Surveillance des maladies des chevaux
Renseignez-vous sur les maladies réglementées des chevaux.
ISSN 1198-7138, Publié octobre 2009
Introduction
La population chevaline est très mobile, se déplaçant entre les spectacles, les champs de courses et les établissements de reproduction. Cette situation peut augmenter les risques de contracter des maladies.
Durant les premiers mois de 2009, les restrictions à l'importation ont été imposées :
- aux chevaux, en raison de cas de piroplasmose diagnostiqués en Floride et, plus tard, au Missouri;
- aux chevaux et au germoplasme de chevaux (sperme et embryons), en raison d'une enquête menée à l'échelle de l'Amérique du Nord sur la métrite contagieuse équine;
- aux chevaux en provenance du Nouveau-Mexique et du Texas, en raison de la stomatite vésiculeuse.
Les propriétaires de chevaux ne doivent pas oublier d'ajouter les mesures de biosécurité à leurs procédures quotidiennes pour empêcher les maladies de s'infiltrer dans leurs établissements.
Catégories de maladies
En vertu de la Loi sur la santé des animaux et de son Règlement d'application, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) surveille l'apparition ou la présence de certaines maladies animales dans la population et prend des mesures pour la prévenir
1. Maladies à déclaration obligatoire
Maladies à déclaration obligatoire | Situation sanitaire au Canada |
---|---|
Peste équine africaine | Le Canada en est exempt |
Fièvre charbonneuse | Endémie contrôlée* |
Métrite contagieuse équine | Le Canada en est exempt* |
Anémie infectieuse des équidés | Endémie contrôlée* |
Piroplasmose (Babesia caballi et Babesia equi) | Le Canada en est exempt |
Rage | Endémie contrôlée* |
Stomatite vésiculeuse | Le Canada en est exempt |
*Pour obtenir de plus amples détails, consulter la partie portant sur cette maladie dans la présente fiche technique.
2. Maladies à notification immédiate (réservée aux laboratoires)
Ce groupe comprend la dourine, l'encéphalomyélite équine de l'Est ou de l'Ouest (EEE et EEO), le virus du Nil occidental (VNO), la morve (Burkholderia mallei), le virus Hendra et l'encéphalite japonaise. Le Canada est exempt de toutes les maladies ci-dessus, sauf le virus du Nil occidental et l'encéphalomyélite équine de l'Est ou de l'Ouest, qui surviennent sporadiquement.
3. Maladies à notification annuelle
Les maladies à notification annuelle sont les maladies endémiques les plus communes qui apparaissent dans plusieurs collectivités publiques dans le monde. Elles comprennent le botulisme, l'exanthème coïtal équin (variole équine ou virus herpétique équin de type 3 (VHE-3)), la gale des équidés (Psoroptes equi), le virus de l'artérite virale équine et la gourme (Streptococcus equi).
Fièvre charbonneuse
La fièvre charbonneuse, causée par une bactérie sporulée appelée Bacillus anthracis, se manifeste sporadiquement au Canada
Botulisme
Les conditions météorologiques durant la fauchaison en 2008 ont été très imprévisibles pour les agriculteurs. Un nombre de propriétaires de chevaux ont acheté ou fabriqué de l'ensilage de balles de foin rondes. On a déterminé que malheureusement, un certain nombre d'éclosions de botulisme chez les chevaux ont été causées parce que des animaux ont été nourris avec de l'ensilage de balles de foin rondes sans avoir été vaccinés au préalable. Bien que la qualité fourragère de l'ensilage de balles de foin rondes peut être très élevée, la présence de la toxine botulinique est toujours imprévisible. C'est pourquoi il faut faire preuve de prudence lorsque de l'ensilage est donné aux chevaux. Consulter la feuille de renseignements, Botulisme chez les chevaux et ensilage du foin. Les éleveurs qui envisagent d'utiliser de l'ensilage devraient se renseigner auprès de leur vétérinaire au sujet de la vaccination des chevaux contre le botulisme.
Métrite contagieuse équine (MCE)
En Ontario, 16 juments et un étalon ont probablement contracté la MCE à la suite d'une insémination de sperme infecté, possiblement importé lors de la saison de reproduction 2008. Ces résultats font partie d'une enquête menée partout en Amérique du Nord. Comme mesure préventive, l'ACIA a imposé la mise en quarantaine des animaux sur les fermes, cette mesure est demeurée en vigueur jusqu'à ce que toutes les juments et leurs poulains et pouliches de moins d'un an potentiellement exposés aient obtenus des résultats négatifs au test sur la MCE. Les collectes d'échantillons se poursuivent et tous les résultats d'analyse jusqu'à ce jour ont été négatifs
Depuis le 19 janvier 2009, l'ACIA a mis en œuvre une condition de certification supplémentaire relative à l'importation des chevaux vivants en provenance des É.-U.
De plus, depuis le 29 janvier 2009, de nouvelles exigences en matière d'importation de germoplasme de chevaux (sperme et embryons) ont été mises en œuvre.
Anémie infectieuse des équidés (AIE)
Au Canada, les propriétaires de chevaux acquittent volontairement les frais pour soumettre leurs chevaux au dépistage lorsque la preuve de résultats d'analyse négatifs est nécessaire aux fins de transport vers des spectacles et d'autres événements équestres. Les vétérinaires de pratique privée recueillent des échantillons et les soumettent à des laboratoires privés agréés par l'ACIA pour un test de dépistage de l'AIE. Les chevaux infectés par l'AIE doivent être signalés à l'ACIA et les mesures de lutte contre les maladies sont mises en œuvre. Depuis 2006, un test ELISA compétitif a été utilisé à titre de test de surveillance plutôt que l'épreuve d'immunodiffusion sur gélose (IDG) ou le test de Coggins.
De 1998 à 2008 inclusivement, des 826 866 échantillons soumis, 1728 se s'ont avérés positifs. L'AIE se concentre au Canada dans les provinces suivantes : la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Britannique, où tous les cas à l'exception de 31 ont été diagnostiqués au cours des 10 dernières années. Pour la même période, seulement quatre cas d'AIE ont été diagnostiqués sur les 297 855 échantillons provenant de l'Ontario
Artérite virale équine (AVE)
L'AVE est rarement diagnostiquée en Ontario. En 1999, un syndrome apparenté à l'AVE a été rapporté chez les chevaux d'une des neufs écuries d'un champ de courses et de deux installations d'entraînement en Ontario
Affections neurologiques (EEE, VNO et nEHV-1 et rage)
Les sommaires des cas neurologiques de toutes les provinces ne sont pas disponibles. Les cas de l'Ontario sont présentés dans le tableau 2. En 2008, le Québec a confirmé 19 cas d'EEE chez les chevaux et dans une ferme trois émeus sont morts de l'EEE; on soupçonne que dans 13 autres cas la même maladie est la cause de la mort.
Année | Encéphalomyélite équine de l'Est (EEE) | Virus du Nil occidental (VNO) | Rage |
---|---|---|---|
2008 | 4 cas de chevaux et 1 d'émeu confirmés (d'autres émeus sont morts sur la même exploitation agricole) | 2 | 2 |
2007 | 0 | 0 | 1 cheval, 1 âne |
2006 | 0 | 3 | 0 |
2005 | 0 | 5 | 0 |
2004 | 4 | 9 | 2 |
2003 | 11 cas de chevaux et 1 cas d'émeu confirmés | 9 cas confirmés et 1 cas probable | 1 |
2002 | 1 | 101 cas confirmés, 6 cas probables | 1 |
2001 | 2 | - | 5 |
2000 | - | - | 3 |
En Ontario, le VNO et l'EEE chez les chevaux sont diagnostiqués par des résultats positifs pour les anticorps IgM, l'épreuve immunocytochimique (EI) ou la PCR par le Laboratoire de santé animale de l'Université de Guelph. Le rRT-PCR du virus de l'encéphalomyélite équine de l'Est (VEEE) a été adapté de la procédure publiée décrite par Lambert AJ et coll.
Virus herpétique équin de type 1, forme neurologique
Depuis l'éclosion en 2003 de la forme neurologique du virus herpétique équin de type 1 chez un grand groupe de chevaux à Findley, en Ohio, d'autres éclosions ont été signalées partout en Amérique du Nord.
Les symptômes neurologiques varient de l'ataxie légère à la paraplégie complète, qui mène souvent à la mort ou à l'euthanasie. Il est reconnu à titre de nouveau mutant du virus. En mars 2008, une éclosion est apparue dans une pension pour animaux en Saskatchewan où 15 chevaux ont contracté le virus. Il s'agit uniquement d'une des éclosions sporadiques qui surviennent dans la communauté équine mondiale.
L'élaboration d'un test PCR permet maintenant l'identification de la souche de la forme neurologique du virus herpétique équin de type 1 (nEHV-1). Ce test offre aux laboratoires et aux vétérinaires l'outil pour reconnaître plus facilement et plus souvent la souche de la forme neurologique du virus herpétique équin de type 1. Le dépistage plus fréquent ne signifie pas nécessairement une augmentation des risques de contracter la maladie, mais simplement que «plus on cherche, plus on trouve». Le Laboratoire de santé animale de l'Université de Guelph a dépisté le nEHV-1 chez trois chevaux entre la fin 2007 et l'année 2008
Rage
Cinquante-trois cas de rage ont été déclarés chez les chevaux au cours d'une décennie, soit de 1998 à 2008. Le Manitoba, la Saskatchewan et l'Ontario comptent respectivement 19, 16 et 16 cas chacun
La souche « rage du renard arctique » est maintenant connue sous le nom de « rage du renard en Ontario » ou « variante du renard de l'Est ». Le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario offre un programme de vaccination orale contre la rage pour les animaux sauvages. Ce programme a grandement réduit le nombre de cas de rage en Ontario et l'a presque éliminée chez les renards. En 2009, un seul cas de rage chez les renards confirmé en laboratoire a été signalé au 16 juillet. Toutefois, la rage est encore présente chez les mouffettes et déborde sur d'autres espèces, p. ex. chez trois moutons l'an dernier. Un nouveau vaccin antirabique oral (ONRAB), développé par l'Ontario, semble vacciner avec succès les mouffettes, les ratons laveurs et les renards et devrait réduire encore davantage le nombre de cas de rage chez les animaux sauvages de l'Ontario.
La souche de rage du raton laveur, qui s'est infiltrée en Ontario dans une petite localité adjacente à l'état de New York en juillet 1999, semble avoir été éliminée. La souche de rage de la chauve-souris est endémique en Ontario. Le développement d'un vaccin n'est pas prévu.
De janvier 2000 à mars 2007 inclusivement, trois humains sont morts de la rage au Canada et une quatrième personne est décédée après avoir été mutilée par un cheval enragé.
Gourme
La gourme, causée par la bactérie Streptococcus equi, est une infection grave très contagieuse chez les chevaux et autres équidés. Elle est endémique chez la plupart des populations chevalines.
Aucune exigence n'oblige les propriétaires de chevaux à signaler ou à mettre en quarantaine les chevaux ou les écuries, sauf dans le cas des établissements de champs de courses. Les dirigeants des champs de courses peuvent restreindre les déplacements des chevaux lorsque des cas de gourme sont diagnostiqués ou soupçonnés. L'organisme peut être isolé dans le nez ou les ganglions lymphatiques des animaux infectés et peut se retrouver dans les poches gutturales des animaux porteurs. Pour de plus amples renseignements sur la gourme et la biosécurité pour prévenir l'apparition de la gourme, consulter la section «Santé et biosécurité» sous « Chevaux ».
Résumé
Il faut être à l'affût des maladies désignées comme étant à déclaration ou à notification obligatoire. Le meilleur moyen de prévenir la maladie chez des chevaux est de travailler de concert avec un vétérinaire et d'établir de bons protocoles de biosécurité.
Notes en bas de page
- note de bas de page[1] Retour au paragraphe Les maladies déclarables et les maladies à notification immédiate et annuelle. Consulté le 27 mai 2010.
- note de bas de page[2] Retour au paragraphe Fièvre charbonneuse. Consulté le 27 mai 2010.
- note de bas de page[3] Retour au paragraphe Soumissions de cas confirmés de fièvre charbonneuse au Canada. Consulté le 14 avril 2009.
- note de bas de page[4] Retour au paragraphe Ngeleka, M. « 2006 Saskatchewan anthrax outbreak ». Animal Health Perspectives 2006; 2 (4 nov.). Consulté le 27 mai 2010.
- note de bas de page[5] Retour au paragraphe Métrite contagieuse équine. Consulté le 27 mai 2010.
- note de bas de page[6] Retour au paragraphe Anémie infectieuse équine - Rapport de statistiques (2000-2009). Consulté le 27 mai 2010.
- note de bas de page[7] Retour au paragraphe Wright, R.G., D.M. Alves, et C. Carman. A Retrospective Study of an Equine Viral Arteritis-like Syndrome at an Ontario Racetrack. Non publié.
- note de bas de page[8] Retour au paragraphe Lambert, A.J., D.A. Martin, et R.S. Lanciotti. « Detection of North American eastern and western equine encephalitis viruses by nucleic acid amplification assays ». J. Clin. Microbiol. 2003; 41:379-385.
- note de bas de page[9] Retour au paragraphe Carman S., B. McEwen, J. Delay, et D. Ojkic. « Equine viruses identified or isolated at the AHL, 1998 to October 2008 ». AHL Newsletter 2008; 12(4):34.
- note de bas de page[10] Retour au paragraphe Cas de rage confirmés au Canada. Consulté le 27 mai 2010.