Facteurs affectant les chevaux au cours des transports

La recherche a prouvé que les chevaux éprouvent beaucoup de stress lors des transports. La docteure Carolyn Stull, chercheuse de l'Université de la Californie, a défini le stress comme «… des effets négatifs dus à l'environnement ou au système de gestion qui forcent des changements physiologiques ou comportementaux chez un animal pour lui permettre d'éviter un mauvais fonctionnement physiologique, et pour ainsi l'aider à faire face à son environnement.» La docteure Stull a mesuré leur réaction aux défis dans leur environnement immédiat en mesurant des paramètres physiologiques, biochimiques, immunologiques, anatomiques et comportementaux. Selon elle, « … identifier les situations stressantes et en minimiser l'impact fournit aux chevaux une plus grande sensation de mieux-être, une meilleure santé et un meilleur rendement reproducteur tout en assurant leur rendement et leur potentiel économique. »

Le stress dû au froid ou à la chaleur affectera davantage les jeunes chevaux que les chevaux adultes en santé. L'intervalle de confort thermique chez les chevaux se situe entre -1 °C et 24 °C (30 - 75 °F). Les chevaux peuvent s'adapter confortablement aux températures dans cette fourchette en modifiant l'épaisseur de leur manteau, leur transpiration, leur homéothermie, la constriction ou la dilatation de leurs vaisseaux sanguins, ou encore en altérant leur posture ou leur comportement. Quand la température chute sous cet intervalle, la Température critique inférieure (TCI), le cheval détourne l'énergie fournie par l'alimentation utilisée jusqu'alors pour le rendement ou la croissance vers la production de chaleur métabolique. Ajoutez à cela des facteurs comme le vent et les précipitations et leurs besoins connaîtront une augmentation de 80 % en apport calorique. Gardez cela en tête lorsque vous ferez le transport de chevaux par temps froid. Les chevaux minces ou plus jeunes, ou les chevaux qui ont été rasés, auront besoin d'une nourriture complémentaire de haute qualité et davantage de couvertures au moment du transport. (2)

Les températures extrêmement chaudes dans la fourchette de 24 à 32 °C (75 - 90 °F) menacent tout autant les chevaux, car ils ne parviennent pas à dissiper leur chaleur corporelle assez rapidement pour maintenir leur homéothermie. La Température critique supérieure (TCS) dépend de l'humidité qui diminue l'efficacité de la respiration et des mécanismes sudoraux. Leur consommation de nourriture diminuera. De plus, leur consommation d'eau doit être assurée pour combattre la déshydratation. Évitez de voyager lors des périodes plus chaudes de la journée et d'immobiliser le van pour soulager le stress dû à la chaleur. (2)

Le type de van ou de fourgon utilisé pour le transport du cheval et le revêtement de sol, sur lequel il se tient, auront un impact sur le niveau de stress du cheval. Un plancher glissant accompagné de mauvaises pratiques de conduite, obligera le cheval à tout faire pour maintenir son équilibre. Il s'agit d'un énorme stress pour l'animal. L'ajout d'un revêtement en caoutchouc, de sable, ou de copeaux de bois remédiera au problème d'équilibre et aux vibrations transmises par le plancher.

La recherche sur les effets du transport chez les chevaux faisant face vers l'avant ou l'arrière du véhicule a permis de conclure que le rythme cardiaque du cheval faisant face vers l'arrière était inférieur à celui faisant face vers l'avant du camion ou du van. Les chercheurs ont donc conclu que les chevaux sont moins stressés physiquement en voyageant à reculons, puisqu'ils ont tendance à se reposer l'arrière-train, à laisser tomber une hanche, à pencher l'avant de leur corps, à baisser la tête et à se détendre au point de s'assoupir. (3) Ils étaient aussi en mesure de mieux garder leur équilibre et de se tenir debout pendant le transport. Par surcroît, ils vocalisaient moins que leurs camarades voyageant vers l'avant. (4) Plusieurs autres chercheurs, Wentworth Tellington et David Holmes compris, ont confirmé que les chevaux, sans attaches, faisant face vers l'arrière, montrent moins de signes de stress. (1)

L'isolement de camarades d'écurie ou le jumelage à des chevaux agressifs, contribueront au stress durant le transport. Les " Codes de pratiques recommandés pour le soin et la manipulation des animaux de ferme - les Équidés, " section 10 Transport (www.carc-crac.ca) recommandent que les étalons soient transportés séparément de tous les autres chevaux quand on les expédie ensemble. Les chevaux aux pattes arrière ferrées doivent être transportés séparément de ceux non ferrés. Les chevaux plus jeunes, plus vieux et infirmes doivent également être transportés séparément des autres chevaux. (5)

Le stress à long terme (sur une période de 24 à 48 heures) peut influencer un certain nombre de systèmes chez le cheval, y compris les systèmes immunitaires, digestifs et reproducteurs. Le stress peut modifier l'effet des hormones essentielles à la reproduction, à la croissance, au niveau d'énergie, au métabolisme et à la réponse aux maladies ou à l'infection. Ces effets peuvent durer pendant des heures, voire même des jours, après que les stimuli de l'agent stressant aient diminué ou aient été éliminés. (2)

Il est déconseillé d'administrer de la pénicilline ou de la phénylbutazone comme mesure prophylactique pour combattre les effets du stress lié au transport. Dans un article de Raidal et al. publié dans l'" Australian Veterinary Journal " et intitulé " Antibiotic prophylaxis of lower respiratory tract contamination in horses confined with head elevation for 24 to 48 hours ", l'auteur démontre que " l'administration prophylactique de pénicilline avant ou pendant un confinement ne réduit pas avec régularité le nombre de bactéries et n'empêche pas l'accumulation de sécrétions purulentes (inflammatoires) dans la respiration inférieure chez les chevaux confinés avec la tête élevée. " (6)

L'administration aveugle d'antibiotiques peut contribuer à une résistance aux antibiotiques. La phénylbutazone n'est pas indiquée à moins que le cheval ne souffre d'une condition médicale sous-jacente. Et si elle est mal utilisée, elle peut masquer une fièvre. (1)

En Ontario, la majorité des chevaux de plaisance ou de course sont transportés sur de courtes distances par fourgons à chevaux ou par vans. Il peut s'agir de vans pour deux chevaux ou de semi-remorques sophistiquées pouvant confortablement accommoder jusqu'à vingt chevaux. Les poulinières sont généralement expédiées pour accouplement au Kentucky par des transporteurs commerciaux.

Il est primordial que le véhicule de remorquage, le van ou le fourgon utilisé pour le transport des chevaux soit dans la meilleure condition possible. Toute la documentation doit être à jour et en cours de validité. L'échec lors d'une inspection routière obligera la prise d'autres dispositions pour livrer les chevaux à destination.