvent perçues comme un risque, sachant que, pendant le repos hivernal, certaines variétés sont déjà fragiles à 0 °C. Les vignes saines ont une résistance au froid supérieure à celles des vignes ayant subi un stress, par exemple dû à une sécheresse ou à des gelées d'automne précoces. On a démontré que les éoliennes permettent de protéger les vignes des agressions de l'hiver. La fraîcheur des températures automnales constitue une autre source de préoccupation, car l'accumulation des glucides dans les racines, les troncs et les autres organes vitaux cesse prématurément, ce qui diminue la résistance au froid des vignes. Les gelées printanières constituent également un sujet d'inquiétude en Ontario, puisque les vignes ayant entamé leur débourrement ont alors une moins grande tolérance au gel, ce qui peut entraîner la perte totale ou partielle de la récolte à la saison de croissance. Les emplacements situés à proximité de grandes étendues d'eau permettent d'atténuer les effets des températures froides et ainsi de réduire les risques que représentent l'hiver et les gelées de printemps (Wolf, 2008). Le CCOVI (l'institut d'œnologie et de viticulture en climat frais) donne régulièrement aux viticulteurs des nouvelles concernant la résistance des bourgeons et les dommages causés par l'hiver.

La sécheresse a rarement constitué une préoccupation pour les vignobles de l'Ontario, puisque les précipitations sont suffisantes dans la majeure partie de la province. Néanmoins, plusieurs années de sécheresse en Ontario ont causé certains problèmes, notamment une baisse des rendements, des problèmes de croissance des pousses (carences en zinc et en bore), des dégâts dus aux organismes nuisibles (ériophyides de la vigne et tétranyques), ainsi que des problèmes de vinification (faible teneur en sucres, pH faible, faible teneur en potassium, vieillissement atypique). Par conséquent, nombre de viticulteurs et d'entreprises vinicoles étudient actuellement le besoin et la faisabilité d'un système d'irrigation pour les vignes. Il est donc important de prendre en considération la disponibilité de l'eau avant de choisir un emplacement vinicole. Les précipitations trop abondantes constituent également un problème, si bien qu'il est conseillé d'éviter de planter des variétés susceptibles de pourrir ou de se fendiller, dans les régions où les précipitations sont abondantes à la fin de l'été et à l'automne. (Wolf, 2008)

Caractéristiques du sol et du terrain

L'humidité du sol, la composition du sol et le drainage de l'eau sont des facteurs très importants pour la vigne. Cependant, la plupart de ces facteurs peuvent être modifiés à un certain degré. Les meilleures terres pour la vigne sont le loam, le loam sableux et le loam sablo-argileux, tandis que les terres contenant beaucoup de limon ou d'argile sont moins adéquates, puisque l'eau s'évacue moins bien. Planter des vignes dans des sols fertiles peut leur donner une vigueur excessive et ainsi produire des récoltes de qualité médiocre et donner des mauvais rendements. On peut utiliser des systèmes de conduite pour gérer au mieux la vigueur de la vigne. De nombreux vignobles en Ontario ont besoin de tuyaux de drainage en raison de la grande quantité d'argile dans le sol. Les terrains en pente, ayant de préférence une inclinaison comprise entre 5 % et 15 %, sont idéaux pour améliorer le drainage de l'eau. Les terrains en pente sont également importants pour le contrôle du climat, puisqu'ils participent au drainage de l'air. En outre, une pente exposée au sud permet aux vignes de recevoir davantage d'unités thermiques. (Wolf, 2008)

Le drainage de l'air est également important pour éviter les poches d'air froid durant les gelées hivernales et les poches de gelées pendant la floraison et la récolte. Si les brise-vent et les forêts avoisinantes peuvent causer des problèmes dus au froid, ils sont néanmoins susceptibles de constituer une bonne protection contre le vent. Après avoir récemment subi des pertes en raison des gelées printanières, certains viticulteurs ontariens ont décidé d'investir dans des éoliennes. Il est donc prudent de réfléchir préalablement à la localisation de ces éoliennes pour optimiser leur efficacité. (MAAARO, 2012)

Avant de se lancer dans la plantation d'un nouveau vignoble, il faut prendre le temps de bien réfléchir à ces éventuels problèmes et de choisir les moyens de les résoudre.

Références