Introduction

La drosophile à aile tachetée (DAT) est une mouche du vinaigre envahissante qui s'est rapidement propagée dans la plupart des régions de l'Amérique du Nord. Des relevés effectués par le MAAARO de 2011 à 2015 indiquent que la DAT est répandue dans toutes les régions productrices de fruits en Ontario.

La drosophile à aile tachetée (DAT) est attirée par les fruits sains en cours de croissance et elle y pond ses œufs plutôt que dans des fruits trop mûrs ou meurtris. Les cerises, les mûres, les framboises, les bleuets, les fraises et une vaste gamme d'autres fruits à peau tendre sont sensibles aux dommages causés par ce ravageur. Pour éviter des pertes de rendement, les producteurs devraient apprendre à identifier cet insecte et à reconnaître les dommages qui lui sont associés.

La lutte contre la DAT exigera d'importants changements aux pratiques culturales comme aux habitudes d'utilisation des insecticides. Dans la plupart des cas, il faut faire des traitements insecticides pour lutter contre ce ravageur au stade du mûrissement des fruits.

Les renseignements dont on dispose actuellement sur la DAT, incluant les mises à jour sur l'activité de l'insecte durant la saison de croissance, seront affichés sur le site Web du MAAARO à Ontario.ca/ailestachetees.

Les producteurs et les dépisteurs sont invités à surveiller la présence des drosophiles à aile tachetée et les dommages qu'elles occasionnent ainsi qu'à partager l'information avec le MAAARO.

Lutte biologique

Des guêpes parasites de la DAT ont été observées dans la région du Nord-Ouest du Pacifique, mais les méthodes de lutte biologiques ne sont pas efficaces sur le plan économique pour le moment. Des recherches sont en cours dans des régions où ce ravageur est bien implanté afin de trouver des prédateurs ou des parasites. On tente aussi de trouver des ennemis naturels de la DAT en Ontario.

Lutte culturale

Les risques de dommages culturaux augmentent avec l'accroissement des populations. Certaines méthodes de lutte culturale peuvent aider à réduire les populations de DAT en éliminant certains des sites où l'insecte se développe et se reproduit. Les méthodes décrites ci-après peuvent être intégrées à une stratégie de lutte contre ce ravageur.

Repérer les plantes hôtes intermédiaires à proximité de la culture. De nombreuses plantes hôtes sauvages accueillent la DAT, probablement pendant une ou plusieurs générations. On ne comprend pas encore entièrement le rôle de ces hôtes indigènes. On croit cependant que certaines de ces plantes hôtes abritent les premières générations de DAT qui migrent ensuite vers des cultures fruitières vulnérables. Par contre, les plantes hôtes sauvages offrent souvent aussi un habitat pour les insectes utiles qui aident à lutter contre les ravageurs des cultures, dont la DAT.

Les producteurs devraient vérifier la présence des plantes hôtes sauvages environnantes, comme les ronces, le nerprun, le merisier, le cornouiller, le sureau et la phytolaque, lesquelles favorisent la prolifération des populations de DAT. Les cultures adjacentes aux plantes hôtes sauvages sont celles qui sont le plus à risque pour les dommages précoces.

Bien entretenir les bordures des champs et les garder exemptes de plantes hôtes sauvages, surtout de ronces. S'il n'est pas possible d'éliminer les plantes sauvages, tenter de les tailler sous la zone fructifère.

Ne pas appliquer d'insecticides dans les zones non cultivées.

Planification du moment de la cueillette. Il est très important de cueillir les fruits au bon moment pour lutter contre la DAT. Raccourcir si possible l'intervalle entre les cueillettes. Récolter ainsi les framboises et les mûres tous les deux jours. Ramasser souvent et proprement les fruits, avant qu'ils soient trop mûrs. Les jeunes fruits des framboisiers d'automne devraient être cueillis, même si les quantités récoltables sont faibles.

Assainissement. Informer les travailleurs de retirer les fruits non vendables du champ durant la cueillette (figures 1 et 2). Enfouir ces fruits à plus de 30 cm de profondeur à la fin de chaque journée, ou les solariser en les recouvrant d'une bâche de plastique scellée aux extrémités. Le compostage des fruits non vendables (les fruits déclassés) ne constitue pas un moyen fiable de détruire les œufs et les larves de DAT dans les fruits, car les larves peuvent compléter leur développement dans les fruits non vendables. Ne pas laisser les fruits déclassés exposés à l'air pendant plus d'une journée (figure 3).

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Figure 1: Chariot utilisé pour la récolte, doté d'un petit panier pour recueillir les fruits non vendables.

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Figure 2: Retirer les fruits non vendables du champ.

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Figure 3: Ne pas laisser les fruits déclassés exposés pendant plus d'une journée.

Tailler les plants, poser un treillis ou entretenir la végétation de manière à améliorer l'efficacité de la récolte et le recouvrement des traitements antiparasitaires.

En milieux secs, ou sur sol nu, il peut être utile de broyer ou d'écraser les fruits tombés pour réduire le nombre de larves, lesquelles sont sensibles au dessèchement.

Garder le matériel et les aires utilisés pour la transformation exempts de vieux fruits.

Les plantes hôtes en terrains résidentiels ainsi que les bacs à compost représentent des sources potentielles de DAT.

Le déplacement de fruits infestés peut entraîner l'introduction de la DAT dans de nouvelles régions. Lorsque des fruits frais en provenance d'autres fermes ou régions sont introduits à la ferme, enfouir ou éliminer soigneusement les rebuts.

Lutte chimique

Si des drosophiles à aile tachetée sont présentes dans la région, qu'elles aient été piégées ou non à votre ferme, il faudra appliquer des insecticides pour protéger les fruits au moment où ils commencent à mûrir jusqu'à la fin de la récolte. Les DAT adultes sont attirées par les fruits qui sont en voie d'être mûrs. Les cultures sont vulnérables aux attaques du ravageur au moment où les fruits commencent à changer de couleur et à mûrir.

RISQUE = DAT + fruit en train de mûrir

Plusieurs insecticides ont été homologués pour lutter contre la DAT. Les insecticides homologués sont inscrits dans la publication 360 du MAAARO, Guide de la culture fruitière. De plus, il pourrait y avoir d'autres produits homologués d'urgence pour la saison actuelle. Pour plus d'information et des mises à jour sur ces produits, voir Ontario.ca/ailestachetees.

Moded'action. Ces insecticides maîtrisent les mouches adultes de la DAT, lesquelles meurent lorsqu'elles reçoivent directement le jet de pulvérisation ou lorsqu'elles sont exposées à des résidus d'insecticide sur les fruits ou les feuilles traitées. Les DAT femelles pondent leurs œufs sous la surface des fruits. Les insecticides actuellement offerts sur le marché ne sont pas efficaces contre les œufs ni les larves.

Vérifier si le programme de lutte antiparasitaire de l'exploitation visant d'autres ravageurs peut avoir un effet sur la DAT. Bon nombre d'insecticides à risque réduit utilisés contre d'autres insectes ne sont pas efficaces contre la DAT. Dans le cas des pulvérisations effectuées aux environs de la récolte, qui visent d'autres ravageurs, choisir des insecticides qui seront efficaces à la fois contre la DAT et contre d'autres ravageurs.

Seuils d'intervention. Les pièges sont utiles pour révéler la présence de la DAT, mais ils ne sont pas fiables au début de l'apparition des populations du ravageur. Il n'existe aucun seuil d'intervention établi en fonction des captures, basé sur les pièges existants qui utilisent du vinaigre. Ne pas attendre de capturer des DAT à l'exploitation; on doit plutôt tenir compte des résultats des relevés régionaux. Les populations de DAT augmentent à mesure que la saison avance; les cultures récoltées tardivement sont donc plus à risque.

Toxicité pour les abeilles. Tous les produits recommandés contre la DAT sont toxiques pour les abeilles. Éviter de faire des traitements lorsque les cultures sont en fleur et que les abeilles sont dans le champ. S'il est nécessaire d'appliquer des insecticides durant cette période, le faire durant la nuit ou en soirée lorsque les abeilles ne butinent plus.

Délais d'attente avant cueillette. Chaque insecticide a un délai d'attente qui lui est propre, lequel varie aussi selon les cultures. Bien respecter les directives de l'étiquette. Placer des indications claires et des barrières pour empêcher les travailleurs et les clients de cueillir les fruits avant la fin du délai d'attente.

Traitements additionnels. De nombreuses générations de DAT peuvent se chevaucher. Selon la culture, il peut être nécessaire d'effectuer plusieurs pulvérisations bien planifiées, à intervalles de 7 à 14 jours, pour protéger les fruits durant la période de mûrissement. Maintenir un recouvrement complet jusqu'à la fin de la période de récolte. Des conditions climatiques particulières peuvent limiter l'activité résiduelle de certains produits. Ainsi, les pyréthroïdes, comme MAKO, sont moins efficaces par temps chaud (c.-à-d. à plus de 26 °C) et très efficaces sous des conditions plus fraîches. Chaque produit est associé à des intervalles particuliers entre les traitements et un nombre maximum d'applications par saison. Vérifier les intervalles entre les traitements recommandés sur les étiquettes, ainsi que les restrictions et le dosage.

Recouvrement. Utiliser assez d'eau, une pression suffisante ainsi que du matériel de pulvérisation approprié pour assurer un bon recouvrement. Les DAT adultes sont plus actives dans la partie inférieure plus ombragée du couvert végétal. Placer du papier hydrosensible dans cette zone pour évaluer l'efficacité du recouvrement.

Gestion de la résistance. Afin de limiter l'apparition de résistance, utiliser en alternance des insecticides de différents groupes. De la résistance à Pyganic, un pyréthroïde, a déjà été observée en Californie.

Effets sur les insectes utiles. Les insecticides contre la DAT peuvent aussi réduire les populations d'insectes et d'acariens utiles. Ainsi, les pyréthroïdes comme MAKO sont particulièrement toxiques pour les acariens prédateurs. Surveiller attentivement les éclosions de ravageurs comme le tétranyque à deux points, le tarnosème du fraisier, les pucerons et les cochenilles.

Traitements postrécolte. Il n'est pas nécessaire d'effectuer des traitements contre la DAT après la récolte à moins que des fruits soient laissés au champ et qu'il y ait des cultures vulnérables à proximité.

Précautions additionnelles. Ne pas pulvériser d'insecticide dans les zones non cultivées, comme sur le sol, les haies, les boisés ou les arbustes, même en présence d'hôtes sauvages de la DAT dans ces zones.

Recourir au test à l'eau salée pour vérifier l'efficacité du programme de lutte contre la DAT. Les larves des fruits infestés vont flotter lorsqu'elles sont placées dans une solution saline. Voir la fiche intitulée « Programme ontarien de surveillance de la drosophile à aile tachetée » à Ontario.ca/ailestachetees.

Pour en savoir plus

Pour plus d'information sur les stratégies de lutte contre la DAT, communiquer avec le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et le ministère des Affaires rurales de l'Ontario.

Hannah Fraser
Entomologiste des cultures horticoles
Tél. : 519 824 4120, ext 52671
Courriel : hannah.fraser@ontario.ca

Erica Pate
Spécialiste de la culture des fruits
Tél. :519-426-2238
Courriel : pam.fisher@ontario.ca

Wendy McFadden-Smith
Spécialiste de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures horticoles
Tél. :905-562-3833
Courriel : wendy.mcfadden-smith@ontario.ca

Denise Beaton
Spécialiste de la protection des cultures
Tél. :519-826-6594
Courriel : denise.beaton@ontario.ca

Melanie Filotas
Spécialiste de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures horticoles
Tél. :519-426-4434
Courriel : melanie.filotas@ontario.ca

Amanda Green
Spécialiste des arbres fruitiers
Tél. : 519-426-1102
Courriel : amanda.green@ontario.ca